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La science est-elle popperisable ?

4 octobre 2010, 08:47, par Robert Paris

Popper a-t-il raison de considérer la physique quantique comme exemple typique d’un indéterminisme de la nature et de la science ? De grands physiciens quantiques, les disciples de Louis De Broglie en France, on écrit dans « L’objet quantique » : « Le déterminisme ne s’oppose pas au hasard. Bien qu’elle soit une théorie des systèmes physiques où le hasard est irréductible, la mécanique quantique n’a pas, de ce fait, le statut de théorie indéterministe. (…) Il n’y a pas entre ordre et désordre l’antinomie que le bons sens suggère. (…) L’ordre peut s’installer au sein de la turbulence. Tout se passe comme si la mécanique quantique exprimait les figures de d’ordre d’un désordre microphysique (celui du vide NDLR). »
Anatole Abagram écrit : « René Thom, lui, condamne le popperisme. Oserais-je dire qu’il en souhaite l’extinction. C’est, dit-il, « une philosophie limitée, myope, dénuée d’intérêt » auquel il reproche de « diffuser et d’exalter auprès de l’opinion publique le mythe de la science (surtout expérimentale) source exclusive de connaissance. »

La pauvreté du popperisme est à plusieurs niveaux. Il y a le refus de tout ce sur quoi on peut seulement raisonner et que l’on ne peut pas observer directement. Par exemple, on n’observera jamais un quanton virtuel mais tous les physiciens quantiques savent aujourd’hui qu’il existe. L’observation n’est possible que dans le cas où il y a un temps caractéristique du phénomène d’observation compatible avec le temps caractéristique du système étudié. Par exemple, à notre échelle humaine, il est impossible d’étudier directement l’évolution du climat. Mais c’est cependant un objet d’étude scientifique indirect nécessitant des observations de mémorisations du passé et … des raisonnements. Ces derniers sont irréductibles à de simples observations. Ensuite, tout ce qui est historique est inaccessible directement. C’est pourquoi le popperisme rejette toute conception historique. Le popperisme interprète de manière erronée la physique quantique. Là où cette dernière dit : « L’énergie d’un quanton n’a pas de valeur propre bien définie. », ce qui signifie que le paramètre énergie ne caractérise pas le quanton de manière séparée de son milieu, Popper comprend que la matière n’est pas déterministe. Il en conclut que la science est limitée, sans cesse en voie de recherche et de modification. Il invente un relativisme de la connaissance qui n’a rien à voir ni avec la relativité, ni avec la physique quantique, ni avec aucune science et, surtout, qui n’éclaire nullement sur ce que seraient les « théories vraiment scientifiques » contrairement à ce que prétend Popper.
Lévy-Leblond et Balibar écrivent dans « Quantiques » : « Les dispersions quantiques n’ont rien à voir avec des « incertitudes », contrairement à une terminologie encore assez répandue, héritée des débuts héroïques et confus de la théorie quantique. Classiquement, une grandeur physique, la position par exemple, a une valeur bien déterminée, mais qui peut être mal connue, avec une incertitude. Quantiquement, cettte grandeur n’a pas une valeur unique, la dispersion d’espace traduit une dispersion intrinsèque de la position, qui ne doit rien à notre ignorance. »

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