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Manifestation au Burkina Faso en décembre 2008

mardi 6 janvier 2009, par Robert Paris

Burkina/affaire Zongo : des milliers de manifestants contre l’impunité

13 déc. 2008

OUAGADOUGOU (AFP) — Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Ouagadougou pour réclamer justice dans l’affaire du journaliste Norbert Zongo, symbole en Afrique de la liberté de la presse et du combat contre l’impunité, assassiné il y a exactement dix ans.

"Non à l’impunité", "vérité et justice pour Norbert Zongo et ses trois compagnons", "justice corrompue, à bas !", "procureurs vendus, à bas !", "le peuple est débout pour la justice".

Qu’ils soient scandés par la foule ou écrits sur des banderoles tenues par des jeunes femmes vêtues de tee-shirts à l’effigie de Norbert Zongo, les slogans des manifestants à Ouagadougou étaient clairement hostiles au régime du président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 21 ans.

Au début de la marche à 09H00 (locales et GMT), les manifestants avaient été estimés à quelques centaines. Mais au terme de celle-ci, les correspondants de presse ont estimé la participation à plusieurs milliers, et même à plus de 10.000 pour le concert qui a mis un terme à la manifestation.

Le 13 décembre 1998, le journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire L’Indépendant avait été retrouvé mort carbonisé dans sa voiture avec son frère cadet et deux de ses collaborateurs à Sapouy (100 km au sud de Ouagadougou).

Il enquêtait sur le meurtre de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère cadet du président Compaoré.

Le dossier a été classé le 18 juillet 2006 par la justice burkinabè qui a prononcé un non-lieu en faveur du seul inculpé, l’adjudant Marcel Kafando, ancien chef de la garde rapprochée du président Compaoré.

M. Kafondo avait été condamné à vingt ans de prison ferme en juin 2003 pour son implication dans la mort de David Ouédraogo.

A Tenkodogo, Koupèla, (centre), Bobo Dioulasso, Dédougou (Ouest), Pô (sud) ou encore Koudougou (centre-ouest), la ville natale du journaliste, des centaines de personnes ont également manifesté pour "dire non à dix ans d’impunité", selon plusieurs témoins joints par l’AFP.

"La mobilisation est inédite. Depuis quatre ans, on n’avait plus eu une telle mobilisation", s’est félicité, lors d’un meeting à la place de Nation, en plein centre de Ouagadougou, Chrysogone Zougmoré, le président du Collectif contre l’impunité, crée au lendemain de l’assassinat du journaliste.

"A la lumière de ce que nous avons vu aujourd’hui, avec la mobilisation indescriptible des jeunes, il est difficile pour le pouvoir d’enterrer le dossier Norbert Zongo", a lancé M. Zougmoré, également président du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP).

"La mobilisation est très importante. Cela veut dire que le peuple burkinabè n’a pas oublié Norbert Zongo. C’est un bon signe", s’est félicité de son côté Philippe Ouédraogo, secrétaire général du Parti africain de l’indépendance (PAI, opposition) et ancien député.

"Même les organisateurs ne s’attendaient pas à autant de monde. Ça veut dire qu’il y a manifestement un refus de l’oubli de la part de nombreux citoyens burkinabè", s’est pour sa part félicité le président de la Société des éditeurs de la presse privée (SEP), Chérif Sy.

Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Jean-François Julliard, a participé à la marche, débaptisant symboliquement l’avenue de la Nation, une des principales artères de la capitale, en posant sur la plaque un autocollant "avenue Norbert Zongo".

"Il y a une grande mobilisation. C’est la première fois, dix ans après l’assassinat d’un journaliste, que je vois autant de gens toujours mobilisés. J’ai suivi beaucoup d’affaires d’assassinats dans le monde, il y en a peu qui suscitent autant de mobilisation", a-t-il indiqué à l’AFP.

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