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Lutte des classes au Cameroun

6 septembre 2017, 08:02

Au pouvoir au Cameroun depuis 1982, le président Paul Biya (84 ans) a été reconduit pour un nouveau septennat le 9 octobre 2011. Et tout porte à croire aujourd’hui que l’octogénaire, à la tête d’un des pays les plus riches d’Afrique centrale, sera candidat à sa propre succession en 2018.

Un témoignage d’un camerounais :

« Dans les régions anglophones, la population est en train de demander soit la sécession soit le retour au fédéralisme. »

« C’est une conséquence du mal-être de toutes ces générations. Et ce sont bien les jeunes qui sont dans la rue dans les grandes villes. Plus de la moitié de la population n’a rien à faire aujourd’hui, » dit-il.

« Prenons l’exemple des jeunes qui sont motos-taxi ou ceux qui vendent à la sauvette dans la rue. Ils ont souvent de grandes qualifications et une bonne formation professionnelle, mais ils ne trouvent pas d’emploi et se retrouvent à faire des sous-métiers. Cela peut exploser. D’ailleurs, cela explose de temps à autre. »

« Il y a des sujets tabous au Cameroun : la démocratie, l’alternance politique, la sécurité nationale, la question de Boko Haram ou les sujets sur la personne du président de la République. Sept journalistes sont aujourd’hui derrière les verrous car ils ont écrit sur des événements qu’il ne fallait pas couvrir, » déplore Denis Nkwebo.

« La corruption politique, les détournements des deniers publics, la mauvaise gouvernance, c’est cela aujourd’hui le Cameroun. Les médias sont les seuls endroits où on peut lire ou entendre des avis contradictoires. Des médias sont suspendus ou fermés car des opinions n’ont pas plu au pouvoir. Quand un politique n’est pas capable d’apporter des réponses aux problèmes de son pays, il trouve un bouc-émissaire, » dit-il.

« Et il est beaucoup plus simple de condamner un journaliste. C’est notamment le cas du correspondant de Radio France Internationale, Ahmed Abba, en prison depuis 2015 et condamné à 10 ans de prison et une lourde amende de 56 millions de francs CFA [98.000 USD] ! »

« Dans le monde de travail, constate Antoinette Tangono Ekoan, la présidente de la Confédération camerounaise du travail (CCT), 90 % de la population active est composée de jeunes et pourtant 1 % seulement est syndiqué ! On doit admettre que les syndicats ne laissent pas de place aux jeunes dans leurs textes, dans leurs structures. Et c’est la raison pour laquelle très peu d’entre eux ne s’intéressent au syndicalisme alors que dans nos pays d’Afrique centrale, se syndiquer est fondamental pour la défense de nos droits. »

Dans le nord-ouest anglophone du Cameroun, des heurts entre gendarmes et populations ont fait au moins deux morts lundi.

La tension reste perceptible à Kumbo, deuxième grande ville de cette région située à environ 80 km de Bamenda.

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