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Révolte au Gabon

dimanche 6 septembre 2009

dans la presse :

Au Gabon, la proclamation attendue de la victoire jeudi d’Ali Ben Bongo, fils du président décédé, a tôt fait de mettre le feu aux poudres. De violentes manifestations de protestation ont en effet suivi l’annonce de ce résultat, que contestent par ailleurs les candidats malheureux.

Outre de protester contre ce résultat dont ils dénoncent la nature frauduleuse, les manifestants se sont attaqués à des cibles symboles de la présence française dans le pays. Ce débordement est l’indice qu’une partie de la population gabonaise tient la France pour complice dans une succession arrangée. L’un des principaux rivaux d’Ali Ben Bongo, Bruno Ben Moubamba, s’est fait le porte-voix du sentiment antifrançais qui anime la rue gabonaise en accusant Paris d’avoir « joué un jeu trouble » dans cette élection et accusé « certains milieux affairistes » français d’avoir fait croire à l’appareil d’Etat français que la démocratie est nuisible aux intérêts de Total, Eramet (manganèse) et Areva (uranium).

Il faut dire que les réactions antifrançaises qui s’expriment dans le pays d’Omar Bongo ont trouvé matière à l’être dans l’attitude de Paris tout au long de la préparation de la succession du président défunt et dans la déclaration empressée venue de cette capitale aussitôt le résultat du scrutin annoncé, qui a exhorté la population gabonaise et les adversaires d’Ali Ben Bongo à « accepter le verdict des urnes et les institutions du Gabon ». Et cela sans tenir compte des dénonciations de fraude électorale émises tout au long du processus électoral par les adversaires du fils d’Omar Bongo et attestées par des observateurs présents sur le terrain.

Le comportement des officiels français dans le cas de l’élection présidentielle gabonaise est aux antipodes de celui qu’ils ont affiché vis-à-vis du scrutin de même nature qui s’est déroulé en Iran.

Autant Paris s’est précipité pour cautionner la régularité de l’élection présidentielle gabonaise, dont une partie de la population conteste pourtant non sans raison le résultat, autant elle a été en pointe dans la protestation internationale contre les conditions dans lesquelles s’est déroulée celle qui en Iran s’est conclue par la victoire de Mahmoud Ahmadinedjad.

Preuve est ainsi faite que la France a une conception à géométrie variable de la défense de la démocratie et que la « Françafrique », cette notion néocolonialiste des rapports que l’Hexagone entretient avec les pays africains qui furent sous sa domination, est loin d’avoir été abandonnée, comme l’ont prétendu Nicolas Sarkozy et son gouvernement.

Tout autant qu’en Iran, il souffle au Gabon un vent portant une volonté populaire de rupture avec le régime que Omar Bongo a personnifié pendant 40 ans, avec le bilan calamiteux qu’il a eu pour le pays. En prenant fait et cause, bien que sans l’admettre ouvertement, pour le fils du président défunt qui s’est présenté en tant que continuateur du régime décrié laissé par son père, la France officielle signifie ainsi que la démocratie dans les pays africains où elle a des intérêts nationaux appréciables peut toujours attendre. Démocratie qu’elle défend à cor et à cri, allant jusqu’à faire dans la désinformation et le ridicule des menaces qu’elle profère s’agissant du cas iranien.

Il ne faut par conséquent pas s’étonner que Paris se retrouve piégée au Gabon si la protestation populaire contre le scrutin présidentiel se poursuit et met en péril la sécurité de ses nombreux ressortissants présents dans ce pays.

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