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Libérez le peuple noir américain emprisonné !!! End mass black incarceration !!!!

19 août 2014, 10:45

Selon les témoins, Michael Brown avait les mains en l’air et suppliait qu’on le laisse en vie lorsqu’il a été achevé de "plusieurs balles".

Depuis, j’ai vu un nombre sans fin de vidéos des manifestations organisées dans tout Ferguson par des habitants indignés exigeant des réponses. J’ai écouté la mère de Michael Brown essayer de dire sa perte avec des mots. J’ai vu les vidéos Vine et suivi les tweets, mises à jour de profils, messages postés dans les blogs et photos Instagram jusqu’à saturation.

J’ai également lu les articles sur les Noirs sans armes qui ont été abattus par des policiers – le premier dans un supermarché Wal-Mart dans l’Ohio parce qu’il avait un pistolet-jouet dans la main, le deuxième à Los Angeles lors d’une "interpellation" alors qu’il obéissait à l’ordre qui lui avait été donné de se coucher par terre. La liquidation physique de personnes noires ou de couleur peut être très pénible. Alors je me suis dit qu’éteindre mes appareils électroniques pour préserver ma santé mentale n’était pas une mauvaise idée.

Des policiers qui agressent, brutalisent, se moquent...

Mais je n’ai pas pu rester loin de la Toile bien longtemps. Je n’ai pas tenu parole. Je me suis reconnecté, seulement pour découvrir un ami journaliste au beau milieu d’un siège. Il avait été envoyé à Saint-Louis pour couvrir les conséquences du meurtre de Michael Brown (dont les manifestations), et la police essayait de lui faire comprendre par la force qu’il ne pouvait pas faire son travail. Des policiers étaient en train de lancer des grenades lacrymogènes et de tirer des balles en caoutchouc dans sa direction. Bref, sa vie était en danger.

Non loin de lui, Wesley Lowery, du Washington Post, et Ryan J. Reilly, du Huffington Post étaient arrêtés et agressés par des policiers en treillis armés jusqu’aux dents. Après leur libération, ils ont été interviewés par Christopher Hayes, de la MSNBC, qui leur a demandé ce qui s’était passé. Ils avaient l’air effarés, surtout Lowery : "Si c’est ainsi qu’ils traitent des journalistes accrédités, imaginez comment ils peuvent traiter un jeune noir de 24 ans de Ferguson", a-t-il déclaré.

Le fait est que nous n’avons pas besoin d’imaginer comment la police traite les Noirs. C’est là, sous nos yeux. Des personnes reçoivent l’ordre de se disperser mais se retrouvent coincées par des policiers qui ont barré tous les chemins possibles vers leur domicile. Des personnes interpellées sans raison – et qui obéissent aux instructions des agents – sont brutalisées si elles s’opposent à leur arrestation. Des policiers agressent "accidentellement" des "contrevenants" et se moquent ensuite de leurs blessures. Des policiers mettent le feu à des logements et braquent leur pistolet sur la tête des habitants. Des policiers terrorisent des citoyens qui ont formé un attroupement. Il n’y a là rien de nouveau. Rien qui sorte de l’ordinaire. Ce qui arrive aujourd’hui à Ferguson, Missouri, arrive tous les jours dans l’Amérique noire.

Et c’est éreintant.

Votre vie est en danger

Chaque cas vous rappelle que votre vie est en danger. Vous voulez fuir. Mais c’est impossible. Alors vous essayez de vous déconnecter. Mais vous échouez, et chaque tentative que vous faites pour vous soustraire à votre réalité vous épuise encore plus. Ceux qui ne sont pas forcés de subir ce type d’univers chaque jour n’ont pas à lutter contre cette fatigue. J’avoue que c’est un avantage que je leur envie parfois.

Quant au reste d’entre nous, ce qui s’est passé entre les autorités, les habitants de Ferguson et la presse le 13 août sert à nous rappeler qu’il y a une vie à laquelle nous ne pouvons échapper. Nous restons inextricablement connectés au monde qui nous terrorise. Nous sommes dans l’impossibilité de nous arracher à ceux qui écument vilainement nos quartiers et veulent nous empêcher de travailler.

Oui, admettre ce fait demande aussi d’admettre une réalité douloureuse : que la société est soudée par une entente sacrée entre l’opprimé et l’oppresseur. Nous naissons dans le même monde, dans la même cage, faits à l’image l’un de l’autre.

La relation de l’Amérique noire avec son oppresseur, l’Amérique, a forgé son identité. Pour qu’une Amérique noire sans oppression puisse exister, il faudrait créer une Amérique noire à part, où nous ne figurerions pas et que nous ne reconnaîtrions pas. De même, une Amérique sans oppression ne serait pas l’Amérique non plus.

Tel est notre fardeau. Notre humanité dépend uniquement de l’acceptation de ce que nous sommes. Et c’est une chose que j’apprends à ne pas fuir, ce qui est pour le moins violent et pénible. Mais je ne suis pas certain qu’il existe un endroit plus sûr dans cette cage.

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