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Lutte Ouvrière et la taxe Zucman : une fausse radicalité qui laisse le champ libre au réformisme bourgeois
vendredi 3 octobre 2025, par
Lutte Ouvrière et la taxe Zucman : une fausse radicalité qui laisse le champ libre au réformisme bourgeois
La position officielle de LO
Dans l’article « Taxe Zucman : taxer les riches ou les exproprier », LO présente la proposition de Gabriel Zucman — impôt plancher de 2 % sur les patrimoines > 100 M€ — comme une illusion réformiste. LO avance que :
• « La taxe Zucman est une sorte de contribution ‘plancher’ de 2 %, visant les personnes les plus fortunées de France, celles qui disposent de plus de 100 millions d’euros, soit environ 1 800 foyers. » (https://www.lutte-ouvriere.org/journal/article/taxe-zucman-taxer-riches-exproprier-187058.html?utm_source=chatgpt.com)
• Elle l’assimile à une mesure symbolique, décrite comme n’étant pas de nature à « casser trois pattes à un capitaliste ». (https://www.lutte-ouvriere.org/portail/breves/crient-avant-davoir-mal-186990.html?utm_source=chatgpt.com)
• Dans un autre article plus ancien, LO dit que la taxe sur les ultrariches est « ultradérisoire » : « Cette taxe … reste complètement ridicule et ne risque pas d’entamer leurs fortunes. » (https://www.lutte-ouvriere.org/journal/article/taxe-ultrariches-ultraderisoire-182251.html?utm_source=chatgpt.com)
LO en tire la conclusion : réclamer des impôts plus justes contre les riches est futile tant que la propriété capitaliste domine. La seule « solution » qu’ils veulent garder est l’expropriation – sans articuler comment y arriver.
Une impuissance politique camouflée
La posture radicale proclamée masque en fait une impuissance politique.
• LO ignore ou rejette les revendications intermédiaires concrètes : meilleur impôt progressif, contrôle ouvrier des comptes, abolition des impôts indirects — ces “ponts” entre la colère populaire et l’expropriation n’apparaissent pas dans leurs textes.
• Ils restent incapables de proposer une trajectoire stratégique qui relierait la lutte immédiate à la prise du pouvoir.
En outre, LO déplace la responsabilité sur la classe ouvrière lorsqu’il n’y a pas d’avancées. Par exemple :
• Dans son édito du 08/07/2024, LO affirme : « Il n’y aura pas de changement sans mobilisation massive et consciente des travailleurs ». (https://www.lutte-ouvriere.org/portail/editoriaux/ny-aura-changement-sans-mobilisation-massive-consciente-travailleurs-176414.html?utm_source=chatgpt.com)
• L’éditorial ajoute que les travailleurs doivent « retrouver le chemin des luttes, en ayant conscience qu’il faut renverser la domination de la bourgeoisie ». (https://www.lutte-ouvriere.org/portail/editoriaux/ny-aura-changement-sans-mobilisation-massive-consciente-travailleurs-176414.html?utm_source=chatgpt.com)
Ainsi, quand une lutte patine, LO ne se remet pas en question : c’est la « conscience » qui manquerait, jamais la stratégie adoptée.
Une opposition abstraite entre minimum et maximum
LO pose une division binaire :
• Le “programme minimum” (réformes fiscales, redistribution) — qu’elle traite comme dérisoire ou naïf.
• Le “programme maximum” (expropriation, pouvoir ouvrier) — qu’elle affirme comme but, mais sans jamais en dessiner le chemin concret.
Entre les deux, aucune passerelle, aucun mot d’ordre transitoire pour progresser. Cette absence laisse le réformisme bourgeois et les directions syndicales occuper le terrain de ce qui est “possible” aujourd’hui.
Le contraste avec la méthode transitoire
Le Programme de transition (1938) de Trotsky enseigne autre chose :
• Il revendique une imposition fortement progressive des grandes fortunes.
• Il exige l’abolition des impôts indirects, qui pèsent lourdement sur les travailleurs.
• Il pousse à l’ouverture des livres, au contrôle ouvrier, pour rendre réelle toute taxation.
• En fin de compte, l’expropriation devient l’issue logique, mais non pas comme un saut mystique : à travers cette chaîne de luttes.
LO, au contraire, juxtapose “taxer ne suffit pas” et “exproprier”, sans méthode pour passer de l’un à l’autre.
LO, un obstacle à la lutte révolutionnaire
Parce qu’elle refuse de tracer cette trajectoire, LO ne se contente pas d’être impuissante : elle devient un obstacle.
• Elle vide les idées révolutionnaires en slogans creux, dans lesquels même les réformistes bourgeois peuvent s’inscrire.
• Elle recycle le mot « exproprier » sans l’accompagner d’une stratégie.
• Elle joue un rôle analogue à celui des staliniens historiques, qui ont couvert d’un langage radical des pratiques conciliatrices avec l’ordre bourgeois.
Depuis 1914, les directions social-démocrates et plus tard staliniennes, syndicales et social-patriotes ont transformé le programme ouvrier en compromis bourgeois. En se limitant à une radicalité verbale et en laissant les réformistes occuper le terrain des propositions réalisables, LO contribue au blocage de la perspective révolutionnaire.
Conclusion
La politique de LO est une impuissance organisée, couverte sous des airs de radicalité.
• Incapable de faire vivre des revendications transitoires, elle abandonne le terrain aux réformistes bourgeois.
• Incapable d’assumer ses choix, elle blâme les travailleurs pour “manque de conscience”.
• Incapable de dessiner une perspective, elle transforme le marxisme révolutionnaire en un slogan vide, presque indistinct des discours de la gauche bourgeoise.
La voie véritable — celle d’un parti révolutionnaire — doit être inverse :
1. Saisir les revendications populaires (taxer les riches) et les pousser jusqu’à leurs limites,
2. Imposer contrôle ouvrier, ouverture des comptes, audits démocratiques,
3. Par ce chemin, arriver à l’expropriation des capitalistes et à la prise du pouvoir par le peuple travailleur.
C’est cette méthode, pas la rhétorique creuse de LO, qui peut convertir la colère sociale en force révolutionnaire consciente.



