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Maghreb et monde arabe : réforme ou révolution ?

8 février 2011, 13:49, par moshe

Maghreb et monde arabe : réforme ou révolution ?

"La loi fondamentale de la révolution (...), la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque ceux d’en bas ne veulent plus et que ceux d’en haut ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher. Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs)."

Lénine, dans "La maladie infantile du communisme", 1920

L’impérialisme comme les classes dirigeantes essaient de nous faire croire que le Maghreb et le monde arabe sont en voie de se réformer. C’est le principal mensonge lié à la situation. Si c’était possible, ils auraient peut-être envie de le faire pour éviter les risques révolutionnaires mais ce n’est pas une question de bonne volonté. Ils ne peuvent pas aller contre les lois de leur propre société ! La matière ne peut changer de forme au point d’aller contre la gravitation... La bourgeoisie ne peut aller contre la propriété privée des moyens de production. Et, à l’époque impérialiste, une bourgeoisie nationale ne peut s’émanciper partiellement qu’en devenant elle-même impérialiste... Et il ne suffit pas de le souhaiter !!!

Les révolutions sont régies par d’implacables lois auxquelles sont soumises leurs acteurs et leurs victimes. Elles ne dépendent pas directement de ce qu’en pensent les participants mais aussi de conditions objectives qui les dépassent. Et ce d’autant que ni les masses ni les classes dirigeantes n’ont l’expérience directe de ce type d’événement...

Est-ce que les masses travailleuses souhaitaient la révolution ? Est-ce que les masses petites bourgeoises souhaitaient la révolution ? Est-ce que les classes dirigeantes souhaitaient la révolution ?

Non !

Et pourtant l’enchainement des événements les y mène ...

Il est incontestable que depuis longtemps les masses souhaitaient que les classes dirigeantes réalisent des réformes et qu’elles aimeraient encore bien qu’elles les réalisent mais elles n’y croient plus...

Et, objectivement, il est impossible aux classes dirigeantes de réaliser ces réformes !

Quel est le caractère de la révolution qui a lieu au Maghreb et dans le monde arabe ?

Ce n’est pas le sort du seul dictateur qu’il s’appelle Moubarak ou Ben Ali qui importe, c’est celui de la domination des classes dirigeantes sur l’Egypte, le monde arabe, le Maghreb et même le monde...

La crise que traversent actuellement Maghreb et monde arabe, n’est pas une crise (seulement) politique dans le sens où les peuples égyptien, tunisiens et algériens (et autres) veulent plus ou moins de démocratie mais elle est d’abord et avant tout une crise sociale, symptôme pathologique d’une crise plus profonde, la crise du capitalisme. Les motivations profondes des émeutiers de Bab Elwed ou de Kasserine ne traduisent pas des aspirations populaires pour plus ou moins de bla bla démocratique mais elles expriment la révolte d’une jeunesse désoeuvrée contre un système synonyme de misère et de pauvreté.

Et cette misère n’est pas occasionnelle mais profonde à l’heure où les USA eux-mêmes connaissent pour la première fois un chômage de longue durée...

Remettre en question la misère, c’est aussi remettre en question la domination capitaliste et impérialiste sur le monde !

La grande différence avec la "chute du mur de Berlin", c’est-à-dire la fin des régimes staliniens de l’Est, c’est que cette dernière était voulue à la fois par les classes dirigeantes de l’Est et de l’Ouest (l’impérialisme). Elles l’ont préparé, organisé, dirigé.

Dans le cas du Maghreb et du monde arabe, les classes dirigeantes locales comme impérialistes n’ont rien voulu du tout ni même rien pressenti !!!

Et pour cause ! Cette révolte menace le système alors que la chute du mur de Berlin était nécessaire au système et apparaissait même comme sa victoire.

Or remettre en question la domination impérialiste en période de crise systémique mondiale, n’est-ce pas une révolution sociale qui vise au communisme, même si cette perspective n’est pas nécessairement consciente ? Il est nécessaire par contre qu’elle le devienne si elle veut aller jusqu’au bout de ses perspectives.

Comme on dit, une révolution, on sait comment cela commence mais nul de sait comment cela finit. Cela peut aller beaucoup plus loin que ne le voudraient les classes dirigeantes et que leurs manœuvres ne le prévoient ...

Elles voudraient bien d’"une transition" mais est-ce que les masses les laisseront maintenir la continuité de l’exploitation et de de l’oppression ?!!!

La révolution, c’est des comités de travailleurs qui remettent en question la propriété privée des moyens de production et le caractère de classe de l’Etat.

La révolution, c’est faire basculer les soldats dans le camp des travailleurs et des jeunes organisés en comités populaires.

En ce sens la révolution est encore en germes.

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