La grève pour la grève, et seulement la grève : un slogan réformiste réactionnaire (Solidaires - LO - NPA- RP)

Comment ? Jamais content ? Alors que Solidaires clame « Bloquons tout ! », que LO, le NPA-R et RP appellent à la grève, il faudrait faire fine bouche ?

Oui, car des appels à la grève, si l’on relit Lénine, Trotsky, Rosa Luxemburg, on n’en trouvera quasiment aucun dans leurs écrits !
Ils militaient pour la révolution socialiste. Or Solidaires, LO, le NPA-R et RP appellent à la grève pour la grève, sans aucun appel à l’insurrection armée du prolétariat, à la marche vers le socialisme. Le mouvement est tout, le but n’est rien, tel était la devise du théoricien allemand du réformisme, Bernstein. La grève est tout, la révolution socialiste n’est rien, c’est la version de l’extrême-gauche opportunisme en 2025.

Actions ou manifs ?

Les deux bien sûr ! Des années de défilés plan-plan entre Bastille et Nation (pour ne parler que de la capitale) ont entretenu l’idée que « les manifs ne servent à rien. » Notre nombre est pourtant une de nos forces dans la lutte contre les milliardaires et les actionnaires : ils ont les milliards mais nous sommes des millions ! Tous les mouvements qui ont gagné dans l’histoire ont été rythmés par des manifestations de masse – de 1936 à 2019 en passant par 1968 et 1995.

NPA-R Bloquer le pays ? Chiche !

1871 et 1917 ne sont plus les références ! Ce sont celles de la mythologie stalinienne. La grande manif du 14 juillet 1935, incarnant la trahison du Front populaire, est donnée en exemple par le NPA-R. La révolution manquée de 1936 devient une vicoire. Le fait que les manifs Bastille-Nation soient celles des directions syndicales n’est pas évoqué par le NPA-R. Elles sont "plan-plan", leur défaut n’est plus d’être l’oeuvre des agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier que sont les directions syndicales.

En 1905, Rosa Luxemburg glorifie les "grèves de masse" de la révolution dans l’Empire russe, mais ces grèves furent spontanées. Lénine dans ses écrits su 1905 souligne cette spontanéité des grèves. Faire de la grève LA stratégie suprême, c’était la théorie de la "grève anarchiste", qu’Engels combattit, Rosa Luxemburg en reprenant la critique.

Oui quand des travailleurs partent en grève, les révolutionnaires les soutiennent généralement, par leur propagande de type bolchévique (soviets, but final du socialisme, dénonciation des faux amis etc). Mais leur donner l’ordre de faire grève, seuls des bureaucrates peuvent le faire : une grève orchestrée par les réformistes fait perdre de l’argent au travailleur, les démoralise : c’est le pendant syndical du plan Bayrou dans le mouvement ouvrier.

Les Gilets jaunes n’ont pas forcément fait grève, mais leur auto-organisation a fait peur au pouvoir bourgeois.

La pire tendance des "la grève pour la grève", c’est le NPA-R, qui refuse le droit de vote dans les assemblées (oui, le NPA-R est pour l’auto-organisation, mais sous son commandement) aux non grévistes :

Blocage ou grève ?

Les travailleurs salariés produisent presque tout dans le pays – ils représentent 90 % de la population active en emploi. Ils ont donc un pouvoir de blocage incomparable qui s’appelle la grève. Une grève générale, c’est-à-dire une grève qui toucherait l’ensemble des secteurs et qui ne serait pas limitée à un jour ou deux, serait une démonstration éclatante que, sans les travailleurs, tout s’arrête. (...) Un gréviste = une voix !

C’est exactement la "théorie anarchiste" de la grève ! Et les Ags de chômeurs, de femme au foyer, de paysans qui continuent à traire leurs vaches et à laisser pousser le blé ? Pour le NPA-R elles sont illégitimes, car elles ne sont pas des AGs de grévistes. Mais n’idéalisons pas le NPA-R : les AGs illégitimes sont surtout celles que les directions syndicales ne contrôlent pas. Le NPA-R se veut un parti d’avant-garde, mais il "attend" de voir si l’armée des travailleurs partira le 10 septembre : on verra, on discutera alors. Quelle avant-garde !

Les aspirants bureaucrates du NPA-R délivrent des attestations pour dire aux travailleurs : je te reconnais comme auto-organisé, si tu es un bon gréviste. Nous exagérons ? Non, nous n’aurions pas pu inventer cela sans avoir regardé la vidéo où cette extrême-gauche opportuniste décrète que les "assemblées populaires" qui se sont mobilisées pendant l’été ne sont pas légitimes : Ce ne sont pas ces AGs qui seront le cadre :

Or ces AGs sont tout à fait légitimes, elles ont fait le travail pendant que le NPA se taisait (le NPA-R y alait en "observateur", sans y prêcher l’anticapitalisme, son idéologie supposée). On ne les approuve pas toutes ces AGs, car certaines sont peuplées de réformistes qui veulent mettre la main sur le mouvement, mais les balayer d’un revers de main, d’un 49.3 bureaucratique "révolutionnaire" n’est pas la solution. Oui elles prendront peut être la direction du mouvement, l’emportant sur les AGs révolutionnaires. Mais comment a priori leur mettre une étiquette de "non représentativité" ? Il faut le justifier politiquement : certaines sont à la bottes des directions syndicales, qui soutiennent le mouvement comme la corde soutient le pendu - est une vérité que le NPA-R est incapable d’écrire.

Par contre, le NPA-R salue sans aucune critique la valeureuse UD CGT du Nord :

Car ça c’est du sérieux. Quel mépris, en revanche, pour les militants "jeunes" à qui le NPA-R fait perdre du temps dans des pseudos-campagnes pro-Palestine, LGBT, mais décrète que la cause palestinienne ou les "oppressions", le "génocide" ne sont que des sujets de "gauchos" à ne surtout pas évoquer dans ce mouvement, il suffit d’en ricaner :

Les "bons" auto-organisés doivent discuter de ce que le NPA-R décrète légitime : en gros ce qui permettra à ses "vedettes" de ne pas se fâcher avec les directions syndicales qui leur ont offert un poste de délégué.

La grève et les manifs à la manière des directions syndicales, avec leurs AGs pilotées par l’UD, directement ou à distance, c’est le programme du NPA-R. Ce genre de grève n’a absolument rien de révolutionnaire !