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Editorial 29-11-2010 - Choléra en Haïti : la responsabilité des classes dirigeantes

28 novembre 2010, 20:52, par eugene

le président Préval pour répondre aux demandes populaires n’ont jamais cessé de ressasser les mêmes formules éculées : créer des milliers d’emplois temporaires dans la réparation de quelques infrastructures, distribuer des plats chauds dans les écoles, arrêter l’insécurité pour attirer les investissement étrangers malgré que les espoirs de la « Loi d’Encouragement au Partenariat Hémisphérique » (la loi HOPE) n’ait accouché qu’une souris avec la reprise de seulement trois mille emplois sur la centaine de milliers annoncée. Le président Préval au cours de son discours le troisième jour de la mobilisation populaire, n’a pas dit mieux en répétant les mêmes chants de sirène. Il a reconnu que la situation actuelle est le produit de vingt ans d’une certaine politique sans l’identifier. De ces vingt ans, de combien a-t-il profité pour remplacer les porcs créoles que le gouvernement de Jean-Claude Duvalier avait abattus inutilement sous l’injonction du président Reagan dans les années 80 ? Qu’a-t-il entrepris pour redresser la production nationale face à l’agression des produits importés dont l’agression a débuté à partir de 86 sous la houlette des « Chicago Boys » et subventionnés par les pays riches pour prévenir le dumping ? En 1985, Haïti produisait 123.000 tonnes métriques de riz. Aujourd’hui, le rendement s’élève à 90.000 tonnes métriques pour nous arrêter seulement à cette céréale.

Malgré cette autocritique timide, il a continué de nier l’aspect structurel de la crise en proposant des palliatifs comme l’invitation aux employés touchant plus de 30000 gourdes – moins de mille dollars américains dans cette jungle commerciale – de concéder 10% de leur salaire, et aux ministres de s’attribuer moins de pers diem pour leurs voyages à l’étranger. Les grands importateurs d’aliments de leur côté ont demandé la baisse ou l’abolition de taxe pour arrondir davantage leurs profits déjà exorbitants, quitte au peuple à avoir quelques grains de riz de plus dans son assiette. On croirait réduire ce peuple à un animal apprivoisé qui pour survivre attend des grains à bon marché. Le changement qualitatif de la consommation traditionnelle avec plus de produits importés qu’auparavant n’a pas inquiété non plus les autorités politiques et économiques alors que ce changement participe fortement de la crise. Autrefois, on ne mangeait le riz qu’une fois par semaine dans la plupart des familles. La cuisine locale regorgeait d’autres céréales comme le maïs moulu, le petit- mille, et de tubercules. L’insatisfaction presque générale ne se réduit pas à la faim. Le délabrement de la couverture sanitaire nationale, le système scolaire abandonné à plus de 80% au secteur privé et entretenu très mal par lui d’où le phénomène « d’écoles borlette », ce phénomène qui infecte de plus en plus le milieu universitaire, l’habitat, l’arrêt de la dégradation de l’environnement dénudé à plus de 98%, etc. font partie de l’ensemble des revendications qui ont secoué le pays. Une bouteille de gaz propane de 25 livres coûte plus cher chez nous qu’une bouteille de 50 livres de ce même gaz dans la République voisine. Des chômeurs et des victimes des licenciements massifs et arbitraires des entreprises publiques en voie de privatisation participaient activement aux grandes mobilisations de ce début d’avril et couraient aussi les rues. Quelle réponse leur a-t-on proposé ? Toutes les instances internationales interviennent pour offrir de l’argent, de la nourriture qui affectera davantage la production nationale et aggravera avant longtemps la situation. Le fond structurel des problèmes auxquels on veut donner un vernis économique, est politique. Ce fond n’est pas même effleuré.

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