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1649 : les révolutions de France et d’Angleterre

17 novembre 2015, 07:27

Voltaire dans « Le siècle de Louis XIV » :

« Les guerres civiles commencèrent à Paris comme elles avaient commencé à Londres, pour un peu d’argent.
(1647) Le parlement de Paris, en possession de vérifier les édits de ces taxes, s’opposa vivement aux nouveaux édits ; il acquit la confiance des peuples par les contradictions dont il fatigua le ministère.
On ne commença pas d’abord par la révolte ; les esprits ne s’aigrirent et ne s’enhardirent que par degrés. La populace peut d’abord courir aux armes, et se choisir un chef, comme on avait fait à Naples (17) : mais des magistrats, des hommes d’État procèdent avec plus de maturité, et commencent par observer les bienséances, autant que l’esprit de parti peut le permettre.
Le cardinal Mazarin avait cru qu’en divisant adroitement la magistrature, il préviendrait tous les troubles ; mais on opposa l’inflexibilité à la souplesse. Il retranchait quatre années de gages à toutes les cours supérieures, en leur remettant la paulette, c’est-à-dire en les exemptant de payer la taxe inventée par Paulet sous Henri IV, pour assurer la propriété de leurs charges. Ce retranchement n’était pas une lésion, mais il conservait les quatre années au parlement, pensant le désarmer par cette faveur. Le parlement méprisa cette grâce qui l’exposait au reproche de préférer son intérêt à celui des autres compagnies. (1648) Il n’en donna pas moins son arrêt d’union avec les autres cours de justice. Mazarin, qui n’avait jamais bien pu prononcer le français, ayant dit que cet arrêt d’ognon était attentatoire, et l’ayant fait casser par le conseil, ce seul mot d’ognon le rendit ridicule ; et, comme on ne cède jamais à ceux qu’on méprise, le parlement en devint plus entreprenant.
Il demanda hautement qu’on révoquât tous les intendants, regardés par le peuple comme des exacteurs, et qu’on abolit cette magistrature de nouvelle espèce, instituée sous Louis XIII sans l’appareil des formes ordinaires ; c’était plaire à la nation autant qu’irriter la cour. Il voulait que, selon les anciennes lois, aucun citoyen ne fût mis en prison, sans que ses juges naturels en connussent dans les vingt-quatre heures ; et rien ne paraissait si juste.
Le parlement fit plus ; il abolit (14 mai 1648) les intendants par un arrêt, avec ordre aux procureurs du roi de son ressort d’informer contre eux. »

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