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Quand l’UGTT était du côté de la dictature et pas encore sous la pression de la révolte ouvrière...

28 janvier 2011, 08:39, par WSWS

Des milliers de personnes ont de nouveau défilé mercredi dans le centre de Tunis et dans d’autres villes tunisiennes en exigeant la révocation des ministres en poste dans le régime du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali et la dissolution de son parti toujours au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).

Cinq jours après la fuite de Ben Ali, craignant pour sa vie, vers l’Arabie saoudite, le régime tunisien qu’il a laissé derrière lui reste paralysé et les efforts entrepris pour former un gouvernement « d’union nationale » ont été entravés par l’opposition de masse de la rue.

« Nous voulons un nouveau parlement, une nouvelle constitution, une nouvelle république ! » scandaient les manifestants défilant sur l’avenue Bourguiba dans le centre de Tunis, défiant une interdiction de se rassembler en public et les forces de sécurité qui bordaient la voie en tirant des grenades lacrymogènes sur les manifestants.

« Ce sera comme ça tous les jours jusqu’à ce que nous nous soyons débarrassés du parti dirigeant, » a dit un enseignant, Faydi Boni, à l’agence Reuters. « Nous nous sommes débarrassés du dictateur mais pas de la dictature. Nous voulons écarter ce gouvernement qui nous a enfermés pendant 30 ans. »

Le premier ministre Mohammed Ghannouchi, un fidèle de Ben Ali, qui a tenté de prendre les rênes du gouvernement peu de temps après que le dictateur a fui la Tunisie, a été obligé de reporter la première réunion ministérielle prévue du soi-disant gouvernement d’union nationale.

En raison de la résistance de masse continue, quatre ministres nouvellement nommés ont été obligés de quitter le gouvernement mardi après avoir tout d’abord accepté d’y participer.

L’hostilité populaire contre le nouveau gouvernement a été immédiate et intense du fait qu’il n’a changé ni le premier ministre ni les ministres responsables de tous les autres postes clé, dont les ministres de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Intérieur et des Finances.

Mustapha Ben Jaafar, le dirigeant et l’ancien candidat à la présidentielle du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), parti d’opposition bourgeois, a annoncé avant même de prendre ses fonctions qu’il n’occuperait pas le poste de ministre de la Santé.

Trois autres figures de l’opposition qui avaient rejoint le gouvernement - Anouar Ben Gueddour, secrétaire d’Etat aux Transports et à l’Equipement ; Houssine Dimassi, ministre du Travail ; et Abdeljelil Bedoui, nommé à un poste nouvellement créé comme « ministre auprès du premier ministre » - ont annoncé qu’ils démissionnaient.

Tous trois sont des représentants de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), la seule fédération syndicale reconnue sous le régime Ben Ali qui s’était servi de sa bureaucratie pour maintenir l’ordre et contribuer à réprimer la classe ouvrière tunisienne.

Le secrétaire général de l’UGTT, Abdessalem Jerad, qui avait en 2009 mobilisé la centrale syndicale pour soutenir Ben Ali lors d’une élection truquée a dit mercredi que l’organisation ne participerait pas à un nouveau gouvernement avec des personnalités issues « de l’ancien régime. »

« Il nous est impossible de participer à un gouvernement qui comprend des symboles de l’ancien régime, » a dit Jera après la réunion avec le premier ministre Ghannouchi.

Le fait que le dirigeant de l’UGTT est lui-même un tel « symbole » n’échappera pas à de nombreux travailleurs tunisiens. Il est évident que le vieil appareil syndical est en train d’ajuster soigneusement ses actions dans le but d’étouffer le mouvement de masse et de stabiliser le régime. L’UGTT a conclu, sur la base de la mobilisation de masse de la rue, qu’une tentative d’ériger un gouvernement d’union nationale n’était pas viable.

Dans un communiqué publié mercredi, l’UGTT a dit que ce gouvernement « ne se plie pas aux aspirations des travailleurs et du public pour ce qui est de maintenir les forces d’innovation réelle éloignées des pratiques passées, et pour ce qui est de l’équilibre entre le nombre des membres des anciens gouvernements et du parti dirigeant ; en plus de la marginalisation du rôle des représentants de l’UGTT. »

Ni Jerad, ni la déclaration de l’UGTT n’a donné une quelconque explication quant à savoir pourquoi l’appareil syndical a tout d’abord essayé de rejoindre le gouvernement d’union nationale.

Un porte-parole de l’UGTT a aussi précisé qu’alors que l’UGTT réclamait le retrait de toutes les reliques du cabinet du dictateur destitué elle ferait une exception en ce qui concerne le premier ministre Ghannouchi.

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