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Quelques thèses sur la question syndicale en vue d’un large débat

13 novembre 2009, 13:39

Le livre d’Oscar Anweiler en français (Les soviets en Russie) comme d’autres études historiques malheureusement en anglais sur les rapports entre comités d’usine et soviets montre que les bolcheviks se sont appuyés sur les soviets (organismes territoriaux où les soldats d’origine paysanne étaient majoritaires et où les travailleurs étaient minoritaires) à la fois pour lutter et éliminer les autres tendances mais pour construire leur Etat et même un capitalisme d’Etat dont ils considéraient qu’il était un progrès par rapport à l’anarchie économique ambiante.

En ce qui concerne les critiques de l’action et des idées des bolcheviks elles ont commencé par Rosa Luxembourg, se sont poursuivies par les communistes de gauche allemands et hollandais, ont été menées au sein même du parti bolchevik bien avant que Trotsky ne se réveille et ne tiennent absolument pas aux seuls anarchistes, déçus ou pas par le bolchevisme.

Expliquer que faire remonter l’origine du stalinisme en partie au Parti bolchevik est une position uniquement anarchiste est historiquement et politiquement inexact.

Certains héritiers idéologiques de Rosa Luxembourg, et ceux des courants dits ultragauches de l’Internationale communiste, c’est à dire marxistes non léninistes ont défendu cette position à partir d’explications ou de théories assez différentes de celles des anarchistes. Voir les écrits de Pannekoek, Mattick, etc. Même s’ils partaient de constatations empiriques ou historiques qu’ont faites aussi les anarchistes, on ne peut les assimiler aux anarchistes. A moins de considérer que tout ce qui n’est pas 100% bolchevik, soit anarchiste !

Puisqu’on parle d’anarchistes, deux livres utiles celui de Berkman Le mythe bolchevik (malheureusement mal traduit et bourré de coquilles) et un autre livre facile à trouver et gratuit sur Internet http://fr.calameo.com/books/0000868666f95250853ef
Je ne l’ai pas encore lu en français mais en anglais cela m’avait semblé fort instructif et concret.

PS. J’évoque LO parce que ce sont des références pratiques et politiques communes que j’ai avec vous (vous y avez passé sacrément plus d’années que moi, quand même !), qu’il est inutile de le cacher et que cela permet de faire comprendre plus rapidement certaines choses que si je voulais partager avec vous d’autres expériences politiques qui ne nous sont pas du tout communes.

Je précise quand même que sur les 15 numéros de Ni patrie ni frontières, et 8 livres publiés par NPNF depuis 2002, c’est à dire plusieurs milliers de pages imprimées, tu ne trouveras pas beaucoup de textes sur LO...

Cela dit, sur le plan politique, je pense qu’il est difficile d’ignorer le rôle formateur et déformateur de cette organisation sur les personnes qui y ont passé plus que quelques mois.... Donc reconnaître sa dette intellectuelle ou politique vis-à-vis d’une organisation, identifier les points de rupture théorique avec son passé politique, n’est pas inutile ni vain à condition que ce ne soit pas une arme politique visant à discréditer l’interlocuteur et à le réduire à une seule étape de son parcours politique.

Quant à se situer sur le registre psychologique quand on discute d’une question politique, je veux bien, mais cela ne peut se faire qu’à égalité. En clair en mettant honnêtement sur la table, l’un ET l’autre, les raisons pour lesquelles on a accepté de militer dans telle ou telle organisation. Cela suppose d’entrer dans une discussion sur le rôle de l’affect, des blessures personnelles, de l’histoire familiale de chacun dans l’engagement politique. Voire de la sexualité de chacun. Pourquoi pas ?

Mais cela ne peut se faire à sens unique, dans une intention polémique, dans une position d’analyseur et en mettant l’autre dans une position d’analysé victime et incapable de comprendre son passé....
Ce n’est pas l’agressivité qui me gêne (j’y suis habitué et elle a cours même dans des milieux pseudo consensuels comme RESF), c’est le procédé polémique utilisé qui ne fait pas avancer la discussion et pousse l’autre à se justifier.

Une des raisons pour lesquelles les discussions politiques sont souvent stériles, c’est qu’on passe plus de temps à se justifier de n’avoir pas dit ou pensé telle ou telle chose qu’à approfondir le sujet du débat.

Pour revenir donc au point de départ de la discussion, je pense que la forme même des thèses qui est adoptée bloque la discussion. Il ne s’agit pas simplement d’une forme d’exposition, il s’agit d’un mode de "débat" qui empêche la pluralité des opinions, les expérimentations possibles, qui sous-entend que l’on peut systématiser les fondements de l’intervention politique dans un document et qui appelle ceux qui ne sont pas d’accord soit à se taire, soit à faire des amendements secondaires, soit à produire des contre-thèses. Les thèses et contre-thèses figent des positions politiques et appellent à une lutte ligne contre ligne. Lutte qui aboutit à la scission ou à l’exclusion des minoritaires. Les mécanismes sont connus.

Une façon de discuter qui me semble peu productive. Mieux vaudrait partir d’expériences concrètes et précises, de façon à ce que chacun puisse intervenir et affiner le pronostic général. Participer ainsi à l’éboration collective d’une position issue de la richesse des expériences communes. C’est en tout cas comme cela que je verrais une discussion sur les syndicats si je faisais partie d’un groupe politique.

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