Des Antilles à la Réunion et au continent, des services publics attaqués aux entreprises qui licencient ou mettent au chômage technique, c’est un seul et même combat
La rapidité avec laquelle certaines luttes convergent en ce début d’année a de quoi étonner, alors que l’on nous a habitués à des luttes isolées, secteur par secteur, catégorie par catégorie et même site par site. Plusieurs fois, régionalement, des travailleurs de l’Enseignement ont manifesté ensemble avec des hospitaliers et des salariés de l’Automobile. Les enseignants-chercheurs, conscients que l’attaque qui les frappe fait partie d’un plan d’ensemble, tentent de prendre contact avec d’autres salariés de l’Enseignement : agents de l’Université, personnels de la Maternelle à l’enseignement primaire et secondaire, IUT et autres chercheurs ainsi qu’étudiants.
Un début de convergence a également eu lieu dans l’Automobile, où intérimaires, prestataires et salariés Renault ou PSA débraient ensemble. La grève pour les salaires a un effet contagieux : Renault Douai puis Flins.
Un autre exemple frappent est celui de la Guadeloupe et de la Martinique. La révolte devant le chômage massif, la misère, les salaires insuffisants et bloqués et la cherté de la vie ont amené les travailleurs guadeloupéens à s’unir pour une même plateforme revendicative. Ils sont alors passés d’une entreprise à une autre, pour discuter, pour mettre en grève, pour s’entraider, pour organiser ensemble des barrages, des manifestations, des réunions et la grève générale… En Guadeloupe, le face à face n’a pas seulement lieu avec le gouvernement mais d’abord avec les patrons. Et la combativité des travailleurs guadeloupéens fait tâche d’huile, s’étendant en Martinique également en grève générale, puis à La Réunion ainsi qu’à la Guyane.
Ce qui frappe également dans la mobilisation des Antilles, c’est à quel point les revendications sont les nôtres : 200€ d’augmentation par mois des salaires et pensions pour tous, salariés du privé et du public, chômeurs, retraités, étudiants et ménagères, hausse du SMIC, du minimum vieillesse et des minima sociaux, fonds de soutien aux personnes âgées, baisse des prix des produits de première nécessité et du pétrole, gel des loyers, arrêt des saisies immobilières, construction de logements sociaux, défense des services publics…. Le gouvernement a d’abord fait mine de négocier et de comprendre. Maintenant il commence à montrer la matraque avec l’envoi des gendarmes mobiles, le refus de toute aide financière de l’Etat et un ton plus menaçant. Il craint, en cédant, d’encourager l’ensemble des travailleurs, y compris sur le continent, à revendiquer des augmentations de salaires et d’autres exigences sociales. Toute défaite des travailleurs de Guadeloupe et de Martinique serait une défaite pour tous les travailleurs de France. Inversement, une victoire serait une victoire pour tous.
Le gouvernement pensait jouer sur du velours (le fameux tapis vert) avec les dirigeants syndicaux dont il connaît bien les limites. Il lui a suffi de parler de négociations en février suite à une journée d’action fin janvier pour que les dirigeants syndicaux décident d’une action … en mars. Le fait d’attendre la rencontre avec Sarkozy témoigne de l’absence de volonté d’aider à la mobilisation. La manière guadeloupéenne, avec des salariés allant d’une entreprise à une autre, des comités inter-entreprises et la grève générale est une tout autre méthode… Quant à la gauche, comme l’exprime Aubry, elle craint la contagion de la Guadeloupe au continent et dit que ce serait dangereux. Le PS tient à être responsable vis-à-vis des classes dirigeantes.
Ce n’est pas seulement la Guadeloupe. Il en va de même de tous les conflits sociaux actuels. Ils sont contagieux. Une entreprise en lutte peut en allant contacter les autres secteurs touchés par la crise déclencher une étincelle. Les travailleurs peuvent, comme en Guadeloupe, s’organiser en comités qui prennent les décisions et unissent toutes les luttes.
Tous les conflits sociaux sont aujourd’hui déterminants pour l’ensemble des travailleurs. On a affaire à un conflit général qui concerne toute la classe ouvrière. Ou on le gagne ensemble ou on le perd ensemble. L’enjeu est d’importance. Il ne s’agit pas seulement de donner un coup d’arrêt aux attaques du patronat et du gouvernement, à la destruction des services publics, aux licenciements, à la misère qui gagne partout. Il s’agit aussi que les travailleurs donnent une perspective face à une société capitaliste qui n’a plus à offrir que le chômage et la misère. Les classes moyennes vont être très rapidement frappées elles aussi par la crise comme elles le sont déjà aux USA ou en Islande. Si la classe ouvrière montre sa force, elle peut entraîner ces classes moyennes contre les responsables de la crise : les capitalistes.