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Il y a cent ans, la première guerre mondiale (1914-1918) démarrait. Oui, mais pour quelle raison ?

14 janvier 2015, 19:35, par Robert Paris

Renault 1914-1918, profiteur de guerre

Le site www.histoirerenault. net (l’histoire revue et corrigée par le patron de Renault) veut « faire découvrir une période pendant laquelle Renault a montré une implication très importante pour soutenir l’effort de guerre de la nation : les années 1914-1918. » Malheureusement, il manque à ce site bien des éléments pour apprécier comment le patron de Renault a été un des patrons de combat de l’époque qui ont poussé à la boucherie guerrière et combien cela lui a profité sur le dos de la population.

Alors que la marque au losange connaît de sérieuses difficultés avant la guerre, le gouvernement français charge Louis Renault de diriger la mobilisation des industriels en région parisienne et Renault s’en attribue la plus belle part. Renault, qui dispose de 500 ouvriers en septembre 1914 à la production des moteurs d’avions, en fera travailler plus de 4.000 dans son usine de Billancourt en 1917. En 1914 on produit en France 100 mitrailleuses, et on en fabrique 17.000 en 1918. En 1914, lorsque la guerre éclate, la compagnie Renault se lance dans la production de munitions, d’avions militaires et plus tard dans les tanks avec son Renault FT-17. En 1918, Renault est devenu le premier manufacturier privé de France et il est honoré par les Alliés pour sa contribution à l’effort de guerre.

Le chiffre d’affaires de Renault a ainsi été multiplié par quatre entre 1914 et 1918, passant de 53,9 millions de francs en 1914 à 249 millions de francs en 1919… Rappelons que Jacques Prévert affirmait : « Mourir pour la patrie ! C’est mourir pour Renault ! » Toutes les grandes firmes automobiles surent obtenir des marchés juteux de l’État. En 1915, André Citroën décrochait un contrat pour un million d’obus. Pour les fabriquer, il obtint aussi de l’État, une aide pour la construction d’une usine géante, quai de Javel à Paris. Les obus furent livrés avec plusieurs mois de retard. Un rapport établit que Citroën avait vendu ces obus deux fois plus cher que le prix du marché. Il ne fut jamais publié. Peugeot reçut 26 millions de l’État pour fabriquer des moteurs d’avions de chasse, dont aucun ne sera jamais livré, mais cela lui permit d’agrandir ses installations. Le patriotisme des patrons de l’Automobile est plutôt curieux et il commence par leur coffre-fort ! Si le peuple a laissé sa vie sur les champs de bataille et souffert de la misère, les profits dégagés par les grands patrons pendant la guerre furent faramineux.

Globalement c’est toute la grande bourgeoisie qui en sortit renforcée et enrichie. Quant aux ouvriers, pour moins de huit francs par jour, ils subissaient non seulement les bas salaires mais des conditions de travail aggravées. Les ouvriers travaillaient de onze à douze heures par jour, sept jours sur sept. Dans les usines, les accidents étaient nombreux : on en recensa près de 60.000 dans les seuls établissements privés en 1917, dont 300 mortels. Le 13 juin, l’effondrement d’un bâtiment provoqua la mort de 26 personnes aux usines Renault de Billancourt. Pendant que les rentiers, les bourgeois moyens ou petits se retrouvaient ruinés, et les travailleurs des villes et des campagnes écrasés, la haute bourgeoisie elle, vit ses positions assurées, sa fortune considérablement augmentée.

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