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Ukraine attaquée, Europe occupée militairement, monde en guerre : c’est reparti comme en quatorze ?

lundi 28 février 2022, par Karob, Robert Paris

Ukraine attaquée, Europe occupée militairement, monde en guerre : c’est reparti comme en quatorze ?

1914 : morts pour la patrie, tu parles, morts pour les banquiers et les capitalistes ! Morts pour l’Alsace et la Lorraine, balivernes ! Comme on va nous faire mourir maintenant en Europe, soi-disant pour l’Ukraine… La boucherie mondiale a été justifiée, des deux bords, par la thèse de l’agresseur et de l’agressé. C’est l’autre qui aurait fait le premier geste guerrier. C’est l’autre qui aurait mobilisé ses forces armées en premier. C’est l’autre qui aurait déclaré la guerre en premier. C’est l’autre qui aurait envahi. Notre camp, ou celui qui se prétend le nôtre, affirme qu’il ne fait la guerre que pour la paix, pas pour la conquête, que contre le dictateur, que pour la démocratie, que pour les droits des peuples. Et chaque camp impérialiste, bien sûr, déclare la même chose. Des deux côtés, on a dit aux peuples qu’ils n’ont pas le droit de critiquer les choix de « leur » impérialisme car ce serait trahir leur patrie et la démocratie. En 1914, il y a eu l’équivalent de la pauvre Ukraine agressée : c’était la Belgique violemment envahie par l’Allemagne. En 1914 aussi, on a dit aux gens : « vous avez le choix de l’un des deux camps et pas un autre ». Cela signifiait qu’il est interdit d’avoir le droit de défendre le point de vue du prolétariat révolutionnaire qui n’est pas le point de vue « à bas la guerre » mais « à bas le capitalisme fauteur de guerre ! »

Quand même, direz-vous, il faut être aveugle pour soutenir que Poutine n’est pas le seul agresseur en Ukraine. Et l’Allemagne de 1914 était le seul agresseur en Belgique. Mais l’Allemagne de 1914 affirmait que les autres avaient lancé la mobilisation militaire avant elle ! Et c’était vrai.

Dans la guerre impérialiste, il est tout à fait inutile de parler d’agresseur et d’agressé. Toutes les grandes bourgeoisies capitalistes sont des agresseurs. Toutes se comportent de manière dictatoriale et meurtrière. Le camp des prétendues démocraties n’est pas moins meurtrier pour les peuples que l’autre camp qualifié de dictatorial.

Mais Poutine, et la Chine qui le soutient, sont clairement des dictatures. Certes ! Nous ne soutenons pas l’inverse et nous sommes même les seuls à avoir sans discontinué dénoncé le goulag chinois pendant que le grand capital mondial se félicitait de ses bonnes affaires dans « l’atelier du monde » chinois comme de ses bonnes affaires en Russie. Les dictatures, la prétendue démocratie occidentale en soutient aux quatre coins du monde.

D’ailleurs, il n’y pas bien longtemps, les fameuses démocraties occidentales n’ont pas eu de mot pour dénoncer la Russie quand elle intervenait au Kazakhstan pour écraser la révolution sociale. Comme elle n’avait rien à redire à la dictature saoudienne qui écrasait la révolution sociale dans une bonne partie du monde dit musulman.

Quant à l’Ukraine qui s’est soi-disant libéré de la tutelle russe après les mobilisations de la place Maidan, il faut bien dire que l’Europe ne l’a pas soutenue parce qu’elle était plus démocratique que le régime pro-Poutine. Bien au contraire, cette Ukraine qu’a soutenu l’Europe était encore plus violente et même fasciste contre le peuple ukrainien ou une partie de celui-ci. Des immeubles pauvres ont bel et bien été attaqués au lance-flamme, avec des victimes civiles hommes, femmes et enfants en grand nombre, par cette Ukraine nouvelle soutenue par l’Europe !

Bien entendu, dans le camp occidental, tout le monde a oublié que Biden a poussé tant qu’il a pu à un affrontement guerrier. Pourtant, lors de l’élection de Biden, les commentateurs expliquaient que cela signifiait que les USA choisissent la guerre avec la Russie. Biden n’a fait que le confirmer en ne cessant de démontrer à la Russie qu’ils allaient pousser toute l’Europe de l’Est, et pas seulement l’Ukraine, contre la Russie au nom de l’OTAN, alliance occidentale directement tournée militairement contre la Russie. En menaçant d’intégrer l’Ukraine à l’Otan, les USA ont déclaré la guerre à la Russie avant même que leurs mesures économiques agressives le fassent ouvertement.

Cela ne veut nullement dire que nous justifions en quoique ce soit ni Poutine ni sa guerre. Bien entendu, les chefs d’Etats occidentaux disent la vérité quand ils dénoncent le dictateur Poutine, de même que ce dernier dit la vérité quand il rappelle toutes les guerres de ces dernières années menées aux quatre coins du monde par les « démocraties occidentales » et pas du tout pour sauver des peuples : les guerres d’Irak (USA et Angleterre), de Libye (France), de Syrie (USA, France, Angleterre). Il aurait pu en ajouter bien d’autres, comme celles de la France au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc… Aucun peuple n’a été sauvé du terrorisme par l’une de ces guerres soi-disant anti-terroristes, ni sauvé de la dictature par ces guerres soi-disant contre des dictatures. Les alliés disaient vrai quand ils affirmaient que le Kaiser était un dictateur et celui-ci aussi disait vrai quand il répliquait qu’eux étaient alliés au Tsar russe, dictateur évidemment.

Les puissances occidentales n’ont jamais été des adversaires ni de la dictature, ni de la violence guerrière, ni de l’oppression des peuples, ni même du fascisme. Même dans la deuxième guerre mondiale, quand ils prétendaient écraser le fascisme sous les bombes dans toutes les grandes villes du Japon, d’Allemagne et de… France, ils ne bombardaient pas les armées mais les peuples et agissaient de manière aussi fasciste que leurs adversaires.

Ni la Russie en l’occupant, ni les USA et leurs complices en occupant l’Europe de l’Est ne défendent le peuple ukrainien. Aucun impérialisme ne nous libérera ni de la guerre ni de l’oppression ! Seule la révolution sociale renversera la guerre impérialiste !

Les prétendus défenseurs de la paix, qu’il s’agisse des social-démocrates, des syndicats, des gauches de toutes sortes, des fausses extrême gauche, font semblant de ne pas comprendre en quoi la guerre est indispensable aujourd’hui non seulement à Poutine mais au capitalisme mondial, d’est en ouest et du nord au sud. Les puissances occidentales de l’alliance Otan ne sont pas plus pacifistes que l’alliance autour de la Russie et de la Chine. Ces deux blocs ont globalement la même perspective : détourner et écraser la révolution sociale mondiale qui ne peut que sortir d’un effondrement économique mondial inévitable.

Quand un Macron se permet de déclarer que la guerre qui démarre en Europe sera longue et dure et qu’il faut s’y préparer et qu’il le dit comme une bonne chose, cela nous rappelle comment le même Macron fêtait l’anniversaire de la guerre de 1914 en la rappelant comme une belle et grande chose, qui avait permis de développer la fraternité des tranchées et donc de casser les révolutions dans le monde.

C’est cela le but de capitalistes russes ou chinois comme des capitalistes occidentaux, même s’ils agissent dans des camps opposés.

La marche à la guerre mondiale ne dépend pas des affrontements en Ukraine mais de l’effondrement économique et des risques de révolution sociale

Rappelons que la décision des guerres mondiales précédentes du capitalisme (1870, 1914 et 1939) ont-elles aussi dépendu avant tout de la crise mondiale du capitalisme et des risques révolutionnaires.

Ce qui amènera le capitalisme à jeter le monde dans une nouvelle boucherie sanglante ne sera ni un geste guerrier de Poutine ou de Biden, ni encore des dirigeants chinois ou iranien ou encore turc ou français, ce sont des raisons bien plus fondamentales de la survie artificielle du capitalisme ou des menaces de mort pour ce vieux système d’exploitation parvenu à ses limites. Ce n’est pas seulement la concurrence entre les grandes puissances qui nous ont valu les guerres mondiales sinon il y aurait eu la guerre mondiale permanente.

Le premier ennemi d’un impérialiste n’est pas l’impérialiste du camp d’en face. L’ennemi mortel des impérialistes, c’est le peuple travailleur révolutionnaire car c’est le seul qui peut en finir non avec un seul dictateur mais avec la dictature capitaliste elle-même et avec la guerre dont le capitalisme est toujours le porteur.

Plus que jamais, le capitalisme en phase mortifère veut du sang des prolétaires et est prêt à toutes les guerres. La pandémie ne lui a pas suffi avec ses millions de morts. Il lui en faut plus pour saigner à blanc le peuple travailleur et lui enlever toute volonté de lutte. Ne nous laissons pas tromper aux discours pacifistes des impérialismes et de leurs soutiens y compris de gauche. La guerre au peuple travailleurs sera mutliforme mais elle ne cessera qu’avec la domination capitaliste elle-même.

Transformer la guerre capitaliste en lutte de classes révolutionnaires est le devoir des militants révolutionnaires ! Il ne faut pas refuser les armes mais les retourner contre nos vrais ennemis. Et notre pire ennemi, le premier à nous tirer dessus, c’est l’Etat capitaliste de notre propre pays.

Tout discours pour la paix, contre la guerre, contre le seul Poutine comme contre Biden n’est que la couverture de buts impérialistes, c’est-à-dire non pas d’abord un combat contre un autre impérialisme mais contre tout le peuple travailleur du monde.

Si Poutine doit être abattu, c’est par les travailleurs russes et quand aux démocraties occidentales, pour les renverser, c’est aux travailleurs de ces pays de s’en charger, de même que c’est aux travailleurs syriens d’en finir avec leur dictature. Si nous agissons ainsi nous n’aurons aucun mal ensuite à produire un monde où la solidarité internationale des travailleurs sera la nouvelle loi et la guerre sera renvoyée au musée.

Transformer la nouvelle boucherie mondiale en révolution sociale, voilà la seule perspective d’avenir pour l’humanité !

Nous ne voulons pas devenir la nouvelle chair à canons comme en quatorze et la seule alternative, c’est la révolution prolétarienne comme en 1917 !

Comme en 1917, il faut l’union des comités de travailleurs et des comités de soldats, des soldats n’obéissant plus à la hiérarchie militaire et des travailleurs n’obéissant plus aux organisations réformistes !

Comme en 1917, il faut la révolution sociale pour renverser le capitalisme et l’impérialisme et, cette fois, il faudra aller jusqu’à la victoire mondiale et pas dans un seul pays !

A bas toutes les armées capitalistes et vive l’armement des travailleurs !

Concluons avec la chanson de l’Internationale :

« Paix entre nous, guerre aux tyrans !

Appliquons la grève aux armées,

Crosse en l’air et rompons les rangs !

S’ils s’obstinent, ces cannibales,

A faire de nous des héros,

Ils sauront bientôt que nos balles

Sont pour nos propres généraux. »

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