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Capitalisme : dernier bilan, plein de sang

lundi 14 février 2022, par Robert Paris

Capitalisme : dernier bilan, plein de sang

Les gouvernants capitalistes ne veulent plus qu’on parle du nombre de morts !

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/covid-19-pourquoi-ne-parle-t-on-plus-du-nombre-de-morts-b0c5dd14-88f8-11ec-829c-db5b3f50af81

La dissimulation du COVID-19 : on ne montre pas les morts et on n’en parle pas

https://www.wsws.org/fr/articles/2022/02/05/pers-f05.html

Prévert dans « Paroles » :

Chanson dans le sang

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde

Où s’en va-t-il tout ce sang répandu

Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule

Drôle de saoulographie alors

Si sage... si monotone...

Non la terre ne se saoule pas

La terre ne tourne pas de travers

Elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons

La pluie... la neige...

Le grêle... le beau temps...

Jamais elle n’est ivre

C’est à peine si elle se permet de temps en temps

Un malheureux petit volcan

Elle tourne la terre

Elle tourne avec ses arbres... ses jardins... ses maisons...

Elle tourne avec ses grandes flaques de sang

Et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent...

Elle elle s’en fout

La terre

Elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler

Elle s’en fout

Elle tourne

Elle n’arrête pas de tourner

Et le sang n’arrête pas de couler...

Où s’en va-t-il tout ce sang répandu

Le sang des meurtres... le sang des guerres...

Le sang de la misère...

Et le sang des hommes torturés dans les prisons...

Le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...

Et le sang des hommes qui saignent de la tête

Dans les cabanons...

Et le sang du couvreur

Quand le couvreur glisse et tombe du toit

Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots

Avec le nouveau-né... avec l’enfant nouveau...

La mère qui crie... l’enfant pleure...

Le sang coule... la terre tourne

La terre n’arrête pas de tourner

Le sang n’arrête pas de couler

Où s’en va-t-il tout ce sang répandu

Le sang des matraqués... des humiliés...

Des suicidés... des fusillés... des condamnés...

Et le sang de ceux qui meurent comme ça... par accident.

Dans la rue passe un vivant

Avec tout son sang dedans

Soudain le voilà mort

Et tout son sang est dehors

Et les autres vivants font disparaître le sang

Ils emportent le corps

Mais il est têtu le sang

Et là où était le mort

Beaucoup plus tard tout noir

Un peu de sang s’étale encore...

Sang coagulé

Rouille de la vie rouille des corps

Sang caillé comme le lait

Comme le lait quand il tourne

Quand il tourne comme la terre

Comme la terre qui tourne

Avec son lait... avec ses vaches...

Avec ses vivants... avec ses morts...

La terre qui tourne avec ses arbres... ses vivants... ses maisons...

La terre qui tourne avec les mariages...

Les enterrements...

Les coquillages...

Les régiments...

La terre qui tourne et qui tourne et qui tourne
Avec ses grands ruisseaux de sang.

Prévert dans « Histoires » :

Ne craignez rien

Gens honnêtes et exemplaires

Il n’y a pas de danger

Vos morts sont bien morts

Vos morts sont bien gardés

Il n’y a rien à craindre

On ne peut vous les prendre

Ils ne peuvent se sauver

Il y a des gardiens dans les cimetières

Et puis

Tout autour des tombes

Il y a un entourage de fer

Comme autour des lits-cages

Où dorment les enfants en bas âge

Et c’est une précaution sage

Dans son dernier sommeil

Sait-on jamais

Le mort pourrait rêver encore

Rêver qu’il est vivant

Rêver qu’il n’est plus mort
Et secouant ses draps de pierre

Se dégager

Et se pencher

Et tomber de la tombe

Comme un enfant du lit

Horreur et catacombes

Retomber dans la vie

Vous voyez cela d’ici

Tout serait remis en question

L’affection et la désolation

Et la succession

Rassurez-vous braves gens

Honnêtes et exemplaires

Vos morts ne reviendront pas

S’amuser sur la terre

Les larmes ont été versées une fois pour toutes

Et il n’y aura pas

Il n’y aura jamais plus à revenir là-dessus

Et rien dans le cimetière

Ne sera saccagé

Les pots de chrysanthèmes resteront à leur place

Et vous pourrez vaquer en toute tranquillité

L’arrosoir à la main devant le mausolée

Aux doux labeurs champêtres des éternels regrets.

Prévert dans « Paroles » :

Le temps des noyaux

Soyez prévenus vieillards

soyez prévenus chefs de famille

le temps où vous donniez vos fils à la patrie

comme on donne le pain aux pigeons

ce temps-là ne reviendra plus

prenez-en votre parti

c’est fini

le temps des cerises ne reviendra plus

et le temps des noyaux non plus

inutile de gémir

allez plutôt dormir

vous tombez de sommeil

votre suaire est fraîchement repassé

le marchand de sable va passer

préparez vos mentonnières

fermez vos paupières

le marchand de gadoue va vous emporter

c’est fini les trois mousquetaires

voici le temps des égoutiers

Lorsque avec un bon sourire dans le métropolitain

poliment vous nous demandiez

deux points ouvrez les guillemets

descendez-vous à la prochaine

ou nous vous descendrons avant

on vous foutra par la portière

c’est plus pratique que le cimetière

c’est plus gai

plus vite fait

c’est moins cher

Quand vous tiriez à la courte paille

c’était toujours le mousse qu’on bouffait

mais le temps des joyeux naufrages est passé

lorsque les animaux tomberont à la mer

ne comptez pas sur nous pour les jeter la bouée

à moins qu’elle ne soit en pierre

ou en fer à repasser

il faut en prendre votre parti

le temps des vieux vieillards est fini

Lorsque vous reveniez de la revue

avec vos enfants sur vos épaules

vous étiez saouls sans avoir rien bu

et votre moelle épinière

faisait la folle et la fière

devant la caserne de la Pépinière

vous travaillez de la crinière

quand passaient les beaux cuirassiers

et la musique militaire

vous chatouillait de la tête aux pieds

vous chatouillait

et les enfants que vous portiez sur vos épaules

vous les avez laissés glisser dans la boue tricolore

dans la glaise des morts

et vos épaules se sont voûtées

il faut bien que jeunesse se passe

vous l’avez laissée trépasser

Hommes honorables et très estimés

dans votre quartier

vous vous rencontrez

vous vous congratulez

vous vous coagulez

hélas hélas cher Monsieur Babylas

j’avais trois fils et je les ai donnés

à la patrie

hélas hélas cher Monsieur de mes deux

moi je n’en ai donné que deux

on fait ce qu’on peut

ce que c’est de nous...

avez-vous toujours mal aux genoux

et la larme de l’œil

la fausse morve de deuil

le crêpe au chapeau

les couronnes mortuaires

et l’ail dans le gigot

vous souvenez-vous de l’avant-guerre

les cuillères à absinthe les omnibus à chevaux

les épingles à cheveux

les retraites aux flambeaux

ah que c’était beau

c’était le bon temps

bouclez-la vieillards

cessez de remuer votre langue morte

entre vos dents de faux ivoire

le temps des omnibus à cheveux

le temps des épingles à chevaux

ce temps-là ne reviendra plus

à droite par quatre

rassemblez vos vieux os

le panier à salade

le corbillard des riches est avancé

fils de saint Louis montez au ciel

la séance est terminée

tout ce joli monde se retrouvera là-haut

prés du bon dieu des flics

dans la cour du grand dépôt

En arrière grand-père

en arrière père et mère

en arrière grands-pères

en arrière vieux militaires

en arrière vieux aumôniers

en arrière les vieilles aumônières

la séance est terminée

maintenant pour les enfants

le spectacle va commencez.

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