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Hitler et Staline, un parallélisme étonnant

dimanche 21 septembre 2025, par Robert Paris

Hitler et Staline, un parallélisme étonnant

Il y a une grande ressemblance entre les spécificités et les ascensions de deux personnages de seconde zone Hitler et Staline sans grand avenir apparemment, aux capacités intellectuelles très limitées, haissant virulemment les idées brillantes et généreuses, bornés, égocentriques, maniaques, étriqués et mesquins, d’une méfiance maladive, hideux, d’une violence folle, ayant eu brutalement un succès inattendu en devenant de grands dictateurs et en dominant des peuples entiers et de vastes régions du monde.

Hitler et Staline au pouvoir sont tous deux le résultat d’une double défaite. En Allemagne comme en Russie, il y a eu à la fois la défaite du prolétariat révolutionnaire et celle de la bourgeoisie. Le cours historique de ces pays était brutalement arrêté. Ils se retrouvaient tous les deux devant un mur difficile à franchir, sans disposer des moyens de résoudre le problème. Un personnage aux caractéristiques effrayantes a, dans les deux cas, cru tellement en sa capacité personnelle de passer le cap et à la fois s’est tellement méfié de soi-même et de ceux qui devaient le soutenir, que cela a donné aux deux régimes des caractéristiques d’une horreur et d’une violence effrayantes.

Les réformistes et les progressistes refusent de rapprocher Hitler et Staline, considérant le stalinisme comme faisant partie de « la gauche » et la fameuse gauche comme faisant partie du « mouvement ouvrier » alors que le nazisme est l’ennemi mortel de la classe ouvrière et de ses organisations. Ils ont tort : le stalinisme est lui aussi un ennemi mortel de l’organisation de la classe ouvrière et de ses perspectives révolutionnaires. Les deux sont tout aussi anticommunistes.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2390

Staline ne s’est pas contenté de s’allier tactiquement avec Hitler, il lui a fait confiance, il l’a adulé, admiré, il a convergé avec ses conceptions, il s’est reconnu en lui… Adepte de la dictature personnel, terrorisant tout le monde à commencer par ses collaborateurs, hostile violemment au mouvement ouvrier et à la révolution sociale, menant une politique de terrorisme de masse systématique, antisémite, médiocre, raté personnellement, professionnellement et politiquement, haineux, aigri, violent, extrêmement hostile à la société humaine, se fondant sur les échecs historiques de son pays, faisant de ses propres échecs personnels un drapeau des couches sociales qui échouent du fait des crises historiques, etc…, les convergences sont nombreuses. S’ils ont pu accéder au pouvoir, c’est par impuissance de la classe dirigeante (bourgeoisie pour Hitler et prolétariat pour Staline) à réaliser son propre programme et ses propres perspectives. L’Allemagne était une vaincue et la vague révolutionnaire en Europe était aussi une vaincue. Les deux ont produit des personnages hors normes par leur dictaure ultra violente et par la démesure de leur pouvoir par rapport à la petitesse de leurs capacités personnelles réelles.

Staline n’avait confiance en personne, sauf… en Hilter

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve654

Lors du pacte russo-allemand d’août 1939, Staline porte un toast de clôture en déclarant :

« Je sais à quel point la nation allemande aime son Führer ; je voudrais donc boire à sa santé. »

Staline a tellement cru en la parole d’Hitler qu’il n’a pas réussi à croire les informations de ses services qui lui annonçaient tous qu’Hitler se praparait à attaquer l’URSS…

Et il n’y a pas seulement eu le pacte Hitler-Staline…

https://www.matierevolution.org/spip.php?article2737

Il y a là deux national-socialismes…

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5993

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3446

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1418

https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1933/06/330610.htm

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7423

Il y a la même hostilité à la révolution sociale

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6240

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article763

Le type même des deux personnages et de leur succès convergent de manière saisissante.

Hitler : le chemin du pouvoir

Ce que l’on va lire ci-dessous conviendrait très bien à Staline pour l’essentiel en transférant quelques situations et termes…

Vassili Grossman dans « Pour une juste cause » :

« On tenta à de nombreuses reprises de trouver dans le caractère de Hitler les raisons du rôle qui joua dans l’histoire. On connaît bien des aspects de son caractère, mais ni sa hargne vindicative, ni son penchant pour les pâtisseries à la crème fouettée, ni sa sinistre habileté à jouer sur les bas instincts de la foule, ni son amour des chiens, ni sa folle énergie alliée à la méfiance, ni son mysticisme, ni son intelligence et sa mémoire puissante, ni la versatilité capricieuse qu’il montra dans le choix de ses favoris, ni sa cruelle perfidie et son penchant, une sentimentalité exaltée, ni ses dizaines d’autres propriétés et traits ordinaires ou repoussants ne peuvent à eux seuls expliquer ce qu’il a commis.

S’il put accéder au pouvoir, ce n’était pas parce que l’Allemagne convenait à son caractère, mais bien parce que cette Allemagne fascisante d’après-guerre avait besoin d’un Hitler.

L’Allemagne, vaincue dans une guerre impérialiste, cherchait un Hitler et elle l’avait trouvé.

Mais la connaissance du caractère de Hitler permet de comprendre les mécanismes de son accession au rôle de chef de l’Etat nazi.

Dans sa biographie et dans la nature de ses actes il faut noter une constante : l’échec. De manière étonnante, son succès fut bâti précisément sur ses échecs. Lycéen et étudiant médiocre qui avait échoué à deux reprises aux examens d’entrée à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne et de Munich, homme politique malchanceux qui avait commencé sa carrière comme éclaireur de l’armée bavaroise et comme instructeur auprès d’un parti dont il finit par devenir le chef, Hitler n’avait pas connu de chance non plus dans ses relations avec les femmes.

Dans son for intérieur, il garda toujours sa timidité de mauvais élève et n’oublia jamais que, dans les conditions de libre compétition des talents, il n’avait point été admis même dans le cercle le plus modeste des peintres de province. (…)

Pendant les années de son ascension et celles où il domina les peuples d’Europe, Hitler garda un caractère de petit-bourgeois malchanceux ; l’immensité du pouvoir ; qu’il avait concentré entre ses mains et les particularités de l’Etat nazi lui permirent d’exhiber sur la scène paneuropéenne les manifestations d’une âme aigrie, soupçonneuse, vindicative et perfide… Les traits de caractère du dirigeant de l’Etat nazi devinrent fatals pour des millions d’hommes !

Arrivé au pouvoir, au plus profond de son âme il continua à se sentir lésé. La fabuleuse présomption du Führer n’était qu’une forme d’expression de son manque d’assurance.

Tel fut le caractère humain qui incarna la nature de l’Etat allemand vaincu dans le Première Guerre mondiale.

L’Etat allemand des cinq ou six dernières décennies était un Etat malchanceux. Ses tentatives de devenir le maître du monde avaient connu un échec. L’impérialisme allemand ne pouvait pas conquérir les marchés par une voie pacifique.

En 1914, l’Allemagne avait déclenché une guerre pour les marchés mondiaux. Dans cette guerre, elle avait été vaincue : son armée défaite, sa stratégie de la manœuvre tournante et des attaques éclair du plan Schlieffen avait été démentie par la réalité des champs de bataille. A cette époque Adolf Schicklgruber (futur Hitler après remariage de sa mère avec Heidler ou Hitler) accomplissait son itinéraire microscopique, remarqué par personne, son tracé d’échecs parallèle à celui de l’Allemagne. La haine des idées de l’égalité sociale et raciale, la haine de la liberté mûrissait en lui.
(…)

C’est ainsi que d’un échec personnel de Schicklgruber, devenu l’élu de la réaction allemande, était né le succès de Hitler ; la malchance de cet homme avait permis son bref, terrible et absurde pouvoir sur les peuples d’Europe. Dans sa soif de pouvoir, il avait tout simplement saisi l’atmosphère de l’après-guerre avec grossiereté et acuité, avait trouvé en lui une énergie insensée et la rage d’un démagogue. Il avait tenté d’allier l’amoralisme personnel de l’Allemagne des ratés d’après-guerre, des commerçants, des officiers, des serveurs, parfois des ouvriers désespérés, avec l’amoralisme étatique d’une puissance impérialiste vaincue prête à prendre ouvertement le chemin du crime industriel et politique. Souvent, plus souvent que quiconque dans l’histoire, il avait fait appel aux plus bas instincts de l’homme… Et il savait en appeler aux sentiments des mères, des pères, ceux d’un ouvrier et d’un laboureur. Il avait écrasé la résistance des forces révolutionnaires de la classe ouvrière allemande, s’était débarrassé de l’intelligentsia démocratique. Il avait fait taire tous les opposants, transformant l’Allemagne en un désert intellectuel, en une zone de silence. »

Staline : le chemin du pouvoir
Comme on l’a dit, bien des remarques qui précèdent pourraient coller comme un gant à Staline. Voyons cela :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5021

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5999

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1601

Peut-on comparer Staline et Hitler ou stalinisme et fascisme ?

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6768

« Hitler et Staline, étoiles jumelles » affirmait Trotsky…

https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/12/lt04121939.htm

Trotsky le 6 mars 1939 : « L’accord entre Hitler et Staline ne modifierait rien d’essentiel dans la fonction contre-révolutionnaire de l’oligarchie du Kremlin. Il permettrait seulement de mettre à nu cette fonction, de la faire apparaître avec plus d’éclat, de hâter ainsi l’effondrement des illusions et des falsifications. Notre tâche politique ne consiste pas à « sauver » Staline des embrassades de Hitler, mais à les renverser l’un et l’autre. »

https://wikirouge.net/texts/fr/Hitler_et_Staline

Trotsky en septembre 1939 :

« La question n’est pas du tout que le Kremlin se sent plus proche des États totalitaires que des États démocratiques. Ce n’est pas déterminant pour le choix d’une orientation en politique internationale. Malgré son aversion pour le régime soviétique, le parlementariste conservateur Chamberlain a essayé de toutes ses forces de conclure une alliance avec Staline. Cette alliance ne s’est pas réalisée parce que Staline a peur de Hitler. Et ce n’est pas un hasard s’il a peur de lui. L’Armée rouge est décapitée. Ce n’est pas là une phrase, c’est un fait tragique. Vorochilov est une fabrication. Son autorité a été créée artificiellement par une propagande totalitaire. Sur son pinacle vertigineux, il reste ce qu’il a toujours été, un coureur des bois borné, sans perspective, sans culture, sans capacités militaires et même sans talent d’administrateur. Tout le pays le sait. A l’état-major « épuré », il ne reste plus un seul nom dans lequel l’armée pourrait placer sa confiance. Le Kremlin a peur de l’armée, et il a peur de Hitler. Staline a besoin de la paix — à tout prix. »

Les prétendues démocraties occidentales ont affirmé que la deuxième guerre mondiale était une guerre de la démocratie contre le fascisme tout en s’alliant à Staline contre Hitler, ce qui était donner un brevet de démocratie au régime de l’autocrate fasciste du Kremlin, l’ami d’Hitler.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7137

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3480

La seule démocratie possible, en période de crise aïgue de la domination capitaliste, est d’arracher à la bourgeoisie ses instruments de domination.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6420

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4115

Rappelons aussi qu’Hitler est arrivé au pouvoir grâce à Staline

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5194

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article468

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article636

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