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Libération des femmes et libération sociale

vendredi 12 décembre 2008, par Robert Paris

Léon Trotsky : Lettre à un rassemblement de femmes travailleuses à Moscou (1923)

[Cette lettre était publiée dans la Pravda, le 28 novembre 1923. Elle a été traduite en anglais et a paru dans la collection « Women and the Family » (Pathfinder Press, 1970)

Le problème de l’émancipation matérielle et spirituelle des femmes est étroitement lié à celui de la transformation de la vie familiale. Il faut enlever les barres des cages étouffantes et limitantes à l’intérieur desquelles la femme est chassée par la structure familiale actuelle, devenant ainsi une esclave, sinon une bête de somme. Ceci ne peut être accompli que par l’organisation des méthodes communales d’alimentation et de soins d’enfant.

Cette voie ne sera pas courte : il faut des ressources matérielles ; une volonté ferme, la connaissance et des efforts seront aussi nécessaires.

Il y a deux voies qui mènent à la transformation de la vie quotidienne : celle d’en haut et celle d’en bas. La voie « d’en bas » est celle qui lie les ressources et les efforts des familles individuelles. C’est la voie de la création des unités familiales élargies, dotées de cuisines et de laveries etc en commun. La voie “d’en haut” est celle de l’initiative d’Etat ou des soviets locaux à l’égard de la construction des logements ouvriers groupés et des restaurants, des laveries et des crèches communaux. Dans un Etat ouvrier et paysan, il ne peut avoir de contradiction entre ces deux voies ; l’une devrait complimenter l’autre. Les efforts de l’Etat ne meneraient nulle part sans la lutte indépendante de la part des familles ouvrières pour une nouvelle mode de vie. Mais sans les conseils et l’aide des soviets locaux et des autorités de l’Etat, même les initiatives les plus énergétiques de la part des familles ouvrières individuelles ne pourraient mener à des réussites importantes. Le travail doit se faire de façon simultanée, d’en haut et d’en bas.

Un obstacle sur cette voie, comme sur d’autres, est celui du manque de ressources matérielles. Mais cela n’implique que le succès va prendre plus de temps qu’on aurait souhaité. Il serait complètement inadmissible de prendre la pauvreté comme prétexte et de balayer la question de la construction d’une nouvelle type de vie.

Malheureusement, l’inertie et l’habitude constituent une force conséquente. L’habitude, aveugle et stupide, est la plus forte dans le domaine de la vie intérieure de la famille, sombre et cachée. Et qui est d’abord appelé à lutter contre la situation barbare de la famille sinon la femme révolutionnaire ? Par cela je ne veux pas dire que les travailleurs conscients n’ont pas de responsabilité à travailler pour la transformation des formes économiques de la vie familiale, et d’abord les formes d’alimentation, de soins d’enfants et d’éducation. Mais ceux qui combattent avec le plus d’énergie et de façon la plus conséquente pour le nouveau sont ceux qui souffrent le plus de l’ancien. Et dans la situation familiale actuelle, celui qui souffre le plus est la femme - l’épouse et la mère.

C’est pour cela que la femme communiste prolétarienne - et, derrière elle, toute femme consciente - devrait diriger une partie importante de sa force et son activité vers la tâche de la transformation de notre vie quotidienne. Si notre état arriéré économique et culturel crée maintes de difficultés et nous permet d’avancer que lentement sur cette voie, il est pourtant nécessaire que l’opinion publique collective de toutes les femmes travailleuses soient transformée en pression pour que tout ce qui est possible soit fait, étant donné nos forces et nos ressources actuelles.

C’est seulement ainsi que nous pourrons ouvrir la porte du royaume du socialisme à la femme travailleuse la plus arriérée et confuse, et après elle, la paysanne.

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Messages

  • Le mouvement des femmes prolétaires est de toute évidence étroitement et indissolublement lié au reste du mouvement ouvrier dont il est une partie constituante et organique. Nous commettrions la même erreur que les féministes si nous nous obstinions à nier la différence entre les femmes et hommes du prolétariat, si nous affirmions tout simplement qu’ayant un seul et même but - le communisme - ils seraient, du fait de leurs intérêts de classe communs, en parfait accord et en parfaite harmonie

    A.kollntai

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