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L’impasse mouvementiste

jeudi 18 septembre 2025, par Karob

Face à la trahison organisée des réformistes et opportunistes : l’impasse mouvementiste et spontanéiste

Il y a une trahison ouverte, claire et nette : celle des appareils bureaucratiques des partis politiciens et des syndicats qui n’ont cessé de tromper les luttes, de démolir la force prolétarienne, de démoraliser les travailleurs, de combattre toutes les tentatives ouvrières de s’auto-organiser. Certains croient que pour combattre cette trahison, il ne resterait qu’un moyen : se détourner de toute construction d’un parti révolutionnaire et de tout militantisme dans les syndicats. C’est une solution qui paraît simple, mais c’est une réponse fausse : elle ne permet pas de s’adresser à la base des syndicats et de la détacher des sommets bureaucratiques liés à l’appareil d’Etat, au pouvoir, à la classe possédante et au système. Elle coupe le mouvement des grandes entreprises dans lesquelles ces appareils syndicaux sont encore puissants. Elle isole et divise le mouvement au lieu de le renforcer. Elle n’est pas fondée sur la conscience du problème face auquel nous sommes mais sur le seul mécontentement, certes légitime, que suscite la trahison réformiste.

Face à la colère populaire qui grandit, une nouvelle génération d’organisations prétend critiquer les syndicats et la gauche traditionnelle mais sans réellement offfrir une alternative révolutionnaire. Ces courants mouvementistes – "Contre Attaque", "Cerveaux non disponibles", "Les Insurgés du 86", les signataires de diverses "tribunes" – jouent les radicaux mais préparent en réalité le terrain aux récupérations qu’ils prétendent combattre !


PREMIÈRE CATÉGORIE : LES DÉNONCIATEURS CREUX

"Cerveaux non disponibles" illustre parfaitement cette tendance : ils écrivent qu’il faut dénoncer l’inefficacité des « manifs et grèves classiques » et critiquer « les partis et syndicats ». Mais que proposent-ils ? Rien ! Juste un appel mystique au « peuple mobilisé dans toute sa diversité ».

Cette formulation révèle une méconnaissance complète des enseignements léninistes sur la nécessité de l’avant-garde révolutionnaire ! Elle entretient l’illusion qu’un peuple abstrait, sans organisation, pourrait se libérer par sa simple diversité.


DEUXIÈME CATÉGORIE : LES FAUX OPPOSANTS BASE/DIRECTION
"Contre Attaque" et consorts développent une variante plus sophistiquée : ils affirment critiquer « les directions syndicales » tout en soutenant « les bases militantes ».

Mais ils ne comprennent pas que les syndicats sont intégrés de la tête aux pieds ! Ce ne sont pas seulement les "directions" qui trahissent : c’est toute la nature de l’appareil syndical dans le capitalisme monopoliste. La distinction entre « bonnes bases » et « mauvaises directions » est un piège qui ramène toujours le mouvement sous contrôle syndical.


TROISIÈME CATÉGORIE : LES CONFUSIONNISTES DE L’UNITÉ MOLLE
La Tribune Regards et ses semblables poussent la confusion à son comble en appelant à rassembler « militant·es, écologistes, féministes, antiracistes, syndicalistes, antivalidistes »… sans aucune ligne de démarcation politique !
👉 En minorant ainsi le rôle de l’auto-organisation véritable, ils empêchent la formation de comités de travailleurs autonomes, et dissolvent le camp du travail dans un magma interclassiste où tout se vaut.


LES INSURGÉS DU 86 : DES DÉNONCIATIONS JUSTES MAIS STÉRILES
Les Insurgés du 86 reprennent plusieurs thèmes qui semblent radicaux mais tombent dans la même impasse.
1. Sur la dette publique : ils affirment avec raison :
« Non, le peuple n’a pas profité de la dette publique. (…) Si la dette a servi à enrichir quelqu’un, ce n’est pas le peuple, mais les rentiers et les grandes fortunes. »
Ils rappellent Marx et Jaurès, dénoncent Bayrou qui inverse la réalité. Mais leur critique reste économiste et moraliste : ils en restent au « mensonge » et à « l’injustice », sans tirer la leçon politique centrale : la dette est un instrument de domination de classe qui ne sera aboli que par l’organisation révolutionnaire du peuple travailleur.
2. Sur Bayrou et la démocratie : ils écrivent :
« Bayrou va sauter pour sauver le système. (…) Le mouvement du 10 septembre va-t-il (…) dégager enfin la caste de corrompus pour installer durablement une démocratie digne de ce nom ? »
Bonne intuition sur le sacrifice de Bayrou, mais conclusion trompeuse : quelle « démocratie digne » ? Démocratie bourgeoise rénovée ? Démocratie abstraite hors de toute classe ?
👉 En refusant de poser la question du pouvoir ouvrier et des assemblées populaires, ils entretiennent l’illusion qu’un peuple indéfini pourrait refonder la démocratie sans briser l’appareil d’État bourgeois.
3. Sur Macron et le Conseil de défense : ils soulignent :
« En convoquant un conseil de défense le même jour qu’une journée de mobilisation sociale massive, Macron entretient une ambiguïté : s’agit-il vraiment de contrer les fake news venues de l’extérieur, ou bien de préparer des mesures exceptionnelles de contrôle de l’information ? »
Leur alerte est juste : ils voient le danger de la censure et de la gouvernance par l’appareil répressif. Mais encore une fois, aucune riposte n’est formulée ! Pas d’appel à des assemblées, pas de comités populaires, pas de conseils ouvriers de défense. 👉 Ils dénoncent, mais n’organisent pas.


L’UNITÉ DE CES TENDANCES DANS LA MARCHE VERS UNE IMPASSE ET L’INCAPACITE A COMBATTRE LA TRAHISON

Malgré leurs différences apparentes, tous ces courants convergent vers le même résultat réel :
• Absence de programme révolutionnaire précis : aucun objectif concret.
• Évitement des questions organisationnelles fondamentales : qui dirige ? comment ? selon quels principes ?
• Silence sur les agents du capital dans le mouvement ouvrier : aucune dénonciation claire des bureaucraties syndicales.
• Fétichisme de l’unité sans contenu politique : « unité pour l’unité » au lieu d’une unité construite sur des bases de classe.


LEUR CHANTAGE MORAL OPPORTUNISTE
Les Insurgés du 86 résument bien cette logique lorsqu’ils écrivent :
« Tout autre discours, qui ferme les portes du mouvement à certains secteurs populaires, sert finalement le maintien du capitalisme et de l’ordre établi. »
👉 Mais de quels « secteurs » parlent-ils ? Flou total !
Bien sûr, toute personne issue du peuple travailleur a sa place au sein des assemblées et a le droit à la parole. Le mouvement doit être ouvert à tous ceux qui vivent de leur travail.
Mais cela n’interdit pas la démarcation politique : il faut tracer des lignes nettes contre les opportunistes, les réformistes, les bureaucrates syndicaux et les représentants de partis bourgeois.
En refusant ces démarcations, leur appel à l’ouverture sans limites dilue le mouvement et interdit de séparer le camp du travail de celui du capital.


CONCLUSION : DE LA CRITIQUE À L’IMPASSE
Les Insurgés et les autres mouvementistes formulent parfois des dénonciations justes (sur la dette, sur Bayrou, sur Macron et son Conseil de défense). Mais en restant dans la critique abstraite, en évitant la ligne de classe, en refusant de poser la question de l’organisation révolutionnaire, ils risquent de devenir un obstacle sur le chemin de la révolution socialiste.
Leur spontanéisme déguisé en radicalisme constitue une barrière systémique à l’émergence d’une alternative révolutionnaire authentique.

Seule l’auto-organisation du peuple travailleur, par ses assemblées, ses comités élus et fédérés, ses propres conseils populaires de défense, peut transformer l’indignation en pouvoir réel et renverser l’ordre capitaliste

Ceux qui prétendent qu’il suffit de suivre le mouvement des masses supposent que les masses ont toujours raison. Ceux qui prétendent que l’on doit suivre exclusivement la politique définie par le parti révolutionnaire supposent que la minorité militante communiste sait tout et cela est aussi dangereux.

Ceux qui misent sur le seul mouvement oublient que les réformistes peuvent eux aussi apparaitre à bon compte comme des artisans du mouvement. Il n’y a pas plus capables que les partis et syndicats réformistes pour affirmer que la seule chose qui compte ce serait d’être nombreux en mouvement alors que c’est le contraire qui est vrai : ce qui compte c’est à quel point la lutte frappe la classe capitaliste à l’endroit où cela lui fait mal, la capacité des exploités à s’organiser en vue de prendre le pouvoir. Et aussi la capacité à réellement frapper au cœur même du monde capitaliste : grandes entreprises, banques, système financier, trusts, bourses, dettes, etc.

Pour y parvenir, il faut qu’une minorité révolutionnaire ne se contente pas de lutter, d’être en mouvement, et s’organise politiquement pour étudier les forces et faiblesses des travailleurs mais aussi les forces et faiblesses de la classe ennemie. En somme, il faut aussi un parti révolutionnaire qui se construise en militant pour les conseils de travailleurs élus au sein des assemblées souveraines et décisionnelles non soumises aux organisations liées au système pourri : partis et syndicats.

Messages

  • Un spectre hante la grande bourgeoisie, les classes dirigeantes et tous les militants réformistes et fascistes : le retour des GJ, leurs assemblées, leurs occupations , leurs blocages militants, leurs filtrages populaires sur les routes, leurs actions directes, sur les symboles de l’Etat répressif et voleurs, leur solidarité prolétarienne , leur volonté d’étendre nationalement et internationalement leur mouvement, leur perspective de renverser tout un système d’exploitation, leur principe d’indépendance et de ’non négociation’ qui en fait rougir les prétendus cadors & leaders syndicaux ou associatifs, leur rejet des médias bourgeois, leur référence à l’histoire des révolutions en France mais aussi plus récemment au Magreb , en Afrique, dans les campagnes, et puis le soutien meme étouffé, de certains individus de professions dites intellectuelles, des académiciens, des auteurs, des artistes, des professeurs, chercheurs, Nobel etc..
    Un spectre hante le vieux monde, celui du nouveau monde qui va chercher ses racines dans un mouvement ouvrier ancien et moderne, mondial à une échelle inconnue à l’époque ou un manifeste , celui du communisme , proclamait la chute du capitalisme par le mouvement des révolutions internationales , bien avant le stalinisme, copie ratée du socialisme et surtout allié inestimable du capitalisme qui en fait sa plus puissante béquille.

    Fêtons largement la fin des illusions sur le pouvoir des organisations traditionnelles qui s auto proclament ’représentants légitimes de la classe ouvrière’ mais ne sous estimons pas leurs résidus qui continuent d’oeuvrer au nom du réformisme.

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