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La chasse aux sorcières à la fin du Moyen-Âge : une vraie guerre de type fasciste pour démolir les droits des femmes

24 mars 2017, 07:09, par de Fribourg

Le Vatican demandera-t-il pardon aux victimes des procès de sorcellerie ?

Le canton de Glaris a officiellement réhabilité mercredi Anna Göldi, « dernière sorcière d’Europe », 226 ans après sa condamnation par l’Eglise et sa décapitation. La gouvernante avait été jugé Le canton de Glaris a officiellement réhabilité mercredi Anna Göldi, « dernière sorcière d’Europe », 226 ans après sa condamnation par l’Eglise et sa décapitation. La gouvernante avait été jugée pour avoir empoisonné une fillette dont elle avait la garde.

Après Glaris en 2008, Fribourg vient de blanchir « sa » dernière sorcière, brûlée en 1731. Normal, en ces temps de réhabilitations tous azimuts et très médiatisées : la Suisse détient le record européen de cette chasse particulière.

Au Moyen Age, quand il s’agissait d’expliquer les catastrophes ou les épidémies, il fallait en punir les responsables, forcément coupables de magie et de pactes avec le diable dirigés contre la chrétienté.

Pour « faire » une sorcière, il suffisait qu’un comportement rebelle ou marginal attire l’attention, nourrisse la rumeur publique jusqu’à alerter les autorités, lesquelles déclaraient alors la chasse ouverte.

Deuxième étape : pour condamner une sorcière, il suffisait de lui briser les jambes, de lui arracher les ongles, de lui faire le coup de la baignoire, etc. A la seule vue de ces techniques raffinées, actuellement exposées au Musée de Morat (Fribourg), on a envie d’avouer avoir tué père et mère.

C’est la torture qui faisait les sorcières. Et le fanatisme religieux.

Un record, et même un double record. « Fribourg a été le 3e lieu en Europe à exécuter des sorcières, dès 1429. Et une des premières autorités politiques à instruire des procès en sorcellerie sans inquisiteurs religieux », souligne la médiéviste.

Au départ, c’est l’Eglise la plus orthodoxe, soutenue par le pouvoir laïc, qui s’est mise à poursuivre l’hérésie, puis la magie, au point de créer cette hérésie imaginaire.

L’Inquisition, poursuit Kathrin Utz Tremp, « avait besoin de cette sorte de ’contre-monde’ dirigé par le diable, même si cela ne correspondait à aucune réalité ». A partir du 16e, et surtout du 17e siècle, ce sont les pouvoirs politiques qui prennent le relais.

Ils décident que, comme la magie noire, la magie blanche, plus ou moins innocente, repose elle aussi sur un pacte préalable avec le diable. Pour la médiéviste, ce concept se distingue de la sorcellerie actuelle dans le tiers monde, « qui ne repose pas sur une religion et d’où le diable est absent ».

C’est ainsi que les procès pour hérésie menés par l’Eglise ont débouché sur des procès pour sorcellerie menés par l’Etat laïc, qui a eu besoin de la sorcellerie pour construire son territoire et asseoir sa juridiction, surtout dans les campagnes.

Au 15e siècle, les procès concernaient une majorité d’hommes qui ne se soumettaient pas à la cathédrale ou à la cité. Là, il y avait une notion politique de révolte.

A partir du 16e, et surtout du 17e siècle, une fois leur pouvoir bien assis, les autorités se mettent à utiliser la sorcellerie pour assurer l’ordre public et la discipline sociale. « Et c’est là que la grande chasse a commencé », poursuit Kathrin Utz Tremp.

Cette dernière précise que la répression fit alors entre 70 et 80% de victimes féminines coupables d’être pauvres, célibataires et... femmes, comme la Catillon, exécutée en 1731 à Fribourg.

L’historienne relève encore que la répression a été beaucoup plus forte en Suisse romande. « L’Eglise a été confrontée à l’hérésie d’un mouvement laïc, les Waldenser, alors qu’il n’y a pas eu d’Inquisition en Suisse orientale, plutôt orientée vers la magie blanche. »

La religion a toujours joué un rôle prépondérant dans le canton du Valais, et surtout dans celui de Fribourg. « Là, il existait une sorte de contre-histoire qui faisait que l’histoire de ce canton était souvent réactionnaire. C’est pareil pour les persécutions qui partaient d’une orthodoxie très dure, apparue à la fin du 16e siècle avec la contre-réforme. »

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