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Mais oui, les élections peuvent changer la vie ! Les élections des délégués des conseils de travailleurs !

mardi 17 mai 2022, par Karob, Robert Paris

Karl Marx dans « La guerre civile en France » :

« À l’aube du 18 mars 1871, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune ! Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l’entendement bourgeois à si dure épreuve ?

Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques... Le prolétariat... a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir.

Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte…

Paris, siège central de l’ancien pouvoir gouvernemental, et, en même temps, forteresse sociale de la classe ouvrière française, avait pris les armes contre la tentative faite par Thiers et ses ruraux pour restaurer et perpétuer cet ancien pouvoir gouvernemental que leur avait légué l’empire. Paris pouvait seulement résister parce que, du fait du siège, il s’était débarrassé de l’armée et l’avait remplacée par une garde nationale, dont la masse était constituée par des ouvriers. C’est cet état de fait qu’il s’agissait maintenant de transformer en une institution durable. Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l’armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes.

La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d’être l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration. Depuis les membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d’ouvrier. Les bénéfices d’usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes. Les services publics cessèrent d’être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise aux mains de la Commune.

Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le pouvoir des prêtres ; elle décréta la dissolution et l’expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l’instar de leurs prédécesseurs, les apôtres. La totalité des établissements d’instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l’Église et de l’État. Ainsi, non seulement l’instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l’avaient chargée.

Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n’avait servi qu’à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite. Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables….

Quand la Commune de Paris prit la direction de la révolution entre ses propres mains ; quand de simples ouvriers, pour la première fois, osèrent toucher au privilège gouvernemental de leurs « supérieurs naturels », les possédants, et, dans des circonstances d’une difficulté sans exemple, accomplirent leur oeuvre modestement, consciencieusement et efficacement (et l’accomplirent pour des salaires dont le plus élevé atteignait à peine le cinquième de ce qui, à en croire une haute autorité scientifique, le professeur Huxley, est le minimum requis pour un secrétaire du conseil de l’instruction publique de Londres), le vieux monde se tordit dans des convulsions de rage à la vue du drapeau rouge, symbole de la République du travail, flottant sur l’Hôtel de Ville.

Et pourtant, c’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative sociale, même par la grande masse de la classe moyenne de Paris - boutiquiers, commerçants, négociants - les riches capitalistes étant seuls exceptés…

La grande mesure sociale de la Commune, ce fut sa propre existence et son action. Ses mesures particulières ne pouvaient qu’indiquer la tendance d’un gouvernement du peuple par le peuple. »

édito

MAIS OUI, LES ÉLECTIONS PEUVENT CHANGER LA VIE, MAIS PAS N’IMPORTE QUELLES ÉLECTIONS ! PAS CELLES QUI RESTENT DANS LE CADRE VOULU PAR LES CLASSES EXPLOITEUSES

LES ÉLECTIONS ET LE PARLENTARISME : MAINTENIR LES ILLUSIONS DÉMOCRATIQUES DU CAPITALISME QUI N’EST AU FINAL QUE LA DICTATURE DU CAPITAL SUR LE TRAVAIL !

Parmi les travailleurs et plus largement parmi le peuple, de très nombreux électeurs qui pensaient pouvoir chasser Macron en participant à la mascarade électorale capitaliste entretenue de l’extrême droite à l’extrême gauche, beaucoup sont déçus de voir le président sortant maintenu au pouvoir par le vote aux élections présidentielles !

A cette déception de n’avoir pu virer Macron, on leur sert, comme plat de rechange, un éventuel vote contraire aux législatives qui, prétend-on, imposerait un premier ministre dit « de gauche » ! En réalité, cela ne changerait pas grand-chose même si cela avait lieu. Toute cette campagne médiatique ne cherche qu’à maintenir un peu plus longtemps quelques illusions électoralistes dans des milieux populaires. Si les politiciens de gauche peuvent espérer, si cette tromperie marche, retrouver dans ces nouvelles élections quelques postes de députés et même, pourquoi pas, de ministres ou de premier ministre, le peuple travailleur, que les politiciens de tous bords s’entendent ou se disputent, n’aura rien à y gagner.

UNE SITUATION QUI N’EST PAS PROPRE À LA FRANCE !

Et ce n’est particulier ni à la France ni à ces élections-là : c’est une généralité de tout système politique au sein du capitalisme. Les peuples sont appelés à décider de leur propre sort par les élections encadrées par le système capitaliste et ils n’ont au travers de celles-ci aucun moyen de décider de quoi que ce soit. Ce n’est pas parce que les hommes politiques ne sont pas les bons. Même nous qui écrivons, si nous nous présentions aux élections et que celles-ci nous donnaient bon nombre de voix, nous ne pourrions rien changer à la société en se servant de ce vote car il est encadré par le système capitaliste et ses institutions politiques et sociales, ne peut que lui servir et ne peut absolument pas en sortir du moindre millimètre d’une politique directement opposée aux intérêts des capitalistes.

Aucun gouvernement opposé aux intérêts capitalistes ne peut provenir de ce système politique et social, quelle que soit la bonne volonté des hommes politiques qui prétendraient le faire. Les capitalistes ne sont qu’une infime minorité et pourtant ce sont eux qui dictent ce qui peut sortir d’une élection au suffrage universel. Cela mérite que l’on explique comment un tel piège fonctionne si bien au point qu’il ne dépende nullement de la qualité des candidats, de celle des partis, de celle de l’opinion publique. En effet, jamais une élection liée aux institutions du capitalisme ne pourra ni changer le sort des travailleurs, ni renverser le capitalisme, ni même aller dans le sens contraire de leurs intérêts.

POURQUOI L’ÉLECTION DE GOUVERNEMENTS MÊME « SOCIALISTES », DE GAUCHE OU DE LA GAUCHE RADICALE NE REMET PAS EN CAUSE LE POUVOIR POLITIQUE DES CAPITALISTES ?

La raison de ce mystère n’a en réalité rien de mystérieux : la bourgeoisie capitaliste ne remet en jeu au cours de ses élections aucun de ses pouvoirs réels qu’ils soient politique, économique, organisationnel, militaire, policier, judiciaire, administratif, pénitentiaire, social, religieux, syndical, médiatique, idéologique, sanitaire… rien.

Les PDG des sociétés privées, publiques et mixtes ne sont pas élus par le peuple. Les chefs de la police, de l’armée, des services spéciaux, du contre-espionnage, des douanes, des prisons, de l’administration ne sont pas élus également par le peuple. Les dirigeants des journaux, des radios, des télévisions, des grands médias ne sont pas élus par le peuple. Tous ces gens qui ne sont pas des élus du peuple ont pourtant un pouvoir non négligeable dans la société et sont liés aux grands capitalistes, aux grands banquiers, aux grands possesseurs de richesses et à leurs défenseurs étatiques.

Le vote ne change donc rien d’essentiel à la réalité du pouvoir et cela quel que soit la couleur politique du président de la république ou du parti qui arrivent au pouvoir. Ce n’est pas l’appartenance à tel ou tel courant politique qui détermine fondamentalement la politique qui sera mené ! Il est arrivé que des dirigeants politiques d’extrême droite mènent une politique centriste comme il arrive, actuellement, qu’un candidat dit centriste comme Macron soit élu et mène une politique d’extrême droite. La politique menée par le pouvoir capitaliste ne dépend que des intérêts politiques des classes possédantes à un moment donné et nullement des opinions affichées par tel ou tel politicien ! La politique menée dépend en réalité de la situation du capitalisme et dans la période actuelle de la crise de la domination capitaliste.

Le bon peuple peut alors voter à droite, à gauche, au centre, à l’extrême droite et même à l’extrême gauche (et même pour une véritable extrême gauche), ce n’est pas cela qui va changer la politique menée par le pouvoir. Et cela, parce que le pouvoir issu des élections est soumis à l’État capitaliste !

L’ÉTAT, REPRÉSENTANT ET DÉFENSEUR DES INTÉRÊTS DES CAPITALISTES ! Il NE FAUT PAS LE CONQUÉRIR MAIS LE DÉTRUIRE !

Même dans la plus démocratique des républiques capitalistes, le vote populaire n’a pas l’ombre d’une influence sur la politique menée par le pouvoir Car le rôle de l’État capitaliste n’est pas de refléter l’opinion populaire mais de défendre les intérêts capitalistes, y compris si nécessaire en forçant le peuple à supporter un régime dont il ne veut pas ou une politique qu’il rejette, ou même qu’IL exècre violemment. La principale tromperie politique consiste à prétendre que « l’État, c’est nous », sans construire un État qui soit un peu « nous », c’est-à-dire sans avoir fait le premier pas qui mène à renverser l’État au service de moins de 1% de la population pour instaurer le pouvoir de l’immense majorité, c’est-à-dire des exploités.

Certains nous diront : « certes, l’État n’est pas parfait et est sans doute trop influencé par les lobbys, c’est-à-dire par la pression des trusts et des financiers, mais c’est par l’Etat seulement que l’on peut changer la société » et c’est complètement faux. L’État n’est pas un instrument du changement mais de la conservation de ce qui existe, conservation de ceux qui ont le pouvoir et de ceux qui détiennent les richesses. Cette compréhension essentielle du rôle joué par l’État dans les luttes opposant les classes sociales est des plus nécessaire si les travailleurs et le peuple veulent mener une lutte révolutionnaire contre le capitalisme ! Et cette lutte suppose de renverser l’État !

Les défenseurs du capitalisme quel que soit leurs couleurs politiques diront que faire chuter de manière révolutionnaire le pouvoir d’État n’est pas démocratique ! Les mêmes prétendront par contre que tenter de changer le cours de la politique d’État est possible en votant pour une nouvelle politique ! Ce serait la démocratie en action. Sauf qu’ils omettent de dire que cela ne s’est jamais vu, que la politique des classes possédantes n’a jamais été changée en faveur du peuple par une élection dans le cadre du système et sans renverser l’ancien système. Tous les exemples de prétendus changements par des élections ne sont que des tromperies, à commencer par l’élection du front populaire en 1936 qui a élu une chambre de députés, la même qui allait peu d’années plus tard donner les pleins pouvoirs à Pétain. Beau changement démocratique en vérité ! Ou encore l’élection de la gauche chilienne qui allait mener Allende au pouvoir, le même qui nommait Pinochet chef des armées. Ou encore la gauche espagnole qui allait permettre aux staliniens d’assassiner la révolution sociale, ouvrant ainsi la porte à Franco.

LES RÉFORMISTES ET LE MENSONGE SUR LA NEUTRALITÉ POLITIQUE DE L’ÉTAT !

Les réformistes font comme si le pouvoir d’État était neutre et que son orientation dépendait seulement de la couleur politique de ceux qui seraient placés à sa tête. La vérité est exactement inverse : le pouvoir d’État capitaliste ne peut défendre que les possesseurs de capitaux contre le peuple travailleur et ne peut absolument pas servir à faire l’inverse.

Même au cours des révolutions, des élections issues de la vieille société n’ont jamais fait qu’être l’expression de cette société pourtant déjà socialement et politiquement dépassée. Cela s’est révélé dans toutes les révolutions françaises, russes ou autres. Par exemple, quand l’élection organisée par le peuple travailleur de Paris donnait le pouvoir révolutionnaire de la Commune de 1871, l’assemblée nationale était l’expression des anciens féodaux et des financiers. En Russie aussi, après que le congrès des soviets ait donné le gouvernement révolutionnaire dirigé par Lénine et Trotsky, l’élection à l’assemblée constituante revenait vers un pouvoir des bourgeois et des féodaux. Aucune élection issue d’institutions dépassées ne peut être le point de départ d’un changement de société exigé par le peuple travailleur : ce dernier doit d’abord s’organiser par lui-même et à sa propre manière !

L’ÉTAT ET LA RÉVOLUTION ! DÉTRUIRE L’ANCIENNE MACHINE ! CONSTRUIRE L’ÉTAT OUVRIER ISSUS DE LA FÉDÉRATION DES COMITÉS DE TRAVAILLEURS ET DU PEUPLE TRAVAILLEUR !

L’État dont les travailleurs ont besoin n’est pas seulement dirigé par des hommes politiques qui se disent du côté du peuple, il est dirigé directement par le peuple travailleur organisé par lui-même. Cela nécessite que la révolution sociale amène les travailleurs à s’assembler partout, à ne plus compter sur les classes dirigeantes et à compter sur eux-mêmes pour toutes les décisions. Et pour cela, il faut que ces assemblées ne se soumettent à aucune des institutions du passé, ni celles de l’État capitaliste, ni celles des partis participant à ses institutions, des partis aux associations et aux syndicats. Cela ne signifie nullement d’écarter systématiquement les militants politiques, associatifs ou syndicaux des assemblées ni des délégués élus par elles, mais seulement d’exiger que ces militants se soumettent à la démocratie des décisions de ces assemblées du peuple travailleur. Quiconque refuse de s’y soumettre ne peut pas postuler à en être les délégués. C’est au sein de ces assemblées que doit être prise la décision du nouveau pouvoir que ces conseils de travailleurs veulent mettre en place pour remplacer l’ancien appareil d’État des classes possédantes.

Aucun des dirigeants politiques actuellement connus en France, par exemple ceux qui se sont présentés aux élections présidentielles ou vont le faire aux législatives ne veulent se soumettre à un pouvoir des conseils de travailleurs ni rompre avec le pouvoir d’État bourgeois qui les finance !

Le peuple travailleur ne doit jamais faire confiance en des dirigeants ou des militants, qu’ils soient politiques, associatifs ou syndicaux, qui n’ont pas confiance dans les capacités du peuple travailleur à diriger la société, en fondant des structures entièrement nouvelles, entièrement choisies au sein du peuple travailleur, organisées par lui, ne servant que ses intérêts, comme la vieille société capitaliste ne servait que les intérêts des possesseurs de capitaux.

AUX ÉLECTIONS CAPITALISTES, LE PEUPLE TRAVAILLEUR DOIT S’ORGANISER, AGIR DIRECTEMENT ET VOTER DANS SES PROPRES ASSEMBLÉES POUR DES DÉLÉGUÉS MANDATÉS RESPONSABLES ET RÉVOCABLES !

Le peuple travailleur ne doit pas laisser se guider par la lecture des belles promesses politiciennes des différents courants et dirigeants qui se disputent ses suffrages : les promesses n’engagent pas ceux qui les font mais entravent ceux qui y croient. Il ne doit croire que dans ses propres forces, dans ses propres capacités, dans sa propre conscience de classe, dans ses propres structures de décision et d’exécution, dans ses propres perspectives d’avenir.

En avant donc pour les élections, dans un pays comme dans le monde entier, des délégués des conseils du peuple travailleur et pour la prise du pouvoir par l’assemblée des conseils de travailleurs. Exclus du pouvoir politique ceux qui ne vivent pas de leur travail mais de l’exploitation de celui des autres. Exclus aussi ces profiteurs de toutes influence à l’avenir sur les médias, sur les institutions, sur toutes les décisions de la société.

Au pouvoir des capitalistes, opposons le pouvoir aux travailleurs, la seule alternative réelle au pouvoir des profiteurs qui ne se propose que de nous faire suer le sang, de nous tuer par mille moyens, comme la pandémie et la guerre !

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