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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

11 avril 2014, 20:17

Qui a financé le génocide ?

1. Les paiements par la Banque de France et la BNP jusqu’au 1er août 1994

De 1991 à mars 1994, L’ensemble des bailleurs de fond, dont la Banque Mondiale et la coopération française, ont financé à vannes ouvertes un régime dont ils savaient qu’il affectait une grande partie de ces versements extérieurs à l’achat d’armes, et en particulier à celui de plus d’un million de machettes.

Enquêtant sur le financement des armes du génocide, Pierre Galand, ancien directeur d’Oxfam-Belgique et ex-président des ONG européennes, a pu consulter le circuit des paiements initiés durant le génocide par la Banque nationale du Rwanda (BNR) – l’instrument finan­cier du Gouvernement génocidaire. Parmi les paiements ordonnés, une série ont eu lieu à un moment où plus un banquier, plus une tutelle de place bancaire ne pouvait ignorer à quels crimes servait cet argent.

GME International Paris pourrait être Global Mobil Electronics, « télécommunication sans frontières », 53 avenue de la Grande Armée, 75016-Paris, filiale de Global Satellite à Fort-Lauderdale (USA). On resterait dans le domaine de la télécommunication, à laquelle le général Huchon attachait tant de prix.

À moins qu’il ne s’agisse de GME International Consulting, qui se proclame spécialisée en « International conflict resolution issues », avec 30 ans d’expérience en « dealing with foreign governments and individuals ». Un lobbying désespéré aux États-Unis ? Cette firme est liée à Earthlink, d’Atlanta, fournisseur d’Internet à 5 millions de clients.

Ou GME International Motors, filiale de General Motors ?

Quoi qu’il en soit, au moins 33 millions de francs de financement du camp génocidaire sont passés par la place financière de Paris.

Le 05/05/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

435 000,00 FF. Bénéficiaire : Alcatel (téléphones cryptés ?).

Le 14/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

8 415 000,00 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 15/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

673 920,00 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 15/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

2 043 887,00 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 15/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

3 330 063,34 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 15/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

4 123 890,50 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 15/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

5 616 000,00 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 23/06/94 a été prélevé sur le compte BNP Paris au profit de la BNR :

6 285 379,51 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 30/06/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

317 882,96 FF. Bénéficiaire : GME International Paris.

Le 01/07/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

490 450,61 FF. Bénéficiaire : inconnu.

Le 07/07/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

176 918,58 FF. Bénéficiaire : Ambassade Rwanda en Éthiopie.

Le 07/07/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

81 151,36 FF. Bénéficiaire : Consulat du Rwanda à Pretoria.

Le 07/07/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

170 716,14 FF. Bénéficiaire : Ambassade Rwanda en Égypte.

Le 01/08/94 a été prélevé sur le compte de la Banque de France au profit de la BNR :

1 500 000,00 FF. Bénéficiaire : Inconnu.

Total : 33 660 260 FF.

2. La facture des achats d’armes aux Seychelles par le colonel Bagosora est passée par la BNP

On se réfère ici essentiellement à deux sources : l’enquête des Nations Unies (UNICOI) et Patrick de Saint-Exupéry confirme les achats d’armes par Willem Petrus Ehlers aux Seychelles. Plus de 1,3 millions de dollars sont passés les 14 et 16 juin par les comptes de la BNR à la BNP :

« Nous relevons que, selon les données officielles, le gouvernement des tueurs a effectué, à partir de la BNR, des transferts à hauteur de 17 820 000 dollars entre les mois d’avril et d’août 1994. Plus de 6 440 200 dollars en chèques de voyage ont également été emportés par les anciens dignitaires. Une partie de ces fonds ont, d’évidence, pris la direction de la France. Et ce trésor de guerre sert à acheter des armes. […] Les autorités françaises ne peuvent ignorer la transaction des Seychelles. Elle est “couverte”, c’est-à-dire clandestine mais assumée. »

Brian Wood et Johan Peleman résument les résultats de l’enquête des Nations Unies :

« Deux paiements séparés ont été effectués sur le compte de la Banque centrale des Seychelles à la Federal Reserve Bank de New York pour l’achat des armes [2]. Deux montants de 179 965 $ et 149 982,50 $ ont été transférés sur le compte des Seychelles à partir d’un compte de l’Union Bancaire Privée à Genève. Dans un premier temps, les demandes d’infor­mation concernant le titulaire du compte adressées par l’UNICOI au Département fédéral du ministère des Affaires étrangères suisse n’ont donné aucun résultat. Le Département fédéral suisse a répondu à l’UNICOI que “les investigations rencontrent de multiples problèmes d’ordre juridique et pratique”[3]. Cependant, en août 1997, le Procureur général de Suisse a envoyé une lettre à l’UNICOI lui notifiant qu’une en­quête sur les transactions financières relatives à l’affaire avait été ouverte. Le gouvernement suisse a donné des détails qui attestent qu’Ehlers était en effet le titulaire d’un compte numéroté – 82-113 CHEATA – à l’agence de Lugano de l’Union Bancaire Privée en Suisse.

Le Procureur général suisse a confirmé que les deux paiements sépa­rés de 179 965 $ et 149 982,50 $ ont été effectués respectivement les 15 et 17 juin 1994. Il a de plus affirmé que les 14 et 16 juin 1994, le compte d’Ehlers avait été crédité de 592 784$ et 734 099$. En d’autres termes, un million de dollars a été transféré sur le compte d’Ehlers en plus de ce qui a été payé sur le compte de la Banque centrale des Seychelles à New York.

Le Procureur général a dit à L’UNICOI que ces fonds importants arri­vant sur le compte d’Ehlers provenaient d’un compte à la Banque nationale de Paris SA, à Paris, lui-même actionné au nom de “Banque nationale du Rwanda, Kigali”. Alors, d’où cet argent venait-il vraiment ?

Le journal français Le Figaro a tenté de reconstituer ces transactions en avril 1998, mais la Banque nationale de Paris et l’Union Bancaire Privée en Suisse ont décliné tout commentaire sur l’affaire. Des repré­sentants de la Federal Reserve Bank de New York ont renvoyé les journa­listes du Figaro vers la banque suisse. »

François-Xavier Verschave

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