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La révolution de Mao ou la guerre (et la prise de pouvoir) d’une armée dite rouge

7 mai 2021, 07:01, par lucifer

La prise du pouvoir par Mao

La classe ouvrière industrielle n’a pas joué le moindre rôle dans la victoire de Mao. La composition sociale elle-même du Parti Communiste chinois était entièrement non ouvrière . L’arrivée de Mao à la tête du parti coïncida avec sa transformation. Au départ du processus, l’organisation faisait partie de la classe ouvrière. Vers la fin de 1926 au moins 66% de ses membres étaient des travailleurs, 22% étaient des intellectuels et seulement 5% des paysans. En novembre 1928, le pourcentage d’ouvriers avait chuté de plus des 4/5, et un rapport officiel reconnaissait que le parti "n’avait pas un seul noyau sain parmi les ouvriers industriels". Les ouvriers formaient seulement 10% des effectifs en 1928, 3% en 1929, 2,5% en mars 1930, 1,6% en septembre de la même année, et pratiquement plus rien à la fin de l’année. De là jusqu’à la prise du pouvoir par Mao le parti n’avait plus dans ses rangs d’ouvriers industriels.

Les ouvriers étaient devenus si peu importants dans la stratégie du Parti communiste chinois pendant la montée de Mao vers le pouvoir que le parti ne jugea pas utile de convoquer le moindre congrès national des syndicats pendant les 19 ans suivant celui de 1929. Il ne se soucia pas davantage d’obtenir le soutien des travailleurs, comme en témoigne sa déclaration selon laquelle il n’avait l’intention de maintenir aucune des organisations du parti dans les régions contrôlées par le Kuomintang pendant les années cruciales 1937-45.

Lorsqu’en décembre 1937 le gouvernement Kuomintang décréta la peine de mort pour les travailleurs qui se mettaient en grève ou qui appelaient à la grève alors que la guerre était en cours, un porte-parole du PC déclara dans une interview que le parti était "totalement satisfait" de la manière dont le gouvernement conduisait la guerre. Même après le déclenchement de la guerre civile entre le PC et le Kuomintang, il n’existait pratiquement aucune organisation du parti dans les zones du Kuomintang – qui comprenaient les centres industriels du pays.
La conquête des villes par Mao révéla, plus que toute autre chose, le divorce complet entre le PC et la classe ouvrière industrielle. Les dirigeants communistes s’efforcèrent d’éviter les soulèvements ouvriers dans les villes à la veille de leur conquête. Avant la chute de Tientsin et de Pékin, par exemple, le général Lin Piao, commandant du front, publia une proclamation demandant à la population "de maintenir l’ordre et de poursuivre leurs occupations courantes. Les fonctionnaires du Kuomintang ou le personnel de la police ou ceux de la province, de la ville, du pays ou de tous les niveaux des institutions gouvernementales, district, ville, village ou personnel de la Pao Chia.. sont invités à rester à leur poste ".

Au moment du passage du Yang-Tsé, avant que les grandes villes de la Chine centrale et méridionale (Shanghai, Hankow, Canton) ne tombent entre leurs mains, Mao et Chou-Teh publièrent une proclamation :
"Il est souhaité que les travailleurs et employés de tous les métiers continuent leur ouvrage et que les affaires soient conduites comme a l’accoutumée... les fonctionnaires des gouvernements centraux, provinciaux ou départementaux du Kuomintang, à tous les niveaux les délégués de `’l’Assemblée Nationale", les membres des Yuan législatif et de contrôle, ou les membres du Conseil Politique du Peuple, les personnels de police et dirigeants des organisations de la Pao Chia ... doivent rester à leur poste et obéir aux ordres de l’Armée de Libération Populaire et du gouvernement populaire ".

La classe ouvrière s’exécuta et resta inerte. Un rapport de Nankin du 22 avril 1949, deux jours avant son occupation par 1’A’mée de Libération Populaire, décrivait la situation de la façon suivante :

’’ La populace de Nankin ne montre aucun signe d’excitation. Des foules de curieux se sont rassemblées ce matin au mur de la rivière pour assister au duel d’artillerie sur l’autre rive. Les affaires sont conduites comme d’habitude... Les cinemas projettent encore leurs films devant des salles combles. "

Un mois plus tard le correspondent du New York Times écrivait de Shanghai : "Les troupes rouges ont commencé à poser des affiches en chinois demandant à la population de rester calme et lui assurant qu’elle n’avait rien à craindre ".

A Canton : " Après leur entrée les communistes ont pris contact avec le commissariat de police et ont demandé aux policiers de demeurer à leur poste et de maintenir l’ordre ".

Source :
https://www.marxists.org/francais/cliff/1963/00/cliff_19630000.htm

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