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Nouvelle crise mondiale et limites du capitalisme

18 août 2018, 09:28

À l’approche du dixième anniversaire de la crise financière mondiale de 2008, la tourmente qui engloutit la lire turque démontre que toutes les conditions à l’origine du krach sont toujours là.

En fait, les mesures mêmes prises par les gouvernements et les banques centrales des principaux pays capitalistes pour faire face à l’effondrement les ont aggravées. Cela a ouvert la voie à une nouvelle catastrophe financière, potentiellement pire que celle d’il y a dix ans.

L’injection de milliers de milliards de dollars sur les marchés financiers mondiaux et le régime de taux d’intérêt ultra-faible qui l’accompagne avait donné un coup de fouet aux mêmes sociétés financières dont les activités spéculatives ont provoqué le krach. Maintenant ces mesures ont construit un nouveau château de cartes financier.

À un degré à peine imaginable en 2008, toutes les grandes économies du monde sont enfermées dans un cycle de guerre économique en perpétuelle escalade. Cette guerre commerciale mondiale est menée par la Maison-Blanche de Trump, qui voit les sanctions et les tarifs commerciaux, telle que les attaques lancées contre la Turquie, comme partie intégrante de sa volonté de protéger les intérêts géopolitiques et économiques des États-Unis au détriment de ses amis et ses ennemis.

La nature de l’économie mondiale a subi une transformation majeure au cours de la dernière décennie au cours de laquelle la croissance économique, dans la mesure où elle se produit, ne dépend pas du développement de la production et des nouveaux investissements, mais saute d’une activité parasitaire à l’autre.

En conséquence, l’argent a afflué sur les marchés dits émergents, tels que la Turquie, où la perspective de taux de rendement et de croissance plus élevés résultant de la capacité des gouvernements et des sociétés à contracter des prêts en dollars et d’autres devises à des taux très faibles a fourni l’occasion de faire des profits rapides.

L’ampleur de ce flux d’argent est indiquée par les chiffres compilés par l’Institut de Finance internationale. Selon ses données, l’endettement combiné de 30 grands marchés émergents est passé de 163 % du produit intérieur brut à la fin de 2011 à 211 % au premier trimestre de cette année. En termes monétaires, cela représente une augmentation de quarante mille milliards de dollars des dettes des économies émergentes.

Tant que les taux d’intérêt et la valeur du dollar américain restaient bas, ce processus pouvait se poursuivre. Mais la décision de la Réserve fédérale américaine de hausser les taux d’intérêt et de mettre fin à son programme d’assouplissement quantitatif et le mouvement de hausse du dollar qui en résulte font que le fardeau de la dette en dollars augmente rapidement. Cela a provoqué une ruée vers la sortie, dans laquelle la livre turque a plongé de près de 40 % cette année.

Mais la crise turque n’est que l’expression la plus frappante jusqu’à présent d’un développement beaucoup plus répandu. Le rand sud-africain a chuté de près de 10 %, le réal brésilien a subi des pressions à la baisse cette année et cette semaine, la roupie indienne a atteint son plus bas niveau historique par rapport au dollar américain. Avec l’éclatement de la crise turque, l’Argentine, qui a sollicité en juin une aide d’urgence du Fonds monétaire international pour tenter de freiner la chute du peso, a haussé son taux d’intérêt de la banque centrale de 5 points de pourcentage, atteignant 45 %, pour tenter de stopper l’hémorragie financière.

Les turbulences dans les économies émergentes ressemblent de manière frappante à la crise financière asiatique de 1997-98, lorsque l’effondrement du baht thaïlandais avait provoqué une chute des monnaies dans la région. Décrite par le président américain Bill Clinton comme un simple « pépin » sur la voie de la mondialisation, la crise asiatique a entraîné une profonde récession dans la région. Cela a entraîné à son tour une crise du rouble russe qui a joué un rôle central dans l’effondrement du fonds d’investissement américain Long Term Capital Management, qui a été alors renfloué par la Réserve fédérale de New York parce qu’il y avait des craintes que sa faillite provoque un effondrement du système financier américain au complet.

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