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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

3 mai 2014, 16:50

Et il aura fallu plus longtemps encore pour apprendre, à partir de 2003, 2004, que des français sont restés « tout le long » du génocide, comme l’expliquait le général Dallaire à Daniel Mermet, il y a dix ans. Surtout, ont commencé à affluer les témoignages de bourreaux et de rescapés pour expliquer combien des « Blancs » ou « Français » ont pu être présents à des étapes cruciales du génocide, comme le 13 mai 1994, pour le grand massacre des résistants Tutsi de Bisesero.

Mais dès juillet 1994, on avait des indications sérieuses de ce qu’il pouvait y avoir responsabilité française dans l’attentat contre le Président Habyarimana qui servira de signal au lancement du génocide. Une dénonciation en provenance d’un chef de milice de Kigali était publiée, après authentification, par Colette Braeckman, dans Le Soir, de Bruxelles. Y étaient désignés les deux soldats français responsables du tir. Ne pouvait alors qu’ajouter à la suspicion l’absence de dénégation ou même d’enquête de l’armée française alors que même que celle-ci détenait les pièces à conviction. Un officier français, le commandant de Saint-Quentin, aujourd’hui général, s’était précipité sur les débris de l’avion encore fumants. Ainsi qu’on le sait aujourd’hui grâce à l’expertise ordonnée par le juge Trévidic, les tirs étaient partis d’à côté de son cantonnement, au camp de Kanombe, où il se chargeait par ailleurs d’entraîner les para-commandos qui seront – avec la Garde présidentielle également encadrée par des français –, les fers de lance de l’entreprise génocidaire.

C’est aussi ce mois de juillet 94 que paraissait dans Libération un article du journaliste spécialisé en affaires africaines, Stephen Smith, dans lequel celui-ci prétendait dévier l’accusation précise lancée contre l’armée française par Le Soir de Bruxelles, sans même l’évoquer, et en soulevant une contre-accusation sans fondement contre le FPR, d’avoir été l’auteur de l’attentat du 6 avril. Cette accusation, manifestement concoctée par les services de désinformation de l’armée, sera reprise au fil des ans, par le capitaine Barril, le juge Bruguière, Pierre Péan ou d’autres. Elle sera poussée jusqu’à l’ignominie lorsque sera osé le syllogisme suivant lequel le FPR porterait y compris la responsabilité du génocide pour l’avoir « provoqué »...

Après quatre années de scandaleuse absence d’enquête, en 1998, le juge Bruguière finira par en ouvrir une, non seulement très tardivement, mais destinée d’abord à empêcher une commission d’enquête parlementaire de s’emparer de ce dossier – deux juridictions ne pouvant, en théorie, examiner les mêmes faits. Il n’y aura pas de commission d’enquête, mais une simple mission d’information, présidée par Paul Quilès, qui aura largement l’occasion de vérifier l’étendue des responsabilités françaises – ce qui n’empêchera pas son Président d’en tirer des conclusions diamétralement inverses.

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