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L’intervention militaire française prend tournure au Centrafrique

5 janvier 2014, 21:57

Les enjeux de cette nouvelle opération militaire française, baptisée Sangaris, semblent multiples.Bien que classé parmi les pays les plus pauvres de la planète, en raison de son instabilité, la Centre-Afrique dispose de riches ressources en bois, or, diamants et uranium. Les nouvelles forces armées centrafricaines qui ne sont en réalité qu’un ramassis de milices incontrôlées n’obéissant qu’à des seigneurs de la guerre locaux, mettent le pays sous leur coupe réglée. Sous couvert d’intervention humanitaire et de sécurisation d‘une région, que la France a pourtant sacrément contribué à perturber depuis 2011, notamment en Libye et en Côte-d’Ivoire, Paris cherche surtout à s’assurer du contrôle des ressources. Quitte pour cela à conforter un pouvoir minoritaire et illégitime, en désarmant des milices chrétiennes qui chercheraient à se venger sur des populations musulmanes, notamment d’origine Peules, des multiples exactions, violences et pillages à répétition dont elles sont victimes. Rien de mieux en tout cas pour attiser un conflit ethnico-confessionnel que de croire qu’un gouvernement d’obédience musulmane puisse diriger un pays comportant 80 % de chrétiens. À ce stade, ce n’est plus de l’incompétence mais une réelle politique de tension permanente et les masques tombent enfin, malgré les grandes déclarations de principe prononcées lors du sommet sur la sécurité et la coopération qui se tient actuellement .

Paris semble avoir lâché l’Afrique. Ou en tout cas s’être mis en retrait au profit du bloc atlantiste, États-Unis en tête, qui entendent diriger les opérations et superviser progressivement l’ancien pré-carré français. La Françafrique semble avoir cédé le pas à l’Américafrique comme le déclare Patrick Mbemko, auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique.

Le projet est dorénavant connu : remodeler le monde en fonction de la nouvelle guerre économique mondiale qui a débuté, et dont l’Afrique sera l’un des champs de bataille, au propre comme au figuré. Aucun pays ne pourra rester neutre et les chefs d’état africains n’ont guère le choix. Soit ils alignent leurs pays sur les visées atlantistes et ils se maintiennent au pouvoir. Soit ils passent outre et ils se retrouvent dans le camp des parias, mis à l’index des nations « éclairées » et s’exposant à des rébellions qui trouveront toujours, miraculeusement, les fonds nécessaires pour armer et entretenir une troupe de plusieurs milliers d’hommes, capables de mettre en échec les armées nationales.

Le but est clair : verrouiller au plus vite le continent africain face à l’avancée commerciale des pays émergents comme la Chine, la Russie ou le Brésil. Pour cela il faut s’approprier rapidement les terres agricoles, les ressources énergétiques ou l’exploitation des richesses minérales. Mais il faut aussi contrôler les corridors d’évacuation comme la « route transversale » qui traverse l’Afrique D’est en Ouest, de l’Océan indien au Pacifique et passe… par la république centrafricaine. Étrangement aucun expert médiatique français n’aborde ces questions. On se contente seulement d’appuyer la version officielle d’une urgence humanitaire. Certains allant même jusqu’à dénier toute légitimité à la moindre réserve ou critique prononcée. Le syndrome rwandais oblige, la culpabilisation artificielle de la France joue parfaitement son rôle de censure psychologique et politique.

Toutes ces guerres humanitaires dissimulent en réalité des opérations néo-coloniales qui n’en portent pas le nom. « L’intervention française sera rapide, elle n’a pas vocation à durer et je suis sûr de son succès », c’est la dernière déclaration d’Hollande-le-va-t-en guerre. Souhaitons-le en tout cas. Car comme personne ne semble se bousculer pour financer cette opération, ni l’ONU, ni l’Union Européenne, ni les sociétés privées qui pourtant tirent d’énormes bénéfices de leur situation sur place, il faut souhaiter effectivement que cette probable victoire tactique, ne se transforme en une défaite stratégique, faute de financements. À moins que comme, certains le supputent, Paris ne consente à supporter toute la charge financière.

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