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Le deuxième procès de Socrate, celui de ses amis

19 septembre 2013, 07:08, par Robert Paris

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« Comment se fait-il que la Grèce ait connu un tel printemps philosophique avec une éclosion extraordinaire qui ne s’est pas reproduite, ni là ni ailleurs dans le monde, ni à cette époque ni aucune autre époque ? »

Effectivement, cette question s’est souvent posée et certains ont voulu y voir une particularité philosophique, psychologique ou géographique (par exemple climatique) de la situation de la Grèce. On a en effet l’impression que cette éruption d’une multitude de sortes de philosophies (on aurait presque l’illusion d’y voir toutes les sortes possibles de philosophies) débattant ensemble, se combattant mais se composant, soit un cas unique de l’Histoire. Et, du coup, on en cherche la cause.
Tout d’abord, il n’est pas aussi évident que la Grèce ait été un cas unique de ce type. Il est unique par le fait que les textes en aient été conservés, ce qui est différent.

Il convient de remarquer en tout cas que les grands royaumes et empires, aussi riches et puissants soient-ils, n’ont nullement donné naissance à de telles floraisons philosophiques. Par contre, toutes les régions dans lesquelles de nombreuses villes indépendantes développant artisanat et commerce semblent avoir permis la floraison de conceptions diverses et relativement libres. Les premières villes égyptiennes, avant les rois et pharaons, avaient ainsi de multiples religions et philosophies locales. Elles ont ensuite été unifiées par l’unification politique du pays.

Partout, les villes se sont développées avant les grands Etats, les grands empires et elles ont développé en même temps qu’un artisanat et un grand commerce, une grande richesse des classes dirigeantes et un goût du luxe dont la philosophie est pour une part. Par contre, quand ces sociétés ont été détruites par la mise en place de l’Etat, ce dernier a également détruit cette liberté de pensée. La particularité de la Grèce est qu’elle n’a pas réussi à aller très loin dans l’unification du pays, ni sous l’égide de Sparte ni sous celle d’Athènes. L’empire d’Alexandre n’a pas duré assez longtemps non plus. Et c’est finalement Rome qui s’en emparé de la Grèce mais en reprenant toute la civilisation grecque puisque la Rome paysanne et guerrière n’en possédait pas une. Du coup, cette floraison intellectuelle a pu survivre et franchir les siècles.

Ce n’est le cas ni en Egypte, ni en Iran, ni en Mésopotamie, ni en Chine, ni en Inde, ni en Amérique latine et pourtant, il est très probable que l’on aurait alors connu d’autres floraisons philosophiques étonnantes.

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