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Révolutions de l’Egypte antique

27 mars 2010, 22:15, par Robert Paris

Méroé, un empire et une légende émergent des sables du haut Nil

Le Louvre met en évidence l’originalité de ce royaume, puissant au début de notre ère dans le nord de l’actuel Soudan, où les cultures égyptienne, africaine, grecque et romaine s’entremêlaient.

De l’empire méroïtique ne subsistent plus qu’Aïda, la belle princesse-esclave noire de Verdi, des pyramides aiguës, rongées par les sables du Nord-Soudan, et d’étonnants vestiges archéologiques. Le Louvre, en charge de fouilles depuis 2007 à 50 kilomètres au sud de Méroé l’ancienne capitale, en présente à partir d’aujourd’hui une sélection.

Les objets de terre, surtout la poterie noire et la céramique funéraire aussi fine qu’une coquille d’œuf, révèlent la mixité des styles de ce pays qui allait de l’actuel lac Nasser au sud de Khartoum, entre le monde pharaonique et l’Afrique noire. Mais plus encore les effigies des dieux. Voilà un panthéon où se côtoient, apparemment dans la plus grande tolérance, le bélier Amon, Isis, Osiris, Anubis, des créations locales telles Apédémak, cobra à tête de lion, le Grec Silène ou son fils adoptif Dionysos. Zeus apparaît même, coiffé de son bonnet phrygien.

« Méroé est une charnière essentielle et encore très mal connue entre les royaumes du nord et ceux du sud », résume Guillemette Andreu, directrice des antiquités égyptiennes du Louvre. Et de montrer la puissance de cet État qui s’était enrichi par le commerce de l’or, de l’ivoire, des fourrures et de l’ébène en désignant des bijoux fins ou lourds, ainsi qu’un magnifique roi-archer de bronze et de feuilles d’or venu du musée de Khartoum. Qui fut-il ? Son nom s’est perdu.

Profitant d’une Basse-Égypte en plein déclin, Méroé s’épanouit durant six siècles, d’environ - 270 av. J.-C. à 320 ap. J.-C., date de sa dernière pyramide. Face aux Nubiens de l’Ouest, elle devait se protéger. D’où cet effrayant lion de grès dévorant un ennemi. Ou ce pommeau de canne en bronze figurant un prisonnier pieds et poings ligotés dans le dos. Finalement, le monothéisme chrétien a recouvert cette société héritière des fameux « pharaons noirs » montés sur le trône des deux Égyptes à partir de 1000 av. J.-C.

Une curieuse écriture

Entre-temps, Méroé aura mis au point et développé une curieuse écriture, en parallèle des traditionnels hiéroglyphes. Derrière les vitrines, ses pattes de mouche couvrent stèles et éclats de poteries. « Jusqu’alors, si on savait en trouver les équivalents phonétiques, on ne la comprenait pas, commente Guillemette Andreu. Depuis peu, quelques linguistes ont établi des ponts avec certaines langues encore parlées au Tchad et en Érythrée. »

La traduction des deux mille textes exhumés à ce jour peut donc commencer. Il est sûr que Méroé livrera beaucoup d’autres secrets. Ce ne seront sûrement pas des trésors d’or et de pierres précieuses puisque sur place les pyramides sont remplies de sable et que dessous les principales nécropoles ont été pillées depuis des lustres. Mais on pourra peut-être expliquer pourquoi Méroé ne momifiait pas ses défunts. Ou si sa société reposait ou non sur l’esclavage.

Jusqu’au 6 septembre, dans l’entresol de l’aile Richelieu du Louvre.

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