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Chronologie syndicale des luttes ouvrières en France et dans le monde - Les raisons de la défaite -

27 juillet 2010, 09:41, par Robert Paris

Extraits de la résolution du 21e congrès de l’UL CGT de Tourgoing :

« La lutte des classes existe et c’est la mienne qui est en train de la remporter »
(Warren Buffet, capitaliste, milliardaire, Etats-Unis).

« L’Histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. »
(Karl Marx et Friedrich Engels).

La CGT, jusqu’à nos jours, s’inscrit dans cette Histoire. Créée en 1895, elle est alors LE syndicat des ouvriers, outil syndical pour mener la lutte des classes, obtenir par cette lutte des avancées sociales, alors que le but ultime de la CGT est de préparer les travailleurs à « abolir le salariat et le patronat », c’est-à-dire renverser le système capitaliste pour y substituer « la société libre des producteurs ».

Depuis et jusqu’à nos jours, le Capital (les patrons) et ses représentants (politiques, syndicaux, etc…), qui eux mènent sans jamais y renoncer la lutte des classes, ont tout fait pour abattre ou attiédir le syndicalisme de classe et de masse qui, seul, menace leurs intérêts immédiats. Soit ils usent de la matraque, et c’est la droite, la Réaction, la soumission sans fard au MEDEF. Soit on use de moyens plus subtils. Répondant au doux nom de réformisme, la somme de ces efforts « subtils » s’incarne dans des politiques et des méthodes dont l’échec patent – du point de vue de la situation des travailleurs - permet toutefois, pour l’instant, de maintenir le système d’exploitation tout en semant des illusions parmi les travailleurs.

Qu’elle soit ouverte ou masquée, la collaboration de classes livre pieds et mains liés la classe ouvrière à l’exploitation. On le constate à la fois dans les sphères politique et syndicale. Dans cette dernière, elle se manifeste par l’émiettement syndical, dans la création, au fil du temps, d’organisations syndicales réformistes dont le but historique est de contrecarrer le syndicalisme révolutionnaire CGT ; elle se manifeste aussi par le renforcement du réformisme à l’intérieur même de la CGT.

Elle se manifeste enfin et surtout, dans la vie quotidienne des travailleurs, par l’existence dans les entreprises de syndicats « jaunes », c’est-à-dire de syndicats qui, ouvertement adeptes du « compromis » avec le patron, ne peuvent que sombrer dans la compromission avec le patron. Il y a là l’une des raisons premières de la désaffection des travailleurs vis-à-vis du syndicalisme, comme d’ailleurs du politique. La responsabilité en revient aux imposteurs qui, tout en ayant à la bouche « la défense de vos intérêts » servent dans les faits les intérêts des exploiteurs.

Le réformisme a pénétré profondément dans les consciences et dans les pratiques, non sans contradictions : tant que les classes populaires voyaient, peu ou prou, leur condition s’améliorer, tant que la protection sociale et le plein emploi permettaient « d’oublier » la lutte des classes, le réformisme pouvait se prévaloir de quelques « progrès », redevables en fait aux luttes réelles des travailleurs ainsi qu’à un contexte mondial obligeant le Capital à « lâcher quelques miettes » ici, en renforçant l’exploitation des peuples du Sud.

Aujourd’hui, alors que le capitalisme traverse la crise la plus grave depuis celle des années 30, alors que le chômage massif et la précarité gangrènent le monde du travail, alors que la protection sociale (retraites, sécurité sociale, services publics…) est démantelée sous nos yeux, alors que les inégalités se creusent encore davantage, que le Capital se goinfre comme jamais, y compris en supprimant l’emploi, et que les travailleurs vivent à crédit, menacés de chuter encore plus bas, le réformisme, qui accompagne les choix capitalistes, révèle son vrai visage : plus qu’inutile, il est un frein aux mouvements sociaux qui seuls, peuvent construire un rapport de force favorable aux classes populaires.

Face à la colère qui gronde, face à la volonté d’en découdre, face à l’urgence d’une riposte, vécues par une partie de plus en plus importante des salariés, le réformisme propose une stratégie illisible, incompréhensible, où la mobilisation, à peine embrayée, est enterrée sous les fastes de « négociations » qui ne débouchent sur rien d’autre qu’un repli du réformisme sur lui-même, sur une fracture de plus en plus ouverte entre la « base » et le « sommet ». Le réformisme nous plonge dans l’impasse.

L’argument massue du réformisme, c’est l’inertie des travailleurs, leur individualisation, la précarité et tout ce que le Capital a inventé pour nous diviser et nous éloigner du terrain de la lutte. S’il est apparemment plus difficile de mobiliser dans les conditions actuelles qu’en 1936 ou 1968, cela ne remet pas pour autant en cause la nécessité d’une lutte frontale, générale, organisée en conséquence, comme d’ailleurs l’exemple plus récent du LKP guadeloupéen l’a démontré. Ce que cela dit est qu’il revient à toute direction de tracer des perspectives, et c’est ce qui manque cruellement aujourd’hui, en particulier aux milliers de travailleurs isolés de fait dans leurs luttes, et aux millions de travailleurs qui attendent une perspective pour se mobiliser.

Bien sûr, « il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour lancer la grève générale », laquelle ne « se décrète pas », évidemment. Néanmoins, on peut, on doit, préparer les conditions qui la rendront possibles, on doit et on peut fixer cet objectif, non pas par purisme révolutionnaire mais parce que tout, dans notre expérience, indique que là réside l’unique solution à la crise, et que toute hésitation, tout compromis négocié sur les bases de la bourgeoisie ne fait que reculer cette solution, ne fait que renforcer les forces les plus réactionnaires qui s’apprêtent à découdre tout ce qu’il nous reste d’acquis sociaux et politiques.

Car, et il suffit de considérer le passé, la crise que nous vivons, ne se distingue en rien des précédentes, et ses mécanismes sont connus depuis le XIXème siècle. En période de crise, la bourgeoisie, qui, encore une fois ne renonce pas et ne renoncera jamais à mener la lutte, fait et fera tout pour maintenir et accroître ses privilèges, fait et fera tout pour faire payer les classes populaires.

Licenciements, chômage, casse des droits et acquis à tout va, pour « sortir de la crise », la classe dominante ne peut et ne fait que nous y enfoncer davantage. Dès lors, la colère sociale, produit du désordre capitaliste, ne peut que s’amplifier, et la violence infligée aux masses ne peut que se manifester dans la vie sociale tout entière. La stratégie, la seule stratégie du Capital dès lors ne peut être que de dévoyer la colère et la violence des masses, en les dirigeant contre elles-mêmes. C’est là toute l’utilité du chauvinisme, du racisme, et de tous les ferments de division entre travailleurs que la bourgeoisie distille dans la société.

« Le capitalisme porte la guerre en lui comme la nuée porte l’orage ». (Jean Jaurès) Pour conquérir des marchés, étendre son influence sur la planète, ce système met le monde à feu et à sang, et met même en péril la survie de celui-ci. Pas une guerre ne cache, derrière de prétendus « chocs des civilisations » et des motifs nationaux ou religieux, des intérêts économiques bien réels.

Même oubliées, même niées, ces réalités n’en demeurent pas moins. Manifester la volonté d’amender ce système, de l’améliorer, par le « dialogue social » entre « partenaires », relève sinon de la trahison pure et simple, tout au moins de l’aveuglement. Le réformisme, en maintenant l’illusion du compromis, dans le contexte actuel, ouvre objectivement la porte aux perspectives les plus réactionnaires.

Nous devons absolument voir ce qui se tapit derrière ces mots : c’est à un recul social sans précédent qu’il faut s’attendre, si nous, nous en tant que classe, ne sommes pas capables d’imposer un rapport de force sur le terrain de la lutte des classes.

« Les idées dominantes sont toujours les idées de la classe dominante ». (Karl Marx) Jamais encore le système capitaliste n’a disposé comme aujourd’hui des moyens d’imposer l’idéologie bourgeoise. Les choses seraient plus claires si les travailleurs se forgeaient leur jugement en fonction de leur situation réelle. Or, un bulldozer médiatique, piloté par le même patronat qui nous exploite, entretient parmi nous la confusion, le désespoir, le fatalisme, les illusions. Le crédit nous soumet, la publicité dévoie nos besoins, la télé nous abrutit. Face à notre situation réelle donc, se dressent de multiples obstacles nous empêchant de considérer le réel avec nos yeux, avec notre conscience de classe.

Le travail militant consiste dès lors en parallèle des luttes sur le terrain, à mener la bataille des idées, pour combattre la confusion et la résignation. Ce travail militant au sens large ne peut se faire qu’en acceptant par avance les conditions réelles auxquelles nous sommes confrontés, en partant du principe « qu’il faut fleurir là où l’on est ». Il faut combattre la confusion, les illusions réformistes, la résignation et le défaitisme, sans pour autant céder au dogmatisme et au sectarisme, sans s’isoler des masses et de leurs organisations.

Une posture radicale, qui ne serait que posture, se dressant, irréductible, face au réformisme tel un chevalier blanc, sans dans le même temps construire dans les masses le rapport de force, déboucherait sur une stérilité tout aussi coupable que ce qu’elle prétendrait combattre. Pour être clair, c’est dans toute notre CGT qu’il faut mener la bataille des idées, c’est par la CGT que cette bataille, en dépit des contradictions, sera menée. C’est en portant fièrement les couleurs de la CGT, de son héritage et de ses valeurs essentielles, que nous pouvons mener ce combat efficacement.

Face à la casse sociale généralisée, face à ses effets sur les masses, nulle autre considération que l’exigence d’unité dans la lutte ne peut guider l’action de tout militant sincère, vivant parmi les siens les conséquences dramatiques du capitalisme destructeur.
(...)

Nous n’oublions pas que notre CGT est internationaliste. Tout ce que l’on peut dire et éprouver sur la situation des travailleurs ici, se vérifie, souvent de manière encore plus crue, dans le monde entier. Le capitalisme est mondialisé, nos patrons sont bien souvent aussi les patrons de l’ouvrier roumain ou chinois, de l’employée marocaine, du travailleur agricole sénégalais. Le capitalisme, à l’échelle mondiale, fait jouer la concurrence entre travailleurs, considérés comme des coûts qu’il faut réduire. Plus les droits et intérêts des travailleurs sont attaqués dans tel ou tel pays, plus la situation générale des travailleurs partout se dégrade.

Cet internationalisme est indissociable du combat contre la guerre, outil extrême aux mains des capitalistes, qui trouvent là moyen de sortir de la crise, de mettre la main sur des matières premières, de conquérir des marchés. Le combat contre l’impérialisme doit être nôtre, comme il le fut, comme le fut le combat contre le colonialisme. L’Union Locale de Tourcoing s’engagera dans ce combat, en soutenant les mouvements s’opposant à la guerre et à l’occupation, en affichant la solidarité des travailleurs d’ici avec les travailleurs d’ailleurs, soumis à la violence capitaliste et à ses formes militaires.

Le constat du moment, qui montre l’accélération de l’offensive du Capital contre les travailleurs, ici, à Tourcoing et environs, mais aussi, de manière indissolublement liée, contre les travailleurs et les peuples du monde ; ce constat, qui montre l’impasse absolue du système économique que nous subissons ; ce constat, qui pointe du doigt nos propres difficultés à organiser une riposte à la hauteur, à gagner la bataille des idées, à sortir les travailleurs du pessimisme et de la résignation ; ce constat, pour autant, doit nous permettre d’agir, de militer, d’espérer, car il n’existe aucune autre solution que celle résidant dans ce combat-là.
(...)
Dans les conflits collectifs nous continuerons à mettre en avant l’organisation du mouvement par les travailleurs eux-mêmes, en nous appuyant sur leur détermination à défendre leurs revendications. Ce qui veut dire chercher en premier lieu à impliquer l’ensemble des organisations présentes sur un conflit, travailler à leur unité, mais en imposant à toutes le contrôle et la direction des luttes par la base. C’est en rendant aux travailleurs la direction de leurs combats et non en le laissant aux mains de « spécialistes autoproclamés » que nous pourrons construire des bases solides et offensives.

La nécessité d’un vaste mouvement d’ensemble est chaque jour plus évidente, l’organisation d’un mouvement de grève générale reconductible doit être au centre de nos préoccupations même s’il ne se décrète pas. Il est de notre devoir de veiller à son avènement, et la constitution d’équipes syndicales combatives, ainsi que l’organisation des précaires, participent à cet objectif. Nous ne saurions prévoir quand ce mouvement aura lieu, mais c’est en nous y préparant que nous serons en mesure de le mener à bien.

Il fut un temps où le syndicalisme pouvait se contenter de gérer les CE en proposant aux travailleurs des vacances ou des loisirs bon marché. Aujourd’hui, c’est de la survie même des familles ouvrières qu’il s’agit. Ces activités, laissons-les aux syndicats réformistes et d’accompagnement. Disposer d’élus de combat est bien plus important pour les salariés.

Dans les entreprises notre rôle est d’informer les travailleurs sur les problèmes de la boite, mais aussi sur les grandes questions d’actualités. Nous devons mettre en place des équipes qui diffusent la presse syndicale à la porte des entreprises quand cela ne peut être fait de l’intérieur. En instruisant les salariés, nous contrebalancerons l’information des médias au service du patronat, lesquels laissent les travailleurs sans réelle vision qu’un autre monde est possible et qu’il n’y a pas de fatalité. Il faut aussi que les revendications entrent dans les entreprises pour quelles deviennent celles de toutes et de tous : le Smic à 1600 euros, l’interdiction des licenciements, le droit à la retraite pleine et entière à 60 ans, le retour aux 37 annuités dans le public comme dans le privé, etc…

Dans le combat contre la classe capitaliste, les travailleurs doivent montrer les dents pour se faire respecter, L’Union Locale CGT de Tourcoing ne sera pas une muselière.

Voila les grands axes qui devraient guider notre action tout au long des prochaines années, avec le concours actif de l’ensemble des syndicats et syndiqués.

17 juin 2010

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