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Guinée : il pleut des balles sur Conakry

mardi 29 septembre 2009

Le 28 septembre, jour anniversaire de l’indépendance guinéenne, des milliers d’opposants s’étaient réunis dans un stade de Conakry pour dénoncer la probable candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de janvier 2010. Le rassemblement, interdit, s’est fini dans un bain de sang, relate le journal burkinabé. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu et tué au moins 87 personnes. Depuis, les chiffes se sont montés à plus de 180 morts au moins et des milliers des blessés. Après le coup d’Etat perpétré en décembre 2008, Mr Dadis avait promis de ne pas se présenter à la présidentielle pour assurer une transition pacifique.

Le capitaine Camara, qui s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs, ne fait que déterrer les vieilles méthodes bien connues des Guinéens. Sékou Touré [au pouvoir de 1958 à 1984] et Lansana Conté [de 1984 à 2008] avaient réussi à se maintenir au pouvoir grâce à ces méthodes. Mais, aujourd’hui, personne n’est dupe. Le général Conté, qui avait pris le pouvoir après la mort de Sékou Touré, avait promis de partir dès qu’il aurait redressé la situation économique catastrophique dans laquelle se trouvait alors la Guinée. Et il est resté vingt-quatre ans au pouvoir. Le capitaine Dadis Camara [lors du décès de Lansana Conté, il a pris le pouvoir à l’issue d’un coup d’Etat], qui est arrivé pratiquement dans les mêmes conditions à la tête du pays, ne partira pas facilement non plus. Cette menace de menées subversives contre la Guinée n’est en réalité qu’une diversion.

La junte cherche tout simplement à gagner du temps en empêchant la tenue des élections. Elle vise, à travers, cette menace supposée, à occuper les militaires tout en les éloignant de la capitale, Conakry. Ce qui permet au chef de la junte et à ses principaux lieutenants d’éliminer tout risque de coup d’Etat militaire tout en justifiant, aux yeux, de la communauté internationale, le report du scrutin. Mais, aujourd’hui, les travailleurs guinéens ne croient plus aux discours guerriers ni à une menace émanant des pays voisins.

Les peuples en ont assez des dictatures militaires, en Afrique comme ailleurs, dictatures qui cachent celles des riches et des oppresseurs de toutes sortes.

Pour en finir, il ne suffit pas d’une bonne opposition "démocratique" comme l’a montré l’exemple malien. Il faut que le peuple travailleur prenne le pouvoir !

Messages

  • "La Guinée Conakry, autre pays d’Afrique de l’Ouest, est maintenant considéré comme l’un des pays les plus instables du monde en raison des cinq émeutes anti-gouvernementales successives qui ont eu lieu à l’échelle nationale ces 18 derniers mois. Des émeutes elles aussi provoquées par le mécontentement des masses face à la hausse du coût de la vie "

    Pour lire le reste de l’article datant d’avril 2008.

    "Le Rwanda : réformisme puis fascisme contre une mobilisation populaire de masse

    Les responsables Le régime de dictature féroce d’Habyarimana, soutenu par la France, a de plus en plus de mal à se maintenir au pouvoir. Depuis 1990, la population pauvre du pays est en révolte, toutes ethnies confondues, contre la dictature et la misère. En 1992, le régime a été contesté par un véritable soulèvement de la population de la capitale Kigali.

    Il est menacé d’autre part par le FPR (Front Patriotique Rwandais), parti à majorité tutsi, soutenu par l’Ouganda, avec derrière les USA et l’Angleterre. Il est contraint de reculer, accepte que le pouvoir soit partagé avec les dirigeants de la mobilisation démocratique. Le 6 avril 1994, l’avion du président est abattu. Cet événement sert de prétexte au nouveau Gouvernement intérimaire rwandais (GIR), constitué dans l’ambassade de France sous l’égide de l’ambassadeur, pour déclencher le génocide des Tutsis planifié depuis longtemps. La Radio des Mille collines exhorte les Hutus à se « éradiquer les cafards tutsis », tandis que l’armée montre l’exemple et distribue les machettes. Les Hutus qui refusent de participer au massacre sont assassinés. Plus d’un million de Tutsis seront massacrés dans les 100 jours qui suivront."

    Extrait de l’article "Algérie : le fascisme et la dictature comme pare-feux face à la lutte sociale"

    Ainsi, la grève de la GSE qui débute le 6 octobre, est une grève autogérée par le collectif des travailleurs et marque une rupture par rapport au bureaucratisme syndical. La vague de grèves ouvrières, qui s’annonce déjà comme la plus importante depuis 1981-1982, va entraîner la jeunesse pauvre et donner un nouveau caractère à la situation. Déjà le 3 octobre, les jeunes des lycées, marqués par le conflit de leurs pères et oncles à Rouiba, ont appelé à une grève pour soutenir la grève générale que tout le monde sent venir et pour descendre dans la rue. Les jeunes crient "vive Rouiba !" et "à bas la répression !" Le matin du 4 octobre, les lycéens d’El Harrach sont sortis une nouvelle fois dans la rue et se sont heurtés aux policiers. En effet, la soirée du 4, les jeunes de deux quartiers populaires d’Alger, Bab el Oued et Bachdjarah, ces fils d’ouvriers, ont pris le relais des travailleurs. Ils s’affrontent au dispositif policier qui use de gaz lacrymogènes. Les manifestants renversent des camions de l’Etat pour servir de barricades. Plusieurs manifestants sont arrêtés. Dans la nuit du 5 au 6, c’est l’émeute violente à Alger. Les jeunes s’attaquent à l’administration, aux sièges du FLN et aux signes extérieurs de richesses voitures et magasins. Le lendemain matin, commence dans les rues d’Alger le soulèvement qui va se propager à tout le pays. Partout, les quartiers pauvres sont des centres de la révolte des jeunes. Ils se rassemblent, manifestent aux cris de "Chadli assassin !" et "FLN au musée !" Les forces de l’ordre sont encore absente : les CNS (équivalent algérien des CRS) ont complètement quitté Bab el Oued et le centre ville d’Alger. Les jeunes sont seuls dans les rues. Beaucoup n’ont que 12 ans. Les bâtiments d’Alger ont flambé. A l’image des palestiniens, c’est la révolte des pierres de la jeunesse algérienne. A ce stade, il est clair pour tous qu’il s’agit d’un débordement du mécontentement social. Même la presse française parle de "débordement d’un ras le bol social" ou de "vague d’agitation sociale". Plus tard, on voudra faire croire que tout le mouvement n’avait été qu’une manipulation des intégristes, ce qui est faux. "Le Monde" titre encore le 6 octobre "violentes manifestations à Alger sur fond de mots d’ordre de grève". Et “ Le Parisien ” écrit que la préoccupation principale des jeunes qui manifestent est la hausse du coût de la vie et rappelle lui aussi le lien entre les manifestations et la grève générale qui monte dans le pays. Aucun journal en France ni en Algérie ne parle alors même d’intégristes ! Le matin du 6, les batailles de rues reprennent au centre-ville vers 10H du matin. Les CNS assistés par des militants FLN portant un brassard vert arrêtent les jeunes dans la rue et les bastonnent. La police commence à tirer sur les manifestants et donne un avant goût du bain de sang qui va suivre. L’armée occupe la capitale. Positionnée aux principaux carrefours avec des chars, elle commence à tirer sur la foule faisant déjà de nombreuses victimes. Le FLN déclare "l’ordre sera maintenu sans faille ni faiblesse". Chadli décrète l’état de siège. Mais les manifestations continuent. Des barricades sont dressées. L’armée tire sur des manifestants qui le plus souvent ont 12 à 15 ans. Le 7 octobre, l’émeute gagne Oran. Sur le même modèle qu’à Alger. L’armée tire. Toujours le 7 octobre, les jeunes de Blida cassent le palais de justice. L’armée intervient, braque les chars sur les émeutiers qui ripostent à coups de pierres. Le 7, a lieu à Alger la première manifestation intégriste 6000 à 8000 manifestants dans le quartier de Belcourt. Sortant de la prière derrière les imams dont Ali Belhadj, les manifestants réclament les corps des victimes. Les imams essaient plusieurs fois de disperser les manifestants car ils ne veulent pas se confronter à la répression. ils sont finalement contraints d’organiser un grand meeting au stade de 20 août et ensuite, à nouveau, ils n’obtiennent pas la dispersion des manifestants sur lesquels l’armée tire en début de soirée."

    Pour lire tout l’article

  • Guinée : il pleut des balles sur Conakry
    mardi 29 septembre 2009

    Le 28 septembre, jour anniversaire de l’indépendance guinéenne, des milliers d’opposants s’étaient réunis dans un stade de Conakry pour dénoncer la probable candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de janvier 2010. Le rassemblement, interdit, s’est fini dans un bain de sang, relate le journal burkinabé. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu et tué au moins 87 personnes. Après le coup d’Etat perpétré en décembre 2008, Mr Dadis avait promis de ne pas se présenter à la présidentielle pour assurer une transition pacifique.

    Le capitaine Camara, qui s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs, ne fait que déterrer les vieilles méthodes bien connues des Guinéens. Sékou Touré [au pouvoir de 1958 à 1984] et Lansana Conté [de 1984 à 2008] avaient réussi à se maintenir au pouvoir grâce à ces méthodes. Mais, aujourd’hui, personne n’est dupe. Le général Conté, qui avait pris le pouvoir après la mort de Sékou Touré, avait promis de partir dès qu’il aurait redressé la situation économique catastrophique dans laquelle se trouvait alors la Guinée. Et il est resté vingt-quatre ans au pouvoir. Le capitaine Dadis Camara [lors du décès de Lansana Conté, il a pris le pouvoir à l’issue d’un coup d’Etat], qui est arrivé pratiquement dans les mêmes conditions à la tête du pays, ne partira pas facilement non plus. Cette menace de menées subversives contre la Guinée n’est en réalité qu’une diversion.

    Les peuples en ont assez des dictatures militaires, en Afrique comme ailleurs, dictatures qui cachent celles des riches et des oppresseurs de toutes sortes.

    Pour en finir, il ne suffit pas d’une bonne opposition "démocratique" comme l’a montré l’exemple malien. Il faut que le peuple travailleur prenne le pouvoir !

  • Guinée : il pleut des balles sur Conakry

    mardi 29 septembre 2009

    Le 28 septembre, jour anniversaire de l’indépendance guinéenne, des milliers d’opposants s’étaient réunis dans un stade de Conakry pour dénoncer la probable candidature du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, à la présidentielle de janvier 2010. Le rassemblement, interdit, s’est fini dans un bain de sang, relate le journal burkinabé. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu et tué au moins 87 personnes. Après le coup d’Etat perpétré en décembre 2008, Mr Dadis avait promis de ne pas se présenter à la présidentielle pour assurer une transition pacifique.

    Le capitaine Camara, qui s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs, ne fait que déterrer les vieilles méthodes bien connues des Guinéens. Sékou Touré [au pouvoir de 1958 à 1984] et Lansana Conté [de 1984 à 2008] avaient réussi à se maintenir au pouvoir grâce à ces méthodes. Mais, aujourd’hui, personne n’est dupe. Le général Conté, qui avait pris le pouvoir après la mort de Sékou Touré, avait promis de partir dès qu’il aurait redressé la situation économique catastrophique dans laquelle se trouvait alors la Guinée. Et il est resté vingt-quatre ans au pouvoir. Le capitaine Dadis Camara [lors du décès de Lansana Conté, il a pris le pouvoir à l’issue d’un coup d’Etat], qui est arrivé pratiquement dans les mêmes conditions à la tête du pays, ne partira pas facilement non plus. Cette menace de menées subversives contre la Guinée n’est en réalité qu’une diversion.

    La junte cherche tout simplement à gagner du temps en empêchant la tenue des élections. Elle vise, à travers, cette menace supposée, à occuper les militaires tout en les éloignant de la capitale, Conakry. Ce qui permet au chef de la junte et à ses principaux lieutenants d’éliminer tout risque de coup d’Etat militaire tout en justifiant, aux yeux, de la communauté internationale, le report du scrutin. Mais, aujourd’hui, les travailleurs guinéens ne croient plus aux discours guerriers ni à une menace émanant des pays voisins.

    Les peuples en ont assez des dictatures militaires, en Afrique comme ailleurs, dictatures qui cachent celles des riches et des oppresseurs de toutes sortes.

    Pour en finir, il ne suffit pas d’une bonne opposition "démocratique" comme l’a montré l’exemple malien. Il faut que le peuple travailleur prenne le pouvoir

  • Dadis, l’homme qui s’était présenté comme "le nouveau sankara", a fait une déroute. Moi, Bill, personnellement je pensais que la Guinée avait enfin eu "le président modèle" que tout pays espère avoir. Mais un beau il se lève pour égorger ses moutons. Ah ! j’avais oublier c’était la fête de la tabaski ! Le 28 septembre 2009 était leur fête d’annivers... mais parcontre ce jour J était sa tabaski DU SANS PARTOUT ? les femmes ont étées violées et percées par des fusils. Si ma memoire est bonneil avait très bien précisé que le peuple dira NON !!! il ne se présentera pas à la présidentielle. Mais le peuple vient de dire NON pourquoi attendre encore mon cher ? Il disait qu’il n’était pas assoiffé du pouvoir, on se rend compte que c’est la parole des politicans persons. Le dérapage politique est de retour en se cachant derrière la DEMOCRATIE ou encore DEMOCRATOS pour mes compatriotes DE LA GRECE

    • Salut Bill,

      Qu’est ce que pensent les travailleurs autour de toi, les jeunes, que dit la presse au Mali par rapport à ce qui se passe en Guinée ?
      As tu des documents (tracts, vidéo, photos ) sur la situation actuelle au Mali ?
      Peux tu les transmettre ?

      Quand tu dis dans ta correspondance : "Moi, Bill, personnellement je pensais que la Guinée avait enfin eu "le président modèle" que tout pays espère avoir."
      Pourquoi pensais tu ça ? Qu’est qui permet de penser qu’un homme (encore plus un militaire) va changer le monde (ou un pays). Ce capitaine n’était pas un inconnu apparemment.
      Qu’est ce qui d’après toi manquait à la révolte des travailleurs et du peuple en Guinée en 2007 ?

      Merci pour toutes réponses, idées, etc...
      A bientôt.
      Max

    • La Guinée avait enfin eu le président modèle, pensais-tu.

      Mais il convient de réfléchir profondément à cette question.

      Quelle erreur commettais-tu ?

      Est-ce une erreur sur Dadis ?

      Non ! C’est une erreur plus générale. Faut-il un président modèle d’un Etat qui restera bourgeois, dans lequel ce sont les mêmes militaires et les mêmes policiers qui resteront armés, dans lequel ce sont les mêmes riches et les mêmes pauvres ?

      Faut-il croire le premier politicien venu, fût-il un militaire, qui plus est si c’est un militaire !!!

      L’Etat bourgeois, c’est sur cette question qu’il va te falloir te pencher pour ne pas continuer à croire successivement à tous les Dadis qui te seront proposés...

  • Bonjour,
    ces retards que je prends maintenant pour écrire je t’assure que c’est contre ma volonté. Sinon ma passion c’est de toujours contribuer à la revolution prolétarienne.

  • Carnage en Guinée

    157 morts, peut-être beaucoup plus : les manifestation populaires pour exiger le départ du chef d’État putschiste de Guinée, Camara, ont été réprimées sauvagement par la junte.

    La junte au pouvoir depuis décembre 2008 n’a pas arrêté de massacrer et de torturer. Alors, le gouvernement français fait mine de s’indigner aujourd’hui et de vouloir cesser d’envoyer des armes à ce régime.

    Mais la France qui a de nombreux intérêts économiques dans le pays, avait été la première à reconnaître et à soutenir le chef actuel de la junte. Et ce n’est pas la seule dictature sanglante quelle soutient en Afrique.

  • Le grand meeting populaire le 28 septembre à Conakry avait été annoncé dans tous les médias privés à travers de nombreux communiqués et même lors d’une conférence de presse. Nous avions convenu que si le stade en tant que tel nous était interdit, nous irions sur l’esplanade du même édifice. Mais, dès 6 heures du matin, les militaires tiraient déjà dans les quartiers, tapaient les enfants... Quand un ministre est allé rencontrer les leaders au cours de la marche pour leur demander de faire arrêter la...marche, il lui a été répondu que ce n’était pas possible. Et quand les jeunes ont appris que leurs leaders avaient été arrêtés pour les empêcher d’arriver au stade, ils ont brisé les barrages et ont affronté les policiers, ils ont cassé les locaux de la Police du quartier et sont arrivés au stade. Quand le Premier ministre a vu que la marée humaine le dépassait, c’est lui-même qui a pris la décision de faire entrer les leaders dans le stade. Et, à partir de ce moment, nous nous sommes dits qu’il n’y aurait plus rien de grave, que les risques étaient écartés. Le calme était revenu, les jeunes dansaient, chantaient dans le stade, sur les gradins, tout cela pendant un tour d’horloge. C’est à cet instant que les portes du stade ont été fermées. Fermées pour tirer sur la population, sur tout ce qui bougeait. C’était une opération préméditée. Des militaires tiraient et tuaient, d’autres tapaient et battaient des personnes désarmées. Des soldats égorgeaient des gens comme on le ferait avec des animaux, d’autres préféraient violer des femmes qu’ils déshabillaient auparavant ou pas, sur le sol boueux. Demandez-moi par quel miracle je suis sortie vivante du stade, je ne vous le dirai pas ! car je ne le sais pas jusqu’à présent. Ils tiraient de tous les côtés, comme au cinéma. C’était organisé pour tuer, et surtout tuer le maximum de personnes.

    Quand les hommes de Dadis ont commencé à tirer, tous les leaders se sont regroupés sur la pelouse du stade. Aucun d’eux n’a cherché à fuir. Ils se sont regroupés en formant un bloc. Et, de manière générale, les personnes les moins sévèrement blessées sont celles qui s’étaient regroupées en masses compactes. A l’intérieur du stade, j’ai été piétinée par deux fois, car je courais dans tous les sens. J’étais habillée d’un jean noir très solide, et c’est en partie grâce à cet accoutrement que j’ai survécu. Toutes les femmes qui portaient des pagnes ou tenues légères, je les voyais courir les seins nus, car leurs vêtements s’étaient déchirés. Les militaires ont déshabillé de grandes dames, ils les ont violées devant tous ceux qui étaient capables de les voir, au milieu de tout et de rien. Ils jetaient les femmes par terre et montaient sur elles pour faire leurs sales besognes ! Ces images me hantent et me traumatisent. Plusieurs dizaines de personnes me sont tombées dessus quand j’étais à terre. Cela m’a causé des ecchymoses partout sur le corps.

    Le drame est que, en courant, personne ne savait où aller. On mitraillait de partout et toutes les issues étaient cernées, les portes du stade hermétiquement fermées. En fait, il n’y avait nulle part où se cacher. Il ne me restait que la foule, et comme je ne voulais pas subir de viol, j’ai toujours fait en sorte d’être là où il y avait beaucoup de monde, une foule compacte. Quand je me suis relevée et que j’ai constaté qu’il n’y avait aucune issue, j’ai remarqué un jeune militaire qui était très propre par rapport à ses collègues. Il était à cent mètres de moi. J’ai fait le suprême effort de me traîner jusqu’à lui, je me suis jetée sur lui. Il m’a demandé : "Mme, vous êtes journaliste ?", je lui ai répondu : "Oui, je suis journaliste. Prends tout mon argent, mais sauve-moi". Je lui ai ouvert le sac que j’avais autour du cou. Il l’a pris, et au moment où il cherchait ce qu’il y avait dedans, ses copains nous ont aperçus et sont venus nous rejoindre. "Mais c’est qui celle là" ?, demande l’un d’entre eux qui braquait son arme sur moi. Le jeune soldat prit ma défense après avoir récupéré tout l’argent : "Non il ne faut pas la tuer, c’est une journaliste", a-t-il dit. Alors, l’autre a commencé à me frapper avec son arme sur le corps. Moi je me protégeais la tête avec mes bras, c’est cela qui m’importait. Un autre avait un gros gourdin. "Le jeune militaire m’a quand même sauvée en m’extirpant des griffes de ses collègues, il m’a jetée dans la cour d’une maison juste en face du stade. J’étais en lambeaux.
    La famille qui était là m’a récupérée. Ce qui est terrible et qui n’a pas été dit à ma connaissance, c’est qu’on a demandé aux jeunes qui avaient survécu aux massacres de ramasser les corps et de les mettre dans les camions des militaires. C’est une femme de cette famille qui est venue nous le dire à l’intérieur de la maison. Après, il faut voir si ces jeunes n’ont pas été tués pour qu’ils n’aillent pas raconter ce qu’ils ont vu et ce qu’on leur a demandé de faire.

    Par chance, une voiture de la Croix-rouge est passée devant la maison. J’ai pu y prendre place tout en craignant d’être amenée dans un camp militaire. A l’hôpital, il n’y avait presque rien comme médicament. C’est là que j’ai appris que les militaires faisaient le tour des structures hospitalières pour ramasser les blessés, et amener les femmes pour les violer encore. Donc j’ai appelé ma sœur, elle est venue rapidement car elle n’habite pas loin. C’était pour avertir mon mari à Dakar. Il m’a envoyé un billet d’avion pour que je retourne dans la capitale sénégalaise. Pour quitter Conakry, j’ai dû bénéficier de complicités certaines. Tout à l’heure, quelqu’un m’a dit depuis la Guinée que les gens se demandent encore comment j’ai pu sortir du territoire. Dadis et les militaires me connaissent bien, ils savent que je ne vais pas me taire. Mais tant que ce régime assassin gouvernera la Guinée, je n’y retournerai pas.

  • Le lundi 28 septembre, le peuple guinéen a vécu une barbarie perpétrée par les forces armées au nom de la junte au pouvoir. 157 personnes ont été tuées, de nombreux jeunes mutilés et des femmes humiliées et violées.

    Nous avons posé quelques questions à Mamdou Barry, un ami guinéen qui est actif dans la diaspora guinéenne dans la région Nord Pas de Calais en France.

    On se souvient des grands mouvements de grève et de protestations en 2007 contre le régime du Président précédent, Conté. Lors de ces mouvements déjà des dizaines de manifestants et de grévistes étaient tués par les militaires. Qu’est-ce qui poussent les Guinéens à affronter les militaires au Guinée ?

    Le peuple veut une vie décente, un emploi rémunéré, avoir chaque jour à manger. Nous sommes un pays riche en matières premières : la moitié des réserves mondiales de bauxite, nécessaire à la fabrication de l’aluminium, se trouve dans notre pays. Mais les hôpitaux ne fonctionnent pas, les salaires ne sont pas payés. Le Guinéen se lève chaque matin, il va travailler quand il a du travail, mais en fait il sait que cela ne sert à rien, car les prix montent vertigineusement et les gens ne peuvent pas suivre. Un sac de riz coûte jusqu’à 170.000 francs guinéens tandis que le salaire moyen est autour de 200.000 francs.

    Quand le capitaine Moussa Dadis Camara a pris le pouvoir, le 23 décembre de l’année passée, il a écarté les amis de l’ancien dictateur Conté, il a même mis des généraux en prison. Cela a suscité l’espoir que Camara allait peut-être amener le changement. Qu’est-ce qui a changé en un an maintenant que la masse s’oppose aujourd’hui tellement à Camara ?

    C’est Camara qui a changé. Il avait promis d’organiser des élections et qu’il n’allait pas participer aux élections. Les gens se souviennent que Camara et ses amis ont participé à l’époque à la répression contre le peuple en 2007. Camara a su tromper les gens au début en disant qu’il allait travailler pour le changement. Les gens, soutenant le changement, lui ont donné du crédit. Or, aujourd’hui Camara veut s’accrocher au pouvoir en annonçant qu’il veut participer comme militaire aux élections. Là, les gens disent non, pas question.

  • Bonjour et merci pour ce témoignage courageux et boulversant.

    Je souhaite revenir sur cette phrase :
    "Quand les hommes de Dadis ont commencé à tirer, tous les leaders se sont regroupés sur la pelouse du stade. Aucun d’eux n’a cherché à fuir. Ils se sont regroupés en formant un bloc. Et, de manière générale, les personnes les moins sévèrement blessées sont celles qui s’étaient regroupées en masses compactes."

    Cela veut dire que les seuls qui s’étaient préparés à un tel massacre, ce sont les leaders,donc si je comprends bien, les chefs de l’opposition.

    Et cela peut uniquement s’expliquer par le fait qu’eux savaient ce que le pouvoir, l’Etat, est capable de faire.

    Mais pourquoi ne pas prévenir le peuple ?

    Pourquoi ne pas organiser l’auto défense ?

    Pourquoi se laisser mener à l’abattoir ?

    Les chefs de l ’opposition sont à mon avis dans le même camp que les tueurs, et la classe dirigeante qui a commandité le massacre.

    Le rôle de l’opposition est d’anesthésier la méfiance naturelle du peuple sur les fonctions et la nature de l’Etat.
    L’opposition comme au Chili en 1973, est prête au suicide plutôt qu’au renversement d’un régime autoritaire ou dictatorial bourgeois.

    L’opposition "démocratique" comme souvent elle se fait appeler, craint trop une révolution des masses exploités pour contester les régimes aussi menaçants et répréssifs soit il.

    Pourquoi ? Car ils ont choisi par avance qu’ils pouvaient améliorer le régime capitaliste et non le supprimer.

    C’est comme si on disait qu’on peut réformer l’esclavage et non pas l’abolir.

  • La junte militaire en Guinée est une bande d’officiers décidés de substituer à une classe politique corrompue, un groupe de nouveaux dirigeants aux dents aussi longues et à l’appétit effréné comme si le temps leur était compté. Ainsi celui qui est à la tête joue à un équilibrisme impossible : s’acheter une conduite aux yeux de la communauté internationale et garantir, en même temps, les intérêts maffieux de son groupe. Le capitaine Dadis qui s’est imaginé le statut d’un messie, du coup ne comprend pas que le peuple le lui dénie en dénonçant ses ambitions présidentielles. Pendant ce temps, ses compagnons sanguinaires n’imaginent pas une autre forme de réponse en dehors de la détermination à soumettre les Guinéens.

    La sauvagerie de la répression se voulait sans doute une forme d’avertissement, de mise en garde. Pas que. C’est aussi un bras d’honneur à la communauté internationale dont la junte a clairement cherché à jauger la capacité d’indignation, de réaction. Seule, pour l’instant, la France a haussé le ton et entrepris un lobbying pour réprimer la répression. L’Union africaine, pour sa part, n’a nullement entendu les cris des victimes. Il faut, en effet, plus pour la tirer de sa somnolence légendaire ou perturber son indolence congénitale. Guinéens, mourrez en silence, l’Union africaine dira une messe pour le silence de votre révolte que la junte aura obtenue à coups de baïonnette.

    |Botowamungu Kalome (AEM)

  • Il ne s’agit pas seulement de savoir qui d’une bande d’affairistes ou de politiciens ou encore de militaires va poser son pied sur la tête du peuple guinéen.

    Bien sûr, ces gens-là existent et postulent à exploiter le peuple guinéen et les richesses du pays (l’un des plus riches pays miniers), mais cela n’explique pas la violence de la situation.

    Depuis des années, ce sont les travailleurs qui ont marqué la situation sociale explosive de la Guinée et qui déstabilisaient l’ancien régime de Lansana Conté comme ils continuent à déstabiliser l’exploitation du peuple guinéen par leur lutte (voir la dernière rève générale).

    La tentative des militaire consiste à transformer ce face à face entre classes sociales en un face à face entre clans de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie.

    D’autre part, Dadis représente la tentative de détourner une partie du mécontentement des couches populaires dans le sens d’une démagogie fasciste et prétedant reprendre le discours de couches révoltées.

    Le risque d’intervention militaire étrangère n’en est pas un pour lui puisqu’au contraire cela étaie l’idée que Dadis représenterait le peuple. Il s’est d’ailleurs empressé d’affirmer qu’en cas d’intervention étrangère, le peuple allait se révolter. Comme si les cadres militaires représentaient la révolte du peuple guinéen !

    Le face à face de l’opposition et de Dadis est une fausse alternative derrière laquelle on veut enfermer la lutte des travailleurs.

    Les travailleurs qui tenaient tête au régime de Lansana Conté détenaient la capacité de transformer la réalité de la société et c’est cette possibilité qui a été étouffée par les dirigeants syndicaux guiénens au profit de leur petits calculs de "sortie de crise" et de soi-disant "issue politique et démocratique".

    Il n’y a pas d’entente possible entre les intérêts de la population et ceux des classes dirigeantes, qu’elles soient représentées par Dadiis, par le clan Conté ou par les soi-disant bourgeois démocrates.

    Il n’y a d’issue que dans l’organisation indépendante des travailleurs et indépendante entre autres des dirigeants syndicaux réformistes. leur réformisme ne va mener qu’à de nouveaux bains de sang !

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