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La gauche au parlement et l’extrême gauche opportuniste au syndicat sont aussi trompeurs pour le prolétariat que les réformistes de gouvernement

vendredi 8 juillet 2022, par Alex, Waraa

La gauche au parlement et l’extrême gauche opportuniste au syndicat sont aussi trompeurs pour le prolétariat que les réformistes de gouvernement

UN POUVOIR DESTABILISE PAR LES ELECTIONS OU UNE PSEUDO OPPOSITION QUI CHERCHE À NOUS ENFERMER SUR LE TERRAIN BOURGEOIS DU RÉFORMISME PARLEMENTAIRE ET DES LUTTES RÉFORMISTES POUR BRISER TOUTES LUTTES DE CLASSES, TOUTES ACTIONS RÉVOLUTIONNAIRES CONTRE LE CAPITALISME ET LA GUERRE MONDIALE !

L’ABSENCE DE MAJORITE ABSOLUE N’EST PAS UN SIGNE DE DESTABILISATION DU REGIME DE LA 5EME REPUBLIQUE !

A l’issue des élections parlementaires, la gauche et l’extrême gauche électoraliste (LO et NPA notamment) ont présenté l’absence de majorité absolue pour le parti de la majorité présidentielle comme une déstabilisation du pouvoir de Macron ! Que Macron n’ait pas de majorité absolue est une chose mais force est de constater que le pouvoir réel de la Haute Bourgeoisie qui dicte en réalité la vie politique et économique n’a pas été ébranlée ! Son pouvoir n’est pas contesté sur les lieux d’exploitation d’où elle tire ses profits, ses richesses pas plus que son État n’est ébranlé ou encore sa politique impérialiste (notamment militaire) ou son pouvoir politique au travers du parlementarisme bourgeois derrière lequel nous ont entrainé l’extrême droite et la gauche en passant par l’extrême gauche pour éviter toute réelle confrontation de classe entre les capitalistes et le peuple travailleur !

Pourtant on nous vend l’idée que Macron ou son gouvernement seraient déstabilisé faut de majorité absolue. Et c’est d’ailleurs ce que voudraient nous faire croire tous les « partis d’opposition » qui ont participé à ces élections.

Mais rendons au Général De Gaule ce qui lui appartient : les institutions de la Vème République, qui ont transformé le président de la République en quasi-monarque, ne sont sur le papier absolument pas déstabilisées par ce genre de résultat aux élections. Cette République n’est pas un régime parlementaire. La constitution de 1958 relègue le parlement au Titre IV, après les Titres II et III qui traitent du président et du gouverne-ment. « Si nous n’avons pas de majorité à l’Assemblée, nous nous en passerons. Cette constitution a été faite pour gouverner sans majorité ! » déclarait de Gaulle en 1966.

L’ACTION SYNDICALE, LES GREVES ET LES LUTTES REFORMISTES SONT UN AUTRE ASPECT DE LA POLITIQUE BOURGEOISE DANS LES LUTTESQUI NE DESTABILISERONT PAS PLUS LE REGIME QUE LES ELECTIONS BOURGEOISES AYANT PERMIS D’ELIRE LA NUPES OU LE RN

Les Gilets Jaunes, à bien des égards,ont représenté un risque bien plus réel de déstabilisation du régime bourgeois contrairement à l’élection de la NUPES ou du RN au parlement, en voulant s’en prendre directement aux institutions de la bourgeoisie et en voulant se diriger soi-même sans être sous la coupe d’un parti ou d’un syndicats ! Un pas réel vers la politique clamée dans le Manifeste du Parti Communiste de Marx et Engels pour qui « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » !

Mais ces considérations sur les élections ou l’action parlementaire ont-elles un intérêt pour les révolutionnaires ? N’est-ce pas « dans la rue », par la « lutte des classes » que les travailleurs défendront réellement leurs intérêts réels comme le prétend l’extrême gauche électoraliste ? Oui c’est bien le cas ! Mais elles oublient tout de suite de préciser que ce n’est seulement le cas que si cette lutte est dirigée directement par le prolétariat et le peuple travailleur lui-même !Les syndicats comme la gauche sont intégrés à l’appareil d’État et la défense de l’impérialisme du capitalisme français depuis la grande guerre de classe de 14 ! Ce n’est donc ni en votant aux élections parlementaires ou professionnelles pour des réformistes ni en leur laissant la direction des grèves et des luttes que nous pourrons renverser le régime capitaliste ! L’opposition entre les élections, l’action parlementaire et les grèves ou les luttes que fait l’extrême gauche n’a d’autre but que de cacher son absence de politique révolutionnaire tant dans l’action électorale que gréviste ! Leur radicalisme « des luttes » ne sert qu’à maintenir derrière les réformistes ceux qui n’ont pas voté pour eux aux élections !

PARLEMENTARISME ET GREVES REFORMISTES CONTRE LE PARLEMENTARISME REVOLUTIONNAIRE ET LES GREVES POLITIQUES ET INSURRECTIONNELLES !

Opposer ces deux types de méthodes élections contre manifestations, comme le fait l’extrême gauche électoraliste comme LO par exemple, est l’un des grands mensonges auquel sont confrontés les travailleurs. Les luttes auxquelles l’extrême gauche appelle à participer sous la direction des confédérations, des syndicats de bases ou des sections présentées à tort comme plus radicales, moins réformistes, ne s’opposent pas aux élections ! Bien au contraire elles ne sont en réalité que le prolongement réformiste du parlementarisme bourgeois/réformiste de cette même gauche ! Ces luttes s’appuient bien souvent (comme pour les retraites) sur l’agenda parlementaire et n’ont d’autres objectifs que d’interpeller les parlementaires en faisant pression sur eux ! Ces luttes comme l’action parlementaire réformiste ne visent nullement à ébranler le pouvoir capitaliste et à organiser le peuple travailleur en vue du renversement du capitalisme et de toutes ses institutions notamment les parlements en les remplaçant par une fédération de comité du peuple travailleur qui s’appuie sur son auto-organisation en tant que classe sociale !

Au réformisme parlementaire les révolutionnaires communistes n’opposent pas les grèves et les luttes réformistes mais l’action révolutionnaire qu’elle soit sous la forme du parlementarisme révolutionnaire qui ne peut être que l’expression au sein du parlement de l’action révolutionnaire du peuple travailleur hors du parlement ! Le parlementarisme révolutionnaire n’étant qu’une tactique qui ne peut se substituer à l’action directe de notre classe sociale contre les capitalistes !

Or telle n’est pas la politique menée par la gauche bourgeoise et son extrême-gauche au sein des syndicats sur bien des aspects politiques et économiques ! Aucune n’appelle le peuple à s’organiser de manière autonome et indépendante pour mener ses luttes et les diriger directement en liant nos revendications immédiates tant sur le plan économique que politique à la perspective révolutionnaire de renversement du capitalisme et de la prise du pouvoir politique par le peuple travailleur au travers d’une fédération de soviets !

POLITIQUE RÉFORMISTE ET RÉVOLUTIONNAIRE DANS LA PÉRIODE D’EFFONDREMENT DU CAPITALISME ET DE MARCHE À LA GUERRE MONDIALE ?

DES REFORMISTES POLITIQUES ET SYNDICAUX RESPECTUEUX DE LA LEGALITE BOURGEOISIE

La guerre en Ukraine, les conséquences des famines pour les pays les plus pauvres, d’augmentation générale des prix dans un pays comme la France, sont deux problèmes très concrets auxquels les travailleurs sont confrontés. Tous les partis politiques leur proposent d’attendre une « loi sur le pouvoir d’achat ». Comme si l’augmentation des salaires passait par une loi, alors qu’il s’agit du partage des profits que s’accaparent les capitalistes. Des poussées grévistes spontanées sont observées, des secteurs n’attendent pas le signal des syndicats pour pousser à la grève. Les partis LFI, le PC sont trop occupés par la lutte des places à l’assemblée pour entraîner dans la lutte les travailleurs qui ont voté pour eux. Les organisations syndicales, qui pourtant ont les élections professionnelles en ligne de mire avant la fin de l’année, se montrent « responsables » vis-à-vis de l’assemblée et du gouvernement, elles n’appellent à aucun mouvement d’ensemble tant que le gouvernement et le parlement n’ont mis aucune question à l’ordre du jour.

LE PARLEMENTARISME REVOLUTIONNAIRE AUX OUBLIETTES !

L’extrême gauche électorale, Lutte Ouvrière (LO) de N.Arthaud et le NPA de P. Poutou ont participé à ces élections en prétendant « subordonner le vote aux luttes ». Pourtant, parmi ces « luttes », la question de la guerre inter-impérialiste qui se profile reste aujourd’hui comme elle le fut en 1914 la question principale au-tour de laquelle s’articuleront les autres. Or ni les syndicats, ni les organisations politiques, de la gauche à l’extrême gauche, ne s’adressent aux travailleurs sur cette question-là. Ce n’est pas la question d’une majorité absolue ou relative qui ont fait chuter les IIIème et IVème républiques en 1940 et 1958. Elles se sont elles-mêmes sabordées pour résoudre au profit des grands capitalistes les questions de la guerre avec l’Allemagne et la guerre d’Algérie. Le fait que la guerre en Ukraine pourra déstabiliser le régime de ce pays et des pays voisins, ainsi que la bourgeoisie française, ne fait l’objet d’aucun appel à voter, manifester ou lutter.

Il existe pourtant une tradition concernant l’utilisation de la tribune parlementaire au profit d’une agitation et d’une propagande révolutionnaire comme l’ont fait les Bolcheviks à la Douma tsariste ou Karl Liebknecht au Reichstag.

C’est à propos des questions de la guerre, que des discours antimilitaristes en pleine guerre ont eu un impact quasi-mondial. Au moment où de nouvelles guerres se préparent, l’extrême-gauche « révolutionnaire » se garde bien de remettre ces discours à l’ordre du jour. La guerre en Ukraine est décrite comme lointaine, l’armée française est pourtant déjà près du front. Le journal bourgeois Les Échos le rappelait il y a quelques jours :

« Désignée « nation cadre » de la Roumanie dans le système de défense collective de l’Otan, la France doit monter en un temps record les infrastructures nécessaires à l’installation de 1.000 soldats, et assure depuis mai la défense antiaérienne du port de Constanta.. Perdue au milieu des champs qui s’étendent à perte d’horizon dans la région du delta du Danube, la base de CapulMidia, située entre le port de Constanta et l’Ukraine, accueille depuis le 8 mai dernier l’un des équipements les plus sophistiqués de l’armée française : le système de défense sol-air Mamba, soit l’équivalent du Patriot américain. Il doit protéger de toutes attaques aériennes la ville de Constanta, son port, qui est désormais le seul débouché en mer Noire desmarchandises ukrainiennes depuis le blocage d’Odessa, ainsi que la première raffinerie roumaine et la base militaire adjacente de Mihail Kogalniceanu ».

L’ABSENCE D’UNE POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE ANTI—IMPERIALISTE ANTI-MILITARISTE

L’armée française en Roumanie à Constanta, et ni LO ni le NPA ne font la une de leurs éditoriaux sur ce dé-ploiement ! Bienvenue dans l’Union sacrée ! Le NPA en appelle même à l’intensification des livraisons d’arme à l’armée ukrainienne. Or pour les travailleurs conscients, pour tout groupe de militants révolutionnaire qui s’adresse aux travailleurs, les noms des villes de Constanta, de Galati, de Tiraspol (aujourd’hui capitale de Transnistrie, région autonome pro-russe coincée entre Moldavie et Ukraine) sont bien connues comme des hauts-lieux des crimes de l’armée française, qui utilisa ces ville roumaines comme base afin d’envahir l’Ukraine et d’écraser la révolution d’Ukraine et de Russie en 1919, s’illustrant par des massacres à Odessa, Kherson, Niko-laïev.

Alors que la France envoie à nouveau des troupes en Roumanie, c’est le rôle des révolutionnaires de rappeler les derniers massacres de la démocratie capitaliste française défendant ses intérêts impérialistes. C’est sous le nom d’armée d’Orient qu’une partie de l’armée française fut dirigée dans cette région après les armistices de 1918. Les criminels à sa tête étaient les généraux H. Berthelot, L. Franchet d’Espèrey. Les héros de cette armée sont les soldats qui refusèrent d’aller massacrer les ouvriers et paysans d’Ukraine, lorsqu’ils comprirent que c’est à ce sale rôle qu’on les réduisait. La terreur blanche mise en place par l’armée d’Orient fut en effet inaugurée par un massacre d’ouvriers. Les routes étant impraticables à cause de l’hiver et de leur manque d’entretien, c’est le réseau ferré qui procurait des voies d’accès à l’Ukraine, avec comme première étape l’occupation des gares et la réquisition des trains. Les massacres gratuits et systématiques des employés de chemins de fer révoltèrent les soldats français.

Pourquoi ne pas remettre à l’honneur cet épisode des mutineries de l’armée française ? Souvenons-nous de ce grave avertissement : ce n’est pas un parti révolutionnaire français qui organisa la résistance antimilitariste (c’est-à-dire anti-armée française), mais les réflexes politiques des soldats, qui pour certains avaient des traditions politiques ou syndicales d’avant-guerre, quand le Parti Socialiste et la CGT s’opposaient encore en paroles à la future boucherie impérialiste programmée qui éclata en 1914. Le journal de gauche « La Vague » fit connaitre cette « guerre secrète »en publiant de nombreuses lettres de soldats comme celle-ci :

« Civilisation française. J’ai vu des femmes et des enfants, à la gare d’Odessa, frappés à coups de crosse par des sous-offs qui nous punissaient si, par pitié, nous offrions un peu de pain à ces affamés ! Un Russe essaya de faire sauter un wagon ; on ne sut pas lequel. Sans enquête, on tua deux mécaniciens russes, dont l’un était à genoux, et on les pendit avec un écriteau. Les deux meurtriers eurent chacun la croix de guerre. »

LÉNINE ET TROTSKY ET LA LUTTE LA GUERRE MONDIALE INTER-IMPÉRIALISTE ET LE MILITARISME

La seule organisation antimilitariste digne de ce nom était celle mise en place par Lénine et Trotsky dans le camp d’en face, qui s’adressait dans toutes les langues aux soldats des armées d’intervention :

« Appel des communistes-bolcheviks de l’Ukraine. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous. Matelots et soldats français, fils de la grande révolution française, enfants de la Commune de Paris. Camarades ! Pendant que les ouvriers et les paysans russes, après avoir souffert du joug tsariste et avoir donné leur fils pour la guerre honteuse et sanglante, luttent pour la liberté en partie déjà acquise, vous êtes venus ici et pourquoi ? Votre gouvernement vous a dit que les bolchéviks sont des criminels. Est-ce qu’on est criminel en défendant les pauvres contre les riches, les ouvriers contre les capitalistes, les paysans contre les gros propriétaires ? Est-ce qu vos braves ancêtres l’étaient en faisant la grande révolution française ? Certes non ! Vous êtes venus ici par ordre de votre gouvernement pour vous joindre à l’armée volontaire composée d’officiers, de capitalistes, de bourgeois aspirant à la restauration du tsarisme. »

RENOUER AVEC LA POLITIQUE RÉVOLUTIONNAIRE DE LÉNINE ET TROTSKY

Mais ces textes ne sont-ils pas d’une autre époque ? Car il n’y a actuellement pas de révolution ni en Ukraine ni en Russie ? Rappelons d’abord que la cause première de toutes les révolutions qui éclatèrent en Europe fut avant tout la défaite des classes dirigeantes de ces pays. Pour des travailleurs conscients, toute menace d’une guerre impérialiste, c’est également une menace de révolution anti-impérialiste. Or l’Ukraine se rapproche d’une telle situation de jour en jour. Certes aucun signe d’une contestation de Zelenski ne transparait. Mais la corruption de l’État ukrainien, son contrôle par des oligarques sont des faits dont les ukrainiens ont conscience autant qu’avant la guerre. Un patriotisme défensif prévaut dans l’ensemble de la population, mais il pourrait ne pas tenir longtemps face à la défaite de Zelenski. Qui défend l’intégrité territoriale de l’Ukraine ? Les USA ont précisé dès le début qu’ils n’enverraient pas un soldat en Ukraine. L’armée ukrainienne « utile » est réduite à des unités comme le régiment Azov, pro-nazi, qui ne font pas le poids par rapport à l’armée russe et ne seront plus en mesure de maintenir l’ordre quand le gouvernement aura besoin d’eux contre sa population. Bref, si le gouvernement Ukrainien s’effondre suite à son incapacité à défendre l’Ukraine, le maintien de l’ordre en Ukraine incombera aux armées russe et occidentale, comme en 1945.

C’est exactement ce qui se passa en 1918, le texte de l’armistice du 11 novembre enjoignant aux troupes allemandes d’Ukraine de rester sur place et de se retirer seulement « dès que les Alliés jugeront le moment venu, compte tenu de la situation intérieure de ces territoires ». Les révolutionnaires d’Ukraine concluaient une de de leurs brochures par en des termes qui ont leur place dans un texte adressé aujourd’hui aux soldats français envoyés en Roumanie :

« Refusez d’être les chiens de garde des trônes et des coffres-forts ! Formez des Soviets ! Exigez votre rapatriement immédiat ! Vivent les Soviets des Soldats et Marins ! Vive la République Fédérative des soviets ! »

Et l’armée française dut quitter l’Ukraine et la Russie, défaite par une politique révolutionnaire menée les travailleurs.

LA GUERRE EN UKRAINE EST LA GUERRE DE TOUS LES PROLÉTAIRES CONTRE TOUS LES IMPÉRIALISMES, CONTRE L’UNION SACRÉE ET POUR L’ABOLITION DES ARMÉES PERMANENTES

Mais au lieu d’avoir rappelé cet épisode du mouvement ouvrier pendant les élections, N. Arthaud, pour LO, décrit la situation en Ukraine comme celle d’une planète lointaine :

« On ne peut pas, sans connaître la situation sur place, dire quelle pourrait être précisément la politique des révolutionnaires ukrainiens et russes, à notre connaissance très peu nombreux. Que devrons-nous faire si, demain, la guerre s’étend en Europe ? Ou sur des champs de bataille plus lointains, mais que notre bourgeoisie y projette ses armées de façon plus massive ? Là encore, on ne peut pas tout anticiper. Cela dépendra de beaucoup de choses, de l’état d’esprit des travail-leurs, qui peut évoluer au cours de la guerre, de nos propres forces et d’autres facteurs encore. »

Le fait que l’armée française se déploie en Roumanie, n’est-il déjà pas un élément de la guerre en Ukraine ? Les événements d’il y a 100 ans ne sont plus d’actualité ? Notre armée aurait changé, elle serait en lutte contre Poutine, pas également pour réprimer en accord avec lui tout soulèvement des exploités, comme récemment au Kazakhstan ? Un régime ukrainien qui s’écroule politiquement après une défaite militaire, ce n’est pas une éventualité envisageable ?

N. Arthaud pour LO, est dans l’union sacrée, tout simplement, remettant la lutte contre l’armée française à « plus tard » !

Aujourd’hui, nous vivons d’après N. Arthaud dans un régime démocratique, gardons-nous de toute action illégale :

« Une organisation révolutionnaire doit être prête à agir de façon illégale si cela devient le seul moyen pour elle de combattre la propagande du gouvernement et de l’armée. La discipline qui règne dans les casernes comme dans les usines en période de guerre rend nécessaires, pour militer, des mesures qu’on ne peut pas définir abstraitement à l’avance, mais qu’il faut être morale-ment prêt à adopter. »

Ainsi, nous ne serions pas encore en « période de guerre », et lorsque nous y serons, peut-être faudra-t-il agir de façon illégale « si » cela devient le seul moyen pour elle de combattre la propagande du gouvernement et de l’armée. La classe ouvrière doit donc garder l’espoir qu’en période de guerre, des moyens légaux resteront tout à fait utilisables pour « combattre la propagande du gouvernement et de l’armée ». Comme si, de plus, l’objectif de révolutionnaires s’arrêtait à la propagande, et pas à la prise du pouvoir, la dissolution des armées et polices de la bourgeoisie, remplacées par le peuple en arme ! Une propagande antimilitariste faite « abstraitement à l’avance », dénigrée ironiquement par LO, c’est ce que firent justement Jaurès, Lénine, Rosa Luxemburg, et derrière eux toute l’aile gauche de l’Internationale socialiste. Retourner les armes contre notre propre bourgeoisie, transformer la guerre impérialiste en guerre civile, à l’image de la Commune, c’est la résolution que prit officiellement, lors de ses congrès internationaux d’avant 1914, l’internationale socialiste.
Seuls quelques révolutionnaires comme Jaurès, Lénine, Trotsky, R. Luxemburg et K. Liebknecht leur restèrent fidèle. C’est grâce à leur persévérance à présenter « abstraitement à l’avance »un programme internationaliste ouvrier que des millions de prolétaires, à partir de 1916 en Irlande grâce à J. Connolly, en 1917 en Russie puis dans toute l’Europe en 1918, purent s’emparer d’un programme pour la révolution.

Alors que LO met en avant l’objection « des révolutionnaires ukrainiens et russes, à notre connaissance très peu nombreux. », les révolutionnaires comme Lénine et Trotsky, avant de faire la fine bouche sur le nombre réduit de révolutionnaires, avançaient un programme pour toutes les régions du monde où les prolétaires se comptaient par millions : ils s’adressaient aux ouvriers et les paysans pauvres des métropoles impérialistes, ainsi qu’à toute les masses pauvres des pays de l’Orient, des régions d’Asie et d’Afrique où sonnait l’heure de la décolonisation, bien avant 1945. Les révolutionnaires, ce sont de ces millions d’opprimés qu’ils sortiront.

DEMOCRATIE SYNDICALE, ELECTION PROFESSIONNELLES CAPITALISTES : INTEGRATION

L’EXTREME GAUCHE AU NUPES SYNDICALES ET L’ABANDON DE FRACTIONS RÉVOLUTION-NAIRES DANS LES SYNDICATS, DE L’AUTO-ORGANISATION, DE LA DICTATURE DU PROLETARIAT ET DES SOVIETS !

Reniement de l’expérience de la grande révolution française aux soviets

Opposer les élections aux luttes comme le fait l’extrême gauche électorale, c’est un moyen de masquer que dans les réunions publiques comme dans les manifestations, c’est la perspective de la dictature du prolétariat appuyée sur des soviets à l’échelle mondiale qui est la seule façon de donner un programme au prolétariat, que ce soit dans des élections ou dans des grèves.

Car depuis 1905, expérience qui n’a fait que confirmer les expériences de la Grande révolution française de 1789-1793, puis celle de la Commune, les révolutionnaires savent que la mise en place de comités auto-organisés, de soviets est une politique nécessaire et suffisante pour que les travailleurs jouent un rôle dirigeant dans leurs propres luttes, en tirent toutes les leçons, pour s’acheminer vers la prise du pouvoir, la dictature du prolétariat. C’est bien « abstraitement à l’avance » que la question des soviets doit être popularisée, dans les élections ou dans les grèves.

LE REFORMISME DE L’EXTREME GAUCHE TYPE LO/NPA AUX ELECTIONS PROFESSIONNELLES ET DANS LES SYNDICATS

Dénonciation du rôle de police politique que l’armée française souhaite jouer comme il y a 100 ans à partir de la Roumanie, adresses aux soldats composant cette armée, popularisation de l’idée de Soviets dans l’armée, les usines et les villes, c’est un programme d’actualité pour les élections professionnelles également. Car oui, nous sommes encore en pleine période électorale ! Les travailleurs syndiqués le savent bien, car c’est en ce moment que les listes syndicales sont mises au point. Les élections, une caricature de démocratie comme les présidentielle et législatives ? La réponse est oui. Mais les organisations comme LO et le NPA qui dénoncent les élections politiques sont aux abonnés absents pour ces élections professionnelles. Car c’est en silence que ces organisations négocient leurs places sur des listes, c’est ce qui explique leur silence. Les « troisième tour », la « lutte des classes » promise pour après les élections ? On l’attend en vain en cette période où Macron et les députés grouillent dans les couloirs du parlement pour négocier des places. Ni LO ni le NPA, ni aucun des groupes soi-disant révolutionnaire militant dans le syndicat n’en profite pour organiser des réunions publiques voire des manifestations, avec pour mot d’ordres : « Macron, Borne, démission ! 10% d’augmentation sur tous les salaires ! 10 % d’embauches dans toutes les grandes entreprises ! Troupes françaises hors de Roumanie, vive les mutineries de 1919 ».

Macron et Borne, démission, c’est aller trop loin ? La démission de Borne a été demandée par divers politiciens.

Au lendemain des élections, le NPA de Poutou nous avait annoncé que Mélenchon avait profité du « vote utile » au détriment du NPA. Cette hypothèque est levée, si des milliers d’électeurs étaient « en fait » d’accord avec Poutou, n’est-ce pas le moment de les mobiliser pour « aider » Mélenchon ? Le fait que le NPA ne mette aucune initiative de ce type en avant montre que son « vote de combat » pour la Nupes avait tout d’un vote banal, rien d’un combat , comme le montre cette remise aux calendes grecques des luttes par le NPA : :

« Les scores de l’ensemble de la NUPES témoignent de l’existence d’une dynamique significative et positive à gauche. Dès aujourd’hui, il faut préparer les combats de demain, en s’appuyant entre autres sur les dynamiques militantes qu’ont pu générer les campagnes d’une partie des candidates de la NUPES. L’enjeu est de constituer ou de pérenniser des collectifs prêts à mener les bagarres à venir face au néolibéralisme autoritaire, à commencer par la défense de nos retraites, qui devra être un combat unitaire de l’ensemble de la gauche politique et sociale, de même que pour la défense et la relance des services publics. »

L’extrême gauche syndicale ! une pseudo opposition au sein des syndicats qui maintient l’encadrement des travailleurs sous la coupe des réformistes

Les combats viendront donc « demain ». Les « collectifs », à la place des soviets ou comités, qui sont mentionnés par le NPA et n’ont apparemment pas encore été constitués, ou se cachent, mais ils seraient « prêts à mener les bagarres à venir ». Sous-entendu : le NPA attend la date de la prochaine « journée d’inaction » syndicale et y appellera.

Les 10% d’augmentation des salaires et des effectifs sont deux des slogans mis en avant par la CGT pour les élections professionnelles dans la fonction publique. N. Arthaud, qui appellera, n’en doutons pas, à toutes les journées d’actions que nous vaudrons les élections professionnelles, ne met pas en avant ces slogans qui sont pourtant propres à rassembler tous les travailleurs. En les reprenant, Poutou et Arthaud ne feraient que dé-marrer la campagne de la CGT, tout en montrant que ni Mélenchon ni le FN ne mettent en avant ces revendications à l’assemblée. Ce serait offrir à leurs électeurs une voie vers le chemin des luttes. LO et le NPA ne reprennent pas ces slogans de la CGT car cette dernière ne veut pas perturber le cirque électoral. La CGT attendra de nombreuses semaines pour se mettre en campagne. NPA et LO qui se présentent sous leur propre drapeau aux élections politiques se présentent comme bien d’autres groupes sur les listes du syndicalisme bourgeois aux élections professionnelles. Ces organisations ont renoncé à construire des tendances révolutionnaires dans le syndicalisme. Les élections professionnelles sont encore moins démocratiques que les élections politiques. Le monopole des grandes confédérations réduirait les syndicalistes révolutionnaires à des petits groupes « illégaux ». Mais on l’a vu plus haut, la « guerre européenne » n’ayant pas commencé, construire des organisations révolutionnaires syndicales illégales n’est pas à l’ordre du jour ; il semble que la « guerre de classe » ne soit pas non plus à l’ordre du jour, pas plus que la guerre européenne. Oui, un syndicalisme même modéré mais réellement indépendant est quasiment illégal !

N. Arthaud le 22 juin tire le signal d’alarme : « Avec le désaveu électoral infligé au clan de Macron aux élections législatives, la crise de la démocratie bourgeoise en France a franchi une nouvelle étape. Tous les éléments d’une crise politique sont en route. » Lorsqu’il fait un tel constat, un parti révolutionnaire prend l’initiative.

Voici ce qu’écrivait une des disciples de Trotsky en 1934, alors que le gouvernement Doumergue mis en place suite à l’émeute du 6 février était déjà discrédité :

« Le gouvernement Doumergue est usé. Les groupements bourgeois ne lui donne plus guère d’espérance. Même les timides radicaux déclarent qu’ils en ont assez. Et sur la droite se dessine déjà une formation de combat, avec Tardieu et Reynaud. A la place de la déflation, elle s’oriente sur l’inflation, moyen plus com-mode pour avilir les salaires et pour exproprier considérablement les couches moyennes. Et, bien entendu, un renforcement de l’appareil étatique, militaire et policier. L’initiative de la chute de Doumergue, c’est la classe ouvrière qui doit la prendre : il faut préparer la grève générale pour renverser Doumergue. »

Pourquoi ne pas mettre en avant un tel objectif pour une grève générale ? Depuis des décennies, les organisations syndicales s’abstiennent de toute politique dans les grèves. L’extrême gauche électorale emboîte cette tendance, en utilisant les termes de « patronat » et « grande bourgeoisie » pour donner des airs poli-tiques à sa participation à ces « luttes », mais en restant sur le terrain purement économique.

Cette extrême gauche reste sur le terrain de Mélenchon. Opposer comme le fait LO, ou compléter comme le fait le NPA les « élections » par « la lutte » est une impasse. Que ce soit dans les élections ou les grèves, c’est le pouvoir du prolétariat, appuyé sur des soviets, qu’il faut mettre en avant ! La dénonciation de l’impérialisme français et de son armée, l’auto-organisation des luttes défensives pour l’augmentation des salaires, l’occasion qui est donnée par les élections professionnelles pour populariser des mots d’ordre de grève politiques dans des déclarations ou des réunions publiques, c’est un programme d’actualité dans les élections ou les luttes. La seule majorité qui sera décisive c’est celle que nous conquerrons dans les comités mis en place par les exploités, leur donnant pour objectif de prendre le pouvoir !

Messages

  • La guerre en Ukraine permet au NPA, par la voix de se Fraction l’Etincelle, de taper sur des "marxistes" (le nom de leur organisation ? secret défense !) :

    Ce rouleau compresseur de la propagande a conduit différents courants qui se revendiquent du marxisme révolutionnaire à s’aligner à des degrés divers sur l’impérialisme tricolore et occidental en revendiquant, soutenant ou cautionnant la livraison d’armes en quantités toujours plus grandes à l’armée de Zelensky au nom de la solidarité avec le peuple ukrainien.

    https://www.convergencesrevolutionnaires.org/Tribune-Ne-cedons-pas-a-la-propagande-belliciste

    Or la Fraction oublie que “son parti”, le NPA par la voix de Besancenot, qui ne se réclame pas du marxisme, est l’un de ceux qui réclament des armes pour l’Ukraine !

    Dans ce même article, la Fraction donne elle-même un exemple de participation à l’Union sacrée :

    La véritable solidarité avec le peuple ukrainien consiste donc à défendre la seule issue qui lui soit favorable : la révolte générale contre la guerre, en Ukraine comme en Russie, et la fraternisation des soldats et des peuples, contre Poutine et Zelensky.

    En France, la "révolte" contre la guerre n’est pas à l’ordre du jour, et de plus Fraterniser avec le régiment Azov en Ukraine, quel programme ! Mutineries, exécution des officiers irrécupérables, dissolution de l’armée bourgeoise puis construction d’un armée rouge, 1917 n’est pas une référence pour la Fraction ! A la place d’une Ukraine soviétique appuyée sur la dictature du prolétariat, c’est une “Ukraine libre, démocratique et socialiste” qui est proposée comme perspective dans cet article.

  • La Fraction cautionne entièrement l’appel de Besancenot aux livraisons d’arme à l’Ukraine :

    En France, nous sommes tout particulièrement concernés par les positions de la direction du NPA [car nous en faisons partie, devrait écrire F. !]. Lors de la campagne présidentielle, Philippe Poutou comme Olivier Besancenot ont été interviewés sur la tragédie de la guerre en Ukraine. Sans ambages, ils ont dénoncé l’agression de Poutine et apporté leur soutien à la population ukrainienne, comme aux opposants russes à la politique de Poutine. On peut souligner que la formulation d’un tract du NPA du 4 mars, « Les appels des UkrainienEs à se faire livrer des armes défensives sont à ce titre parfaitement compréhensibles, même si nous n’avons aucune confiance dans les dirigeants des puissances capables de répondre à cet appel » – formulation à laquelle le NPA s’est tenu dans sa presse écrite, ne revient pas à demander la livraison d’armes. Philippe Poutou comme Olivier Besancenot ont en réalité adopté un ton modeste, compréhensible et appréciable en l’absence de liens sérieux avec des militants de l’opposition ukrainienne, quels qu’ils soient ; eux comme nous bousculés par l’irruption de cette guerre barbare au cœur de l’Europe et eux comme nous étant en peine de dire quelle politique il faudrait mener là-bas, qui soit d’opposition à l’invasion armée russe tout en étant « de classe ».

    https://www.convergencesrevolutionnaires.org/La-guerre-de-Poutine-contre-l-Ukraine-sur-fond-de-rivalites-imperialistes

    Quelle maitrise des nuances de la langues française ! Ainsi, quand Le Pen dit : "Je comprends la colère des français contre les immigrés", elle n’est pas raciste, elle comprend, elle n’approuve pas...

    Quand Besancenot dit qu’il "comprend" les ukrainiens qui demandent des armes, bien sûr que non, il n’appelle pas à fournir des armes ?! Les révolutionnaires n’aiment pas ces jeux sur les mots : entre nous on se comprend, mais le "populo" comprendra le contraire de ce que nous avons l’air de dire. Ce type de langage est celui des centristes : opportunistes qui se donnent l’air de révolutionnaires.

    Michelle Verdier l’auteur de cet article de la Fraction, écrit régulièrement dans l’Hebdomadaire l’Anticapitaliste. Apparemment pour elle ce journal du NPA ne fait pas partie de “sa presse écrite”. Car n’a-t-elle pas lu l’article suivant (numéro 619, 6 juin 2022), où “nous” (dont le NPA) défend le principe des livraisons d’armes :

    Les UkrainienEs mènent une lutte de libération nationale contre l’invasion. Nous soutenons leur droit de résister, y compris militairement, et nous sommes solidaires de leur choix de le faire. Nous défendons leur droit de s’armer et donc de recevoir les armes nécessaires pour résister contre une armée beaucoup plus puissante.

    https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/soutien-la-lutte-ukrainienne-pour-lautodetermination-et-lindependance

    Soutien à la lutte ukrainienne pour l’autodétermination et l’indépendance

    Le NPA n fait pas que "comprendre" il "défend" les livraisons d’armes à l’armée des oligarques ukrainiens.

    Le texte original de cet appel qui date du 22 mai 2002 est sur la page de la 4ème internationale (tendance NPA) https://fourth.international/fr/566/europe/447

    La photo ne fait apparaitre que des drapeaux ukrainiens ...

    On lit dans ce texte complet un passage qui a été supprimé par le NPA dans son journal :

    La population ukrainienne est unie pour résister par tous les moyens à l’invasion russe. De nombreux militant·es socialistes et anarchistes ont rejoint les forces de défense territoriale. En tant que militant·es internationalistes, nous soutenons les camarades qui ont fait ce choix.

    N’est-ce pas être favorable à la fourniture d’armes, sous la forme de soldats prêts à donner leur vie, que cet appel du NPA au militants Ukrainiens (pas les français, chacun chez soi), d’aller mourir pour Zelenski et les oligarques ?

    Passer sous les fourches caudines du NPA (en faisant semblant de n’avoir pas compris, pour pouvoir l’approuver, ce qu’a déclaré le NPA sur l’Ukraine) n’empêchera la Fraction d’être expulsée, si le NPA continue sa marche vers la droite. Michelle Verdier écrivait jadis d’excellents articles dénonçant l’opportunisme de la LCR . Les dirigeants du NPA s’en souviendront très bien, et demanderons sans doute un soutien bien plus explicite à la Fraction, comme par exemple de na pas faire semblant de ne pas être au NPA dans ces textes.

  • N. Arthaud le 22 juin tire le signal d’alarme : « Avec le désaveu électoral infligé au clan de Macron aux élections législatives, la crise de la démocratie bourgeoise en France a franchi une nouvelle étape. Tous les éléments d’une crise politique sont en route. » Lorsqu’il fait un tel constat, un parti révolutionnaire prend l’initiative.

    Voici ce qu’écrivait une des disciples de Trotsky en 1934, alors que le gouvernement Doumergue mis en place suite à l’émeute du 6 février était déjà discrédité :

    « Le gouvernement Doumergue est usé. Les groupements bourgeois ne lui donne plus guère d’espérance. Même les timides radicaux déclarent qu’ils en ont assez. Et sur la droite se dessine déjà une formation de combat, avec Tardieu et Reynaud. A la place de la déflation, elle s’oriente sur l’inflation, moyen plus com-mode pour avilir les salaires et pour exproprier considérablement les couches moyennes. Et, bien entendu, un renforcement de l’appareil étatique, militaire et policier. L’initiative de la chute de Doumergue, c’est la classe ouvrière qui doit la prendre : il faut préparer la grève générale pour renverser Doumergue. »

    Pourquoi ne pas mettre en avant un tel objectif pour une grève générale ? Depuis des décennies, les organisations syndicales s’abstiennent de toute politique dans les grèves. L’extrême gauche électorale emboîte cette tendance, en utilisant les termes de « patronat » et « grande bourgeoisie » pour donner des airs poli-tiques à sa participation à ces « luttes », mais en restant sur le terrain purement économique.

  • Grâce à l’absence politique de l’extrême gauche sur le terrain révolutionnaire, la gauche politique peut faire semblant de donner une perspective alors qu’elle n’en offre aucune

  • Reconnaissons la contribution théorique de LO et de la Fraction au vocabulaire opportuniste (nous sommes d’accord concernant une politique contre la guerre impérialiste en Ukraine, mais le temps "opportun" pour une telle politique n’est pas encore venu)

    Lutte Ouvrière écrit, concernant une propagande antimilitariste, qu’il faut attendre d’être en guerre pour (éventuellement) la mettre en pratique :

    À ce propos, une organisation révolutionnaire doit être prête à agir de façon illégale si cela devient le seul moyen pour elle de combattre la propagande du gouvernement et de l’armée. La discipline qui règne dans les casernes comme dans les usines en période de guerre rend nécessaires, pour militer, des mesures qu’on ne peut pas définir abstraitement à l’avance, mais qu’il faut être moralement prêt à adopter.

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/06/26/les-revolutionnaires-face-la-guerre-en-ukraine_367113.html

    Ce concept des "mesures qu’on ne peut pas définir abstraitement à l’avance" (de telles mesures définies abstraitement à l’avance, on en trouve à la fin du Manifeste, c’est ce qu’on appelle un programme politique, on en trouve aussi dans un programme scolaire, un horaire de bus ou de train, le mode d’emploi d’un aspirateur) est concurrencé par la Fraction qui se gausse des "phrases sur le papier" (comme les livres ?) ou des "échafaudages hors-sol" :

    qui peut ignorer qu’en raison de la faiblesse de l’extrême gauche ukrainienne et internationale, les grandes lignes d’une telle politique restent des phrases sur le papier Il s’agit de se poser les problèmes, de chercher des relais et des axes pour une politique indépendante du prolétariat, mais aussi de se méfier des échafaudages hors sol.

    https://www.convergencesrevolutionnaires.org/La-guerre-de-Poutine-contre-l-Ukraine-sur-fond-de-rivalites-imperialistes

    Ce qu’on appelle des programmes, rebaptisés par la Fraction "des phrases sur le papier" sont envisagées par la Fraction, concernant la guerre en Ukraine, seulement pour l’Ukraine et la Russie, ce qui rend certes les choses plus difficiles. Mais bien que "l’ennemi principal est dans notre pays", les questions dues à l’armée ne se poseraient donc pas en France ? Sans parler de textes adressés aux soldats, le NPA vient de faire campagne avec LFI, plein de patriotes et défenseurs de l’armée française, il n’y a pas moyen de s’adresser à eux à propos de l’histoire de l’armée française ? Le livre de Marty sur les révoltes de la Mer Noire n’est pas à distribuer à des milliers d’exemplaires ?

    La Roumanie et l’Ukraine sont en fait beaucoup moins "hors-sol" pour la population française que le Mali ou la Birmanie, voire même la Guadeloupe, car ce sont des blancs européens qui meurent ! Le soutien aux réfugiés ukrainiens en France de la part d’une partie de la population ne se dément pas, à une échelle bien plus large que le soutien (ou son absence) qu’on constate pour ceux venus d’Afrique ou d’Asie. Vêtements, nourriture sont encore distribués anonymement depuis des mois. Des maires de villes sentant cette pression continuent à prendre des mesures pour aider ces réfugiés, s’expriment sur l’Ukraine dans leur journal local.

    Ce qui est répugnant dans les textes de M. Verdier pour la Fraction (car pour elle, un programme révolutionnaire n’a pas toujours été "des phrases sur le papier", alors que ça l’est pour la plupart des militants plus récents de la Fraction, qui préfèrent Netflix à Lénine) c’est de faire semblant de s’appuyer sur des raisonnements marxistes ... pour se rallier à la position du NPA . Par exemple le fait que "l’Ukraine est une démocratie et la Russie un Etat néo-fasciste", qui est un résumé de la position du NPA, est un argument avancé par le NPA contre le renvoi dos-à-dos de l’OTAN et de la Russie. Le NPA fait sans le dire une analogie avec la guerre des "démocraties contre le fascisme" de 39-45, où il fallait d’après le NPA soutenir "les démocraties" . M Verdier reprend cette position du NPA, avec un emballage marxiste pour en faire cadeau aux militants de la Fraction :

    La position « Ni Poutine ni Otan » est critiquable (...) elle minorise la responsabilité de Poutine (...) on ne se retrouve en aucune façon dans un contexte de conflit inter-impérialiste où le « défaitisme révolutionnaire » s’imposerait. La situation est plus complexe.

    Bref, travailleurs, tout cela est trop "complexe" pour vous ! Au lieu de sous-entendre cela des marxistes rappelleraient au passage " le défaitisme révolutionnaire fût la politique de Lénine face à la guerre impérialiste en 1914, qui permit à son parti bolchévique de mener la première révolution victorieuse du prolétariat en Octobre 1917. Ce défaitisme révolutionnaire est une théorie si complexe (sur le moment) que même Trotsky mit du temps à s’y rallier, nous vous invitons à donc lire et discuter leurs textes de l’époque. Cette théorie est assez simple pour nous car on voit comment elle a été mise en place, on connaît tout son déroulement. Nous sommes toujours d’accord avec cette théorie de Lénine et la mise en pratique qu’il en fit. Mais nous nous posons la question de savoir si elle est transposable aujourd’hui en général, à la guerre en Ukraine en particulier, puisque l’Ukraine est un champ de bataille entre les impérialismes russe et américain (en 1914 on avait en Ukraine l’impérialisme allemand contre l’impérialisme russe). " Ces rappels qui clarifieraient les choses vaudraient des coups de baguette sur les doigts de la Fraction, le bonnet d’âne lors des congrès, des blagues méchantes de la part de la camarade Mimosa (vous faites la chasses aux réformistes !) c’est pourquoi on ne les lira pas sous la plume de la Fraction.

    La Fraction en rajoute une couche en sous-entendant que si vous prenez cette position "Ni OTAN, ni Poutine" (qui est pourtant juste, si on le dit du point de vue du marxisme, du défaitisme révolutionnaire), vous faites comme le régime Algérien, comme les dictateurs africains (oui les marxistes défaitistes sont mis dans le même panier !) le jeu de l’extrême droite. Car cette position

    “Elle est adoptée par des régimes de « pays du sud » comme l’Algérie, par une certaine « gauche » en France (PCF ou LFI) comme par une partie de l’extrême gauche dans le monde, et elle minorise la responsabilité de Poutine, exprime un « anti-américanisme » largement partagé sur la planète mais qui n’a rien à voir avec un positionnement de classe, qui exprime en réalité un nationalisme qui peut être « de gauche » comme de droite ou d’extrême droite.”

    Voilà, M. Verdier donne le moral aux militants de la Fraction : nous menons bien la lutte contre LFI et le PC grâce à notre rejet si subtil (le marxisme est complexe) du "défaitisme révolutionnaire" de Lénine : nous sommes bien une aile gauche du NPA qui en fera ce qu’il ne veut pas être : un parti révolutionnaire se démarquant du PC, de LFI et du Tiers-Mondisme. Le NPA ex-LCR a justement toujours soutenu ces types de courants, mais c’est exactement contre ces type de courants que nous luttons, tout en cautionnant complètement le NPA. Nous démontrons grâce au marxisme qu’objectivement, le NPA a des positions sur l’Ukraine qui l’opposent à LFI et au PC !

    Avec de tels tours de passe-passe pseudo-marxistes, la Fraction risque, collectivement, de détrôner Martov dont Trotsky disait :

    Je doute qu’il y ait jamais un politique socialiste qui aura su exploiter le Marxisme avec autant de talent pour justifier sa propre fuite et ses trahisons envers la doctrine. Sous ce rapport, Martov peut être considéré comme un virtuose. D’autres plus instruits que lui, tels que Hilferding, Bayer, Renner et même Kautsky n’étaient que des « sous-maîtres », comparés à Martov sur le plan de la falsification politique du Marxisme, c’est-à-dire en représentant la passivité et l’esprit de capitulation comme les formes suprêmes de l’impitoyable lutte des classes.

    Oui, c’est le moment de rappeler que le “défaitisme révolutionnaire” (qui fût longtemps "des phrases sur le papier", une théorie "hors-sol", puis conquis 1/6ème des terres émergées du globe) est un acquis théorique et pratique du marxisme révolutionnaire, pas une “abstraction définie à l’avance” comme le prétend LO (pour ne pas se faire exclure des listes CGT aux élections professionnelles) . En ne rappelant pas ce fait (pour ne pas se faire exclure du NPA), les discussions de la Fraction sont du bla-bla centriste. Car c’est un procédé des centristes, de se référer en permanence au marxisme, pour se poser en "experts en marxisme" utile aux réformistes, sans préciser s’ils sont partisans eux-mêmes des théories marxistes auxquelles ils font référence. M. verdier adopte ce style, en faisant une référence savante au défaitisme révolutionnaire de Lénine ... sans rappeler si la Fraction est Léniniste ou ne l’est plus. C’est évident que M. Verdier est encore Léniniste ?

    Le “défaitisme révolutionnaire” ne s’applique pas en Ukraine d’après la fraction ? Ca c’est une innovation théorique ! Au lieu d’un vague “La situation est plus complexe”, ce type de reniement d’un des points fondamentaux du programme révolutionnaire en cas de guerre inter-impérialiste mériterait un article entier. Car oui les choses sont complexes, l’Ukraine est comme une colonie de la Russie depuis en gros les traités de Pereiaslavl (1654) et Androunoussovo (1667), on ne peut donc pas renvoyer dos-à-dos Russie et Ukraine. Mais Zelenski ne mène pas une guerre de libération nationale, il fait de son armée une division de l’impérialisme. Oui la situation est complexe, le socialisme doit être scientifique, on le sait depuis Marx et Engels.

    M. Verdier ne fait que s’aligner subtilement sur la position du NPA (qui reprend le discours pro-ukraine, anti-russe de l’impérialisme des USA) au détour d’une phrase. Le NPA sait lire, c’est une capitulation théorique de la Fraction qui est à lire entre les lignes. Car M. Verdier est une des militantes de LO qui dans les années 90 a écrit des kilomètres de thèses, excellentes, sur la nature de l’URSS (bourgeoise à partir de 1990), c’est ce qui donnât naissance à la Fraction dans LO. Pourquoi ne justifie-t-elle pas par de longs articles ce point fondamental : abandon du renvoi dos-à-dos des différents impérialismes ? Nous lirions avec intérêt ces textes de la Fraction. Mais la Fraction a abandonné la lutte pour les idées. De la part de groupes qui comme la Fraction n’osent plus parler de dictature du prolétariat, des soviets, de défaitisme révolutionnaire, d’abolition du salariat, de la guerre de libération de l’Ukraine menée par Lénine et Trotsky (conclue par le Traité de Riga, 1921), qui reste notre modèle pour une potentielle guerre de libération de l’Ukraine aujourd’hui (le prolétariat seul pouvant en prendre la tête), il n’ y a pas à attendre grand-chose malheureusement.

    En restant clairement sur un terrain marxiste, au lieu du contraire, la Fraction pourrait initier des discussions parmi les marxistes, ces discussions qui manquent, entre groupes qui peuvent avoir des analyses différentes malgré leurs références communes.

  • Nécessité de la Révolution sociale
    Karl Liebknecht
    (Avril 1918)

    « Le choix qui s’impose actuellement au prolétariat n’est pas résumé par ce dilemme : ou la révolution sociale, ou la continuation de la guerre, — mais bien par cet autre : ou la révolution sociale, ou la continuation de cette guerre et le commencement d’une ère de guerres mondiales, dont nous pouvons déjà entrevoir la menace à l’horizon, en dépit des brumes sanglantes et des fumées de l’immense incendie européen. Et dans ce déluge de sang, l’Internationale Social-Démocrate ne sera plus le refuge isolé qu’elle fut autrefois, pendant les guerres franco-allemande et russo-japonaise : elle a été profanée par la guerre actuelle, elle est devenue un champ clos où luttent les chauvinismes. — Et de cette honte aussi, la révolution sociale peut seule nous sauver et nous laver. »

  • Feuilleton de l’été, le NPA continue à faire ses avances à LFI dans son "Courrier du NPA à l’Union populaire et à La France insoumise" du 5 juillet.

    https://nouveaupartianticapitaliste.org/agir/politique/courrier-du-npa-lunion-populaire-et-la-france-insoumise

    Bien sûr, ce même 5 juillet, dans une Résolution, le NPA a promis de faire le ménage en faisant taire ses tendances de gauche car :

    la continuité des fractions publiques permanentes est devenue impossible car elles empêchent toute expérience commune, donc tout bilan commun. Leurs activités, quelquefois au nom du NPA, créent de la confusion sur ce que nous défendons et constituent un frein pour rendre visible et de façon cohérente l’orientation de l’organisation. Ainsi les quelques candidatures « dissidentes » d’A&R et de DR aux législatives ont constitué un pas de plus dans la rupture politique avec ces camarades, tout comme des appels au vote contradictoires avec la position nationale du NPA.

    Résolution sur la situation politique

    https://nouveaupartianticapitaliste.org/arguments/vie-interne/resolution-sur-la-situation-politique

    La dernière phrase cite sans la nommer la Fraction l’Etincelle qui a appelé a voter LO aux législatives. Notre hypothèse est justifiée par l’ironique proposition de la majorité du NPA d’imposer à la Fraction qui se dit Trotskiste, le "centralisme démocratique" (principe d’organisation du parti adopté par Lénine puis plus tard ensuite Trotsky), pour la faire taire :

    Le prochain congrès devra être le cadre dans lequel sera traitée cette question, un débat qui doit conduire soit à la séparation, soit au retour à une organisation démocratiquement centralisée , où les débats tactiques et stratégiques se mènent en toute clarté à l’intérieur, pas à l’extérieur.

    Traduction : dans la maison où nous vivrons en commun avec LFI ou tout autre magma réformiste ou semi-réformiste, on veut bien prendre la Fraction, mais ses militants vivront dans des caves sans fenêtre et sans réseau téléphonique, ou s’intégreront individuellement en silence au nouveau parti réformiste, comme des ex-trotskistes, fiers de ne plus l’être, statut qu’ont des dizaines de militants autour de Mélenchon, dont lui-même.

    La détresse a fait écrire à la Fraction, dès le 8 juillet, un "Ne me quitte pas, je suis prêt à devenir l’ombre de ton ombre" intitulé Enjeu de congrès du NPA : garder un cap révolutionnaire . https://www.convergencesrevolutionnaires.org/Enjeu-de-congres-du-NPA-garder-un-cap-revolutionnaire?archive=1

    Dans ce texte, la Fraction essaye de convaincre le NPA que ce n’est pas LFI qu’ils aiment, mais la Révolution, incarnée par la Fraction. La Fraction veut faire comprendre à Poutou qu’il est malheureux dans ses réunions avec LFI, bien qu’il se croit heureux et le proclame partout sur le site du NPA. Car Poutou, le candidat NPA aux présidentielles que la Fraction a soutenu sans réserve (en dépit du bon sens !), a toujours été un des plus heureux partisans du rapprochement du NPA avec LFI. Ceux qui se veulent les plus opposés au rapprochement avec LFI soutiennent celui qui y est le plus favorable, la position de la Fraction est incompréhensible, la majorité du NPA n’aura aucun mal à convaincre les indécis que la Fraction n’est pas"franche du collier".

    La Fraction, qui fait la promotion des séries télé (contre les classiques du marxisme ou les grands romans réalistes) pour la formation des jeunes militants, devrait en re-visionner pour remarquer qu’en général, dans ces séries, celui qui répète : "Tu crois que c’est avec lui que tu veux te marier, mais en réalité c’est avec moi. C’est pour mieux te remarier avec moi, la Révolution, en 2022, que tu avais demandé le divorce en 2009. " .... ne convainc personne.

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