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Sur le Congrès du NPA-révolutionnaires (2025) : commentaires sur la Plate-forme 1, Texte 3, partie 1
lundi 23 décembre 2024, par ,
C’est a priori une bonne chose qu’un parti d’extrême-gauche propose à la lecture (et peut-être à la discussion ?) les textes de ses congrès. Le NPA-Révolutionnaires qui prépare son Congrès 2025, semble avoir une telle démarche.
Nous craignons cependant que ce parti cherche surtout à informer la presse de la gauche bourgeoise (Libération, L’Humanité) qu’il sera bien candidat aux prochaines élections. Ou que certains des courants de ce parti veuillent surtout faire publiquement des offres de service à LO, RP, PC, LFI, CGT, Solidaires etc.
En 2024 le NPA-R dit toujours regretter la scission avec l’autre NPA en 2022.
Car ce petit parti s’est formé involontairement, dans le malheur peut-on dire en le paraphrasant, abandonné par la majorité Poutou-Besancenot, qui a formé le NPA-Anticapitaliste, en imposant la scission du NPA en décembre 2022.
Le NPA-R, fondé de facto en 2023, est issu de tendances qui se prétendaient l’aile révolutionnaire, voire communiste, voire même trotskiste du NPA de 2009 à 2022. Ces tendances hétéroclites qui s’accrochent à présent au logo NPA-R (sans doute pour capter l’électorat de l’ancien NPA, toujours les élections) n’ont plus la possibilité de se cacher derrière une "majorité" Poutou-Besancenot, pour justifier leur report éternel , aux calendes grecques, de la tâche de construction d’un parti de type bolchévique, alors qu’individuellement beaucoup de ses cadres, anticapitalistes aux élections et dans les syndicats, s’attribuent en privé des médailles de "communistes révolutionnaires".
Les trois plates-formes publiées par le NPA-R en vue de son congrès 2025, sont donc, c’est notre avis, essentiellement des tentatives pour justifier la prétendue impossibilité pour les soi-disant marxistes du NPA-R, de militer dans leur action, agitation ou propagande, comme un courant, une tendance, ou une fraction (ils ont le choix entre les variantes) marxiste, contrairement à notre courant Voix des Travailleurs
Le NPA-R justifie en permanence son abandon "temporaire" d’une politique marxiste, remplaçant ce terme par "révolutionnaire", pas même "révolutionnaire prolétarien".
Le NPA-R reprend ainsi de fait la politique qu’avait le NPA Poutou-Besancenot en 2009 : construire un "parti large", vu la "situation objective dans la lutte des classes". La seule différence étant qu’au XXII, ou XXIIIème siècle, le NPA-R construira un parti "communiste révolutionnaire", ce que l’autre NPA-A ne prétend plus faire, étant devenu honnêtement réformiste.
En 2009 le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) avait rayé les termes Communiste et Révolutionnaire du nom de son parti la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire). Le NPA-R est dans la même démarche, effacer "communisme" du nom du parti. Mais le NPA-R n’a plus la possibilité de prétendre être une minorité qui ne fait que se soumettre, avec regret mais démocratiquement, à une majorité du parti. Le NPA-R doit donc inventer les fantômes "anticapitalistes", un groupe mystérieux d’êtres humains, présent dans "les luttes", qui disparaissent entre deux de ces "luttes", mais au nom duquel est construit un parti qui doit "temporairement" être anticapitaliste, mais demain, au plus tard après-demain, sera "communiste révolutionnaire" (terme non synonyme de parti bolchévique, nous y reviendrons).
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’anticapitalisme étant une coquille vide, il est à prévoir que dans les mois à venir, du NPA-R sortiront vers la droite de nouvelles fractions. Le ciment d’un parti est son programme, or le NPA-R n’a toujours pas l’air d’en avoir, à part le culte de sa propre organisation, et ses efforts pour garder comme "coursiers-livreurs" un NPA-jeunes qui risque à tout moment de se transformer en LFI-jeunes ou section de l’Unef. Espérons que certains de ces jeunes sortirons vers la gauche. Pour les plus anciens nous avons des doutes, car couvrir sans broncher pendant une demi génération (2009-2024 ) la marche vers la droite qu’a entamée le NPA en 2009 donne peu d’espoir.
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Terminons cette introduction sur une note plus comique, en citant un paragraphe de cette plate-forme 1 qui a le mérite d’être un concentré du NPA-R. Ce parti a en effet appelé à voter NFP au deuxième tour des Législatives de 2024, alors qu’il dénonce l’autre NPA pour avoir "capitulé" face au NFP ... dès le premier tour. Dupont dénonce donc Dupond. Le NPA-R a voté pour le NFP non pas dans la logique d’un quelconque "Front unique ouvrier", mais en invoquant "ces gens-là", les "fantômes de l’anticapitalisme" au nom desquels les militants du NPA-R se déguisent régulièrement en bolchéviks, devant sauver Kerenski contre Kornilov. Le verbiage anticapitaliste, contraire au langage marxiste qui s’efforce d’être clair et tranchant même dans les questions épineuses, est incarné par la justification suivante du vote du NPA-R pour le NFP au second tour :
Notre formule d’appel à voter au 2e tour pour les candidats LFI ou PCF répondait au besoin de ne pas appeler à voter pour ce projet du NFP, sans donner raison à ceux qui, autour de nous, prétendaient combattre les politiques des gouvernements précédents en votant RN. Nous ne savions pas quel serait le résultat de ce vote et nous avons été surpris de voir le NFP arriver en tête. C’était aussi une manière de nous adresser à ces militants de la gauche – presque exclusivement du PCF et de LFI avec qui nous militons dans bien des luttes. Nous ne mettons donc pas tous les partis de gauche, et surtout pas leurs électeurs, dans le même sac.
Nous n’avons pas tout compris dans ce galimatias, mais la « formule d’appel à voter pour ... », « ... répondant au besoin de ne pas appeler à voter pour » est à notre avis une des perles que peut produire l’anticapitalisme "théorique", qui en pratique, le NPA-R l’avoue lui-même dans ce paragraphe, est un satellite « presque exclusivement du PCF et de LFI » ! Notons au passage que le "sac" bourgeois, pour le NPA-R, ne contient donc ni LFI ni le PC, ni Mélenchon ni Roussel, sous-entendu seulement Hollande ! L’étiquette de la "gauche institutionnelle", chère au NPA-R, a été de fait mise de côté, puisque PC, LFI et PS sont tous institutionnels. Il y aurait donc maintenant les partis d’un NFP de gauche, celui des "luttes", et ceux d’un NFP de droite, et c’est par le vote qu’on résout ces questions. Inventer ainsi une aile gauche fantôme des partis du NFP, pour se rallier au NFP sans avoir l’air de le faire, c’est la seule différence entre le NPA-R et le NPA-A, entre l’hypocrisie anticapitaliste et la franchise bourgeoise, entre le centrisme et le réformisme, entre les partis Dupon-T et Dupon-D.
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Commentons maintenant le texte dont la source est
Titre : Plateforme 1 : Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! Construire le NPA-R comme outil pour un pôle des révolutionnaires
A notre connaissance, Marx et Engels n’ont jamais appelé à "un monde sans frontières" (il défendaient le droit de la renaissance de la Pologne dans ses frontières rétablies), mais plutôt à "un monde sans classes sociales, sans salariat".
Le NPA-R veut rétablir l’Ukraine dans ses frontières de 1991, et demande (à juste titre), à l’armée russe de respecter l’inviolabilité de leur frontière commune. Bref, cette formule "sans frontière", adaptée à l’agitation lors d’une manifestation, est dénuée de sens en titre d’un texte de Congrès, et vu les slogans actuels du NPA.
On nous dira que ce n’est qu’un idéal lointain, comme l’abolition des classes. Mais l’abolition des classes est le seul but final qui contient tous les autres, dont la future abolition des frontières entre Etats, puisqu’il n’y aura plus d’Etat. De plus aucun paragraphe de la plate-forme n’indique de revendications de transition liées à cette formule (dissolution des armées permanentes, dont les polices des frontières).
Faute d’un vrai internationalisme exprimé par une politique de Front anti-impérialiste unique mise au point par Lénine et Trotsky (Congrès I à IV de l’IC, dont le Congrès de Bakou), le NPA-R agite des formules très bobo.
Titre : Texte 3 : Prendre appui sur ce que nous sommes déjà, pour construire le parti que nous voulons
Annonçons dès maintenant, qu’à l’issue de la lecture des textes du NPA-R, le titre de ce texte 3 s’expliquera ainsi : pour les militants du NPA-R, le NPA-R ("ce que nous sommes") n’est pas le parti dont ils veulent, il est temporaire, ils veulent construire un parti communiste révolutionnaire, mais c’est impossible aujourd’hui ! Leur principe est le suivant : Pour construire ce que nous voulons, un parti communiste, commençons donc par construire ce dont nous ne voulons pas, un parti non-communiste. On comprend pourquoi le NPA-R ne souhaite pas recruter d’ouvriers dans le BTP, comme nous le verrons plus loin.
Le titre réel du Texte 3 de la Plate-forme 1 est donc : « Nous voulons construire le NPA-R, qui n’est pas le parti dont nous voulons, mais seulement pour construire plus tard, le parti que nous voudrons ! »
Bienvenue à un congrès anticapitaliste !
Paragraphe 1.1
Le premier paragraphe de ce texte est typique des anticapitalistes. Le-Paragraphe-1.1, à propos des anticapitalistes mériterait même de devenir un nom commun : c’est la courte profession de foi où ils s’attribuent un brevet de marxisme, sur un ton martial, historique :
1.1- La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie et son système de production et d’appropriation est le moteur de l’histoire, comme Marx l’a affirmé dans le Manifeste du parti communiste, en 1848. Les communistes révolutionnaires que nous sommes puisent dans l’histoire, les expériences des presque 200 ans écoulés, les luttes, victoires et défaites de la classe ouvrière et de toutes les couches opprimées ou de tous les secteurs opprimés. Mais seule une révolution prolétarienne – animée et dirigée par le prolétariat révolutionnaire – est capable de renverser le système capitaliste et impérialiste et de jeter les bases d’une société communiste. Il reste à construire ce parti révolutionnaire que nous voulons, intégrant et actualisant cette expérience bicentenaire marxiste, léniniste et trotskiste, permettant au prolétariat de prendre la tête des révolutions.
Pourquoi ne voyons-nous rien de positif dans ce paragraphe 1.1 ?
Non seulement, ce premier paragraphe est un parfait exemple du verbiage anticapitaliste qui se prétend marxiste voire communiste ou trotskyste, faisant de la mention de « la lutte de classe le moteur de l’histoire » comme une preuve de leur marxisme, alors que Marx lui-même affirma dès 1852 1) que ce sont les penseurs bourgeois qui ont mis à jour le rôle moteur de la lutte des classes 2) ce qu’il a apporté, c’est de conclure qu’elle devait aboutir à la dictature du prolétariat.
Or les anticapitalistes ne parlent pas de dictature du prolétariat, ni d’ailleurs de révolution prolétarienne, mais toujours de Révolution tout court, comme le titre de leur revue, ou le nom de leur parti, l’indiquent. Un marxisme ou un communisme sans dictature du prolétariat, c’est un socialisme petit-bourgeois, électoraliste.
Cette pseudo référence au Manifeste du Parti Communiste est surtout un clin d’œil du NPA-R à la presse pour leur dire : « parlez de nous comme de marxistes. »
La reformulation du NPA-R s’éloigne en effet de la pensée de Marx et d’Engels, qui dans le chapitre 1 « Bourgeois et prolétaires » du Manifeste du Parti Communiste, écrivent :
« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.
Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves ; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.
La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d’autrefois. »
Contrairement à ce que prétendent ces anticapitalistes ce n’est donc pas la « La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie et son système de production et d’appropriation (qui) est le moteur de l’histoire » mais la lutte de classes c’est-à-dire l’antagonisme entre bourgeois et prolétaires c’est-à-dire autant la lutte menée par le prolétariat contre la bourgeoisie que celle menée par la bourgeoisie pour le maintien de son régime politique et économique !
De plus d’autres classes sociales existent, elles mènent leur lutte de classe, par exemple récemment les paysans. Des classes numériquement pléthoriques, souvent majoritaires constituent la petite bourgeoisie, elle-même divisée en différentes classes (par exemple artisans, petits paysans, moyens paysans etc). Mais la CGT interdisant aux prolétaires de s’adresser aux paysans (le fait que le mouvement des retraites de 2023 n’a pas impliqué les paysans en fut une illustration) , les anticapitalistes gomment ces classes de leur programme, les mélangeant sans le dire avec le prolétariat derrière le terme de "travailleurs".
Le terme correct pour les révolutionnaire est "prolétariat". Les anticapitalistes le remplacent systématiquement par "travailleurs", terme très ambigu qui permet d’englober une partie de la petite-bourgeoisie. Les militants anticapitalistes ont alors le sentiment de s’adresser "à tout le monde" et appliquent leur grand principe "on fait un parti large". Ils oublient l’affirmation du Manifeste, en substance : le prolétariat est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout. Les autres classes exploitées sont fondamentalement réactionnaires. Elles sont révolutionnaires seulement dans la mesure où elles se placent du point de vue du prolétariat.
Ce n’est pas couper les cheveux en quatre que de s’attarder sur ces questions de sémantique. Premièrement ces précisions rendent des slogans comme "l’avenir est à la lutte de classe !" comme pseudo-révolutionnaires. Si une bourgeoisie prépare un écrasement de son prolétariat, c’est une forme de lutte de classe, les révolutionnaires n’ont pas à s’en réjouir et en faire leur slogan. Les anticapitalistes préfèrent ces slogans ambigus, car ils aiment répéter :"nous sommes pour la lutte des classes", et non : "nous sommes pour la dictature du prolétariat ", "L’avenir est à la dictature du prolétariat" , expressions qui écorchent les oreilles des anticapitalistes. Etre pour la lutte des classes, c’est comme être pour la pluie, le beau temps, les marées, le vent etc.
Prolétaires conscients, faites attention, les anticapitalistes s’ invitent chez vous et s’y donnent droit de cité par ce genre de paragraphes 1.1 !
Espérant que la suite nous donnera tort, poursuivons la lecture.
Paragraphe 1.2
Dès le deuxième paragraphe, le texte oublie, comme prévu, l’opposition entre bourgeoisie et prolétariat :
1.2 Contrairement à cette gauche institutionnelle syndicale et politique qui stérilise les luttes de travailleurs dans un cadre immédiat et partiel, quand elle ne les trahit pas en les enfermant dans le cadre institutionnel, le parti que nous voulons se donnera les moyens d’amplifier le pouvoir subversif et d’extension de ces luttes en favorisant leur auto-organisation et la démocratie ouvrière. De la même façon, le parti que nous voulons cherchera, au nom du prolétariat, à prendre la tête des luttes contre toutes les oppressions : car on ne peut en finir avec toutes ces oppressions sans en finir avec le pouvoir du capital et de ceux qui le servent.
Les anticapitalistes ne parlent donc pas de gauche bourgeoise, ou de cadre bourgeois, mais de gauche institutionnelle ou de cadre institutionnel. Donc la démocratie ouvrière invoquée sera on ne sait pas quoi de non institutionnel.
Pour les marxistes, la démocratie ouvrière est pourtant institutionnelle, comme la Commune de Paris, l’Etat ouvrier appuyé sur les soviets en 1917, l’URSS en 1922. Un soviet est une institution avec son règlement (classes admises, règle du droit de vote, nombre de délégués par usine, etc). Trotsky en 1905 fut Président du soviet de Saint-Pétersbourg, terme institutionnel s’il en est. Un syndicat, même à 100 % révolutionnaire, est lui-même une institution faisant partie de l’Etat bourgeois, avec ses statuts en Préfecture. Un parti est une institution, légale ou illégale.
Toute la question à propos d’une institution est : au service de quelle classe sociale est-elle ?
L’opposition entre bourgeoisie et prolétariat de son Paragraphe-1.1, le NPA-R l’a déjà oubliée. L’opposition n’est pas entre "institutionnel" et .... puisque le NPA-R ne donne pas le deuxième terme auquel le premier s’oppose, dévoilons-le, c’est "dans la rue", expression favorite des anticapitalistes qui se prennent pour des Gavroche, alors qu’ils ne vont dans la rue qu’avec l’autorisation de la Préfecture, et à l’invitation de la CGT ou de LFI.
Le NPA-R appelle « lutte », voire « grand épisode de la lutte des classes » ces processions pacifiques organisées par les confédérations syndicales. Or ces manifestations sont des institutions temporaires, autorisées par les institutions bourgeoises, car leur déroulement, le lieu, la date et l’heure sont négociées avec la préfecture. Les anticapitalistes sont légalistes, ils n’appellent plus depuis des années à des manifs illégales, ils respectent les institutions bourgeoises, ne les dénoncent que sur le papier de leurs programmes. Etre anti-institutionnel .... dans les limites autorisées par les institutions bourgeoises, tel est le NPA-R
Soviet, dictature du prolétariat, dissolution des armées permanentes sont des termes précis, hérités du mouvement ouvrier. Le paragraphe 1.2 du texte montre comment les anticapitalistes, malgré leurs annonces du paragraphe 1.1, produisent un verbiage interminable pour faire oublier ces mots créés par le prolétariat conscient, mais qui « écorchent leurs oreilles ».
Paragraphe 1.3
Nous lisons ensuite :
1.3 Voilà pourquoi le mouvement ouvrier révolutionnaire doté d’un parti à sa mesure, garde sa vocation irremplaçable d’inspirateur et organisateur de la révolution à venir. D’autant que jamais les prolétaires n’ont été aussi nombreux sur la planète, donc en position de jouer ce rôle. La société capitaliste repose sur leur exploitation, le vol du fruit de leur travail qui alimente le capital et le profit. Mais sans les travailleurs et travailleuses rien n’est possible : la classe ouvrière produit tout, peut arrêter tout, paralyser tout, s’organiser dans la lutte d’ensemble, jusqu’à imposer son propre pouvoir en remplacement de celui de la bourgeoisie, et collectivement et démocratiquement décider de tout. Le prolétariat russe l’a fait il y a plus d’un siècle malgré des conditions objectives bien moins favorables.
Nous n’allons pas réécrire ce paragraphe. On retrouve les erreurs du paragraphe 1.1 : Non, ce qui est pour nous "la classe ouvrière", ne produit pas tout. Un petit paysan qui produit du blé sur sa terre dont il est propriétaire, le boulanger qui avec sa famille en fait du pain avec son propre four : ces deux travailleurs ont leurs moyens de production, ils ne sont pas des prolétaires, ni des exploiteurs, mais bien des travailleurs. Ils produisent le pain qui nourrit le prolétariat. Un paysan moyen qui travaille 60 heures par semaines et embauche des ouvriers agricoles est également un travailleur qui produit des richesses, mais aussi exploiteur. Passons sur ces « erreurs d’écolier » déjà décrites pour le paragraphe 1.1
Une formulation plus marxiste de la première phrase serait à notre avis :
« Voilà pourquoi le mouvement ouvrier révolutionnaire doté d’un parti bolchévique, garde sa vocation irremplaçable de contribuer à inspirer et organiser la révolution prolétarienne à venir. »
Le parti bolchévique a sans doute inspiré la révolution bourgeoise de février 1917, mais l’a peu organisée. Par contre il a organisé la révolution prolétarienne d’octobre 1917. Le premier apport fondamental de Marx est d’avoir distingué la révolution bourgeoise de février 1848 (la "belle"), de la révolution prolétarienne de juin 1848 (la "laide"). On voit que les anticapitalistes, malgré leur serment de fidélité à Marx qui opposait prolétaires et bourgeois au paragraphe 1.1, ne distinguent plus révolution bourgeoise et révolution prolétarienne. Les révolutionnaires ont-ils "organisé et inspiré" l’immolation par le feu d’un Tunisien qui a déclenché la révolution du Printemps arabe en décembre 2010 ? C’est absurde d’y penser. C’est surtout la révolution prolétarienne que les marxistes se posent le problème d’organiser et d’inspirer. La phase initiale d’une révolution, qui est souvent bourgeoise, est beaucoup plus spontanée, ou organisée par une fraction de la bourgeoisie (février 1917 a été en partie soutenu par l’impérialisme français). C’est à travers la théorie de la révolution permanente que les trotskistes envisagent leur rôle à différentes étapes. Mais en nous rapprochant du trotskisme, nous nous éloignons des textes de congrès du NPA-R, revenons donc à notre sujet.
Le parti dont les marxistes peuvent commencer la construction en l’absence de révolution n’est pas du tout, relativement au mouvement ouvrier, un parti à sa mesure : il est en quantité bien inférieur, en qualité bien supérieur : c’est l’avant-garde du prolétariat. Même après Octobre 1917, en 1924, la conscience du prolétariat révolutionnaire de Russie était bien plus basse que celle de l’Opposition de gauche qui naquit. Le prolétariat qui venait d’accomplir Octobre, le défendant les armes à la main, bien que resté favorable au régime issu de la Révolution d’octobre, ne fut pas capable de s’opposer à Staline. Le mouvement ouvrier révolutionnaire avait un niveau de conscience très bas par rapport à l’Opposition de gauche.
Un parti révolutionnaire, s’il est à la mesure du mouvement ouvrier révolutionnaire, à quoi sert-il ? Sans une politique de Front unique ouvrier, un parti de type bolchévique restera toujours un petit groupe isolé dans le mouvement ouvrier. Mais Front unique ouvrier est une expression que le NPA-R a jeté à la poubelle, lui préférant par exemple le "pôle des révolutionnaires", nous le verrons au prochain article.
Messages
1. Sur le Congrès du NPA-révolutionnaires (2025) : commentaires sur la Plate-forme 1, Texte 3, partie 1, 1er janvier, 09:00, par Alex
Le titre même du NPA-R est étrange :
En général la formule consacrée est du type : dans moins de 2 mois, le Y- ième Congrès de notre Parti Z .
Mais appeler clairement au 6ème congrès du NPA-R (anciennement NPA), qui est la formule qui correspondrait à la réalité, impliquerait un bilan politique très douloureux.
En revanche appeler au 1er congrès du NPA-R obligerait à une refondation également très douloureuse, car obligeant à discuter de toutes les question fondamentales.
2. Sur le Congrès du NPA-révolutionnaires (2025) : commentaires sur la Plate-forme 1, Texte 3, partie 1, 1er janvier, 09:17, par Alex
Un constat sévère mais juste sur le NPA-R est fait par la tendance Démocratie Révolutionnaire, courant du NPA-R :
3. Sur le Congrès du NPA-révolutionnaires (2025) : commentaires sur la Plate-forme 1, Texte 3, partie 1, 22 janvier, 05:38, par Alex
Le critique suivante en interne du NPA reprend des critiques de cet article 1) vide "anticapitaliste" du titre Un monde sans frontière 2) Galimatias (rebaptisé en charabia) de la formule qui appelle à voter NFP, pour ne pas appeler à voter NFP et d’autres :
https://npa-dr.org/index.php/9-article-lettre/1148-periode-convergences-et-strategie-revolutionnaires