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Révolutions de l’Egypte antique

22 juin 2019, 07:26

Les années de famine de la première « période intermédiaire » ont causé la révolution sociale. Le manque de nourriture ne pouvait pas être pallié par les stocks des greniers du Pharaon car la corruption des gouverneurs avait vidé les greniers. La misère était telle alors qu’un petit fermier de la région thébaine écrivait à sa famille :

« Lors de la dernière disette, rappelez-vous ce que j’avais fait. Vous n’aviez pas faim alors que tout le pays dépérissait… Jusqu’à ce jour, j’ai fait l’impossible pour vous nourrir… Pour éviter de vous mettre en colère, considérez ceci : chacun dans la maisonnée est traité comme le sont mes enfants… Vous devez faire preuve de courage jusqu’à mon retour. »

Sur sa tombe, au sud de Thèbes, est écrit :

« L’ensemble de la Haute-Egypte se mourait de famine au point que tous les hommes mangeaient leurs enfants. Mais jamais personne ne mourut de faim dans ce nome. »

Un des résultats de la révolution sociale qui a renversé violemment le régime des Pharaons durant de longues années, en plus de l’existence d’une religion pour tous avec une âme immortelle pour tous et d’un stockage de grains garanti sur le vie des gouverneurs et vizirs, a été la naissance d’une justice pour tous en Egypte. Les petites gens, y compris les fellahs, ont eu le droit d’aller en justice et d’y faire comparaitre les puissants ! Tout cela était impensable dans l’ancien empire des Pharaons.

D’où ce livre de sagesse intitulé « De l’Enseignement d’Aménémopé » (Moyen Empire) :

« Ne corrompt pas les hommes de la magistrature et n’incite pas l’homme juste à se rebeller. N’accorde pas une attention exagérée à celui qui possède de beaux atours et ne méprise pas celui qui n’est vêtu que de haillons. N’accepte pas les présents de l’homme puissant et ne persécute pas le faible à son profit… »

« Ne prononce pas de jugement impropre… Reçois aussi bien l’homme que tu connais que celui qui r’est inconnu, l’homme qui t’est proche que celui qui vient de loin. »

Lors de la sixième année du règne du pharaon Séti II en 1204 avant J.-C., on retrouve le témoignage d’un procès intenté par l’ouvrier Nebnoufer pour vol d’outils. On voit également l’ouvrier en chef Hay, dénoncé pour avoir blasphémé contre la grandeur du pharaon Séti se retrouvé innocenté et blanchi.

Cependant, toutes les scènes de la vie quotidienne et les inscriptions qui les accompagnent témoignent de la dureté de l’exploitation des opprimés.

Un laboureur sous les coups du surveillant s’y exclame :

« Ce bâton passe toute la journée sur mes épaules ! »

Le surveillant, lui, déclare :

« Activez-vous, marchez plus vite ! »

Les mariniers déclarent :

« Allons-nous passer toute notre journée à transporter de l’orge et de l’épeautre blanc. Les greniers sont pleins, ils regorgent ; les barges sont lourdes, elles débordent de grain. Pourtant, on nous dit d’accélérer la cadence. Nos cœurs sont-ils faits de cuivre ? »

La vie de tous les travailleurs est rapportée dans certains textes et elle est extrêmement rude.

« Le chaudronnier est à l’ouvrage à la bouche de son four. Ses doigts sont semblables aux écailles du crocodile. Il empeste plus que des eoufs de poisson. »

Une fresque rapporte le propos de ce propriétaire à un paysan :

« Vois ! Je vais te confisquer ton âne, paysans, car il mange mon orge. »

Le paysan rétorque :

« Seul un épi est endommagé ! » Et il propose de manière humoristique de prêter l’âne pour une durée de valeur équivalente à… un épi !

C’était cela aussi la lutte des classes quotidienne… sous la dictature des Pharaons

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