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Tunisie : les travailleurs sont au centre du combat et sont la clef du succès

25 janvier 2011, 03:36, par Toufik

Voici le point de vue du patronat tunisien : peur des travailleurs, mensonges, menaces, chantages...

Le gouvernement d’union nationale vient à peine d’être annoncé que l’Union générale des travailleurs de Tunisie a décidé de retirer trois de ses membres du gouvernement, fragilisant ainsi tout le pays. Pire, il envoie ses troupes manifester dans la rue et ses syndicalistes exclure des PDG de leur poste.
Les conséquences sont immédiates : grogne quasi générale, doute et début de ras-le-bol. Il faut que le pays redémarre, car la réalité économique rattrapera tout le monde. La fin du mois, les Tunisiens vont avoir besoin de leurs salaires pour vivre et rembourser leurs crédits. Mais si la situation économique s’empire, c’est les problèmes de trésorerie qui guette les patrons et le chômage qui attend les employés.

Fitch Rating a placé aujourd’hui sept banques tunisiennes sous surveillance négative. Le type d’information qui n’intéressait pas « Monsieur tout le monde », mais qui ne laissait insensible aucun chef d’entreprise, aucun banquier, aucun politique. Mais puisque, ces jours-ci, l’écrasante majorité des Tunisiens s’intéressent (enfin !) à la chose politique, ils deviennent conscients qu’un pareil communiqué de Fitch Rating est un carton rouge pour tout le pays.
Concrètement, ces sept banques ne pourront plus avoir les mêmes facilités qu’auparavant pour obtenir des financements. Ces crédits deviendront plus chers et cela aura un impact automatique négatif sur « Monsieur tout le monde ».

Concrètement, nos usines (dont une partie a été incendiée) ont perdu un grand nombre de clients libyens. N’ayant plus ces clients, elles seront acculées, à terme, à licencier leur personnel pour chômage technique.
Ajoutons à tout cela les pertes de trois milliards de dinars dont a parlé lundi le ministre de l’Intérieur, la suspension de l’activité touristique et para-touristique (et ce pour quelques mois au meilleur des cas) et le tableau devient noir.
Et n’oublions pas, tant qu’on y est, les problèmes des usines et des entreprises qui sont moins productives suite au nombre d’heures de travail réduit ou encore des centres d’appel qui sont acculés au chômage technique à cause du couvre-feu. Certaines entreprises, liées à ces centres d’appel, ont même lancé des avertissements de délocaliser leurs activités, si cette situation perdure.

En dépit de cet état des lieux, l’UGTT a opté pour la fragilisation des mesures prises par le gouvernement d’union nationale. Les motivations de ces retraits ont été expliquées dans une conférence de presse (voir notre article à ce sujet) et, il faudrait l’avouer, la grogne de la centrale syndicale est justifiée. On ne peut pas traiter ainsi une si puissante institution. L’UGTT n’a pas tort de refuser la désignation de certains membres du RCD qui n’auraient pas dû figurer dans ce gouvernement d’union nationale.
Seulement voilà, la réaction est disproportionnée quand on voit la situation dans laquelle vit actuellement le pays. D’autant plus qu’il s’agit d’un gouvernement de transition qui n’est là que pour quelques mois. D’autant plus qu’on sait pertinemment qu’on ne peut se passer de plusieurs ministres du RCD sans risquer de mener le pays dans une faillite certaine.
D’autant plus qu’on sait qu’après 23 ans de vide politique et d’absence totale de communication digne de ce nom, on ne peut être parfait et toutes les erreurs sont possibles quand on réalise autant de choses en si peu de temps.
On dirait que l’UGTT veut la démocratie parfaite et tout de suite, dans le fond et dans la forme. C’est un leurre et l’UGTT, en tant que syndicat unique, est mal placé pour exiger cela tout de suite.
Il est bon de rappeler que ce puissant syndicat a bien profité des largesses du pouvoir qui n’a pas voulu le fragiliser en refusant de donner le feu vert à la naissance d’autres syndicats dans le pays.
La Tunisie est un des rares pays du monde qui a encore un syndicat unique. La dictature de Ben Ali, si dénoncée aujourd’hui, a bien servi les intérêts de l’UGTT et de plusieurs de ses membres !

Certains d’entre-nous ont profité de la situation pour régler des comptes et se lancer dans de véritables lynchages publics. Ce qui s’est passé aujourd’hui à la STAR avec l’expulsion physique du PDG est honteux dans un pays qui vient de vivre une pareille révolution. C’est évident, ce PDG semble avoir tout fait pour se faire autant détester par son personnel. Mais l’UGTT (ou ses représentants) aurait dû pousser ses adhérents à garder la raison et à respecter la loi réglementant les institutions.
Pour ne rien arranger, le Tunisien est noyé par un extraordinaire flux d’informations venant de toutes parts : rue, télé, internet, radio.
Beaucoup de ces informations sont erronées. De la pure intox. Beaucoup de ces informations sont destinées à la manipulation pour servir des intérêts particuliers, pas toujours connus. Exemple parmi d’autres, Al Jazeera qui invite sur ses plateaux, entre deux correspondances de ses envoyés spéciaux, des islamistes (tunisiens et étrangers) pour parler du pays. Certaines têtes sont même revenues à plusieurs reprises.

La Tunisie appartient à tous les Tunisiens et les Tunisiens ne peuvent compter que sur la sueur de leur front pour gagner leur vie. Point de pétrole pour une quelconque rente.
Pour toucher des salaires, il faut gagner des marchés et pour gagner des marchés, il faut que l’économie fonctionne normalement. On en est loin et l’UGTT, par ses pratiques d’aujourd’hui, nous en éloigne encore davantage. Fitch a mis sous surveillance négatives nos plus grandes banques, elles ne tarderont pas à en faire de même avec d’autres entreprises et jusqu’au pays entier. Ces agences de notation agissent toujours en toute froideur. Le pays a énormément d’acquis, construits en 55 ans. L’erreur fatale serait de les détruire en 55 jours."

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