Accueil > ... > Forum 38165

Le matriarcat, ses causes et sa fin sous les coups de la guerre sociale

18 mars 2017, 07:14

Chez les Mosuo, le mot « ami » a aussi le sens de partenaire sexuel ou amant. Ils appellent ça « Axia » .
« Ami », au sens ordinaire, est prononcé « Azhu » chez les Mosuo. Dans des lieux publics, Azhu peut aussi signifier amant. Ni la famille, ni la société ne met de bâton dans les roues de la libre recherche d’un Axia par les hommes et femmes adultes. Ce que doivent faire les mères, c’est préparer une chambre appelée chambre des hôtes pour leur fille. Les filles et garçons sont complètement libres et maîtres de leur choix dans leur recherche d’amis et de partenaires sexuels.
Si un garçon et une fille se plaisent, le garçon peut aller passer la nuit chez la fille le jour même de leur rencontre. La mère peut donner des conseils à la fille mais ne peut pas l’obliger de faire telle ou telle chose, parce que dans une famille matriarcale, les relations entre les membres sont détendus et paisibles.
On se respecte, on peut discuter de n’importe quel problème et la discussion est démocratique.
On y voit rarement des disputes ou des bagarres. Ce n’est pas comme dans une société patriarcale où les enfants doivent obéir à la volonté des parents. Si les deux partenaires ne s’entendent plus très bien ou si l’un des deux ne veut plus continuer ce genre de relations, ils peuvent se quitter sans autre difficulté. Aucun des deux ne va déranger, contraindre ou posséder l’autre sans son accord.
Selon une enquête effectuée dans les années 60, certains Mosuo n’avaient qu’un Axia au cours de leur vie, d’autres en avaient 100.
Celui qui n’en a qu’un n’est pas considéré comme ascète, et celui qui en a beaucoup n’attire pas plus l’attention ou les commentaires des autres, car ce sont des décisions personnelles. Les amoureux gardent l’habitude d’échanger des cadeaux, mais leur nombre est limité, souvent le garçon offre à la fille le produit de son travail, des tissus, du thé, voire de l’argent. La fille donne au garçon des pantalons, des ceintures ou autres articles artisanaux.
Les Mosuo mettent l’accent sur les sentiments.
Les Axia passent la nuit ensemble. Dans la journée, le garçon rentre chez lui pour travailler.
Si un homme est incapable de trouver une amie, personne d’autre ne l’aide.
La nuit, il est obligé de dormir avec son oncle. Car conformément aux règles matriarcales, un jeune homme doit passer la nuit chez son amie, il n’a donc pas sa propre chambre. La fille est la maîtresse de la maison, le garçon n’est toujours que de passage : si tu veux nouer des relations avec moi, j’accepte, si tu me déplais, on se dira au revoir. Donc l’homme ne maltraite pas la femme et celle-ci n’opprime pas l’homme.
Les relations sexuelles sont libres, si plusieurs garçons aiment une même fille, c’est à la fille de choisir. Les phénomènes de la société patriarcale comme la chasteté avant le mariage, l’amour extra-conjugal, le divorce, etc. n’existent absolument pas chez les Mosuo.
La jalousie est rare chez eux. C’est un sentiment négatif né avec le système de la propriété privée.
Il y a un adage chez les Mosuo ; « Je passe devant ce village-ci, il y a certaines de mes connaissances, je passe devant un autre village, il y a aussi certaines de mes connaissances ».
C’est-à-dire que partout il y a des filles et des garçons.
Le système matriarcal des Mosuo a continué jusqu’à nos jours. Ce qui laisse entrevoir la puissante force vitale de ce système. Dans les premiers jours de la fondation de la Chine nouvelle en 1949, certains Mosuo se sont mariés, créant ainsi quelques familles patriarcales.
Actuellement, les Mosuo se rendent compte de l’importance de leurs traditions et caractéristiques. La plupart des familles pratiquent la tradition du Zouhun. Les familles patriarcales sont toujours peu nombreuses. D’ailleurs, ces familles ne sont pas comme ce que nous croyons. Par exemple, avant la libération, un tusi avait choisi un fils de noble pour le marier à sa fille. La fille, n’aimant pas son « mari », est rentrée chez sa propre famille. Elle a épousé un esclave et a eu des enfants avec lui. Son père ne pouvait pas l’empêcher, car un Mosuo peut librement chercher des partenaires dans toute la région. Même un tusi ne pouvait pas décider du mariage de sa fille. Influence de l’économie de marché, les Mosuo sont depuis longtemps entrés dans la société divisée en classes. Les biens des familles sont privés.
Mais les familles suivent une série de critères moraux et de règles traditionnelles propres au système matriarcal, comme l’appartenance des biens à tous les membres, l’égalité des sexes, l’union et l’harmonie, l’amitié et l’entraide réciproque, etc.
Et on peut généraliser cette attitude au voisinage, au village, voire à tout le groupe ethnique. Citons encore un exemple : pour développer le tourisme, chaque famille n’a droit qu’à un seul petit bateau, les riches ne peuvent pas en acheter plus d’un et on donne de l’argent aux pauvres pour qu’ils puissent s’en fabriquer un. C’est le principe des chances égales pour tout le monde et de l’enrichissement commun.
Une fois, il s’est produit un glissement de terrain dans la montagne. Les maisons des habitants de la minorité Yi ont été complètement détruites. Ils furent obligés de descendre de la montagne. Les Mosuo les ont accueillis et leur ont volontairement cédé une partie de leurs terres cultivables. Les Mosuo ne repoussent pas les autres nationalités, au contraire, ils les embrassent les bras ouverts. Les gens d’autres nationalités (Han, Lisu, Yi, etc.) ont été influencés petit à petit et ont fini par adopter cette attitude, et ce volontairement. Cependant, on ne peut pas négliger l’influence de l’économie de marché. Avec l’ouverture à l’extérieur de la région des Mosuo et avec l’augmentation des populations instables, toutes sortes de nouvelles conceptions, d’informations font irruption dans cette région.
Les Mosuo font face à ces épreuves. Par exemple, certains jeunes oncles ne veulent pas travailler activement.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.