jeudi 9 octobre 2014
Exécutions sommaires. Violation des droits de l’homme. Disparitions forcées. C’est désormais la violence institutionnelle qui domine le devant de la scène mexicaine. Preuve en est, la violence exercée par des policiers municipaux d’Iguala, dans l’Etat de Guerrero. Vingt-deux d’entre eux ont été arrêtés pour avoir tiré ce week-end sur des manifestants et avoir tué au moins six personnes.
Au Mexique, une fosse commune a été découverte près de la ville d’Iguala. Le week-end dernier, dans cette cité, lors d’un mouvement de protestation étudiant, des membres de la police et des hommes armés avaient tiré, tuant six personnes. 43 étudiants avaient disparu. Leurs corps pourraient se trouver dans cette fosse. 28 cadavres, dont certains calcinés, ont été exhumés ce dimanche.
Depuis une semaine, les proches des étudiants disparus les recherchaient désespérément. Or, dans les fosses qui viennent d’être découvertes, il y a un nombre encore indéterminé de dépouilles. La police fédérale empêche pour l’instant les journalistes d’approcher. Ce dimanche 28 cadavres ont été exhumés.
La disparition des jeunes s’est produite à Iguala, à 200 km au sud de Mexico. Le week-end dernier, des policiers municipaux ont fait feu sur des autobus empruntés par des étudiants qui étaient venus manifester et récolter de l’argent dans cette ville de 140 000 habitants de l’Etat de Guerrero. Trois jeunes ont été tués et 25 personnes blessées. D’autres coups de feu contre des taxis et un autobus transportant une équipe de foot ont tués trois autres personnes.
Le Guerrero, cet État très rural et très pauvre, où ce week-end ont été retrouvés 28 corps calcinés dans des fosses clandestines. Des corps qui pourraient être ceux des étudiants disparus depuis fin septembre. Le 26 septembre dernier, 57 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa ont été enlevés par des policiers municipaux à Iguala dans l’État du Guerrero, alors qu’ils manifestaient pour demander plus de subventions. Dimanche, deux membres présumés d’un cartel de drogue ont avoué avoir assassiné 17 d’entre eux. Depuis, la police locale a été mise en cause, certains policiers ont été accusés de travailler pour un gang du crime organisé.
Les forces de sécurité, soutenues mercredi par des centaines de miliciens d’autodéfense, tentent d’accélérer les recherches pour retrouver les 43 étudiants disparus au sud du Mexique, alors que des manifestations sont prévues pour exiger la vérité sur cette affaire. Le gouvernement mexicain est confronté à une pression croissante au niveau international pour que la lumière soit faite sur ce qui s’est vraiment passé à Iguala, ville de l’Etat du Guerrero, où 43 étudiants ont disparu le 26 septembre après avoir été attaqués avec des armes à feu par des policiers municipaux et des narcotrafiquants. Le bilan s’élève pour l’instant à six morts et 25 blessés. Le gouvernement est également critiqué pour ne pas avoir agi plus tôt, alors qu’il aurait eu connaissance des liens du maire d’Iguala avec les criminels du groupe des Guerreros Unidos.
Les recherches se poursuivaient, vendredi 3 octobre, dans l’Etat de Guerrero, dans l’ouest du Mexique, une semaine après la disparition de quarante-trois étudiants dans la ville d’Iguala, à la suite de violents affrontements avec la police, qui ont fait six morts. La veille, dix mille personnes manifestaient dans la région pour dénoncer les dérives sécuritaires et mafieuses des autorités, alors que le pays célébrait le 46e anniversaire d’un massacre d’étudiants à Mexico.
« Nous les voulons vivants ! », scandaient les manifestants dans les rues de Chilpancingo, capitale du Guerrero, en solidarité avec les parents des jeunes disparus vendredi 26 septembre. Ce jour-là, les étudiants d’une Ecole normale manifestaient à Iguala contre la réforme de l’enseignement. Les bus de transport public qu’ils avaient confisqués dans la soirée ont été pris pour cible par des policiers municipaux. Bilan : trois morts et vingt-cinq blessés. Les agents ont aussi attaqué un bus transportant les joueurs d’une équipe de football locale et un taxi, faisant trois victimes supplémentaires. Des témoins assurent avoir vu des dizaines de manifestants se faire emmener par la police municipale.
Depuis, vingt-deux policiers ont été arrêtés, et quatorze des cinquante-sept portés disparus sont réapparus. Les autres restent introuvables. Jeudi, les manifestants ont bloqué l’autoroute qui mène à la station balnéaire d’Acapulco, sur la côte pacifique. La circulation a été rétablie après l’annonce d’une rencontre, vendredi 3 octobre, avec le ministre de l’intérieur, Miguel Angel Osorio Chong.
"Le Zocalo, la grand-place d’Oaxaca, coeur de la lutte du mouvement qui fédère depuis quatre mois instituteurs, paysans et intellectuels au sein de l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca (Appo) s’est transformé en un camp militaire. Les forces fédérales mexicaines, envoyées samedi sur ordre du président Fox pour « rétablir la paix » dans la région, ont repris le contrôle de la ville. Trois personnes ont trouvé la mort au cours des échauffourées qui ont marqué la première journée de présence des forces de l’ordre. Une cinquantaine de personnes ont été arrêtées.
Repliés dans la cité universitaire, d’où émet en continu la Radio Universidad, les manifestants affirment que la « reprise » du Zocalo et des principales artères de la ville, ne signifie en rien la fin du mouvement. Leurs exigences n’ont pas changé : le retrait des forces de l’ordre, la libération des prisonniers politiques et le départ du gouverneur de l’Etat, Ulises Ruiz, qui a précipité les choses en envoyant, vendredi, ses nervis attaquer à main armée les barricades construites par les opposants aux entrées de la ville."
Deux étudiants ont été tués lundi après des affrontements avec la police d’état et fédéraux lors d’une violente manifestation qui a bloqué une route importante dans l’État méridional de Guerrero au Mexique. Les deux corps gisait dans une mare de sang sur la route à péage reliant la ville de Mexico avec la station du Pacifique d’Acapulco, qui se trouve dans l’État de Guerrero.
Le procureur de l’État de Guerrero a déclaré que l’un des étudiants est décédé suite à une blessure par balle et l’autre a été mortellement touché à la tête par une pierre.
Il ajoute que les étudiants protestataires ont détourné les bus et mis le feu à une station d’essence avant que la police fédérale tirent des gaz lacrymogènes sur les manifestants puis des tirs ont retenti. Il a dit que les enquêteurs vont tenter de déterminer qui a tiré les coups de feu en premier.
Le gouvernement fédéral du ministère de l’Intérieur a publié une déclaration heures après la confrontation confirmant que les deux morts et en disant qu’il les regrettait. Il a déclaré que le gouvernement allait enquêter et traduire en justice les responsables. La ligue de défense des droits humains Tlachinollan et d’autres organisations ont condamné les meurtres dans un communiqué, les qualifiant de « brutalité policière et une utilisation irrationnelle de la force. »
Elle a déclaré qu’environ 300 étudiants du collège des enseignants d’Ayotzinapa qui ont organisé la manifestation cherche à persuader le gouvernement de l’Etat « de répondre à leurs demandes d’éducation », mais n’a pas précisé quelles étaient ces revendications.
Les groupes de droits de l’accusé la police fédérale, qui sont en charge de la protection des routes nationales, des tirs sur les manifestants. Il a déclaré d’autres manifestants ont été pourchassés, battus et blessés.
Le gouvernement de l’Etat a publié une déclaration disant qu’il « n’a jamais empêché les manifestations publiques … et encore moins limité les expressions publiques de protestation. »
Il a déclaré que le gouverneur Angel Aguirre avait « résolu la majorité » des demandes des étudiants lors des réunions précédentes et était prêt à s’engager dans un dialogue avec eux.
Atenco est ce village de l’est de la ville de Mexico dont les habitants ont résisté, en 2002, à la tentative d’expropriation de leurs terres par le gouvernement fédéral, qui voulait y construire un nouvel aéroport international. La résistance des paysans avait été si radicale et acharnée, avec ses marches de dizaines de milliers de paysans armés de machettes en plein cœur de Mexico, que le président Fox a été obligé d’annuler purement et simplement le projet, humilié. Bien qu’à retardement, la vengeance du gouvernement est terrible, car le 3 mai dernier, c’est à une véritable expédition punitive que se sont livrées les forces policières.
Le 3 mai à l’aube, les paysans réunis pour vendre leurs produits sur la place du marché, connus pour leur affiliation au Front des peuples en défense de la terre (organisation radicale de la mouvance zapatiste), ont été violemment attaqués par 500 policiers. Au cours de l’affrontement qui s’ensuit, une quarantaine de paysans se sont barricadés dans une maison en face du marché, décidés à résister aux assauts des policiers.
À quelques kilomètres de là, d’autres paysans se mobilisent et bloquent l’autoroute de Mexico pour exiger le retrait des forces policières de la zone. Plus tard, les assiégés du marché étaient violemment évincés. Felipe Alvarez et Ignacio del Valle qui, depuis l’édifice, tentaient de dialoguer par téléphone avec les autorités de l’état et de la municipalité, ont été assaillis par une douzaine de granaderos et battus jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance. Les policiers s’en s’ont également pris au peuple réuni là, arrêtant brutalement plusieurs autres personnes, toutes amenées à la ville de Toluca, à 100 km de là, où elles ont été accusées de séquestration et de terrorisme…
Tout au long de la nuit suivante, le blocage de l’autoroute fut maintenu en guise de protestation par un groupe de paysans d’Atenco, en dépit des tentatives des policiers afin de les disperser. Le lendemain matin 4 mai, plus de 3 500 policiers ont pris la ville d’assaut. Durant l’attaque, les policiers ont littéralement arrosé la ville de gaz lacrymogènes, utilisé des balles réelles, sont rentrés dans les maisons en détruisant portes, meubles et vêtements, ont sorti les occupants sous une pluie de coups et les tirant par les cheveux. Ceux-ci ont aussi été amenés à Toluca, empilés dans des camions de marchandise comme s’ils étaient des cadavres, les véhicules suintant le sang. Des témoins affirment que les policiers continuaient de battre les détenus à bord des camions.
Durant la « bataille », il y a eu plus de 40 femmes qui, en plus de recevoir les coups qu’ont reçu les paysans masculins, ont été violées par les policiers. Au sein des personnes arrêtées, il y avait une dizaine d’étrangers, en grande partie des femmes, lesquelles ont également été battues et agressées sexuellement. Elles ont aussitôt après été déportées avec la complicité des consuls de leur pays d’origine, en particulier l’Espagne et le Chili.
Durant ce deux journées des 3 et 4 mai, les deux grandes chaînes de télévision ont transmis en direct, depuis des hélicoptères, les affrontements entre les protestataires et les policiers ; ces télés transmettaient les moments où les paysans battaient les policiers tombés, mais coupaient les moments où les policiers frappaient les protestataires.
L’ensemble de l’opération policière, qui a duré deux jours, s’est faite en marge de la loi. En effet, à aucun moment un mandat d’arrestation ou de perquisition n’a été émis par un juge. Les scènes vécues à Atenco, en dépit des efforts des médias pour les occulter, donnent des frissons : des personnes âgées battues, des enfants détenus, des femmes humiliées et violées jusque dans les véhicules des policiers. Le bilan est d’un jeune adolescent de 14 ans tué d’une grenade lacrymogène reçue en pleine poitrine et d’un étudiant de 20 ans blessé par balle et se trouvant dans un coma cérébral – les policiers ont empêché l’intervention des ambulanciers durant près de 12 heures et ce sont les habitants d’Atenco qui prodiguaient les premiers soins aux blessés, paysans ou policiers – et de 276 détenus ou disparus (on n’a pu localiser que 206 personnes dans les postes de police, 70 demeurant introuvables).
Les témoignages sur les conditions de détention font état de traitements inhumains : des prisonniers demeurent incomunicado ; d’autres sont continuellement battus ; des femmes ont été violées à nouveau en détention ; quelques détenus, gravement blessés, demeurent menottés à leur lit ; ils n’ont pas d’assistance légale et ne connaissent pas le délit dont on les accuse.
Le lendemain, la secretaría de Gobernación (ministère de l’Intérieur), n’avait fait qu’une seule déclaration, admettant qu’il existe des « indices (sic !) de violation grave des droits de la personne » [La Jornada, 6 avril 2006], cependant que Vicente Fox attribuait le déroulement violent de ces deux journées à un « petit groupe » dont l’existence est un « affront à la société » – il parle de marchands et de marchandes de fleurs…
L’attaque survient au cours du dernier droit de la campagne présidentielle – les élections ont lieu le 6 juillet – et alors que le sous-commandant Marcos venait de quitter Atenco quelques jours auparavant, poursuivant sa tournée nationale visant à susciter l’élaboration d’un « plan national de lutte ». Du coup, les zapatistes ont suspendu l’Autre campagne, Marcos déclarant qu’il resterait dans la capitale afin d’appuyer l’organisation de mobilisations pour la libération des détenus.
Luis Hernandez Navarro, chroniqueur et analyste politique, a écrit : « La répression par l’autorité municipale contre huit vendeurs ambulants de fleurs a précipité un des plus graves conflit du sexennat [durée du mandat présidentiel mexicain]. Le pire pourrait être à venir. […] Cette vengeance a créé un grave conflit qui menace de s’étendre à d’autres régions du pays. Le mécontentement ouvrier a augmenté à l’occasion du conflit minier. » Deux semaines plus tôt en effet, le 20 avril, une intervention policière et militaire faisait 21 morts et des centaines de blessés parmi les ouvriers en grève d’un entreprise minière dans la ville de Lazaro Cardenas, dans l’état de Michoacán.