Accueil > ... > Forum 37310

La philosophie de Nietzsche

19 décembre 2016, 13:17, par R.

Comme on le sait, Nietzsche, victime d’une attaque cérébrale en 1889, s’effondre psychiquement et n’est plus capable de penser dans l’intervalle qui le sépare de la mort (1900). Sa sœur va d’abord profiter de la gloire montante de son frère en publiant, un an après sa mort, une Volonté de puissance que les spécialistes considèrent comme une falsification. Par la suite, ayant adhéré aux thèses nazies, elle publie une compilation qui va dans le sens des nouvelles idées. On a beaucoup insisté, les amis de Nietzsche en premier lieu, sur le fait qu’elle avait dénaturé la pensée de son frère. Un examen attentif permet d’affirmer qu’elle n’a pas eu à vraiment forcer les textes.

Nous disposons aujourd’hui d’une bonne édition de La Volonté de puissance. Il s’agit de l’édition en deux volumes disponible dans la collection Tel. Ce livre, non écrit par Nietzsche, nous le rappelons, a été élaboré un peu comme le Journal de Stendhal dû à au professeur de Litto. Un spécialiste, Friedrich Würzbach, a recueilli et organisé, en les datant autant que possible, tous les aphorismes et développements en relation avec cette idée de la volonté de puissance qu’il a retrouvés dans les papiers du philosophe. Le résultat est affligeant.

Tout y est. Par exemple, l’idée d’une race supérieure dirigeant l’humanité et écartant les faibles à défaut de les éliminer. Au profit de cette race supérieure, Nietzsche va jusqu’à préconiser la castration des criminels et des malades, l’interdiction du mariage pour les malades. La guerre et la colonisation seront des éléments favorables pour forger cette race de maîtres. Les textes sont nombreux. Lisons :

 Dans de nombreux cas, le devoir de la société est d’empêcher la procréation ; pour ce faire, elle a le droit, sans égard à l’origine, au rang et aux qualités de l’esprit, de prévoir les mesures coercitives les plus rigoureuses, les entraves de toutes sortes à la liberté, la castration dans certains cas. […] La vie elle-même ne connaît aucune solidarité, aucune « égalité » entre les parties saines et les parties dégénérées de son organisme ; il faut supprimer les dernières, faute de quoi tout périra. La pitié pour les décadents, l’égalité pour les dégénérés, ce serait la pire immoralité, ce serait la contre-nature promue au nom de la morale.

 Une société qui, pour satisfaire son instinct, répudie définitivement la guerre et la conquête, est en décadence.

 Du traitement à appliquer aux peuples grossiers. — La « barbarie » des moyens n’a rien d’arbitraire ni de facultatif, c’est évident, dès que l’on se trouve placé, avec toute sa sensiblerie européenne, dans la nécessité de soumettre des barbares — au Congo ou ailleurs.

 Contrarier la sélection de l’espèce, l’élimination de ses déchets, voilà ce qui a passé jusqu’à présent pour la vertu par excellence… Il faut respecter la fatalité ; cette fatalité qui dit au faible : « Péris ! »

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.