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En Angleterre, les vraies perspectives de la grève générale des infirmières

samedi 17 décembre 2022, par Robert Paris

Quelle perspective ? Une grève générale pour soutenir la lutte des infirmières en défense du NHS contre le gouvernement conservateur britannique : Construisez des comités de la base !

La grève du Service national de santé (NHS) des infirmières et du personnel ambulancier doit devenir le centre de l’escalade du conflit entre la classe ouvrière, le gouvernement Sunak et les employeurs.

Il s’agit de la grève la plus importante sur le plan politique de la vague de grèves syndicales en cours au Royaume-Uni qui a éclaté au début cet été. Elle confirme que la lutte contre la pire crise du coût de la vie de mémoire d’homme place les travailleurs dans une confrontation directe avec l’appareil d’État capitaliste et un gouvernement déterminé à leur faire payer le renflouement pandémique des grandes entreprises, l’escalade de la guerre contre la Russie en Ukraine et la crise économique produite par la hausse des prix du pétrole, du gaz, des minéraux et des denrées alimentaires et les profits éhontés des grandes entreprises.
Des travailleurs du National Health Service et leurs partisans parmi 250.000 personnes manifestant pour la défense du NHS à Londres en 2017 [Photo : WSWS] [Photo : WSWS]

Cela soulève sans détour la nécessité d’organiser une grève générale pour faire tomber le gouvernement conservateur, qui a l’intention de détruire le NHS et de briser les grèves dans les services de santé, les chemins de fer, la poste, l’éducation et d’autres secteurs clés.

Mais l’organisation d’une telle action ne peut se faire que dans une lutte politique et organisationnelle contre une bureaucratie syndicale déterminée à isoler et à saboter chacune de ces luttes, et contre un Parti travailliste qui travaille en tandem avec les conservateurs au nom des grandes entreprises et des banques.

L’ampleur de ce mouvement montre l’immense opposition à laquelle sont confrontés les conservateurs alors qu’ils cherchent à placer tout le poids d’une crise croissante du capitalisme britannique et mondial sur le dos de la classe ouvrière. Des centaines de milliers de travailleurs ont déjà été impliqués dans des grèves cette année. Plus de 1,1 million de journées de travail ont été perdues entre juin et octobre et 417.000 ont été perdues rien qu’en octobre, le chiffre le plus élevé depuis plus d’une décennie. Entre 500.000 et 1 million de travailleurs pourraient désormais faire grève à l’approche de Noël.

La vague de grèves en Grande-Bretagne fait partie d’une flambée explosive de la lutte des classes à l’échelle internationale, y compris des grèves générales en Italie, en Belgique et en Grèce. Mais ce n’est qu’un pâle reflet de ce à quoi le gouvernement et les employeurs seraient confrontés sans les efforts concertés des dirigeants syndicaux pour empêcher l’émergence d’un mouvement de grève beaucoup plus large et unifié.

Depuis qu’ils ont été contraints d’appeler à l’action en raison du sentiment de colère et de militantisme des membres de la base, les syndicats ont participé, les uns après les autres, à des réunions avec les employeurs et le gouvernement, les suppliant de signer une augmentation de quelques points de pourcentage toujours massivement en dessous de l’inflation en échange de l’accord des syndicats sur des suppressions d’emplois, des cadences de travail accrues et des restructurations.

Cela a entraîné une série de trahisons dans les secteurs des autobus, du chemin de fer et dans les collectivités locales, dont la plus importante a été la trahison par le Syndicat des travailleurs de la communication de la grève des télécommunications BT/Open Reach impliquant 40.000 travailleurs. Le résulta aurait été pire si ce n’était de deux facteurs : la détermination des travailleurs à se battre et celle du gouvernement conservateur à prouver qu’il allait briser cette vague de grève afin de réaffirmer le pouvoir du capital face à cette opposition.

Les grèves du NHS sont un exemple révélateur du rôle de la bureaucratie syndicale. La grève de 48 heures de près de 100.000 infirmières les 15 et 20 décembre n’a lieu qu’en raison de l’échec de l’appel servile qu’avait lancé le syndicat Royal College of Nursing (RCN) au secrétaire à la Santé conservateur Steve Barclay pour accepter des pourparlers au cours desquels la rémunération pourrait au moins être abordée. Le gouvernement a refusé parce qu’il veut que la grève ait lieu et soit perçue comme vaincue. Mais ce n’était pas avant que le chef du RCN, Pat Cullen, ait clairement indiqué que le syndicat n’avait pas l’intention de se battre pour la revendication salariale de 5 pour cent au-dessus de l’inflation réclamée par les infirmières.

En Écosse, Unison – le plus grand syndicat du secteur public avec 500.000 membres dans le NHS – et Unite, ont conclu un accord pourri pour mettre fin aux grèves du personnel ambulancier et d’autres travailleurs de la santé et ont tenté de faire de même au Pays de Galles.

La tendance est universelle, le CWU allant jusqu’à demander au roi Charles d’intervenir et de convaincre le gouvernement de faire des compromis et le chef du syndicat RMT, Mick Lynch, écrivant une lettre personnelle au premier ministre Rishi Sunak pour qu’il organise des discussions de « bonne foi ».

Il n’y aura pas de recul du gouvernement, seulement de la part des dirigeants syndicaux. Le NHS est le plus gros employeur du Royaume-Uni, avec 1,5 million de travailleurs. Vaincre la grève est donc considéré comme une question existentielle, alors que des centaines de milliers de travailleurs du secteur public ont déjà voté pour se mettre en grève ou sont en voie d’être consultés. Cela est également vital afin de poursuivre le saccage délibéré du NHS pour priver les travailleurs de soins de santé vitaux et coûteux et ouvrir la voie à une plus grande privatisation du service.

Le gouvernement conservateur utilise la démobilisation de l’opposition de masse par la bureaucratie syndicale pour préparer une offensive d’État impitoyable, basée sur une législation sur les niveaux de service minimum assortie d’amendes d’un million de livres sterling qui interdiront effectivement les grèves dans tout secteur considéré comme impliquant des « infrastructures critiques ». Une interdiction pure et simple des grèves dans le NHS a également été évoquée.

Les dirigeants syndicaux encouragent incessamment la complaisance, en se basant sur l’affirmation selon laquelle le prochain gouvernement travailliste dans deux ans renversera cette législation et améliorera certaines des pires coupes sociales. Ce ne sont que des mensonges. Le chef travailliste sir Keir Starmer et ses sbires ont proclamé leur opposition aux grèves et que la demande de rémunération des infirmières est déraisonnable. En ce qui concerne l’avenir, il a déclaré que le Parti travailliste était le parti de la « politique monétaire saine » : un euphémisme pour les coupes sociales et l’austérité. Son secrétaire fantôme à la Santé, Wes Streeting, s’insurge dans le Telegraph contre une « culture du quelque chose pour rien dans le NHS » (article en anglais), s’engage à aller plus loin que les conservateurs dans l’utilisation du secteur privé et dit qu’il « s’attaquera » aux syndicats de la santé.

Le Telegraph a fait l’éloge de Streeting, déclarant que « la rhétorique des travaillistes semble plus conservatrice que celle des conservateurs ».
Sir Keir Starmer, le chef du Parti travailliste britannique, prononce son discours lors de la conférence annuelle du parti à Liverpool, en Angleterre, le 27 septembre 2022 [AP Photo/Jon Super] [AP Photo/Jon Super]

Ce que Streeting veut dire, c’est que les travaillistes s’attaqueront à la classe ouvrière. Pour ce faire, Starmer a promis à la Confédération de l’industrie britannique que le Parti travailliste est « prêt pour le partenariat » afin de stimuler la productivité et les profits et d’imposer l’austérité aux travailleurs en formant un Conseil de stratégie industrielle basé sur « un véritable partenariat entre le gouvernement, les entreprises et les syndicats ». Ce serait ainsi que « le parti de l’OTAN » poursuivrait la guerre des conservateurs contre les travailleurs du pays et une escalade de la guerre de l’OTAN contre la Russie. Lors de la période des questions au premier ministre mercredi, Starmer a assuré à Sunak que « quels que soient les autres difficultés et désaccords que nous ayons au sein de la chambre, nous sommes et resterons unis dans notre soutien indéfectible à la liberté de l’Ukraine et à sa victoire ».
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Les travailleurs doivent répondre à cette conspiration politique qui promeut l’austérité, le militarisme et la guerre. Pour ce faire, ils doivent reprendre des mains de l’appareil syndical la direction de leur propre sort.

Des comités de la base, démocratiquement élus, doivent être formés dans chaque lieu de travail, pour unifier la vague croissante de luttes basées sur la revendication d’une grève générale pour faire tomber les conservateurs. Cette lutte doit être menée dans le cadre d’une offensive mondiale de la classe ouvrière à travers la construction de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC).

Toute lutte contre les conservateurs doit également être une lutte contre le Parti travailliste et pour la construction d’une direction socialiste dans la classe ouvrière.

Le Socialist Equality Party (SEP – Parti de l’égalité socialiste) appelle les travailleurs à exiger des élections générales immédiates, tenues non pas après que la bureaucratie syndicale ait trahi et dissipé l’opposition de masse dans la classe ouvrière, mais dans des conditions où la lutte des classes atteint maintenant des dimensions nouvelles et explosives. Lors de toute élection générale, le SEP présentera des candidats contre les partis des grandes entreprises, conservateur et travailliste, pour organiser politiquement le mouvement de masse nécessaire de la classe ouvrière contre l’austérité, pour l’élimination du COVID-19 et pour la fin de la guerre.

Socialist Equality Party (Royaume-Uni)

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