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Grève générale en Bolivie

lundi 9 août 2010

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  • Dans ce département minier du Sud-Ouest bolivien, les habitants sont en grève depuis quinze jours pour réclamer des investissements au gouvernement d’Evo Morales. Et plusieurs dizaines de touristes, dont des Français, se trouvent bloqués dans la ville.

    La petite ville de Potosi n’a sans doute jamais aussi bien porté son nom : en quechua, le nom de cette cité de quelque 165 000 âmes, l’une des plus hautes du monde, perchée à environ 4000 mètres d’altitude, signifierait "tonnerre". Depuis peu, c’est la colère des habitants qui gronde.

    Manifestations et barrages routiers sont organisés depuis une quinzaine de jours par les syndicats, les élus et le secteur privé, qui ont déclaré une grève générale. A ces mesures s’ajoute une grève de la faim menée par environ 500 personnes.

    Depuis le début du conflit, près d’une centaine de touristes étrangers ont été bloqués dans la ville pendant plusieurs jours par les barrages routiers. Selon le Quai d’Orsay, 28 d’entre eux, dont 11 Français, s’y trouvent encore et plusieurs autres seraient à Uyuni.

    Les grévistes réclament au gouvernement d’Evo Morales davantage d’investissements, notamment un aéroport international, une route et une mine. Ils souhaitent également régler un différend avec la province voisine d’Oruro.

    Si la ville est dirigée par un opposant au président, le département a largement soutenu Evo Morales lors de la présidentielle de décembre dernier. Ses habitants ont voté à plus de 70 % pour réélire cet homme charismatique d’origine amérindienne, que la volonté de se réapproprier les ressources du pays a conduit au pouvoir.

    Pauvreté extrême malgré d’immenses ressources

    Mais dans cette région minière, plus de six personnes sur dix vivaient dans des conditions de pauvreté extrême en 2001, et le taux de mortalité infantile s’élève à 101 pour 1000, selon les derniers chiffres du Programme des nations unies pour le développement.

    Pourtant, le potentiel est immense. En plus de ses ressources en étain, zinc ou plomb, le département de Potosi possède d’énormes réserves de lithium, nichées dans le désert de sel d’Uyuni. Ce métal est devenu très précieux puisqu’il entre dans la composition des batteries d’ordinateurs, des téléphones portables, mais aussi des voitures électriques.

    En plus des retombées négatives sur le tourisme, l’ambassadeur de France en Bolivie met en garde contre l’éventuelle méfiance des investisseurs suite au conflit. Jusqu’à présent, ceux-ci se pressaient pour exploiter son lithium. Plusieurs projets ont déjà été présentés au président, dont celui du Français Vincent Bolloré, mais aucun choix n’a encore été annoncé.

    Reste à savoir comment la population accueillera ces projets, elle qui voit d’un très mauvais oeil l’exploitation de ses ressources par des étrangers. L’histoire de Potosi est celle d’une riche montagne, le Cerro Rico, qui a un jour fait la fortune des conquistadores espagnols grâce à son inépuisable gisement d’argent. Si l’on en croit Charles Quint, elle fut en son temps "la reine des montagnes et la convoitise des rois". Cinq siècles plus tard, la riche cité attise toujours autant les convoitises et la population attend encore le jour où elle en tirera profit.

  • Les principales villes de Bolivie tournaient au ralenti jeudi, leur circulation quasi-paralysée par une grève des transporteurs et des manifestations contre une brutale hausse de carburants, qui engendre des risque de dérive inflationniste et de tensions sociales.

    Plusieurs manifestations, à l’appel de syndicats ou de groupes sociaux, étaient prévues dans la journée, la principale à La Paz, où le transport en commun était quasiment inexistant jeudi matin, empêchant des milliers d’habitants de se rendre au travail, a constaté l’AFP.

    Dans l’immense cité-dortoir d’El Alto (800.000 habitants) jouxtant la capitale et site de l’aéroport international, des habitants avaient bloqué des axes dès mercredi soir, enflammant un vieux véhicule sur la principale voie express desservant La Paz.

    A Cochabamba, principale ville du centre du pays, des poids-lourds postés à des intersections-clefs paralysaient aussi la circulation matinale, selon des images de télévision.

    Des radios locales rapportaient ailleurs des perturbations dans les transports en commun, mais sans forcément paralyser l’activité, comme dans la capitale économique Santa Cruz (est), Oruro (ouest) et Potosi (sud).

    Cette journée de mobilisation marque l’apogée de la grogne sociale contre la suppression dimanche par le gouvernement de subventions qui maintenaient artificiellement depuis des années les carburants aux prix les plus bas de la région, nourrissant une forte contrebande vers les pays voisins.

    La mesure s’est traduite par des hausses à la pompe de 73 à 83%, suscitant des peurs de répercussion immédiate sur les denrées de base, dans un pays où 60% environ de la population vit dans la pauvreté.

    Le président socialiste Evo Morales, accusé de trahison par une partie du camp syndical, a annoncé mercredi une série de mesures pour amortir l’impact, comme une hausse de salaires de 20% dans l’armée, la police, l’éducation, la santé, mais sans désamorcer la mobilisation de jeudi.

    La fronde en cours est l’épreuve sociale sans doute la plus délicate pour Morales, un des chefs de file de la gauche radicale latino-américaine, depuis son arrivée au pouvoir en 2006.

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