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Révolutions de la Grèce antique

21 décembre 2012, 20:37

Nombre d’auteurs, notamment d’archéologues et d’historiens, ont longtemps eu des réticences à examiner l’hypothèse de révolutions sociales ayant renversé la civilisation et entraîné la Grèce dans les "Ages sombres".

Pierre Lévêque rapporte dans « La naissance de la Grèce » : « Le monde des palais, qui laisse une impression de profonde puissance réglée sous les apparences de la démesure, s’écroule brutalement aux environs de 1200. Pylos, grande enceinte sans fortification, s’effondre, bientôt suivie de tous les autres palais sur le continent ou en Crête. C’est la ruine des forteresses et des demeures royales, la disparition de l’écriture et des formes supérieures de l’art, le retour à de médiocres collectivités sans horizon. Pourquoi ? C’est un sujet dont débattent les historiens. Les âges Sombres sont des siècles de pauvreté et de désordre. La ruine des palais plonge la Grèce dans un état de chaos et de barbarie : ce sont les âges sombres. Cette vague de destruction est difficile à expliquer. On a invoqué des tremblements de terre, voire des révoltes des dépendants surexploités. Même si ces hypothèses sont plausibles, il faut surtout rechercher l’origine de ce cataclysme dans la migration des Doriens, peuple grec demeurant jusque là en Grèce septentrionale, qui descend soudain vers les riches royaumes mycéniens, dont il s’empare par la violence. (...) Ne commettons pas l’imprudence de réduire les Âges Sombres à une période de régression et de barbarie. De grandes innovations apparaissent. Ainsi, dans l’art de la céramique, les créations du submycénien, qui constitue l’héritage de potiers achéens, sont supplantées par une nouvelle céramique, dite d’abord proto-géométrique, puis géométrique, dont les décors relèvent d’une vision géométrisée du monde. Mais cette abstraction ne doit rien, quoiqu’on en ait dit, au sang neuf des Doriens : elle résulte d’une évolution interne. » On relèvera, au delà de la contradiction d’interprétation, le fait qu’à la suite d’une destruction, ce nouveau fleurissement de l’art ne résulte pas d’un art d’Etat puisque celui-ci s’est effondré. Cette caractéristique se retrouve après la révolution sociale d’Egypte, en -2260 avant J.-C. Remarquons également que le même auteur affirme que l’effondrement de la monarchie de Crête en 1700 est due à une cause naturelle : « Dans une Crête qui n’a pas connu les migrations ioniennes, les palais surgissent vers 2000 : leur apparition est liée à celle de monarchies despotiques, dans un contexte très favorable à l’essor démographique et à l’intensification de la production. Totalement détruits par une catastrophe dans les années 1700 (sans doute des séismes et des raz de marée consécutifs à l’explosion du volcan Santorin), ils sont aussitôt rebâtis : plus grands, plus beaux. »

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