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Le prolétariat ne s’en sortira pas sans se donner une boussole de classe en politique
vendredi 25 avril 2025, par ,
Le prolétariat ne s’en sortira pas sans se donner une boussole de classe en politique
Les diverses attaques anti-sociales de la grande bourgeoisie et de ses Etats n’ont pas eu seulement comme but de faire passer des fortunes dans les caisses des possédants mais aussi un but social et politique essentiel à la bourgeoisie dans une phase au plus fort risque de déstabilisation du système de domination mondiale : frapper les travailleurs en les déboussolant, en leur cachant les causes de leurs déboires, en les tournant contre des faux ennemis, en les montant contre d’autres fractions des exploités et des opprimés, en les désorientant, en les discréditant à leurs propres yeux, en démolissant leur confiance dans leurs propres forces, dans leurs capacités d’organisation, dans leurs perspectives sociales propres, dans leurs capacités d’action directe, dans leur capacité à prendre la tête de l’ensemble du peuple travailleur, dans leur capacité d’unité de lutte, en les pressant d’adopter le nationalisme, la xénophobie, le racisme, les désirs guerriers, la haine des autres peuples, des autres religions, des autres régions du monde, des autres ethnies, des autres types de sociétés, en leur enseignant l’anticommunisme, le fascisme, le bellicisme, la méfiance généralisée envers les plus pauvres, les plus démunis, les plus opprimés, les plus exploités, en leur faisant passer les poncifs les plus éculés de la petite bourgeoisie étriquée pour des vérités éternelles soi-disant plus modernes et plus valables que le socialisme et le communisme révolutionnaires…
La confiance est tellement morte que bien des salariés se gardent de dire autour d’eux ce qu’ils pensent, y compris à leurs collègues de travail. Les dernières crises, dont l’effondrement de 2007-2008, la prétendue « crise migratoire », la prétendue « crise terroriste », la prétendue « crise climatique », la véritable crise de la pandémie covid suivie des mensonges médicaux gouvernementaux et des politiques soi-disant anti-covid en réalité contraires aux libertés, le mouvement des Gilets jaunes et sa répression violente, la montée de l’extrême droite, les menaces actuelles sur l’emploi, la montée du fascisme, la marche à la guerre, tout cela contribue à faire perdre confiance aux travailleurs en leur propre classe, en leurs propres camarades de travail. Bien des travailleurs constatent : « on ne peut plus parler », « on ne se réunit plus », « il n’y a personne à qui faire confiance »… Les appareils syndicaux sont, au sein des travailleurs, des centres de surveillance au service de leurs ennemis. Chacun a trop peur, en parlant, d’être catalogué complotiste, fasciste, contestataire, antisémite, djihadiste, terroriste et bien d’autres qualificatifs.
Les questions des migrants (soi-disant une invasion), des sans-papiers, des accusations criminelles et terroristes contre les étrangers, contre les musulmans, contre les personnes d’origine maghrébines, contre les roms, contre les africains, et la prétention de leur faire porter le chapeau de la criminalité, de la drogue, de l’insécurité, du terrorisme, du racisme et de l’anti-sémitisme et on en passe, voilà ce qui a été planifié par les gouvernements pour tromper les travailleurs et leur faire perdre leur sens de classe. Aucun combat n’a été mené par les organisations qui se réclament des travailleurs et prétendent les organiser afin de combattre ces campagnes insidieuses et mensongères. Ils se contentent de clamer : « non au fascisme », ou « non à la guerre » et même « à bas le capitalisme » (comme Lutte ouvrière) en se gardant bien de démolir point par point les attaques que représentent ces campagnes gouvernementales xénophobes, racistes, bellicistes, terroristes, visant à faire des travailleurs franchouillards des suprémacistes petits blancs bornés et affolés.
Oui affolés, car la méthode des classes dirigeantes consiste à miser sur la montée de la peur. Peur de voir leur petit monde, un tout petit peu tranquille, un tout petit peu calme, un tout petit peu au dessus de la pauvreté, un tout petit peu sécurisé, de le voir chuter, s’effondrer, disparaitre. Et, en misant sur la peur, les gouvernants font passer leur propre violence contre les migrants, contre les Gilets jaunes, contre les travailleurs, contre les manifestants, leurs violences coloniales, impérialistes et guerrières aussi.
Il y a, bien entendu, la peur de perdre son emploi, attisée par l’idée que des étrangers peuvent le prendre, que les autres pays (notamment la Chine ou l’Inde) nous volent nos emplois, que les difficultés financières peuvent détruire les emplois, que les Etats aussi peuvent licencier massivement, et cette fois il ne s’agit pas de faux bruits mais de menaces réelles (sauf que le coupable réel est l’effondrement général et mondial du système capitaliste) qui se rajoutent à des bruits plus délirants selon lesquels ce seraient les robots, la prétendue « intelligence » artificielle, les algorithmes, l’informatique qui détruiraient les emplois… Tout cela vise à faire penser aux travailleurs que leur force s’est perdue, que le grand capital peut désormais se passer du travail en prenant pour preuve la désindustrialisation, la montée d’un chômage permanent de masse, la robotisation, etc…
Tout cela contribue à une perte de boussole du monde du travail, générale (politique, sociale, organisationnelle et idéologique), voulue et systématiquement organisée par les classes dirigeantes. Tous les partis du système, du centre qui gouverne à l’extrême droite et à la gauche de la gauche qui fait semblant de la combattre tout en cultivant le nationalisme exacerbé qui est la racine du fascisme, font complètement perdre le Nord d’une boussole politique de classe. Ils font semblant de se combattre mais se créditent mutuellement sans cesse. Les soi-disant démocrates anti-fascistes, par exemple, diffusent sans cesse un discours fasciste à propos des immigrés. Gauche/droite, ce n’est pas la vraie boussole sur laquelle fonder de vrais choix concernant l’avenir de la société. Malgré d’apparentes divergences violentes, ces partis sont fondamentalement tous pour le même système social, pour les mêmes classes possédantes, pour le même Etat, pour le même nationalisme…
La perte de confiance au sein de la classe ouvrière engendrée par le stalinisme (l’époque où celui-ci dirigeait une grande part des forces ouvrières militantes ne doit surtout pas être regrettée car il y faisait la police au service des classes dirigeantes autant que des bureaucrates russes) a été exploitée à fond par les classes possédantes, au point de disréditer durablement le socialisme révolutionnaire qui n’avait pourtant rien à voir avec le stalinisme (son adversaire sanglant). Bien des travailleurs (suivant ainsi des dirigeants syndicaux réformistes) ont tiré de l’échec stalinien la fausse leçon selon laquelle, dans les luttes ouvrières, il ne faudrait pas faire de politique ! Un contresens complet !
Nous sommes arrivés au stade où le Parti communiste, autrefois simple section de l’Internationale communiste, organisation du prolétariat mondial, est devenu un parti nationaliste comme un autre (avec son « produire français », réformiste comme un autre, défenseur de la démocratie bourgeoise comme un autre, ami de l’Eglise catholique retardataire comme un autre, à la recherche de postes comme un autre. L’ancien parti « des soviets partout » est devenu l’ennemi des conseils de travailleurs et des comités de grève ! Il a tellement déçu et déboussolé les travailleurs que certains sont passés du stalinisme au… fascisme ! Tout plutôt que devenir des révolutionnaires trotskistes !
Nous sommes arrivés au stade où le Parti socialiste, ancien parti ouvrier, très implanté dans les quartiers ouvriers, n’est rien d’autre qu’un parti capitaliste, pro-libéral même, pro-impérialiste, pro-guerre, anti-ouvrier (voir Hollande « les ouvriers, ces sans-dents »), suppôt du fascisme (voir Vals).
Nous sommes arrivés au stade où les syndicats sont devenus des immenses appareils, des bureaucraties, en liaison permanente avec le pouvoir d’Etat, avec la classe capitaliste, ayant de très faibles liens avec les travailleurs, qu’ils ne réunissent jamais, ne défendant plus jamais la grève générale, ne combattant plus jamais le bellicisme de la bourgeoisie et de l’Etat, ne prétendant plus du tout militer pour le pouvoir aux travailleurs et le socialisme. Les syndicats ont essentiellement pour rôle d’encadrer la classe ouvrière quand elle rue dans les brancards, quand elle menace de s’organiser elle-même, quand elle menace de faire elle-même de la politique et de s’attaquer à la classe capitaliste et à son pouvoir.
Nous sommes arrivés au stade où l’extrême gauche pseudo-révolutionnaire est la caricature d’elle-même, se concentrant sur ses propres prétendus succès politiques ou syndicaux et non sur ceux de la classe travailleuse, où ces « succès » réels ou imaginaires n’ont plus lieu que sur des terrains organisationnels internes (le nombre d’adhérents), politiciens (les élections bourgeoises où ces fameuses « extrêmes gauches » se gardent de mener une propagande vraiment révolutionnaire qui ne peut s’en tenir à dire « à bas le capitalisme » ou « tout est de la faute du capitalisme », leur propagande étant si peu révolutionnaire qu’aucun Etat n’imagine jamais les mettre en prisons pour leurs propos) ou sur le terrain des bureaucraties syndicales avec leurs sempiternelles « journées d’action » (où il y a de tout sauf l’action directe des travailleurs et leur auto-organisation). On en est au point qu’aucune de ces organisations supposées d’extrême gauche ne milite pour l’auto-organisation des luttes, pour l’auto-organisation des habitants, qui sont pourtant la base indispensable d’un futur pouvoir aux travailleurs. Ils craindraient trop d’indisposer les bureaucraties syndicales dont dépend leur « travail politique en entreprise »…
Le discrédit d’une certaine extrême gauche (y compris à ses propres yeux) contribue au recul de la propagation des idées révolutionnaires, socialistes et communistes. Le discrédit de la démocratie bourgeoise entraine la propagation au sein de la classe ouvrière des idéologies fascistes, racistes ou bellicistes. Le recul de l’humanisme dans la société capitaliste entraine une dégradation du climat social au sein même des exploités (aggravation des « idées » racistes et fascistes, dégradation par exemple du sort des femmes ou des enfants ou encore des migrants ou des roms, dégradations dans les relations de travail).
Tout cela ne veut nullement dire que le prolétariat révolutionnaire n’existe pas, ne se fera plus craindre des exploiteurs, n’aurait plus d’avenir socialiste à préparer et à mettre en place. Cela signifie seulement que les classes dirigeantes ont mené un travail profond, systématique, mettant en œuvre de grands moyens pour casser dans l’esprit des travailleurs ces grandes perspectives historiques dont le prolétariat reste potentiellement porteur, à savoir la mise en place d’un nouveau mode de production non fondé sur la propriété privée des moyens de production et sur l’accroissement du capital aux dépens du travail.
La vague des révoltes et révolutions dans le monde débutée peu après l’effondrement économique mondial de 2007 démontre que les révolutions sociales sont loin d’être dépassées et sont même l’avenir de l’humanité !
Le prolétariat doit mener sa propre politique
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5667
Les travailleurs doivent gouverner eux-mêmes
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5314
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6004
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2962
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1900
L’organisation des conseils du peuple travailleur est la seule issue révolutionnaire
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2306
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1899
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6773
Messages
1. Le prolétariat ne s’en sortira pas sans se donner une boussole de classe en politique, 30 avril, 05:33, par Laura
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Dans « Mémoires d’une survivante », Dorris Lessing raconte la vie après le début de la chute du système capitaliste en Angleterre :
« Même à ce stade tardif, il restait un niveau de notre société qui parvenait à vivre encore comme s’il ne se passait pas grand-chose – rien d’irréparable. La classe dirigeante – mais on prétendait qu’il s’agissait d’une expression périmée ; bon, alors les gens qui dirigeaient des choses, qui administraient, qui siégeaient dans des conseils et des commissions, qui prenaient des décisions. Qui parlaient. La bureaucratie. Une bureaucratie internationale… La classe sociale la plus favorisée s’efforce toujours de maintenir chez elle-même, et le plus longtemps possible chez les autres, une illusion de sécurité, de permanence, d’ordre… Le mécanisme le plus puissant, au début, pour le maintien d’une société, et ensuite pour son sapement, son pourrissement, son effondrement… Dans une certaine mesure, tout le monde jouait un rôle dans cette conspiration visant à faire croire qu’il ne se passait rien de grave… et que bientôt tout se renverserait et hop on retournerait au bon vieux temps… »
2. Le prolétariat ne s’en sortira pas sans se donner une boussole de classe en politique, 3 mai, 05:25, par Frédéric
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Chers amis,
Je vous écrit pour rappeler un point qui me semble crucial.
La première des boussoles politiques des travailleurs révolutionnaires, c’est l’organisation dans toutes les luttes, petites et grandes, de comités, de conseils, par l’élection de délégués de lutte élus et révocables et la propagande pour le pouvoir de ces organisations fondées au cours de la lutte, leur fédération, leur prise du pouvoir...
Merci d’avoir souligné ce point essentiel !