Accueil > ... > Forum 43452

Lutte des classes en Egypte en 2006-2009 - C’est la classe ouvrière qui a commencé à ébranler le régime - Ni les Frères musulmans ni El Baradei ni les généraux ne doivent gouverner : c’est aux travailleurs et aux jeunes de prendre le pouvoir par leurs comités !!!

19 novembre 2018, 06:45

Fin 2006, un conflit social dans la ville de Mahalla al-Kobra centrée sur l’industrie textile18 allume l’étincelle et entraîne un tournant majeur. Les femmes en sont à l’origine. Un problème salarial se transforme en conflit global, une confrontation s’engage avec le comité syndical officiel, hostile, posant la question de sa dissolution et de son remplacement par un syndicat indépendant. Des promesses n’ayant pas été tenues, un préavis de grève est déposé pour le 6 avril 2008. La colère enfle qui concerne le salaire minimum, le droit de créer un syndicat, et qu’attisent la rareté du pain subventionné et la hausse du prix des denrées alimentaires. La protestation devient opposition : le portrait d’Hosni Moubarak est déchiré. La répression s’abat sur la ville. De jeunes contestataires cairotes lancent, via les réseaux sociaux, un appel à une grève générale de solidarité. Malgré son échec, c’est l’acte de naissance du « mouvement du 6 avril » qui appellera à la manifestation le 25 janvier 2011.

Les protestations sociales s’accentuent avec en parallèle l’affirmation d’un syndicalisme indépendant qui prend de l’ampleur, sans devenir massive. Des secteurs en lutte s’émancipent avec la fondation de syndicats autonomes.
L’épisode le plus décisif est la naissance de l’Union générale indépendante des travailleurs de l’autorité de la taxe foncière fondée en 2008 à la suite de la grève de décembre 2007 pour
l’égalité des salaires avec l’agence des impôts. Le comité supérieur qui dirige le mouvement s’oppose aux autorités, au syndicat officiel et à la FGSTE. Une augmentation de salaire de 32% est obtenue. Les structures de la grève poursuivent leur action en faveur d’un syndicat autonome. Une nouvelle bataille débute pour obtenir la reconnaissance légale.
De nouveaux secteurs s’engagent dans cette brèche. Des syndicats autonomes de retraités (2008), d’enseignants (2008) et de techniciens de la santé (décembre 2010) apparaissent. La
structuration progresse19. D’autres initiatives et expériences s’affirment tel le comité préparatoire pour le congrès des ouvriers d’Égypte. La mouvance autonome élabore un projet de loi syndicale. La question des libertés syndicales est mise en avant avec une large campagne. Les conflits sociaux prennent de l’ampleur. Face à cette intense agitation sociale, le gouvernement a lâché du lest, ainsi en triplant en novembre 2010 le salaire minimum mensuel, majoré à 400 livres égyptiennes par mois. Joel Beinin indique que deux millions
d’ouvriers ont mené plus de 3 500 actions collectives au cours des années 1998-2010.

À partir du 25 janvier 2011, les manifestations se développent sur l’ensemble du territoire égyptien même si la place Tahrir incarne le mouvement, symboliquement et politiquement. D’importants conflits sociaux éclatent à partir du 7 février. Cela touche un large éventail de secteurs (textile,
pétrole, pharmacie, transports, services généraux, télécommunications, postes, commerce, santé, fonctionnaires, arsenaux…) et de localités (Le Caire, Alexandrie, Mansoura, Mahalla, Beni Soueif, la zone du canal où circule environ 10% du commerce international). Les griefs sont économiques et parfois syndicaux. Plus rarement, les travailleurs avancent des revendications politiques24. L’agitation touche aussi les campagnes avec des manifestations paysannes ou des affrontements dans les oasis de la nouvelle vallée.
Le 30 janvier 2011, les syndicats indépendants lancent au cours d’une conférence de presse qui se tient sur la place Tahrir une fédération indépendante appelant les travailleurs à former
des comités de défense dans les entreprises et lançant un mot d’ordre de grève générale pour le lundi 31 janvier. Elle demande aussi la chute du président et la levée de l’état d’urgence. Ces protestations sociales s’avèrent importantes voire décisives. Le pays est sous tension, notamment les 8, 9 et 10 février. Le vendredi 11 février 2011, le président Moubarak est « sacrifié » et renonce au pouvoir.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.