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La révolution mexicaine 1911-1920

17 septembre 2009, 10:02, par Ramiro

Bonjour,
je vous transmet un article sur la situation sociale à Oaxaca.
Les professeurs de Oaxaca de nouveau en lutte
09-09-2009

Les barricades et les actions contre l’Etat néolibéral d’Ulises Ruiz Ortiz refont surface depuis quelques jours dans la région de Oaxaca au Mexique après l’assassinat, vendredi 28 août, d’un professeur membre du très combatif syndicat démocratique des enseignants de Oaxaca (dénommée « section XXII »), à l’origine de la révolte populaire de 2006.

Dans un contexte de rentrée scolaire, l’assemblée des professeurs de cette section XXII a annoncé trois jours de grève pour protester contre cet assassinat qui a eu lieu lors d’une tentative de « prise d’école » par les enseignants organisés. En effet, depuis le début des années 1980, et surtout depuis la grande grève de 2006, les professeurs organisés sont l’objet d’agressions, d’assassinats (100 depuis le début des années 1980) et de disparitions. Une des formes de répression également très en vogue, surtout depuis 2006, consiste pour l’Etat à attribuer les postes laissés vacants temporairement par les grévistes à des personnes conformes aux intérêts du gouverneur, personnes qui pour la plupart n’ont aucun lien avec l’éducation ou l’enseignement.

Un professeur de la section XXII de Huautla, dans le nord de Oaxaca, évoque le terme de « crime professionnel » dont l’objectif est de démanteler l’organisation des professeurs à Oaxaca. Ces derniers se mobilisent sans cesse depuis 2006 pour, en autres, retrouver leur poste. En théorie, un accord a été signé en janvier 2009 entre les gouvernements fédéral, régional et local pour que chaque professeur gréviste puisse retrouver son poste mais l’accord n’a pas été respecté, d’où la nécessité pour ces professeurs de « reprendre » leur école lors d’actions concertées en assemblées avec les parents et parfois les autorités locales.

Les trois jours de grève décrétés il y a un peu moins d’une semaine par la section XXII se sont traduits dans toute la région de Oaxaca par des assemblées, bloquages de rues et manifestations. A l’heure où nous écrivons cet article, les principales artères de la ville de Oaxaca sont bloquées, ainsi que celles des autres villes de l’état. Les enseignants sont fermement décidés à se faire entendre, à ne pas accepter les réformes libérales éducatives qui voient le jour dans les hautes sphères de l’Etat et qui ont pour propos, comme partout dans les pays capitalistes, d’adapter les programmes éducatifs aux besoins du marché.

UNE NOUVELLE EDUCATION

La section XXII refuse catégoriquement toutes ces réformes et ne reste pas dans la contestation mais dicte et met en place de réelles propositions pour donner une alternative concrète à l’ACE (Accord pour la Qualité de l’Enseignement), qui a été signé entre le gouvernement et Elba Esther Gordillo, présidente du syndicat national des travailleurs de l’éducation, connue pour ses pratiques de clientélisme et de répression envers les enseignants organisés).

La section XXII a rédigé un programme éducatif qui se développe ainsi :

 Sur l’évaluation des enseignants. La section XXII propose d’autres formes d’évaluation du travail de l’enseignant pour contrer celle du gouvernement qui tend a créer une hiérarchie salariale entre les « bons » et « mauvais » professeurs, ceci pour mieux les diviser. De plus cette évaluation est faite par des entreprises privées et n’est donc pas toujours partiale. Pour la section XXII, l’évaluation doit permettre à chaque professeur de progresser dans son métier, de le faire réfléchir sur sa façon d’enseigner et de pouvoir l’améliorer ; ainsi les élèves seront, comme il se doit, les premiers bénéficiaires de ce système.

 Sur la formation des professeurs. Dans cette même voie, la section XXII invite aussi à revoir la formation des maîtres. Celle-ci reste trés inégalitaire selon les différentes écoles de formation. Cela fait que certains n’arrivent pas à obtenir le diplôme final ou s’ils l’obtiennent, ont dû mal à répondre aux exigences de l’évaluation en cours de carrière. La section XXII demande donc une formation de qualité pour tou-te-s et propose de compléter celle-ci par des ateliers comme formation continue. Le mouvement de 2006 à Oaxaca a créé de nouvelles approches pédagogiques inspirées du pédagogue brésilien Paolo Freire. Le syndicat souhaiterait que ces écoles soient reconnues et respectées et non pas, comme nous le disions plus haut, attribuées aux professeurs « du gouvernement » dès qu’une grève éclate.

 Une éducation respectueuse de la diversité culturelle. Dans leur programme est prise aussi en compte la grande diversité culturelle de la région de Oaxaca où sont parlées plus de seize langues. La section XXII est contre une éducation homogène qui ne correspond pas à la réalité du Mexique. Elle pense que chaque école et chaque maître devraient pouvoir adapter son enseignement aux besoins de son public. Elle veut revaloriser et développer la richesse culturelle que possède son pays. Elle soutient par exemple des événements culturels comme la Guelaguetza populaire et en défend sa gratuité.

 Sur la question des infrastructures. Enfin, la section XXII insiste aussi dans son programme sur la nécessité d’un budget réservé à la maintenance des infrastructures et à l’achat de matériel avec lequel les enseignants et les élèves travaillent. Certaines écoles se détériorent et n’ont pas été restaurées depuis de nombreuses années. De plus dans de nombreuses écoles, les enseignants écrivent encore à la main sur chaque cahier d’élèves les exercices à réaliser.

Ce programme de la section XXII n’en reste pas au stade de propositions mais est mis en place directement dans les écoles. En cela les enseignants gardent encore une certaine autonomie mais celle-ci reste à défendre car elle est en danger si les moyens viennent à manquer et surtout si les maîtres de la section XXII sont remplacés par les pions du gouvernement, plus dociles et qui n’ont pas la même vocation. En effet, on reste émerveillé devant la dévotion des maîtres de Oaxaca qui ont compris l’importance de former les futures générations et qui veulent le faire du mieux possible car ils ont conscience que c’est elles qui portent l’espoir des futurs changements.

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