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La Chine en crise

vendredi 19 décembre 2008, par Robert Paris

La Chine pourrait terminer l’année 2008 avec la croissance économique la plus faible en près de 20 ans. Une série d’économistes estiment que la croissance sera située entre 5% et 6,5% au quatrième trimestre.
Pour l’ensemble de l’année, la Banque mondiale avait indiqué qu’elle s’attendait à ce que l’économie chinoise progresse de 9,4%. "Notre prévision est plutôt pessimiste", dit Tao Dong, analyste au Crédit Suisse à Hong Kong, qui prévoit 6,5% de croissance entre octobre et décembre. Selon lui, c’est le niveau le plus bas depuis que la Nation asiatique a commencé à publier des indicateurs trimestriels en 1995.

Avant, la Chine avait enregistré une croissance annuelle de 3,8% en 1990. Son économie s’était ensuite emballée, affichant des taux jamais inférieurs à 7,6%, même pendant la crise financière asiatique de 1997. Xing Ziqiang, économiste basé à Pékin pour China International Capital Corporation, partage le même pessimisme, prévoyant un chiffre entre 5% et 5,5% au quatrième trimestre.

Les indicateurs publiés depuis la semaine dernière pour le mois de novembre montrent que la quatrième économie mondiale ressent l’impact de la crise mondiale beaucoup plus fortement que prévu. Parmi les principales inquiétudes figure le recul des exportations, pour la première fois depuis 2001, de 2,2% sur un an, alors qu’elles avaient progressé en octobre (+19,2%).

L’indice des prix à la consommation, principale mesure de l’inflation en Chine, a progressé en novembre de 2,4% sur un an, son plus bas niveau mensuel depuis près de deux ans, laissant planer la menace d’une déflation dès le premier trimestre 2009. Dans le même temps, la production industrielle en Chine a également fortement ralenti, en augmentant de 5,4% sur un an, alors qu’elle avait atteint un pic en mars (+17,8%). Le dernier chiffre, publié mardi, montre que les investissements en capital fixe ont progressé de 26,8% sur un an entre janvier et novembre, contre 27,2% sur les dix premiers mois.

Politique de relance du marché intérieur
Pékin a pris récemment une série de mesures pour accroître la demande intérieure et adoucir les effets du ralentissement des marchés à l’exportation, notamment quatre baisses des taux d’intérêt depuis septembre. Les autorités ont également adopté un plan de relance budgétaire de 4.000 milliards de yuans (455 milliards d’euros) jusqu’à la fin 2010. Cependant, les économistes soulignent qu’il faudra plusieurs mois avant d’en sentir les effets. Dans ce contexte, le gouvernement devrait agir de nouveau. Mardi, le gouverneur de la Banque centrale Zhou Xiaochuan a laissé entendre que de nouvelles baisses des taux d’intérêt pourraient intervenir, soit fin décembre soit au début de l’année prochaine.

D’autres programmes pour réduire les impôts, accroître les crédits aux petites et moyennes entreprises et soutenir les familles à revenus modestes sont attendus en fonction des résultats du plan de relance, selon les économistes. Malgré tout, la Chine, qui a connu des taux de croissance à deux chiffres ces cinq dernières années, semble encore mieux placée que les autres économies pour affronter l’hiver. Huang Yiping, économiste chez Citigroup à Hong Kong, prévoit ainsi une croissance de 8,2% en 2009, en prenant en compte les effets des mesures de relance, dont une grande partie sera consacrée aux infrastructures. "Cela serait encore plus bas sans ces politiques", dit-il. BNP Paribas voit une croissance chinoise à 7-8% l’année prochaine.

Même la Chine connaît la crise

Article publié le 11/12/2008

Avec notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin

Pour la première fois depuis 10 ans, les exportations sont en baisse en Chine, elles ont diminué de 2,2% en novembre. Mais la baisse parallèle des importations permet à Pékin d’enregistrer un nouvel excédent commercial record. Il n’empêche, l’inquiétude gagne.

C’est la concrétisation des effets de la crise sur l’économie chinoise : au mois de novembre, et pour la première fois depuis avril 1999, les exportations chinoises sont en recul, elles ont diminué de 2,2 % en novembre. Un événement redouté par les autorités chinoises, et qui traduit, selon les experts, un brusque ralentissement de l’activité, d’autant qu’on prévoyait encore une hausse des exportations.

Les exportations reculent, mais les importations également, elle sont en baisse de 18 %. Là encore ce chiffre est une surprise.

La conséquence de tout cela, c’est encore un excédent commercial record pour la Chine, + 40 milliards de dollars en novembre. Mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Pékin.

Les principaux dirigeants, réunis en conclave depuis quelques jours, ont eux aussi adressé un message d’alerte : les membres du comité central ont souhaité officiellement « le maintien d’une croissance rapide, soutenue par une politique budgétaire dynamique ». Le communiqué évoque une augmentation des dépenses publiques, le renforcement des marchés de capitaux, et le soutien au marché immobilier.

Aucune chiffre précis sur les objectifs de croissance en 2009 n’a été évoqué à l’issue de cette réunion annuelle. Selon les économistes officiels du régime, la croissance doit être proche de 9 % pour garantir l’emploi, mais selon les institutions financières internationales ou les observateurs étranger, la croissance chinoise ne devrait pas dépasser 7,5%.

PEKIN, 1er décembre -

RIA Novosti.

Plus de 20 millions de personnes ont perdu leur emploi en Chine, en raison de la crise financière, écrit lundi le journal China Daily.

"Le nombre de licenciements augmentera si la crise se poursuit", indique le journal.

La plupart des personnes ayant perdu leur emploi sont des employés de PME spécialisées dans l’exportation.

Environ 70.000 compagnies ont fait faillite et les recettes des PME ont chuté d’un tiers avec la crise.

"Compte tenu de la brusque chute des commandes de l’étranger, nous avons révisé les prévisions de revenus annuels, passant de 60 à 40 millions de yuans (de 6,9 millions d’euros à 4,6 millions) et nous avons renoncé aux projets d’expansion vers le marché américain", a indiqué à China Daily un employé de la compagnie Tinpak produisant des emballages.

Pour riposter à la hausse du chômage, les autorités contrôlent les licenciements de masse dans les entreprises. Désormais, pour réduire les effectifs de plus de 40 personnes, les entreprises doivent se munir d’un permis du service de l’emploi et de l’assurance sociale.

BEIJING, 18 décembre (Xinhua) —

Les exportations chinoises pour la saison de Noël connaissent actuellement des difficultés en raison de la crise financière, a déclaré jeudi l’Administration générale des Douanes.

De janvier à octobre, les exportations de produits liés à la fête de Noël ont atteint 1,64 milliard de dollars, soit une hausse de 8,3% sur une base annuelle. Le taux de croissance était de 32 points de pourcentage de moins que celui de l’année dernière.

De juillet à octobre, la Chine a exporté 1,28 milliards de dollars de produits, soit une hausse de 3,6%. Le taux de croissance a baissé de 38,9 points de pourcentage.

Les Etats-Unis et l’Union européenne sont les deux marchés les plus importants pour les exportations chinoises de produits de Noël. Ils représentaient en effet 76,8% du total de ces exportations pendant les 10 premiers mois de 2008.


La Chine entre en crise

En décembre 1978, la Chine adoptait officiellement la « politique de réformes et d’ouverture ». Voulu par Deng Xiaoping, développé progressivement, ce tournant changeait radicalement le pays et lui donnait une place nouvelle dans le monde. Trente ans plus tard, tout a changé... et est arrivé le choc de la crise financière mondiale.

C’est désormais officiel : la Chine est, elle aussi, entrée en crise. Les dirigeants insistent sur les dangers sociaux que l’augmentation du chômage fait courir au pays ; la diminution de la demande mondiale menace les industries d’exportation, au coeur du développement récent du pays (40 % du produit intérieur sont créés par l’exportation). En conséquence, les paysans qui travaillaient en ville devront, pour la plupart, rentrer chez eux, alors que l’agriculture souffre déjà d’un excès de main-d’oeuvre. D’autre part, les banques ont vu la proportion de prêts à risques augmenter de façon dangereuse. Et le gouvernement espère relancer la consommation, au moment où le réflexe de chacun est de consolider son épargne...

Il serait plus juste de dire que « la crise entre en Chine »... Car le pays souffre d’abord de son imbrication dans l’économie mondiale. Les États-Unis ont souffert du recours effréné au crédit, de l’absence d’épargne, de la complexité des instruments financiers... À l’inverse, la Chine est toujours restée un pays d’épargnants (les ménages épargnent au moins 25 % de leurs revenus...) et les places boursières restent peu développées.

Cependant, la Chine a ses faiblesses : le développement économique n’a pas créé un nombre satisfaisant d’emplois stables, le marché du travail souffre d’une inadéquation entre les compétences demandées et le profil des demandeurs d’emploi. Les institutions financières souffrent de l’interventionnisme étatique, qui peut entrer en collision avec la logique économique. La très mauvaise couverture publique des soins de santé rend les consommateurs plus prudents, voire anxieux...

(...)

C’est sans doute la fin des trente glorieuses pour la Chine, ¯ la fin de la croissance accélérée. Mais, alors que, vers 1974, l’Europe s’avéra incapable de trouver un véritable modèle alternatif à celui qui avait soutenu son essor dans l’après-guerre, la Chine est encore en mesure de se réformer en profondeur, de remplacer la croissance rapide par la croissance durable. À condition que le Parti ne sacrifie pas les indispensables réformes à la sauvegarde de son pouvoir.

(*) Institut Ricci de Taipei.

Benoît Vermander (*)

Messages

  • En panne de croissance, la Chine abaisse à nouveau ses taux d’intérêt...

  • La semaine à venir pourrait être décisive pour les marchés boursiers chinois après la série de mesures sans précédent adoptées ces derniers jours pour tenter d’endiguer la chute des cours, qui menace de déstabiliser la deuxième économie mondiale.

    Le gouvernement attend l’ouverture des Bourses de Shanghai et Shenzhen lundi matin pour voir si ces mesures suffiront à interrompre un mouvement qui les a fait chuter de 30% en trois semaines, ou si les investisseurs individuels qui ont emprunté en masse pour spéculer sur les actions continueront de vendre.

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