Accueil > 04 - Livre Quatre : HISTOIRE CONTEMPORAINE > 24- Révolte en Kabylie, puis dans toute l’Algérie - 2001 > Révolte en Kabylie, puis dans toute l’Algérie

Révolte en Kabylie, puis dans toute l’Algérie

vendredi 9 octobre 2009, par Robert Paris

SITE : Matière et Révolution

www.matierevolution.fr

Sommaire du site

Pourquoi ce site ?

Pour nous écrire, cliquez sur Répondre à cet article

Lire aussi sur le site :

La nature du « socialisme » algérien

Algérie 1988 : de l’explosion sociale au terrorisme se revendiquant de l’islamisme

Le fascisme intégriste se revendiquant de l’Islam, faux ennemi de l’impérialisme et faux ami des peuples

Actualités sociales en Algérie


SOMMAIRE
1- Quarante ans de dictature militaire, ça suffit !
2- Le caractère de la révolte d’avril 2001
3- Les limites de la coordination des archs
4- Mai-juin 2001 : occasion manquée pour une lutte d’ensemble
5- Le comité populaire de Béjaia : une politique alternative ?
6- Et la classe ouvrière ?
7- Et les femmes ?
8- La politique des partis bourgeois
et la nécessité du parti ouvrier révolutionnaire
9- La solidarité avec les victimes de l’inondation d’Alger
aurait pu unir la révolte contre le pouvoir
10- De la plate-forme d’El Kseur au plan d’urgence

Quarante ans de dictature militaire, ça suffit !

A la fin de l’année 2001, deux événements ont permis de mesurer à quel point la population algérienne hait la dictature militaire qui, par tous les moyens, s’accroche au pouvoir depuis l’indépendance : l’inondation catastrophique d’Alger en novembre et la reprise des émeutes en Kabylie début décembre. Les manifestations de jeunes des quartiers pauvres d’Alger aux cris de “ pouvoir assassin ”, accusant le pouvoir d’être responsable des 800 morts emportés par un torrent de boue ou ensevelies dans l’effondrement de leur habitat précaire, ont fait écho aux nouvelles manifestations, à nouveau violemment réprimées en Kabylie, à Tizi Ouzou ou à Béjaia.
Quelques jours après l’inondation, la population algéroise constatait qu’il y avait bien plus de forces de l’ordre mobilisées pour empêcher de nouvelles manifestations dans la capitale que pour aider les sinistrés. Et ces forces de l’ordre, invisibles lorsque les habitants cherchaient des victimes dans la boue, reprenaient quelques jours plus tard leur répression violente en Kabylie. En effet, à peine, le gouvernement avait prétendu dialoguer avec des délégués de la Kabylie que cette annonce provoquait une recrudescence de la contestation. Ces faux délégués étaient dénoncés comme traîtres par les jeunes révoltés, leurs domiciles souvent bloqués par des sit-in ou attaqués aux cris de “Le sang de nos martyrs ne se marchande pas” ou “ La plate-forme d’El Kseur (les revendications de la coordination) est non négociable ”. Le pouvoir ripostait en tirant à nouveau à balles réelles sur les manifestants et en arrêtant sélectivement des délégués jugés menaçants par le pouvoir. Nouveaux tirs à balles réelles, tabassages des jeunes détenus et arrestations de délégués n’ont fait que relancer le mouvement qui clame plus que jamais ses slogans : “ pouvoir assassin ” et “ pas de pardon ” (pour le pouvoir).
Et effectivement, le régime algérien mérite largement le qualificatif d’assassin, lui qui a envoyé son armée massacrer dans les rues et les casernes la jeunesse révoltée d’octobre 1988 (mille morts, des milliers de blessés et de torturés) semant une haine du pouvoir qui n’allait jamais cesser dans toute la population. Ce pouvoir militaire qui confisque toutes les richesses du pays a imposé des fermetures massives d’usines et un plan de licenciements impressionnant, condamnant toute la population au désespoir en imposant une misère atroce avec un niveau de vie plus bas que celui de l’époque coloniale. C’est encore lui qui, pour imposer le maintien de la dictature face à la révolte sociale de 1988, a pratiqué la politique de la terre brûlée depuis 1991, livrant le pays à un guerre civile qui a duré plus de dix ans, faisant près de deux cent mille victimes.
Le pouvoir avait à peine annoncé la fin de la guerre civile, sur la base d’une entente avec une partie des bandes armées islamistes, qu’il a réprimé dans le sang la jeunesse de Kabylie depuis les émeutes d’avril 2001, faisant plus de cent victimes parmi des jeunes manifestants désarmés. La violence en Algérie est due à la caste militaire qui refuse de quitter la place car son départ du pouvoir serait la fin de sa mainmise sur les revenus juteux du gaz et du pétrole. Sous couvert du prétendu socialisme à la Boumédienne comme du retour à la prétendue liberté économique de Chadli, sous couvert de la liberté politique et du multipartisme de 89-90, ouverture surtout pour les islamistes, puis sous la dictature féroce des généraux Nezzar et autres Lamari couverte par la lutte contre le terrorisme islamiste et enfin de la paix et de la concorde de Bouteflika, quelques soient les justifications ce sont les intérêts de la même caste militaire et de la même classe dirigeante qui ont été défendus et préservés aux dépens du peuple algérien.
Le seul sentiment que le pouvoir ait réussi à susciter, à part la peur et le désespoir, c’est la haine de l’ordre établi qui n’a cessé de se manifester par des émeutes car le peuple n’a pas d’autre moyen de s’exprimer que la rue. La répression a été incapable jusqu’à présent d’éteindre la révolte de la Kabylie. Et la Kabylie est loin d’être la seule à se manifester ainsi. Il n’y a pas de région où le peuple ne soit descendu dans la rue pour dénoncer le manque d’eau, la répartition scandaleuse des logements sociaux, l’absence de routes, d’électricité ou de santé publique.
Rien que dans la deuxième moitié de décembre, deux émeutes ont éclaté dans d’autres régions, une à la mi-décembre à Annaba pour protester contre le manque d’électricité et une autre fin décembre à Mascara suite à la mort de sept bébés lors d’une vaccination. La clique des généraux se voit reprocher tout ce qui va mal dans le pays : la corruption, le chômage, la misère, le manque d’eau. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait que cette clique a confisqué tout le pouvoir et toutes les richesses, c’est-à-dire surtout les revenus du gaz et du pétrole mais aussi tous les avantages liés à l’exercice du pouvoir. Et à nouveau, encore à Mascara, le pouvoir a fait tirer à balles de guerre sur de jeunes manifestants désarmés. Le pouvoir ne tue pas seulement en Kabylie même s’il a effectivement tout fait, par une répression provocatrice et particulièrement violente, pour créer une situation particulière dans cette région. Il espérait ainsi pouvoir en accuser des tendances indépendantistes et justifier une intervention militaire mais la révolte, qui ne revendiquait ni indépendance ni autonomie, a éclaté sur des revendications concernant tout le pays et s’est étendue au point de rendre de tels plans de répression dangereux pour le pouvoir.
S’il est nécessaire de se pencher tout particulièrement sur le mouvement en Kabylie, c’est qu’il y a pris un tour plus durable, plus organisé aussi avec la coordination interwilayas. La révolte de Kabylie, que le pouvoir n’a pu ni écraser ni décourager, peut devenir demain le point de départ d’un soulèvement de tout le pays contre la dictature. Dors et déjà, elle a représenté pour toute la population un nouvel espoir dans une situation qui ne menait qu’au désespoir une population prise entre deux feux par les forces spéciales terroristes de l’armée et par les bandes armées islamistes du FIS et du GIA. Les seules perspectives qui étaient alors avancées, par le régime comme par les partis politiques, étaient de s’entendre avec l’un ou l’autre des camps de tueurs : clan conciliateur s’entendant avec les islamistes, clan éradicateur avec le pouvoir militaire. La révolte de 2001 offre une tout autre perspective : une lutte contre le pouvoir sans compromis avec les islamistes. Et de fait, dans les révoltes qui ont éclaté aux quatre coins du pays depuis avril 2001, les islamistes ont cessé d’apparaître comme des leaders radicaux incontournables, quand ils ne sont pas apparus publiquement comme un soutien du pouvoir. Si le piège sanglant dans lequel était enfermé depuis 1990 le peuple algérien, en étau entre islamistes et pouvoir militaire, est peut-être en train d’être démasqué ou même, on l’espère, brisé, on le devra à la révolte de la jeunesse et du peuple travailleur d’avril 2001 et pas aux institutions nationales ou internationales, ni aux forces politiques classiques, que ce soit celles du pouvoir ou celles de l’opposition.

Le caractère de la révolte d’avril 2001

La révolte débutée en avril 2001 ne ressemble à rien de tout ce que l’Algérie a déjà connu comme mouvements et révoltes, que ce soit en Algérie ou en Kabylie. Ce n’est ni une reprise des mouvements culturels berbères ni une redite de l’explosion de 1988. Rien que la durée de la révolte, déjà 5 mois, en fait une lutte à part.
Ce sont les jeunes qui marquent le mouvement, des jeunes de quartiers pauvres pour l’essentiel et qui protestent contre l’impossibilité de vivre tout simplement, l’impossibilité de gagner sa vie, de se loger ou encore d’étudier, contre l’absence de dignité de cette vie qui impose à certains d’entre eux le suicide comme seule solution. Ce mouvement a un caractère social marqué tout en étant très politique et même directement dirigé contre le pouvoir. Pourtant, tous les partis politiques implantés en Kabylie ont été d’emblée mis à l’écart du mouvement. Non seulement les partis qui participent au gouvernement, des libéraux aux islamistes, mais aussi les partis traditionnels de la Kabylie, le FFS et le RCD. Rien d’étonnant pour le RCD qui participait encore au pouvoir pendant les deux premières semaines de la révolte et de la répression sanglante et est sorti du gouvernement complètement discrédité auprès des jeunes émeutiers. Le FFS, bénéficiant d’un crédit important pour être resté dans l’opposition, avait finalement accepté de participer aux institutions locales et régionales, rompant son boycott traditionnel, et démontré ainsi que ses élus se comportaient exactement comme les autres : clientélisme, coupure entre les élus et le peuple, corruption, etc… Les jeunes émeutiers ont même brûlé des locaux de ces partis quand leurs leaders, dépassés par les événements, ont lancé des appels au calme ou même prétendu que les jeunes émeutiers étaient manipulés. Les jeunes manifestants ont été hostiles aux partis politiques, n’ayant trouvé de soutien auprès d’aucun d’entre eux lors des émeutes d’avril. Par la suite, la préoccupation première de ces jeunes a été de ne pas tomber dans le piège habituel en Kabylie : la division FFS/RCD qui avait détruit le Mouvement Culturel Berbère. L’hostilité à la politique a donc été un caractère marquant du mouvement des jeunes, particularité nouvelle puisque les mouvements en Kabylie étaient au contraire traditionnellement marqués par les partis politiques.
Une autre caractéristique a été la volonté des manifestants d’éviter que des pressions puissent s’exercer sur les délégués du mouvement, les jeunes ayant le sentiment que tous les mouvements précédents avaient échoué du fait de manipulations du pouvoir. C’est ce climat politique dominant parmi les émeutiers qui va entraîner la formation de la coordination des archs et son fonctionnement.
Le mouvement est également une rupture par rapport à toute la période de la guerre civile où chaque mouvement social était freiné ou étouffé par les considérations sécuritaires, les mouvements en Kabylie comme le syndicat UGTA lié au pouvoir ayant tout fait pour éviter que la population ne descende dans la rue. Et ce mouvement des jeunes va entraîner, dans les mois suivants et dans toute l’Algérie, de nombreux milieux populaires à en faire de même sans craindre la répression. Les travailleurs qu’on licencie comme les habitants qui réclament des logements ne vont plus craindre de descendre dans la rue ou même de bloquer les routes.
Tout a commencé dans deux villages de Kabylie où les forces de gendarmerie s’en sont pris aux jeunes de façon violente. Le18 avril, l’adolescent Massinissa Guermah, lycéen de 20 ans, est exécuté de sang-froid à l’intérieur d’une gendarmerie à Béni-Douala, près de Tizi Ouzou. Criblé de 12 balles, il est mort deux jours plus tard. Le 20 avril, le ministre de l’intérieur justifie la mort du jeune Guermah en traitant la victime de voyou. Le 22 avril, suite à l’arrestation et au tabassage de trois lycéens accusés d’avoir lancé des slogans, des émeutes éclatent à Amizour, région de Béjaïa. Le 23 avril, émeutes à Beni Douala. Du 25 au 27 avril, devant des manifestations qui gagnent une grande partie de la Kabylie, les gendarmes tirent à balles réelles faisant déjà 9 morts et le 29 avril le bilan est de 29 morts. Des locaux de l’Etat sont brûlés par les manifestants mais aussi ceux du RCD et trois locaux du FFS. Les jeunes clament : “ nous avons faim, nous ne voulons plus du chômage, de la misère, du mépris et de la corruption ! ”. Si le pouvoir espérait que le mouvement prendrait un caractère identitaire proprement kabyle, c’est raté : c’est plutôt un mouvement politique et social sur des mots d’ordre qui concernent toute l’Algérie qui s’est déclenché. Un manifestant de la wilaya de Béjaia déclare à un journaliste du “ Matin ” : “ Il est faux de croire que la révolte a éclaté pour revendiquer tamazight. Nous ne voulons plus de cette malvie, de la hogra, du chômage, de la crise du logement et de la corruption ”. C’est la réaction des jeunes de Kabylie aux violences des forces de l’ordre qui a donné le ton et a touché tout le pays. Dès le début les jeunes révoltés, de très jeunes lycéens, des chômeurs, clament : “ du travail et du pain ! ”, “ il y en a marre de la misère ! ”, “ des logements ! ”, “ on n’est pas des mendiants ! ”, “ assez de corruption ! ”, “ assez du mépris (la hogra) ! ”, “ assez de marginalité, on veut la dignité ! ”, “ assez du chômage ! ”, “ pouvoir assassin ! ”, “ dehors les forces de l’ordre ! ”, “ à bas la dictature ! ”
Et loin d’arrêter le mouvement, la répression l’a étendu jour après jour à toute la Kabylie, entraînant la formation de comités des villes au plus petit des villages. Les jeunes et la population de Kabylie ne veulent pas que le mouvement s’arrête car cent jeunes seraient morts pour rien et parce que rien n’est changé. Le mouvement n’est pas victorieux, n’a pas fait reculer le pouvoir et cependant il n’est toujours pas possible aux gendarmes de sortir de leurs casernes en Kabylie car le mouvement a décrété que les gendarmes n’avaient plus le droit d’y exercer. Et le pouvoir, en s’évertuant à négocier avec des délégués kabyles, démontre qu’il craint encore le risque d’extension de la révolte à tout le pays, révolté lui aussi par la même misère, la même corruption et la même répression. Rien n’est réglé et tout est encore possible. Malgré un bilan décevant pour une telle lutte et de tels sacrifices, plus de cent morts, de milliers de blessés, le mouvement est toujours là des mois après son commencement, même s’il est plus minoritaire, plus divisé et désorienté. Ce qui fait le plus de mal au mouvement c’est l’absence de direction et de perspectives claires. La coordination des arch n’a pas incarné la direction dont le mouvement a absolument besoin.

Les limites de la coordination des archs (la CADC)

La coordination, déclarée officiellement le 8 mai à Béni Douala, est née du discrédit des partis politiques se rajoutant au discrédit encore plus grand de toutes les institutions, non seulement celles du pouvoir mais aussi celle des pouvoirs locaux, des maires et des responsables de départements. Devant le développement et la généralisation du mouvement des jeunes en Kabylie, certains adultes ont cherché comment l’aider en évitant le bain de sang et d’autres ont surtout cherché un moyen de le canaliser, soit parce qu’ils appartenaient à des forces politiques adversaires de toute révolte soit parce que, membres de couches aisées de la population, ils souhaitaient un retour rapide au calme propice aux affaires. Les hommes politiques les plus connus étant disqualifiés vu le discrédit des partis, ce sont des hommes moins connus qui ont pris le devant de la scène animant des comités locaux des quartiers dans les villes et des comités de villages. Cela a permis à des militants syndicalistes de l’université et du secteur de l’éducation de prendre les devants à Béjaia mais ailleurs c’est toutes sortes de leaders qui sont apparus avec des intentions diverses. Dans les villages, on a fait renaître le vieux système du comité des sages, l’arch, qui réunit les anciens, une solution bien peu adaptée pour représenter les jeunes et qui excluait les femmes ! Rares ont été les vraies assemblées générales permettant de réunir les habitants et les jeunes en lutte pour choisir des délégués élus et révocables comme il aurait été souhaitable. Le principe de rotation continuelle des délégués a été choisi pour que le pouvoir ne puisse pas infléchir les décisions des arch. En réalité, cela a surtout eu comme conséquence une absence de suivi des décisions et un flou intégral dans la ligne de arch, les délégués chargés d’appliquer une décision n’étant pas les mêmes que ceux qui l’avaient prises. Si nombre de délégués étaient réellement motivés par le dévouement à l’égard du mouvement, d’autres n’étaient parfois que des personnalités locales assez gonflées pour s’autoproclamer leader alors qu’ils ne jouaient aucun rôle dans la mobilisation. D’autres encore n’ont pris la tête des opérations dans leur région que pour mieux les limiter, pour calmer les jeunes soi-disant pour éviter des morts inutiles. Le 7 juin, un délégué de la coordination des arch de Tizi Ouzou déclare (cité par El Watan) : “ Nous ne pouvons pas nous permettre de rester inactifs pendant plusieurs jours en attendant la grande marche de jeudi 14 juin. Il est important d’occuper la scène si l’on ne veut pas que les jeunes le fassent à notre place, avec alors toutes les conséquences possibles. ” Quant aux institutions et aux partis politiques que les jeunes révoltés voulaient écarter, ils ont vite trouvé dans cette rotation permanente des responsables du mouvement le moyen d’envoyer comme délégués des gens à eux, moins en vue, pour infléchir la politique des arch ou éviter qu’ils en aient une. Le principal parti de Kabylie et le plus populaire, le FFS, parti social-démocrate d’Aït Ahmed, a pu ainsi à la fois déclarer que les arch étaient une création du pouvoir et avoir nombre de délégués liés à lui dans les comités. Les critiques publiques du FFS contre les arch ont permis au RCD de se dire partisan des arch et de se recréditer un peu alors que ce parti était encore au gouvernement quinze jours après le début des affrontements et ne s’en est retiré que le premier mai avec énormément de réticence ! Quant aux arch, ils ont perdu beaucoup de leur autorité à partir de juillet-août quand s’est avéré l’échec de leur seule stratégie, donner la plate-forme à la présidence, du fait du blocage du pouvoir, même si aucune structure n’est parvenue à leur ôter la vedette.
Malgré d’importantes difficultés d’organisation et de graves défauts, les arch ont cependant joué un rôle incontestable dans la coordination du mouvement, lui évitant au moins d’apparaître comme une somme d’initiatives locales. Leur principal travail a été l’organisation de grandes manifestations à Alger (en particulier celle du 14 juin qui a regroupé plus d’un million de manifestants) et la tenue de coordinations et de conclaves du mouvement. C’est au sein des comités qu’une politique pour la révolte peut d’abord être défendue et c’est qui a manqué : une politique pour l’extension à l’ensemble du pays, une politique en direction de la classe ouvrière, une politique pour l’organisation des opprimés sur tous les plans (chômeurs, squatters, femmes, jeunes, …), une politique pour unir toutes les luttes contre le pouvoir et casser toutes les divisions (entre kabyles et arabophones, entre hommes et femmes, entre jeunes et vieux, etc…).

Mai-juin 2001 : occasion manquée pour une lutte d’ensemble

Loin de se cantonner à une seule région, la révolte a touché toute l’Algérie mais cela n’a pas permis au mouvement de s’unifier et de rompre l’isolement de la Kabylie, la région la plus mobilisée et la plus victime de la répression. Cela n’a pas permis au mouvement de changer durablement le rapport de forces avec le pouvoir. Une petite chronologie montre aisément que pendant que la révolte en Kabylie était à son sommet, le reste du pays était loin d’être calme :

8 mai
Première manifestation à Batna.
9 mai
Un début de mouvement des étudiants d’Oran tournant à l’émeute et bloquant la route a été brisé dans l’oeuf par les CNS. Selon “ El Watan ”, “ Ces troubles menaçaient de s’étendre à toute la ville en ces temps où les citoyens affichent clairement leur mécontentement et leur désarroi. La situation est explosive, accentuée par une situation sociale totalement dégradée. ”
24 mai.
Explosion de la révolte dans la région du sahel, à l’est de Béjaia.
Près de 6000 manifestants à Aïn Benian (Alger) en solidarité avec la révolte.
5 juin
Deux débuts d’émeute dans le sud algérien : à Ghardaia parce qu’un policier a tabassé un petit vendeur puis à El-Menea (à 270 km du chef lieu) parce qu’un autre policier a harcelé une jeune fille.
9 juin
A Kenchela, suite à l’agression d’une femme par un sous officier, la femme a été défendue par des jeunes, et s’en est suivie une expédition punitive des militaires contre les jeunes suivie d’une émeute.
Du 10 au 12 juin.
Les émeutes se propagent à l’est et au sud du pays : Annaba, Kenchela, Qaïs, Skikda, Dira, Guelma, Biskra, M’Sila, Constantine, ..
C’est toute la jeunesse algérienne qui est en révolte contre la misère, le chômage, la hogra et la violence des forces de la dictature.
10 juin
Les jeunes investissent la rue suite à l’incident de la veille qui a fait déborder le vase. Manifestants et police anti-émeute de Kenchela, Constantine et Guelma s’affrontent. Les jeunes manifestants, pour expliquer leurs revendications, déclarent : “ ce qu’il y a à dire, les manifestants kabyles l’ont déjà dit. ”
11 juin
Kenchela connaît une émeute violente. Le siège de l’APC est incendié pour la deuxième fois. Les forces anti-émeute font une trentaine de blessés. Les émeutes s’étendent à Qaïs, une daïra à une trentaine de kilomètres de Kenchela dans la direction de Batna. Sans eau depuis 20 jours, la population d’Annaba descend dans la rue. Emeute à Dirah (Sour El Ghozlane) : le resposnable d’exploitation du gisement pétrolier est dénoncé. Les jeunes occupent la RN8. Staoueli et Aïn Benian appellent à se joindre à la manifestation de la Kabylie à Alger.
13 juin
En même temps qu’à Béjaia, les émeutes continuent dans les Aurès et dans d’autres régions (Kenchela, Oum El Bouaghi, Dhalaa, Aïn Fakroun, Batna, ...). Cependant la plate-forme d’El Kseur (départ des gendarmes de Kabylie et plan d’urgence pour la Kabylie) et la coordination des comités ne s’y étendent pas.
Les arch donnent comme perspective aux jeunes la préparation de la manifestation d’Alger trois jours plus tard, manifestation qui apparaît encore comme une manifestation de la Kabylie pour les revendications de la Kabylie alors que la lutte est générale à ce moment. Ils vont ainsi rythmer leur direction du mouvement par les marches, faute d’autre perspective et en particulier faut de perspective d’extension aux travailleurs et à tout le pays. Après en avoir exclus le sort des femmes et la liberté de la presse ...
14 juin.
Un million de manifestants à Alger manifestent à l’appel de la coordination des comités de Kabylie (CADC) et sont violemment réprimés (6 morts et 500 blessés). Des casseurs ont été commandés par le pouvoir, sortis de prison pour l’occasion ou supporters agités du club de football d’Alger agissant avec la protection de la police. Des cogneurs et tueurs islamistes de certains quartiers ont également participé à la répression contre les manifestants : des scènes de lynchage. La télévision traite les manifestants de casseurs. L’enquête prouvera ensuite que les casseurs de magasins et les pillards n’étaient pas des manifestants. Plus d’une centaine de manifestants ont été enlevés par les forces de l’ordre.
La manifestation n’a pas servi à unir différentes régions du pays. Les délégués de la Kabylie n’ont pas cherché à saisir l’occasion pour garder le contact avec des manifestants venus d’autres régions en vue de préparer une lutte d’ensemble. ils ont au contraire séparés les différents cortèges par localités soi disant par mesure de sécurité. Pourtant il y avait des manifestants venus d’Oran comme de Skikda. Mais chacun est reparti de son côté… Et ce n’est pas faute de mouvements locaux de solidarité avec la Kabylie comme ce même 14 juin où plus d’un millier de manifestants ont répondu à l’appel de la coordination démocratique d’Oran en solidarité avec la révolte.
Des familles d’Akbou squattent une vielle caserne. C’est le début d’un mouvement qui va mener à squatter les 200 logements édifiés par le CNEP en 1985 et restés inoccupés jusqu’en juin 2001 ! Les logements sociaux de Sidi Ali ont subi le même sort comme ceux de l’EPLF. Le mouvement des squatter va balayer tout le pays, susciter des solidarités spontanées sans jamais que son point d’origine, la Kabylie, ne cherche à le structurer et à l’unifier pour en faire une force contre le pouvoir. Il continue en décembre 2001 de se développer et le pouvoir le craint encore au point d’avoir reculer devant les squatter de Béjaia.
16 juin
La révolte gagne Annaba. Tout a commencé à Kharaza, à une dizaine de kilomètres d’Annaba. Des habitants ont dressé des barricades avec des pneus brûlés. Les mots d’ordre sont les mêmes que dans les autres wilayas en révolte : “ nous voulons de l’eau potable, de l’électricité, la viabilisation de nos routes. Nous en avons assez de vivre comme des sous-hommes. Nous en avons marre d’être constamment marginalisés par les autorités locales, pour la plupart des corrompus. ” C’est l’étincelle Une vague de révolte va parcourir les routes, les rues : “ A bas Bouteflika ! ”, “ A bas le pouvoir ! ” “ Non à la hogra ! ” tout en jetant des pierres. Les jeunes de Sidi Amar et Chaïba étaient suivis des jeunes chômeurs de la cité. Un jeune de 17 ans a été tué par un agent de sécurité.
Et le mouvement se propage comme une traînée de poudre à l’est du pays. A Aïn Naga (40 km au sud de Biskra), 500 jeunes bloquent la route principale. Leurs revendications l’eau, l’électricité, l’irrigation et l’assainissement agricole plus tous les ras le bol de la hogra et le départ des élus locaux. Création d’une coordination des citoyens à Kenchela qui n’aura pas de lien avec l’interwilaya de Kabylie.
17 juin
Explosion de la colère à Chebaïta Mokhtar où les sièges de l’ONM et du FLN comme le domicile du maire sont incendiés. Première révolte dans la région de Skikda : à Oum Toub, l’émeute des jeunes a brûlé de daïra et d’APC. Scènes de pillage à Tebessa.
18 juin
Les troubles gagnent l’est du pays (Tebessa, Batna, Constantine, Bir El Ater, Aïn M’lila, ...) et certaines localités du sud comme Biskra et Msila. Emeutes des jeunes à Berrahal (Annaba). Deux morts à Chréa (Tébessa), tués par le propriétaire d’un hotel. A Aîn M’lila (Oum El-Bouaghi), les fils du maire tirent sur des citoyens qui revendiquent le droit au logement. A Kenchela et Bouira, la population occupe les logements vides. Affrontements très violents à Tizi Ouzou et Béjaïa. Affrontements également à Seddouk et Akbou. Affrontements dans toute la wilaya de Bouira (dans la ville d’Aomar pour la première fois). Affrontements à Drean et de nombreuses localités d’El Tarf. Il y a déjà officiellement 56 morts et plus de 2000 blessés dans la région. Brutalités policières contre toute la population et arrestations à M’chedallah, El Asnam et Chorfa. De multiples révoltes de régions reculées ont lieu comme celle des habitants de Aïn Assel qui attaquent le président de l’APC.
19 juin
Emeutes des jeunes des quartiers pauvres à Annaba. “ El Watan ” essaie de les discréditer : “ les manifestants annabis seraient manipulés. ”. Pour le même journal, les manifestants de Tebessa sont des alcooliques à la recherche d’une beuverie et ceux Bir El Ater et Chrea des simples casseurs ! Le quotidien ne pouvant plus discréditer ainsi les manifestants de Kabylie ne se gêne pas avec ceux de l’est ! Quant au mouvement coordonné de Kabylie, il ne se veut toujours pas le début de l’organisation du mouvement de toute l’Algérie. Pourtant ça bouge partout !
A Tebessa, une marche se termine en affrontements avec les forces de l’ordre. A Oum Toub (Skikda), les sièges de l’APC et de la daïra ont été pris à partie par de jeunes manifestants. Emeutes dans la wilaya de Skikda, à Salah Bouchaour et à El Harrouch. Emeutes violentes à Bouira. Emeutes à Frikat (Draa El Mizan), à Akbou, Bordj Mira, Ouzellaguen et Sidi Aïch. Révolte des jeunes pauvres d’Amoucha (Sétif).
Manifestation violente des jeunes à Batna avec de nombreux dégâts.
20 juin
La révolte atteint les portes de Constantine : Teleghma (Mila) s’est embrasée (émeutes et destructions).
Manifestations à Chlef. Emeute contre le chômage et pour le problème de l’eau à Aïn Touta. De nombreux édifices détruits. Violents affrontements et destructions à Batna. Les habitants de Oued Fregha (Guelma) sont sortis dans la rue suite à la publication de la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Emeutes et incendies d’édifices publics à Annaba. A Aïn M’lila (Oum El-Bouaghi), des citoyens ont squatté près de 1000 logements. Des proches du président de l’APC ont tiré sur la foule. A Aïn Zerga (petite commune à 30 km de Tebessa), deux jours d’émeutes non stop. Affrontements avec les brigades anti-émeutes à Barika (sud ouest de Batna). Manifestations à Bouira, Kenchela. Emeutes dans les communes de la wilaya de Bouira. Des milliers de manifestants à Bordj Menaïel (Boumerdès). Les émeutes s’étendent à Guenzet (70 km au nord-ouest de Sétif) où le siège de l’APC, celui de la daïra et la brigade de gendarmerie ont été incendiés.
Bouteflika, en visite dans le sud où il dénonce à nouveau “ un complot de l’étranger ”, est accueilli à Djanet par une manifestation de jeunes et contraint de recevoir une pétition des jeunes à Illizi mais ces jeunes n’auront pas le droit de prendre la parole au meeting.. Bouteflika déclare parlant des islamistes manipulés par le pouvoir : “ je salue l’attitude du peuple d’Alger qui a soutenu les forces de l’ordre en s’opposant aux casseurs. ” D’autres jeunes ont saccagé des édifices publics dans des communes du sud comme à Aïn Salah. Manifestation devant l’ENTV contre la manipulation télévisée. Marche des citoyens et remise d’une plate-forme de revendications à Tiaret. Seize associations de Relizane (Oran) appellent à manifester contre la dégradation sociale et la hogra, malgré l’interdiction du wali.
Le MSP de Nahnah appelle à constituer des comités de vigilance contre les émeutiers pour “ défendre les biens ”. Les islamistes de gouvernement ont choisi leur camp.
21 juin
Manifestations violemment réprimées à Draä El-Mizan (2 morts) et à Boghni. Emeutes des jeunes de Sétif et Biskra. Arrestations de jeunes émeutiers à Bouira. Manifestation des citoyens de Staoueli vers le club des pins bloquée par la CNS et transformée en sit-in. Ils réclament l’ouverture de la plage aux riverains (plage qui leur est interdite depuis cinq ans).
22 juin
Appel des comités de Kabylie à la mise en quarantaine des forces de l’ordre.
Emeutes à Annaba et incendies dans différents endroits de la ville.
23 juin
Grogne dans la police en poste en Kabylie. Des gendarmes demandent leur déplacement.
7 au 10 juillet
Affrontements de guerre civile entre les émeutiers et la brigade de gendarmerie à El Kseur.
Dans la région d’Oran, à Bir El Djir, Bethouia, El Ançor, Es Sénia, Aïn Turk, multiplication des associations de citoyens qui contestent, manifestent devant les APC, y imposent parfois leur présence. A Oran, un collectif de femmes mal logées exige la transparence dans la distribution des logements sociaux.
10 juillet
Loin de radicaliser les positions des délégués de la Kabylie, ces possibilités de débordement au delà des limites régionales et les risques sérieux qui en résultent pour le pouvoir ne font que les calmer. Une division se produit au sein des arch sur la question du dialogue avec le pouvoir. Certains délégués reposent sans cesse la question, toujours rejetée par la majorité tant que la plate-forme d’El Kseur est refusée par le pouvoir.
Les commerçants de Béjaia ont obtenu des comités de quartiers qu’ils interviennent pour calmer les affrontements à Tizi Ouzou. Le wali d’Alger, l’ex-ministre Nourani affirme que les mouvements contestataires engagés à propos des distributions de logements sociaux sont “ provoqués et manipulés ”. Par qui ? Selon lui, par la maffia de l’immobilier ! Pourtant, il affirme pour désamorcer le mécontenetement montant à Alger, qu’il a annulé les listes, demandé des enquêtes pour identifier les bénéficiaires légitimes (tiens donc les illégitimes allaient donc être servis !) et va examiner tous les recours. Que de précautions pour que la révolte ne gagne pas la capitale. Combien les manifestants kabyles gagneraient à connaître l’objet des inquiétudes des “ décideurs ” d’Alger... pour trouver moyen de s’unir avec eux !
22 juillet
Le wali a cependant été pris à partie par les habitants de Dar-El Kef qui veulent lui montrer comment ils logent dans des toilettes et comment on prétend résoudre leur problème en leur proposant un F2 pour loger à 11 ! En fait, à l’exemple de Dar El Kef, c’est 38 cités d’habitation de la capitale où les habitants logent en moyenne à plus de dix pour 20 mètres carrés ! Et encore, il y a pire : les plus démunis hantent plus de 25 000 gourbis que le wali d’Alger compte éradiquer avant la fin de l’année sans que l’on sache où il va donc leur dire d’errer... Oui, il y a bien là une bombe potentielle dans la capitale. Le mouvement des squatters démarré lui aussi en Kabylie peut s’en faire le porte drapeau mais qui défendra cette politique ? Personne ?
Et la capitale et la wilaya sont également victime au même moment des interminables coupures d’eau ! Sans parler bien entendu de la misère et du chômage, notamment celui des jeunes. Pourtant la jonction n’a pas eu lieu.
4 août
La colère éclate dans plusieurs régions, notamment à l’est, dans les région de Constantine, Oum El Bouaghi, Collo, Guelma et Biskra. Les APC de Guelma, Sétif, Oum El Bouaghi et Constantine sont assiégées par des citoyens. A Constantine des citoyens s’assemblent tous les jours devant le siège de la wilaya pour protester contre les attributions injustes de logements. Les habitants de Stah Mansourah, un bidonville très ancien, se mettent en mouvement. Dans tout le pays des citoyens s’assemblent devant les APC, s’attaquent aux élus locaux corrompus, bloquent les routes. Les revendications sont partout les mêmes : départ des présidents d’APC, eau, logement, transparence de la gestion.
8 août
La marche de la CADC à Alger, visant à perturber le festival mondial de la jeunesse, où le pouvoir voulait se faire passer pour un défenseur de la jeunesse du tiers monde, a été violemment réprimée dans un capitale entièrement barricadée, occupée par les forces de l’ordre, la plupart des manifestants n’ayant pas pu quitter la Kabylie du fait des barrages. Près de 200 arrestations à Alger. Cependant, au rassemblement à Alger, présence de comités de quartier d’Alger, d’organisations solidaires comme CNOT, Association solidarité femmes, RAFAL, militants d’autres régions, etc... Mais les délégués de la Kabylie n’organisent toujours pas méthodiquement la liaison avec les autres régions.
Les dirigeants du mouvement n’ont cessé de répéter aux manifestants kabyles qu’ils sont seuls, que le reste de l’Algérie ne les entend pas, ne les comprend pas. mais ils se sont bien gardés par préjugés ou parce qu’ils défendaient consciemment d’autres intérêts pour certains d’entre eux, de “ comprendre ” ce qui aurait pu unir en une seule révolte tout le peuple algérien.
8 septembre
Une des principales opérations de diversion et de division : Ferhat Mehenni, dirigeant du MCB rassemblement national, lance le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK). Il considère que les “ les marches sont d’une utilité relative ” et que les grèves générales s’avèrent nuisibles pour les petits commerçants ”, il préconise “ l’attente de la Kabylie ”.
Aujourd’hui, certains voudraient une nouvelle fois entraîner les peuples dans une fausse unité : celle sur une base régionale et culturelle avec les appels de Ferhat M’Henni à l’autonomie de la Kabylie et ceux de Saïd Sâdi à la régionalisation de l’Algérie. Les deux visent à faire croire à la jeunesse kabyle qu’elle est isolée et doit mener séparément un combat pour des objectifs qui la concernent seule. Certains vont même jusqu’à laisser entendre clairement que les Kabyles doivent non seulement se battre contre la dictature mais aussi contre les autres Algériens. Rien ne pouvait rendre plus service au pouvoir. De tels appels contribuent à souder la population arabophone autour du pouvoir qui peut ainsi se faire passer pour le principal défenseur de l’unité nationale. Les islamistes ne pouvaient trouver eux aussi meilleure justification que les déclarations des régionalistes. De tels appels ont également pour effet de donner de faux ennemis aux jeunes révoltés mais aussi de faux amis : la bourgeoisie kabyle.
Ferhat Mehenni déclarait pourtant le 30 avril au journal français “ le Figaro ” : “ les Algériens doivent nous manifester leur solidarité pour briser notre isolement . (..) Je crains que l’indifférence n’accentue le sentiment d’abandon, et que les jeunes manifestants ne se cherchent une issue contraire à notre profond attachement à l’ensemble national. ” C’était avant de rentrer en Algérie et depuis il a bien changé de discours pour pouvoir jouer enfin le rôle personnel auquel il tient !
Que ce soit au nom de l’unité nationale, au nom de l’islamisme ou au nom du régionalisme, on nous pousse vers des impasses sanglantes. Que ce soit sous un drapeau ou un autre, on nous tient le même discours qui consiste à dire aux pauvres, aux exploités, aux opprimés qu’ils doivent s’unir avec des oppresseurs, qu’ils soient de la même nationalité, de la même religion ou de la même région. Tous prétendant que l’ennemi des pauvres, des travailleurs, des jeunes, c’est d’autres pauvres, d’autres travailleurs et d’autres jeunes.
La seule véritable unité, c’est celle des opprimés en lutte contre leurs oppresseurs, c’est celle des travailleurs contre les privilégiés. C’est celle qui devrait unir les jeunes qui clamaient “ des logements, du travail et de la dignité ” aux travailleurs des villes et des campagnes, des usines et des villages qui ne revendiquent pas autre chose et qui ont les mêmes intérêts et les mêmes ennemis.

Le comité populaire de Béjaia

Une ville importante pour la révolte, Béjaia, a été organisée sur d’autres bases car, dès le début, ce sont des syndicalistes liés à des militants politiques du PST, d’extrême-gauche, qui ont appuyé le mouvement des jeunes et ont cherché à l’organiser. Ont-ils été le drapeau permettant au moins à la lutte des opprimés de toute l’Algérie d’avoir un vrai drapeau, de vraies perspectives ? Examinons le au fil des événements.

4 mai
Béjaia réunit universitaires, représentants des associations, des syndicats et des enseignants pour préparer une manifestation de soutien aux jeunes révoltés. Ce sont les premiers à le faire de façon organisée et générale. C’est l’origine du comité populaire qui regroupera quartiers, syndicalistes et villages alentour.
7 mai
Un rassemblement massif a lieu à Béjaia à l’appel de la “ Coordination communauté-société civile ”.
Manifestation de nuit à Béjaia d’un millier de jeunes. Les actions à Béjaia représentent une démonstration de force impressionnante.
27 mai
Manifestation imposante : 500 000 manifestants à Béjaïa venant de toute la wilaya.
13 juin
Désaccord entre Tizi Ouzou et Béjaia sur la plate-forme, le second comité voulant maintenir l’abrogation du code de la famille notamment. Dès le début Tizi Ouzou accuse Béjaia de connotation “ partisane ”. La calomnie ira loin...
20 juin
Le comité populaire de Béjaia appelle à une coordination nationale du mouvement.
23 juin
La coordination interwilayas, réunie à Béjaia, décide que la manifestation d’Alger du 5 juillet, sera une manifestation de délégués pour éviter les risques de violence et débordements et ne pas donner de prétexte à la violence du pouvoir. Ils espèrent ainsi porter pacifiquement la plate-forme du mouvement à la présidence.
Cette proposition ainsi que d’autres ont fait débat avec opposition de point de vue entre les délégations de Tizi Ouzou et de Béjaia. Les délégués de Tizi Ouzou commencent à dénoncer la présence de syndicalistes et de membres du CNES (enseignement supérieur) dans le comité de Béjaia. Des commerçants organisés à l’Union Générale des Commerçants et Artisans, des juristes, journalistes ou avocats à leur association des juristes et des haut cadres, eux aussi organisés dénient aux travailleurs le droit de participer aux délégations des comités s’ils sont dans des syndicats de salariés ! Est-ce là le moyen trouvé pour gagner au mouvement la classe ouvrière d’Algérie justement en ébullition au même moment ?
11 juillet
Le comité populaire de Béjaia lance le débat sur l’avenir du mouvement
14 et 15 juillet
Journées de réflexions et d’études sur le mouvement, organisées par le comité de Béjaia. Confrontation entre les syndicalistes et les délégués communaux.
Au comité de Béjaia, débats houleux sur les perspectives, l’organisation et l’enrichissement de la plate-forme entre les 81 délégués représentant 37 communes (sur 52 que compte la wilaya) et 20 syndicalistes du SETE, du CNES, du SATEF et du syndicat de la santé.
17 juillet
Scission du comité populaire de Béjaia orchestrée par ceux qui veulent un mouvement beaucoup plus modéré, sans participation de syndicalistes ni de l’extrême-gauche. Ils forment une “ coordination intercommunale de Béjaia ”. Tout cela au nom de l’unité du mouvement !
23 juillet
La coordination intercommunale de Béjaia, qui a créé la division en scissionnant le comité populaire de Béjaia en prétextant des “ influences partisanes et syndicales ”, refuse de participer à l’interwilaya tenue à Sétif et un de ses membres déclare au journal Liberté : “ Nous ne sommes pas des généraux sans troupes comme ces syndicats. Nous sommes des délégués de villages. Nous avons une assise. ” Les calomnies vont bon train contre l’extrême-gauche : “ il est inacceptable aujourd’hui pour nous de laisser des gens qui symbolisent chacun dans son domaine (école, université, usine, institutions, ...) l’échec et la faillite de notre chère Algérie de prendre en charge les revendications citoyennes ” ou encore “ comment se fait-il qu’à chaque fois qu’ils organisent une réunion les autorité suprêmes de la wilaya pointent leur nez ? ” ou “ ces sinistres individus renient leur appartenance à une partie de la gauche radicale qui travaille et sert les intérêts de certains cercles du pouvoir maffieux ”. Tout cela diffusé par “ la tribune ” qui relève en même temps “ le caractère responsable ” du FFS ..., lequel a visiblement décidé que la guerre est lancée contre l’extrême-gauche, les syndicalistes et le comité populaire de Béjaia plus que contre le pouvoir !
25 juillet
Pour contrer la manifestation du comité populaire de Béjaia, marche à Béjaia de “ l’intercommunale ” soutenue par tous les partis bourgeois.
7 septembre
Déclaration d’un délégué lors du comité populaire de la wilaya de Béjaia : “ Personnellement, je ne suis pas prêt à activer uniquement avec Béjaia et Tizi Ouzou. Il faut aller au pays profond et constater toutes les possibilités d’élargissement du mouvement. Les populations de Biskra, Chelgoum Laïd, El Eulma, Aïn Azel, Aïn Oulmane ainsi que celle de la ville même de Sétif ne demandent qu’à faire la jonction avec la Kabylie autour de revendications communes. ”
26 septembre
Le comité populaire de Béjaia, mis à l’écart des archs du fait de la participation de syndicalistes, en but aux calomnies de la coordination intercommunale et particulièrement du FFS, a décidé d’une manifestation et d’un meeting où ils réclament la juste répartition des 700 milliards alloués à la wilaya.
27 septembre
Conclave de Fréha des archs. Exclusion du conclave du comité populaire de Béjaia, le CPWB.. La coordination de Tizi Ouzou qui a le plus bataillé pour que le comité populaire soit exclus s’oppose à toutes les propositions lors du conclave : marche d’Alger, marches locales et grève générale du 5 octobre.
15 octobre
La coordination des quartiers et villages de Tizi Ouzou se divise en deux (et peut-être en trois). Elle venait de décider le gel de toute activité sur le territoire de la commune de Tizi Ouzou contrairement aux décisions du conclave de l’interwilaya du 14 octobre. L’hostilité au mouvement de certains délégués se dévoile maintenant qu’ils jugent le mouvement suffisamment affaibli pour le lâcher. Contrairement à ce qui avait été décidé au conclave de l’interwilayas, les archs de la wilaya de Tizi Ouzou ont décidé de ne mener aucune action aux sièges des assemblées locales.

Le simple fait que des syndicalistes organisent la protesta à Béjaia a dévoilé toute l’hostilité des prétendus leaders du mouvement, très hostiles à la classe ouvrière et qui sont de bien mauvais représentants des jeunes chômeurs initiateurs de la révolte. Mais cela n’a pas suffi à donner au mouvement un autre drapeau ou même à permettre une prise de conscience qu’une autre politique serait possible. Même si cela a suffi au pouvoir pour désigner l’extrême-gauche du doigt, même si cela a provoqué l’exclusion par la coordination du comité populaire, cela ne signifie pas que dans les faits, le comité populaire de Béjaia n’ait réalisé d’avantage la liaison avec la classe ouvrière ou avec les autres régions que les arch n’ont pas voulu. L’extrême-gauche a su ici ou là se lier à des syndicalistes, et surtout à la jeunesse, en participant à sa révolte. Mais il lui manque une politique qui ne se calque pas sur le seul milieu enseignant de gauche mais qui cherche aussi ses appuis dans la classe ouvrière, qui lui permette un jour de contester sa direction à l’UGTA. Il y a encore du chemin à parcourir. C’est l’avenir qui dira si ces militants seront capables d’être une direction révolutionnaire comme les opprimés d’Algérie ont besoin ou seulement “ une gauche radicale ” ce qui ne changerait rien de fondamental au jeu politicien classique et surtout laisserait en place la dictature militaire et la dictature sociale.

Et la classe ouvrière ?

La classe ouvrière apparaît comme la grande absente du mouvement. Pourtant elle est loin d’avoir été passive sur ses propres problèmes et rien n’a été fait par une organisation ou par la coordination pour lier les deux luttes. La classe ouvrière a eu, elle-même, à subir la violence du pouvoir. La répression féroce contre les manifestants désarmés de Kabylie rappelle celle réalisée par le Groupement d’intervention rapide avec tir de lacrymogènes et tirs à balle contre les ouvriers d’Alfasid (Sider) du complexe El Hadjar qui manifestaient le 16 mai 2000 contre le non-paiement de leur salaires et les licenciements.
Le mouvement en Kabylie ne lance aucun signe clair en direction de la classe ouvrière. Il n’y a pas de liaison volontaire (aucune force politique ou sociale organisée ne la souhaite) ou spontanée entre la révolte et la classe ouvrière. Pourtant l’urgence serait de s’adresser, au travers des travailleurs de Kabylie, aux ouvriers des régions arabophones qui sont la clef pour faire reculer et même abattre le régime. Cette liaison entre ouvriers et révolte des jeunes chômeurs n’est pas théorique. La classe ouvrière est frappée par la misère, les bas salaires, les salaires impayés et les nouvelles menaces de licenciements. Les privatisations menacent de nouveau les ouvriers d’Alfasid et d’autres entreprises du secteur publique. Des travailleurs de la SNTF sont en lutte depuis plus d’un mois contre l’administration et leurs propres chefs syndicaux, et bien des travailleurs des métallos de Rouiba aux sidérurgiques de Skikda mettent en cause les sacrifices pour la classe ouvrière et sont retenus par la direction de l’UGTA qui craindrait comme la peste cette jonction jeunes/ouvriers, celle qu’elle est parvenue si difficilement à éviter en 1988, sauvant ainsi le pouvoir militaire.

24 avril
Suite à un mouvement de grève dans l’Entreprise nationale de grands travaux pétroliers, la direction a qualifié l’arrêt de travail d’illégal et mis immédiatement à pied pour quatre jours trois cent travailleurs dont seize syndicalistes.
9 mai
Le gouvernement adopte la loi minière qui permettra aux privés, nationaux et étrangers, d’exploiter les mines. De façon contradictoire, le ministère précise que l’article 17 de la Constitution n’est pas abrogé, c’est-à-dire que “ toutes les richesses du sous-sol appartiennent à la collectivité ”. Contradictoire ou prudent ?
22 mai
Mouvements de mécontentement à Jijel à l’annonce des listes de bénéficiaires de logements sociaux.
Cent mille travailleurs ont fait grève dans soixante entreprises de 32 wilayas, dans les secteurs de la sidérurgie, de la mécanique, de l’électricité, de la métallurgie et de l’électronique. Motif : la solidarité avec Alfasid en grève, les salaires impayés et surtout les projets de privatisation avec menaces de licenciements. Une fois encore, l’UGTA a mesuré qu’il fallait engager une petite action pour conserver la direction devant le mécontentement. “ Nous sommes de bons stratèges ” a déclaré Sidi Saïd. A Rouiba où Sidi Saïd s’est déplacé, les travailleurs ont fait une manifestation en faveur des salariés d’Alfasid en grève. A Constantine, plus de 5000 ouvriers ont observé un arrêt de travail. Après la marche des sidérurgistes à l’intérieur d’El Hadjar (décision de ne pas sortir prise par les dirigeants syndicalistes), le conseil syndical d’Alfasid appelle les travailleurs de Sider en grève depuis 5 jours à la reprise du travail. Sidi Saïd déclare : “ c’est un problème réglé ”.
Bien sûr, la direction de l’UGTA, courroie de transmission du pouvoir, n’a fait aucun geste pour relier la lutte des travailleurs à la révolte mais de son côté la direction du mouvement en Kabylie ne fait non plus aucun geste en direction des travailleurs en lutte.
Cependant à partir du 22 mai, après que l’UGTA ait calmé les luttes ouvrières, les mouvements sociaux vont se multiplier sous diverses formes : squatt d’appartements, mise en cause des APC, mouvements de salariés licenciés ou non payés, actions des villages reculés et cités misérables, remise en cause des listes d’appartements en location-vente, etc...
14 juin
A Béjaïa, le mouvement s’est étendu à certaines entreprises : Béjaïa-Emballage (jute), ENIP (pétrochimie) notamment.. Les travailleurs de Béjaia Emballage ont dû dresser des barricades.
14 juillet

Nouveau projet de loi sur la fin du monopole de la Sonatrach dans les hydrocarbures inquiète les travailleurs.
Alors que des travailleurs et des syndicalistes de filliales de Sider sont inquiets ou hostiles à la reprise par Ispar, trust indien, d’une partie de Sider qui les laisse sur le carreau, le secrétaire général du syndicat UGTA d’Alfasid déclare : “ au nom du bureau syndical d’Alfasid, je tiens à exprimer notre accord à 100% avec l’engagement du groupe Sider dans le contrat avec la firme Ispat. ”
17 juillet
Remous à El Hadjar sur l’accord avec Ispat qui, pour 240 millions de dollars, brade le complexe sidérurgique évalué en 1998 à 5 milliards de dollars et dans lequel bien des secteurs ne seront pas repris ou n ”aurons aucune garantie d’emploi !
En même temps, la nouvelle mouture du projet de loi sur les hydrocarbures ouvre toujours autant de menaces pour les salariés et pour les ressources du pays. Hors au cas où ces ressources seraient totalement bradées, il ne resterait plus que la misère à partager entre les 30 millions d’Algériens même si les plus riches étaient remerciés à prix d’or par les pays riches.
Là non plus les inquiétudes brûlantes de la classe ouvrière qui concernent pourtant toute la population n’ont pas trouvé leur jonction avec la révolte.
22 Juillet
Bilan social officiel du 1er semestre 2001 : 109 grèves, 273.000 nouveaux chômeurs chaque année :
25 Juillet
Grève générale à la SNVI de Rouiba : les 3500 salariés demandent une augmentation de 1 500 DA. Le mouvement de contestation, déclenchée lundi dernier par les 3 500 travailleurs du Complexe des véhicules industriels (CVI), a vite fait de gagner l’ensemble des unités (encore 8000 salariés malgré les 5000 suppressions de postes de ces dernières années) pour soutenir les revendications d’ordre principalement salarial. Il faut noter cependant qu’au départ, le mouvement de grève a pris naissance hors cadre syndical.
26 juillet
Après avoir arraché une augmentation salariale, c’est la reprise du travail à la SNVI de Rouiba
Il est remarquable que le pouvoir cède aussi vite à une grève pour les salaires. Cela témoigne combien serait efficace une action d’ensemble des travailleurs à ce moment et combien le pouvoir peut la craindre. Loin d’aller dans ce sens, Sidi Saïd, secrétaire général de l’UGTA se félicite du dialogue fructueux et responsable avec le Président de la République.
20 août
Les travailleurs de SNVI (Rouiba) se sentent menacés par des nouveaux licenciements (déjà plus 4000 travailleurs en ont été virés) et se préparent à réagir. C’est seulement le 28 août que, devant la réaction ouvrière attendue, le ministre de la participation et de la coordination des réformes écartera à la télévision “ toute idée de licenciement des travailleurs. ” dans l’intervalle, l’occasion pour le mouvement de se dire solidaire des travailleurs menacés sera complètement manquée par la protesta, la coordination n’ayant nullement l’intention de se lier au mouvement ouvrier.
1er septembre
Le complexe El Hadjar est toujours à l’arrêt depuis le 27 août par manque de minerai. Cela résulte des tractations entre Ferphos, Sider et le repreneur indien Ispat de Sider. Les travailleurs sont menacés par les salaires impayés mais encore une fois dans leurs emplois. A noter que cette occasion n’est pas d’avantage saisie par la protesta pour se lier aux travailleurs. Quant aux syndicalistes, ils laissent le conflit prendre l’allure d’une opposition entre salariés de Ferphos et salariés de Sider ! ...

Comme on le voit, au plus fort de la révolte, les occasions n’ont pas manqué pour celle-ci de montrer sa solidarité avec les travailleurs menacés par des privatisations et des licenciements et, du coup, de les mettre de son côté. Le pouvoir, lui, a senti qu’il y avait là un danger. Effectivement la liaison avec la classe ouvrière serait une force considérable pour le mouvement, la menace brandie contre les généraux de leur couper les revenus du gaz et du pétrole. Mais telle n’était nullement la politique des arch. Loin de chercher la liaison avec les travailleurs, les arch ont démontré leur hostilité en expulsant de la coordination les syndicalistes. Nombre d’entre eux propagent même le mythe d’une classe ouvrière – identifiée avec les dirigeants de l’UGTA - qui serait privilégiée et bénéficiant du largesses du pouvoir depuis l’époque du “ socialisme ”. Il faudrait, au contraire, que le mouvement soit capable de défendre une plate-forme dans laquelle se reconnaissent les travailleurs avec notamment la garantie des emplois, l’arrêt des privatisations, le paiement des arriérés de salaires, les logements sociaux.
Ce n’est ni la bourgeoisie, même celle opposée au pouvoir, ni la petite bourgeoisie dite démocratique qui peuvent permettre au mouvement de triompher. C’est la classe ouvrière. Mais elle ne peut jouer ce rôle que si elle-même en est consciente, si elle comprend comment dans la révolte elle pourra mieux défendre ses propres revendications, son salaire, son emploi, son logement, l’éducation de ses enfants qu’en suivant les stratégies des dirigeants de l’UGTA liés au pouvoir.
Cette conscience nécessite que des militants ouvriers fassent leur une telle politique et la défende aussi bien dans les entreprises que dans les comités de quartiers ou parmi les jeunes. C’est difficile mais c’est la seule voie pour faire déboucher le mouvement.

Et les femmes ?

Quelques faits suffisent à montrer que les femmes, auxquelles la coordination dénie une représentation et les revendications, ont été largement présentes.

24 mai
Manifestation de dizaines de milliers de femmes à Tizi Ouzou et à Azazga aux cris de “ pouvoir assassin ”. Khalida Messaoudi et d’autres membres du RCD sont expulsés de la manifestation et conspués.
4 juin
Manifestation de 50 000 femmes dans les rues de Béjaia.
En même temps, 3000 femmes marchent à Azazga.
La participation des femmes est d’autant plus importante que le choix du pouvoir a consisté à blanchir les terroristes (la prétendue réconciliation avec les repentis) et en mars 2000, Bouteflika avait même déclaré qu’il demandait aux femmes de “ ne pas provoquer les repentis par leur tenue vestimentaire. ” !
20 juin
Création du Rassemblement des femmes algériennes (RAFAL) qui réclame la reconnaissance de l’amazighité, l’abrogation du code de la famille, le retrait du code pénal contre la liberté de la presse, la justice sociale, un Etat de droit.
8 juillet
A Oran, un collectif de femmes mal logées exige la transparence dans la distribution des logements sociaux.
13 et 14 juillet
Deux jours et nuits de pogrome contre des femmes à Hassi Messaoud : violences et viols par des bandes de jeunes avec passivité complice des forces de l’ordre contre des jeunes femmes de ménage dans les sociétés sous-traitantes des sociétés pétrolières. Celles-ci contraintes souvent à se déplacer dans cette région pour trouver un travail sont surexploitées : femme de ménage, secrétaire ou cuisinière pour pas plus de 6000 DA par mois quand au village elles gagnaient 2000 DA. Certaines sont célibataire sou ont été contraintes de laisser leur famille et de s’entasser dans des taudis pour pouvoir les nourrir.
Pour détourner la révolte des jeunes de la région, les imams en accord avec les autorités locales et la police ont organisé une attaque au nom de la pureté, prétendant que ces femmes étaient des prostituées et jouant aussi sur le registre selon lequel elles enlevaient le travail aux locaux.
Combien cet exemple se déroulant comme par hasard dans la région clef socialement, celle d’Hassi Messaoud, celle des ouvriers du pétrole, démontre que l’on ne peut séparer la lutte actuelle, son extension à la classe ouvrière et la question des femmes car l’utilisation de leur oppression par nos adversaires est évidente et sert à empêcher l’extension du mouvement et à le discréditer. D’ailleurs l’extension, n’est-ce pas aussi l’élargissement aux aspirations de la moitié des citoyens ? Les femmes n’ont elles pas montré leur présence dans le mouvement, par exemple lors de la manifestation de 50 000 femmes le 4 juin à Béjaia ?
L’absence des femmes dans les archs, dans l’organisation du mouvement, c’est déjà casser toute possibilité de dénoncer l’absence des femmes dans toutes décisions, locales, régionales, nationales. C’est au sein même du mouvement que les jeunes, les femmes, les chômeurs, les travailleurs doivent eux-mêmes porter leur propre parole.
17 juillet
Djamila, ex-étudiante écrit au “ Matin ” : “ il est temps que notre jeunesse crie haut et fort qu’il n’y a pas de différence entre un montagnard et un citadin, entre un Algérois, un Tiziouzouien et un Oranais ” et dénonce l’absence des femmes dans les structures du mouvement comme dans la société algérienne.
Le combat des femmes n’est pas un combat à part, que l’on peut écarter de la plate-forme revendicative du mouvement comme l’ont prétendu certains. Nos gouvernants savent bien que l’oppression de la femme est nécessaire au maintien de la dictature politique et de la dictature sociale.
Laisser la moitié de la population, les femmes, dans un statut d’inférieures c’est condamner les hommes comme les femmes à subir la dictature des possédants car eux seuls peuvent profiter de cette division qui empêche toute évolution sociale. Il suffit pour s’en convaincre d’imaginer la révolte actuelle doublée, et même multipliée, par la participation des femmes ! Si les femmes participaient librement à la vie sociale, si elles participaient librement à la lutte, s’en serait fini du régime militaire, s’en serait fini de la clique au pouvoir.
Si l’intégrisme devrait nous avoir appris quelque chose, c’est que laisser les femmes se faire agresser par les barbus en 1990 a signifié laisser les hommes, les femmes, les enfants, les vieillards se faire ensuite massacrer par les mêmes fascistes lors de la guerre civile.
Un homme qui opprime une femme ne peut être un gomme libre au même titre qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre.


La politique des partis bourgeois
et la nécessité du parti ouvrier révolutionnaire

S’il n’y a plus grand chose à dire du RCD qui a largement démontré ses aspirations et son rôle, les illusions sont encore nombreuses dans certains milieux populaires sur le FFS quand ce n’est pas sur le nouveau parti autonomiste de Mehenni, le MAK. Et surtout il y a un grand besoin de comprendre comment construire un véritable parti des opprimés en Algérie. Si quelques faits suffisent à montrer le rôle des politiciens en question, tout le travail pour la construction d’un parti du peuple travailleur est devant nous.

25 avril
Ali Kerboua, lors d’un point de presse le 25 avril, au siège du FFS, dénonce “ les agissements des personnes qui ont dans certains endroits évacué les lycéens de leurs salles de cours à 10 heures les jours d’émeute ” et parle de “ saisir le sénat américain ” !
28 avril
Lors d’un meeting massif à Béjaia, les dirigeants du FFS qui appellent à nouveau les manifestants au calme sont traités de “ khobatha”, “ vous êtes des traîtres et des vendus ”.
28 et 29 avril.
Alors qu’une nouvelle vague d’émeutes est violemment réprimée faisant 29 morts, des locaux de l’Etat sont brûlés par les manifestants mais aussi ceux du RCD et trois locaux du FFS. Le FFS a appelé au calme et ses militants ne participent pas à la révolte. “ El Watan ” justifie ainsi : “ En tant que parti d’opposition prônant la non-violence, le FFS ne pouvait pas souffrir de cautionner ouvertement un mouvement de colère qui a dérapé en se livrant à des actes de dégradation des biens publics ”.
7 mai
Comme les militants de l’université et de la communauté civile de Béjaia appellent à un grand meeting populaire, le FFS dénonce cette initiative comme irresponsable : “ les organisateurs de cette manifestation Ont-ils calculé tous les risques ? Ne craignent-ils pas de faire le jeu de ceux qui souhaitent maintenir le statu quo ? ”
12 mai
Mémorandum du FFS adressé aux généraux et leur demandant d’organiser “ une transition démocratique ”.
18 juin
A la radio française France Inter, Aït Ahmed déclare : “ il faut une transition démocratique avec la garantie de l’armée. ” Pas la peine de demander quelle type de garantie peuvent donner les responsables de la tuerie ! Comme toujours, certains “ leaders démocrates ” ont plus de choses à dire aux décideurs que de propositions au peuple en lutte.
26 septembre
Sit-in de 200 supporters de la JSK organisé devant le siège des archs à Tizi Ouzou pour les accuser d’être responsable des actes de vandalisme. Participent à cette tentative violente de pénétrer dans les locaux, non seulement les supporters avec Hannachi, président de la JSK, mais aussi le comité qui s’est créé en opposition aux archs de Tizi Ouzou, le CCTO - comité intercommunal de Tizi Ouzou - et également les responsables de l’APW de Tizi Ouzou (FFS) dont le président Mohand Sami font des déclarations allant dans le même sens que Hannachi et le CCTO, dévoilant toute son hostilité pour le mouvement.
12 octobre
Ali Kerboua, premier secrétaire du FFS, attaque les archs et la plate-forme d’El Kseur à laquelle il déclare préférer “ des revendications politiques plus rationelles. ”

La solidarité avec les victimes de l’inondation d’Alger
aurait pu unir la révolte contre le pouvoir

Officiellement, les autorités ont reconnu 650 morts mais c’est probablement plus de mille personnes, pour la plupart habitants de la capitale, qui ont été emportées par un torrent de boue ou par l’effondrement de leur habitat précaire. Bien sûr, c’est une pluie exceptionnellement forte qui s’est abattue, mais c’est une pluie que la météo avait prévue. Pourtant les autorités n’avaient pas averti les habitants, n’avaient pris aucune précaution, n’avaient envoyé aucun secours ni par avance, ni sur le champ et ils ne sont intervenu que de nombreuses heures plus tard. Et rien n’avait été fait pour prévenir, pour protéger la population dans un tel cas. Rien pour que les bâtiments soient capables de résister aux intempéries, rien pour que la sécurité puisse être assurée, rien pour qu’il y ait des secours en cas de nécessité. Mais s’il a plu sur toute la capitale, ce sont les quartiers populaires qui ont été les plus frappés. Et c’est dans ces mêmes quartiers pauvres que les secours ne sont jamais parvenus. Et qui sont encore abandonnés aujourd’hui.
Les forces de l’ordre extraordinaires à Alger déployées massivement quand il s’agissait d’intervenir contre les manifestants de Kabylie ne sont pas apparues pour sauver les victimes de l’inondation. Où étaient-ils, lors de la catastrophe, les hélicoptères qui survolaient la capitale pour surveiller les manifestants ? Les forces du pouvoir dont on avait vu l’énergie et la violence quand il s’agissait de bloquer les entrées et les rues de la capitale contre les manifestants, où étaient-elles lorsqu’il s’agissait d’intervenir à toute vitesse pour sortir des survivants de la boue pas encore séchée. Où sont elles quand les habitants doivent se débrouiller seuls pour fouiller les décombres et la boue, pour trouver des moyens de se loger, de se nourrir ? Où sont elles quand les habitants n’ont plus de logement, plus de nourriture, plus de couvertures et risquent les épidémies ? Où était-il ce pouvoir lors de ces événements dramatiques ?
Bouteflika, faire la morale au peuple, le gronder comme un mauvais élève, l’accuser d’irresponsabilité dans la construction de son habitat ! Et ses ministres de se promener dans les rues comme si de rien n’était ! Ils ont été accueillis comme il se devait avec des insultes, à coups de pierres, avec des manifestations allant jusqu’à la présidence aux cris de “ pouvoir assassin ” !
Assassins, les irresponsables qui ont bétonné les voies d’évacuation des eaux usées des cités qui surplombent Alger, sous prétexte d’en déloger des terroristes ! Assassins, les profiteurs qui, pour faire de plus grands bénéfices, ont bâti des constructions ne respectant aucune norme de sécurité ! Assassins, les autorités qui, pour toucher des pots de vins, ont cautionné de leurs autorisations ces immeubles de la misère ! Assassins, ces détourneurs de fonds publics qui ont vidé les caisses des communes au point qu’il n’y a aucun moyen de secours, aucun moyen de faire des travaux élémentaires de nettoyage, d’entretien des voies et routes, aucun moyen d’embaucher des pompiers, aucun engin de déblaiement ou d’intervention en cas d’urgence.
Les assassins du pouvoir ne tuent pas seulement à Alger mais dans tout le pays. Il n’y a pas une région où ils ne méprisent pas, où ils n’exploitent pas, où ils ne répriment pas violemment. Ce sont les mêmes qui sont responsables de la misère. Ce sont les mêmes qui ont fermé les usines, ont licencié les travailleurs ou les ont laissé des mois sans salaire. Ce sont les mêmes qui sont responsables du chômage. Ce sont les mêmes qui condamnent la jeunesse au désespoir, faute d’emploi, faute de logement, faute d’avenir. Ce sont les mêmes qui appellent les forces de l’ordre à tirer, hier sur la jeunesse d’octobre 88, puis sur les ouvriers d’Alfasid. Ce sont les mêmes qui ont fait plus de cent morts en Kabylie depuis avril dernier. Il faut unir toutes les révoltes d’un pays martyrisé par des profiteurs assassins, unir toutes les régions entre elles, unir les jeunes révoltés et réprimés, les travailleurs exploités et licenciés, les femmes rabaissées et opprimées, les villageois abandonnés, les habitants des cités-poubelle et des bidonvilles condamnés, sans eau, sans électricité, sans logement suffisants.
La coordination interwilaya de Kabylie aurait pu, dans les jours qui ont suivi la catastrophe, mobiliser la solidarité active de la population kabyle avec la population algéroise victime des intempéries et du pouvoir. Des milliers de personnes venues aider les algérois face à la boue, au froid et au manque de secours matériels et moraux, voilà qui aurait scellé à jamais l’unité entre kabyles et algérois malgré tous les diviseurs professionnels. Et cette fois, le pouvir aurait-il osé refuser l’entrée de la capitale à une colonne de secours venue de Kaabylie ? Dans tous les cas, le régime aurait payé très cher la capacité de la coordination de mener une telle politique. Comme elle gagne énormément à l’incapacité de la direction du mouvement à mener une politique offensive et unitaire. C’est aussi ce que montre le programme de la lutte.

De la plate-forme d’El Kseur au plan d’urgence indispensable

Le 13 juin a été publié la plate-forme du mouvement adoptée deux jours plus tôt au conclave de El Kseur. Elle est le résultat d’un compromis. Désaccord entre Tizi Ouzou et Béjaia. C’est un compromis dans lequel la fraction la plus opportuniste l’a emporté sur tous les points sans avoir à s’expliquer vis à vis du mouvement, car ce sont les plus radicaux qui ont reculé au nom de l’unité du mouvement. Ceux qui ont mis en avant des mots d’ordre propres à la Kabylie dans la plate-forme d’El Kseur (points 4, 11 et 14, notamment retrait des gendarmes de Kabylie et plan d’urgence pour la Kabylie), qui ont retiré tout mot d’ordre en faveur de la liberté des femmes (suppression du code de la famille), sont les mêmes qui ont bataillé contre l’extension aux usines et les mots d’ordre sociaux pourtant spontanément mis en avant par la jeunesse révoltée, contre la participation de syndicalistes dans les comités au nom du principe d’ “ horizontalité ” de la structure du mouvement.
Au lieu d’être plus unitaire, un programme plus restrictif empêche l’union avec toutes les luttes contre le pouvoir. La lutte qui se développe en Algérie est multiforme, sociale et politique, démocratique et revendicative. Elle nécessite diverses formes d’action suivant les situations aussi diverses que celles-ci : dans la classe ouvrière, une usine qui ferme ses portes, des salaires impayés depuis des mois, des salaires trop bas où trop en diminution devant l’inflation, des détournements de biens des entreprises ou de fonds, des méthodes dictatoriales des directions à l’égard des travailleurs ou des syndicalistes, une répression des forces de l’ordre contre une entreprise ou un secteur dans la jeunesse, la lutte contre la répression des forces de l’ordre, l’organisation des jeunes chômeurs pour revendiquer des emplois si possible en liaison avec les travailleurs, leur lutte pour des logements, pour des transports gratuits, pour des aides aux familles en difficulté dans la paysannerie pauvre et la population aux revenus faibles dans les villages, la lutte pour accéder à des conditions de vie du XXI ième siècle : route correcte, eau, électricité, logements, sécurité, aide aux activités agricoles (animaux, grains, engrais, machines) dans les villes, combat contre la misère, les bidonvilles, les eaux stagnantes ou eaux usées non canalisées, dans tous les secteurs, droit des femmes, droit d’accès aux études, libertés de toutes sortes (droit de réunion, d’association, d’affichage, de presse, de justice égale pour tous, droit de la défense face au pouvoir, droit des prisonniers, d’accès à l’information, etc…), droit à la santé, droit au logement, liberté de conscience, liberté de culture (dont bien entendu le droit à la culture et à l’identité berbère), liberté de religion (ou d’absence de religion), liberté de mode de vie (contre tous les intégrismes) …
Tous ces problèmes sont divers mais nécessitent cependant une lutte d’ensemble. C’est un seul et même combat qui imposera ces revendications au pouvoir ou qui fera chuter le pouvoir en permettant ainsi de les satisfaire. En tout cas, aucune d’entre elles ne peut être réellement satisfaite sans une lutte d’ensemble, unissant hommes et femmes, jeunes et aînés, arabophones ou non, religieux ou non, villageois et citadins, ouvriers et paysans, etc…. C’est cette conscience de leur union dans la lutte que doit viser en premier lieu la rédaction d’un “ plan d’urgence ” pour les opprimés d’Algérie, rédaction qui doit se réaliser en liaison avec les opprimés en lutte en fonction des besoins, des revendications apparues et des réponses du pouvoir.
Il ne s’agit pas de revendiquer pour faire prendre conscience aux “ décideurs ” comme certains essaient de le faire croire. Ces fameux “ décideurs ”, en fait les exploiteurs du pays liés aux généraux, ont parfaitement conscience que satisfaire les aspirations du peuple travailleur d’Algérie nécessite de reprendre les richesses du pays à ceux qui les ont volées, c’est-à-dire justement aux “ décideurs ”. Il s’agit d’un plan de mobilisation et d’unification de la lutte des opprimés, un plan aussi pour que les travailleurs soient maîtres de leur lutte. Car le pouvoir ne peut être réformé. Il faut le renverser. Et, pour en finir avec la dictature, il faut que toutes les révoltes se joignent dans un torrent populaire qui jette à la mer la bande d’assassins au pouvoir ! Il faut une révolution sociale en Algérie. Et qui mène au pouvoir du peuple travailleur…

Messages

  • Après des dizaines d’années de fermeture, le pays, riche notamment de trésors archéologiques rares, s’ouvre aux touristes. Pour les autorités libyennes, ce pourrait même être une manne qui prendrait la relève de celle du pétrole.
    Disons le mot : opportunité de sucer la peau des prolétaires.BIL DE BKO

  • c Nadia,je suis née en Algérie, j’aimerais bien faire quelques commentaires sur ce que j’ai vu et vécu dans ce pays sur la situation des femmes et la pauvreté,...
    La suite à venir

  • Extrait des thèses de l’Internationale communiste pour les pays soumis à l’impérialisme et aux restes du féodalisme

    2. La nécessité de combattre l’influence réactionnaire et moyenâgeuse du clergé, des missions chrétiennes et autres éléments ;

    3. Il est aussi nécessaire de combattre le panislamisme, le panasiatisme et autres mouvements similaires qui tâchent d’utiliser la lutte émancipatrice contre l’impérialisme européen et américain pour rendre plus fort le pouvoir des impérialistes turcs et japonais, de la noblesse, des grands propriétaires fonciers, du clergé, etc.

  • bonjour je suis un descendant kabyle de la region de tlemcen je n’ai pas lu votre article pour la simple et bonne raison que le titre de votre article dissocie la kabylie (region) de l’ALGERIE (un pays)

    • Je comprend ta réaction mais nous n’avons fait que donner la description de ce qui s’était passé : une révolte radicale en Kabylie suivie d’une révolte dans toute la l’Algérie. Et, si tu avais lu l’article, tu saurais qu’on se démarquait de toutes les interprétations opposant Kabylie et Algérie.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.