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Guerre de classe au Bangladesh
dimanche 15 novembre 2009
Une émeute ouvrière réprimée dans le sang au Bangladesh
Au moins deux personnes ont été tuées et 100 autres blessées samedi après que la police bangladeshie eut ouvert le feu contre des milliers d’ouvriers de la confection qui protestaient contre des salaires impayés, a-t-on appris de source policière. Il s’agit des plus graves incidents dans un conflit social depuis que la crise économique a frappé le Bangladesh.
Les deux personnes ont été tuées dans la zone industrielle de Tongi, 40 km au nord de la capitale, après qu’environ 15.000 ouvriers ont commencé à lancer des pierres sur la police qui a répliqué, selon elle, par des tirs de balles en caoutchouc. Mais selon un responsable de l’hôpital universitaire de Dhaka, Abdul Baten, "tous les blessés ont été atteints par des tirs à balles réelles, et certains sont dans un état grave", a-t-il déclaré à l’AFP.
Plusieurs policiers ont été blessés ainsi qu’une centaine de manifestants, dont neuf ont été transportés à l’hôpital, selon cette source. "Les policiers ont dû tirer des balles en caoutchouc pour disperser les ouvriers qui lançaient des pierres et des briques sur eux", a assuré l’inspecteur Shafiqul Alam, ajoutant que deux personnes ont été tuées.
Les ouvriers, qui ont érigé des barricades et incendié des véhicules, exigeaient le paiement de trois mois de salaire de la part de leur employeur, la Nippon Garments, une entreprise bangladeshie qui a fermé ses portes en invoquant la chute de son carnet de commandes.
Selon un dirigeant syndical, Montu Ghosh, la Nippon Garments avait invité les ouvriers à venir se faire payer samedi matin. "Mais ils ont fermé l’usine dans la nuit et envoyé la police la garder. Les ouvriers sont devenus furieux en constatant que les employeurs étaient partis sans les payer".
L’industrie de la confection, qui emploie 40% de la main-d’oeuvre industrielle du pays, a rapporté 80% des 15,5 milliards de dollars d’exportation du Bangladesh l’an dernier. En juin, environ 50.000 ouvriers s’étaient affrontés à la police lors de manifestations contre des salaires impayés ou réduits, faisant des dizaines de blessés.
Selon Fazlul Haque, président de l’Association des industriels et exportateurs de la confection, "les distributeurs occidentaux, qui sont nos premiers acheteurs, ont réduit leurs commandes et serré les prix. Les grandes entreprises ont pu, plus ou moins, s’adapter, mais la plupart des petites et moyennes sont confrontées à une situation très difficile". Selon les syndicats, les entreprises ont réduit les salaires pour conserver leurs commandes face à la concurrence du Vietnam, de la Chine ou de l’Inde.
AFP - 31 oct 2009