Du scandale de Notre-Dame de Bétharram à la guerre en Ukraine : de nouveaux scandales de Panama (1892) au programme !

Du scandale de Notre-Dame de Bétharram à la guerre en Ukraine : de nouveaux scandales de Panama (1892) au programme !

France, le soi-disant pays symbole de la démocratie, celui de la grande révolution de 1789, est moins que jamais celui de liberté, égalité, fraternité ! Un pays où liberté et démocratie sont plus une comédie et une hypocrisie qu’autre chose. Un système électoral défaillant

Une police qui commet des exactions.

L’argent public est donné en cadeau au grand capital.

L’extrême droite monte et les autres courants politiques convergent vers elle.

Les licenciements se multiplient . L’hôpital public est à l’agonie. L’université et la recherche sont suspendus dans le vide.

L’affaire des violences à Notre-Dame de Bétharram : un nouveau Panama ?

Les syndicats et l’extrême gauche n’accordent que peu d’importance à l’affaire Bétharram, la rangeant tout au plus au rang d’un scandale politicien. Le scandale de Panama, qui toucha la bourgeoisie française en 1892, même année que le scandale de la Banca Romana en Italie, fut par contre envisagé par Engels comme une situation révolutionnaire. Avec le scandale de Panama, les marxistes français ratèrent une occasion de faire tomber la république bourgeoise. Engels écrivit à l’époque :

L’affaire du Panama, les circonstances aidant, pourrait bien devenir, pour la république bourgeoise, la même boîte de Pandore que fut, pour la monarchie de Juillet, le tiroir à dossiers d’Emile de Girardin, d’où sortit « un scandale par jour ». Tant que cela dure, il me semble que votre place sera à Paris, à la Chambre, au centre des nouvelles, pour vous mettre, et pour vous tenir, au courant de ce qui se passe et surtout de ce qui dévoile d’un jour à l’autre. Chaque nouveau fait scandaleux qui sera mis à nu sera une arme pour nous.
(...) En France, il me semble que nous sommes à nouveau presque comme en 1847 et le scandale de Panama pourrait bien faire rendre gorge à toute la cochonnerie bourgeoise. Cela dépasse aussi bien les scandales de 1847 que ceux du second Empire (...) Tu dois personnellement suivre ces affaires. En ce temps là (1847), la Presse (de Girardin) apportait tous les jours de nouvelles révélations sur quelque scandale (...) et cela a continué jusqu’à la chute de Louis-Philippe.

Le facteur des « scandales » peu connu de la révolution de 1848 n’était donc pas négligé par Engels. Bayrou croit aujourd’hui se protéger en accusant la gauche d’être dans le même bateau, comme ses homologues à l’époque. Or cette complicité qui dans un dans un premier temps empêche le scandale d’exploser, se transforme en son contraire, empêchant le scandale de ne pas exploser :

Chacun se considérait à l’abri parce que tout le monde était dans le bain. Mais c’est justement ce qui rend à présent l’étouffement impossible ; à la suite des révélations partielles, les innombrables gens qui ont reçu des pots de vin sont par suite de leur nombre même dans l’impossibilité d’exercer une action commune ; chacun se débat de son mieux pour son propre compte, et ni les paroles ni les sermons ne peuvent emp^cher un sauve-qui-peut général

Engels

Et Engels concluait que la chute de la IIIème république était à l’ordre du jour :

A mon avis c’est le commencement de la fin. La république bourgeoise et ses politiciens ne peuvent guère survivre à cette mise à nu sans précédent. Il n’y a que trois possibilités : une tentative de restauration monarchique, un autre Boulanger, ou le socialisme. La première et la seconde ne pourraient conduire qu’à la troisième, et nous pouvons donc être appelé, bien avant que notre activité nous donne le droit d’y prétendre, à entrer dans une carrière pleine de responsabilités immenses. (...) Cela fera du bien à nos Allemands de voir que les Français n’ont pas perdu leur sens historique de l’initiative.

Mais les socialistes français, dont malheureusement le plus proche de Marx et Engels, Paul Lafargue, englués dans le parlementarisme, manquèrent cette occasion :

Les socialistes doivent-ils, à la veille des élections, donner prise par leur silence au soupçon qu’ils ne valent pas mieux que les Panamitards et qu’ils ont des raisons particulières de les couvrir et d’étouffer l’affaire ? C’est bien ce qui se passe en Italie. Les deux députés élus sous l’étiquette socialiste en Romagne sont entre les mains du gouvernement, grâce aux subventions payés par celui-ci aux sociétés soi-disant coopératives, dirigées par ceux-là. Telle est l’explication de leur silence. Mais en France ? (...) ce silence inexplicable n’a pas augmenté la considération dans laquelle on tient les socialistes français à l’étranger.

Engels

L’affaire Bétharram est-elle potentiellement un nouveau Panama ? En tout cas le silence des "socialistes" d’aujourd’hui est au rendez-vous. La CGT ne mène aucune offensive politique alors que c’est sur un lieu de travail, un établissement d’enseignement que des violences sont en cause. L’extrême-gauche électorale (les NPAs, LO) n’accorde presque aucune importance à cette affaire.

Dans son hebdomadaire de cette semaine, N. Arthaud n’évoque même pas le mot d’ordre " Bayrou démission !", ou la perspective d’une grève politique de 24h en solidarité avec les enfants victimes des violences couvertes par l’Eglise et l’Etat dans le secteur de l’éducation, ne proposant à la classe ouvrière qu’un constat fataliste :

À Bétharram comme ailleurs, les institutions religieuses, les notables locaux, la « bonne société » catholique, les politiciens conservateurs, tous ces prétendus défenseurs de la famille qui disent se soucier des enfants se révèlent avant tout des défenseurs de leur milieu et permettent ainsi à la violence contre les enfants de perdurer

Lutte ouvrière 21 février

N. Arthaud est enseignante, comme l’était la majorité des candidats de Lutte Ouvrière aux dernières législatives, des crimes contre les enfants ont eu lieu dans le secteur où elle travaille, mais aucune initiative n’est à l’ordre du jour.

La guerre en Ukraine

Un autre front où l’Etat bourgeois français, notre ennemi dont la destruction est la principale tâche du prolétariat de France, est en difficulté, est celui de la guerre en Ukraine. Non pas que la politique de Trump représente un tournant fondamental. Car l’objectif de l’impérialisme états-uniens est depuis des années non pas de détruire la Russie, mais d’empêcher la liaison entre l’industrie allemande et les matières premières russes. Transformer l’Ukraine en champ de bataille est leur moyen d’empêcher l’unification de l’Europe « de l’Atlantique à l’Oural », comme le fit le Mur de Berlin. Maintenant que les USA ont réussi à créer un fossé de sang séparant l’Europe occidentale de la Russie, c’est cette Europe occidentale qui est poussée brutalement par Trump à assurer la maintenance.

Le problème posé à l’Etat français est que vis-vis de sa population, dont le soutien est nécessaire dans toute guerre, la fable d’une guerre du Bien (impérialismes d’Europe et USA) contre le Mal (impérialisme russe), est à remplacer par la fable d’une guerre du Bien (impérialismes d’Europe) contre le Mal et son nouvel ami (impérialisme russe et USA). Mais user d’une propagande simpliste pour la remplacer par une nouvelle propagande simpliste qui détruit la précédente, sans aucune transition car c’est l’impérialisme dominant des USA qui impose ce rythme, contribue à discréditer les dirigeants français. Mais seulement si le prolétariat en prend l’initiative politique. Or les confédérations syndicales (CGT, SUD) et l’extrême gauche qui s’est mise sous leur dépendance en mendiant des postes de délégués syndicaux, veulent cantonner les travailleurs dans des revendications économiques purement défensives comme l’augmentation du SMIC. De plus la défense des jeunes garçons qui ont subi les violences n’est pas à l’odre du jour pour le wokisme qui imprègne les dirigeants de ces organisations réformistes de gauche.

L’Etat bourgeois ukrainien subit également un discrédit. La fable politique qui doit en remplacer une autre est un mensonge politique d’Etat à l’oeuvre à un niveau encore plus profond car l’Ukraine est vraiment en guerre. Morts pour rien ! est le sentiment qui nourrit les mutineries de 1917. Ce sentiment grandit peut-être dans la jeunesse ukrainienne. Alors que c’est la maltraitance des enfants qui est couverte par l’Etat français à Bétharram, c’est le massacre de de la jeunesse qui est organisée par Zelenski en Ukraine. Le mécontentement pourrait aboutir au renversement du pouvoir par les ukrainiens. L’armée française sera au premier rang pour envahir ce pays à partir de la Roumanie afin d’y « maintenir l’ordre », comme en 1918-1919.

Certes on ne peut pas en prévoir tous les développements, mais ce sont des questions politiques qui se posent actuellement, de façon bien plus profonde que celle des salaires, car elles posent la question du rapport avec lui, de la vision qu’on des millions de travailleurs de leur Etat national, du rapport entre les différentes classes, de l’urgence pour eux de prendre le pouvoir.

Conclusion

Oui, la société bourgeoise est pourrissante, les révolutionnaires ont à peine besoin de le rappeler. Mais la pourriture touche aussi tous les courants réformistes et les faux révolutionnaires, qui résument la crise de l’humanité à la question du vote contre l’extrême-droite et à l’augmentation du SMIC. Or ce sont des épisodes comme ceux du scandale de Panama, peu connu des révolutionnaires eux-mêmes, qui précèderont la prochaine guerre impérialiste, comme Panama précéda 1914.

C’est seulement en prenant la tête des luttes contre l’oppression des enfants par les écoles et l’Eglise, contre le massacre de la jeunesse dans les guerres impérialistes, que la classe ouvrière gagnera le titre de classe dirigeante, à la tête de tous les exploités et opprimés ! Comme des Gilets jaunes, ce sont des personnes non dirigées par les partis qui ont fait sortir le scandale de Bétharram. Les opprimés font leur travail, que les révolutionnaires prolétarien fassent le leur dans ces scandales qui bien que n’ayant pas la forme d’un conflit de classe, posent la question de la prise du pouvoir par le prolétariat, seule issue au pourrissement de la société bourgeoise.