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Le mouvement syndical, les comités de fabrique et d’usines

6 octobre 2009, 22:44, par MOSHE

L’attitude des syndicats a posé problème depuis toujours aux travailleurs et aux révolutionnaires. Ne poser les problèmes de la classe ouvrière que dans le cadre du système suppose une adaptation des militants qui, même lorsqu’elle n’est pas consciente, a des conséquences catastrophiques. Voir le rôle des syndicats sociaux-démocrates dans l’évolution du mouvement socialiste dans les grands pays riches.

Que penser de l’état du syndicalisme aujourd’hui ? Le degré du problème est encore plus grand. On a longtemps vu dans le problème syndical un défaut des directions syndicales. C’est bien sûr plus que jamais le cas mais la question des seules bureaucraties est dépassée. Le pourrissement s’est aggravé. Il touche la base syndicale. Il touche même les travailleurs qui ont une conception fondamentale de ce qu’est le syndicalisme complètement pervertie. C’est au point que la baisse du syndicalisme est devenue préoccupante pour le patronat et l’Etat qui ont absolument besoin de leurs relais syndicaux parmi les travailleurs pour servir d’encadrement, de transmetteurs, de tampons sociaux. Inversement, le caractère double (bourgeois/ouvrier) des syndicats a commencé à basculer essentiellement d’un côté étant donné que, dans les ateliers et les bureaux, l’intervention dans la lutte larvée quotidienne est quasiment absente alors que l’essentiel de l’activité syndicale est prise par la participation aux côtés des représentants des patrons et de l’Etat.

Mais l’essentiel est ailleurs. Le rôle le plus contre-productif des syndicats consiste à enlever toute autonomie à la classe ouvrière en l’empêchant de s’organiser elle-même dans ses luttes. Le second rôle consiste à faire croire que la lutte des classes ne peut se faire qu’en tant que défense du cadre capitaliste, sans la moindre contestation de celui-ci.

La première idée peut consister à voir la solution dans la contestation des bureaucraties syndicales. C’était vrai au début du phénomène. On en est loin. La situation et le rôle des syndicats – tampons, intermédiaires, avocats, assistance sociale, etc – a été intégré pour l’essentiel dans la classe ouvrière. Les travailleurs se plaignent des syndicats mais pas en revendiquant leur propre organisation et intervention indépendante. En particulier, ils ne sont pas choqués du rôle d’intermédiaire des syndicats. Ils y sont accoutumés et souhaitent seulement que les syndicats soient de bons avocats. Du coup, il n’y a pas nécessairement de base large pour défendre, dans le cadre syndical, une politique de classe. Le caractère de collaboration de l’essentiel de l’activité syndicale est frappant et ces dernières années ont été fertiles en situations où les syndicats ont été des sauveurs des classes dirigeantes dans les mouvements sociaux. Si des militants d’extrême gauche se sont parfois trouvé facilement bien placés dans les appareils syndicaux ce n’est pas du fait d’un accroissement du poids des conceptions révolutionnaires en leur sein mais faute de combattants, faute de candidats à ces postes et du fait que les appareils syndicaux ont vu qu’on pouvait utiliser aisément les militants révolutionnaires pour faire le travail.

Certes les révolutionnaires ont une position de principe qui consiste à ne pas s’isoler des milieux militants même quand il y de fortes critiques à leur faire et même quand les syndicats sont réactionnaires, ils ne se tiennent pas à l’écart. Cela ne veut pas dire qu’ils doivent nécessairement participer sans arrêt à tous les postes alors même que les syndicats sont parfois des coquilles vides et que l’activité ne les met parfois en contact avec presque personne et ne permet pas nécessairement d’être en meilleure position pour défendre l’essentiel : l’auto-organisation des travailleurs et en particulier celle des luttes.

Les militants révolutionnaires qui considèrent que le syndicat dans lequel ils ont mis un pied est « leur syndicat » et le défendent ont cessé de défendre la nécessité de l’organisation indépendante des travailleurs. Cet opportunisme est très courant dans les milieux d’extrême gauche et très catastrophique pour l’avenir.

C’est particulièrement vrai dans les pays impérialistes où les syndicats ont une place de participants de la gestion capitaliste à tous les niveaux. Dans les pays pauvres, ils ont aussi eu plus souvent à canaliser des coups de colère sociaux pour empêcher qu’ils prennent un tour révolutionnaire. La trahison n’y est pas moins grande, loin de là.

Et surtout, la tendance naturelle des travailleurs à fonder des syndicats plutôt qu’à s’organiser sur des bases de classe sur le terrain politique a des conséquences catastrophiques et surtout celle-ci : les courants d’extrême gauche n’ont que peu de liens avec le monde ouvrier et ne sont nullement de sous la pression des travailleurs ce qui les soumet à toutes les pressions de la société bourgeoise.

L’essentiel n’est donc nullement de savoir si tactiquement les militants sont dans les syndicats ni ce qu’ils y font. C’est de savoir si les militants sont aux côtés des travailleurs, à la base, et ce qu’ils y font pour saisir toutes les occasions de susciter toutes les formes d’organisation des travailleurs par eux-mêmes, seule préparation du rôle conscient du prolétariat en vue des confrontations inévitables que nous préparent la crise du système.

Les syndicats défendent le système. Ils agissent parfois radicalement mais toujours se refusent à contester les bases de la société capitaliste. C’est un rôle historique qui est donc foncièrement réactionnaire et sur lequel il convient de ne jamais susciter d’illusions. Il n’est pas question pour des militants de défendre que les syndicats devraient faire ceci, dire cela. Nous devons défendre ce que nous pensons que devrait faire ou dire les travailleurs, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Dans ces conditions, il ne faut pas se voiler la face ni avoir peur d’appeler un chat un chat, quitte à ne pas être suivi de certains travailleurs.

Les syndicats sont parmi nos pires adversaires. Il ne faut pas se le cacher ni le cacher aux travailleurs.

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