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Qui était Préobrajensky, dirigeant bolchevik

dimanche 31 juillet 2022, par Robert Paris

Préobrajensky dans l’Opposition de gauche au premier rang complètement à droite

Qui était Préobrajensky, dirigeant bolchevik

Le 15 octobre 1923, le Comité Central recevait une lettre dénonçant le bureaucratisme grandissant de la Russie en voie de stalinisation, signée de quarante-six camarades en vue du parti bolchevik, parmi lesquels Piatakov, Préobrajensky, Sosnovsky, Beloborodov, Sapronov, Mouralov, Antonov, Kassior, Sérébriakov, Rosengoltz, Raphaël, etc. Sans être en tous points identique au mémoire de Trotsky intitulée « Cours nouveau », ce document exprimait dans l’ensemble des vues analogues.

Par la suite, il rejoint l’opposition bolchevique unifiée avec Trotsky et Zinoviev.

Au congrès du Parti communiste russe de janvier 1934, Préobrajensky se moquera de façon manifeste de Staline ; il sera liquidé en 1937, sans procès.

Biographie

Né le 15 février 1886 à Bolkhov, province russe d’Orel, exécuté le 13 juillet 1937 ; militant clandestin du Parti bolchevique ; économiste, porte-parole de l’Opposition de gauche en 1923-24 ; déporté en 1928 puis libéré après avoir abandonné l’opposition ; de nouveau arrêté et exécuté sans procès.

Fils d’un pope, E. A. Préobrajensky fut très croyant jusqu’à l’âge de quatorze ans. Il fit de brillantes études et découvrit jeune la littérature clandestine. Il avait dix-sept ans quand la lecture du Manifeste communiste et d’un livre d’Engels fit de lui un marxiste. Il fonda un cercle social-démocrate lycéen.

Admis au Parti ouvrier social-démocrate russe (POSDR) en février 1904, il s’engagea dans un « travail ouvrier » à Orel puis Briansk, et Presnia. Après la défaite de l’insurrection de 1905, arrêté, il fit, en deux fois, 13 mois de prison. Transféré dans l’Oural, il correspondit avec Kroupskaia et Zinoviev*, connut Lénine à la conférence de Tammerfors en 1908, mais ne put rallier Prague en 1912. Dirigeant dans l’Oural en février 1917, il soutint les « thèses d’avril » de Lénine, fut élu suppléant au comité central (CC). Dans le débat sur Brest-Litovsk, il se classe parmi les communistes degauche. Élu au CC en 1920, il en devint l’un des trois secrétaires, puis passa à la direction de la Pravda. Il venait de publier avec Boukharine l’ABC du Communisme.

Membre du CC, du bureau politique et de la commission centrale de contrôle, il soutint les thèses de Trotsky sur la militarisation des syndicats, tout en s’efforçant de restaurer la démocratie ouvrière. En 1921, il s’en prit au cumul des responsabilités par Staline . Il ne fut pas réélu au CC en 1922. Trotsky l’informa de ses conversations avec Lénine et de leur bloc contre Staline. Il fut l’auteur de la « Lettre des 46 », ouvrit dans la Pravda le débat sur le « Cours nouveau » et fut avec Vratchev le porte-parole de l’Opposition à la 10e conférence en janvier 1924.

La défaite de 1924 le rejeta vers le travail intellectuel. Il était membre de l’Académie communiste. Sa réflexion sur les problèmes économiques l’engagea dans une polémique avec Boukharine. Il fallait avant tout œuvrer pour l’industrialisation, la collectivisation et la planification. Il préconisait pour cela une « accumulation socialiste primitive », l’État prélevant sur le paysan les moyens de cette politique, « thèse féroce », critiquée par Boukharine.

Envoyé à Paris pendant plusieurs mois à la tête de la mission qui négociait sur la question des « emprunts russes », ce qui permettait de l’éloigner, il prit part à la vie politique et soutint l’Opposition de gauche dans les rangs du Parti communiste où se manifestaient de nombreuses oppositions. Dans son travail professionnel sur la négociation relative aux emprunts russes, il recevait l’aide d’un jeune et brillant historien, le normalien Jean Bruhat que l’ambassade russe avait embauché. Rakovsky*, alors ambassadeur à Paris, l’introduisit avec sa compagne Polina Vinogradskaia dans le milieu des intellectuels communistes de Paris. À l’automne 1927, il fut rappelé. Pierre Naville le rencontra à Moscou, familier et chaleureux, dans la petite chambre où il était relégué avec sa compagne. Le 7 novembre, sa chambre fut saccagée par les nervis staliniens. Il avait été l’un des premiers exclus.

Avec l’exil commença une crise. Il était seul : sa femme, enceinte, était restée à Moscou. Il écrivait des lettres où Rakovsky* décelait une tendance à la « capitulation ». Radek le poussait, Trotsky le retenait. En novembre 1928, il participa à la conférence de l’Opposition à Pokrovsk. La lutte de Staline contre les droitiers justifie l’Opposition, disait-il et Staline va devoir avancer. Il fallait selon lui réintégrer le Parti pour n’être pas en dehors au moment décisif.

Le 13 juillet 1929 la Pravda publia la lettre où il capitulait avec Radek et Smilga. Dès 1931, il le regretta et, en 1932, il rejoignit le groupe Smirnov des « trotskystes ex-capitulards ». Arrêté et exclu plusieurs fois, il fit des autocritiques, dont une au congrès de 1934 en grec, ce qui échappa aux spécialistes étrangers. Arrêté le 30 décembre 1936, longuement et férocement torturé, il fut exécuté le 13 juillet 1937.

Source :

https://maitron.fr/spip.php?article75961

Biographie

Premiers pas militants

Né en 1886 à Bolkhov, petit village situé dans la province d’Orel, dans le sud-ouest de la Russie, au sein d’une famille très pieuse et rigoriste - son père est prêtre orthodoxe - Preobrajenski rompt rapidement avec ses proches pour fréquenter les milieux marxistes. À 17 ans, il joue déjà un rôle dans les instances du POSDR, alors en pleine fondation, pour soutenir en 1905 les événements révolutionnaires qui secouent l’empire. Il participe en juillet 1907, en Finlande, à la conférence du parti pan-russe.

Arrêté cette même année, après avoir mené des actions de propagande à Irkoutsk et dans l’Oural, région où il réalisera la majorité de son parcours au sein du Parti, il est jugé par la justice tsariste. Lors de son procès, il rejette le système de défense de son avocat, futur chef du gouvernement provisoire Kerenski, jugé trop conciliateur à ses goûts. Lourdement condamné, Preobrajenski est envoyé au bagne d’où il s’évadera rapidement.

Un économiste engagé et actif

En 1917, en pleine révolution, avec Nikolaï Boukharine, il soutient Lénine contre la politique conciliatrice de Kamenev tout en s’opposant déjà à l’idée défendue par Staline qui constitue une prémisse du socialisme dans un seul pays. Le duo, jeunes militants d’avenir aussi audacieux que rompus aux joutes théoriques, se voit chargé par le Comité Central de rédiger un commentaire du programme du VIIIe Congrès (1918). Ce sera le fameux ABC du communisme1 qui expose avec un véritable sens de la pédagogie — et peut être un peu de simplification — les doctrines marxistes tout en tirant, à l’usage des militants alors de plus en plus nombreux en Russie, les leçons de la prise du pouvoir par les Bolchéviques2.

En 1920, Preobrajenski, secrétaire au Comité Central et membre du Politburo, est surtout classé très à gauche et partisan de la militarisation des syndicats. Il s’allie à Boukharine et Trotski contre Lénine. Battu sur cette question, il n’est pas réélu au Comité Central. Il se consacre alors aux questions économiques qui émergent avec la mise en œuvre de la NEP. Il publie de nombreux ouvrages où il s’oppose à un retour au « communisme de guerre » en définissant sa célèbre théorie d’« accumulation primitive socialiste » dans plusieurs ouvrages Papier-monnaie à l’époque de la dictature du Prolétariat (1920), De la NEP au socialisme (1922), La Nouvelle Économie politique (1925).

Preobrajenski, bien que parfait autodidacte compte tenu de la faiblesse de son bagage académique — quelques mois d’étude du Droit à Moscou avant d’être happé par l’activisme bolchévique — a été capable de construire tout un corpus théorique de très haute tenue qui va influencer le développement économique de l’URSS. À cette époque, en effet, Preobrajenski, comme beaucoup de spécialistes, lie le sort du socialisme à la future industrialisation du pays. Il faut certes donner au régime la base ouvrière qui lui fait défaut, mais cet objectif peut être réalisé si des ressources sont mobilisables pour financer un secteur industriel exsangue au sortir de la Guerre Civile. La nécessaire plus-value ne peut, de fait, dans ce pays exclusivement rural, provenir que de l’agriculture. Il faut donc soumettre celle-ci à une ponction massive, ce transfert alimentant le développement d’un secteur industriel, évidemment étatisé selon les principes communistes.

Preobrajenski appelle ce mouvement une « accumulation socialiste primitive », par analogie aux théories marxistes qu’il connaît bien. Pour autant, en dépit de ce que ce projet de transformation peut laisser penser, il n’envisage pas cette évolution dans la rapidité et la brutalité. Il exclut au contraire toute précipitation et surtout toute coercition envers les paysans, prévoyant d’abord des mesures administratives et fiscales. L’outil, très moderne, qu’il espère utiliser est la maîtrise des prix. La connaissance très fine, statistique, en valeur, des entrées et sorties des produits des secteurs économiques du pays structurant la planification stratégique. Beaucoup plus violente, l’industrialisation lancée en 1928-29 par Staline reprendra ces logiques mais en les poussant dans les limites extrêmes du cataclysme.

Un opposant au pouvoir stalinien

En 1923, Preobrajenski, avec Trotski, s’oppose à l’autorité de Staline et à la dérive bureaucratique du Parti, non sans risquer l’accusation de fractionnisme. Il est, en 1927, un des dirigeants de l’Opposition de Gauche avec Trotski, Serebriakov, Radek, Rakovsky, Belodorov, Sosnovski. Lâché peu après par Boukharine, il est exclu du Parti lors du XVe Congrès de 1928, au moment où Staline engage une industrialisation que Preobrajenski avait lui-même, d’une certaine manière, préconisée. Dès lors, adoptant un profil bas, ce dernier demande sa réintégration dans le Parti en 1929. Avec Zinoviev, Radek, Ivar Smilga, Preobrajenski proclame sa rupture idéologique et organisationnelle avec le trotskisme. Trotsky, cinglant, souligne le manque de courage de ses anciens alliés qui les pousse « à capituler ignominieusement ».

En janvier 1930, réintégré dans le Parti, Preobrajenski travaille au Comité du Plan de Nijni Novgorod. Deux ans plus tard, il est même nommé — peut être avec le soutien de Staline — membre du bureau du commissariat du peuple à l’industrie légère tout en intervenant dans celui des fermes d’État qui apparaissent avec la collectivisation des campagnes. À cette époque, en dépit de son apparente soumission de 1929, Preobrajenski se rapproche secrètement d’anciens trotskistes au sein d’un groupe oppositionnel dans lequel Ivan Smirnov semble être le plus actif. Cette activité clandestine prudente mais déterminée, vise à rassembler des informations, chercher des contacts, y compris en janvier 1932 avec des ex-staliniens écartés. Cette tentative dure peu. Quelques mois plus tard, en janvier 1933, il est exclu une nouvelle fois, arrêté par la Guépéou et condamné à trois ans d’exil.

Sous la pression de la police politique, Preobrajenski fait son autocritique en 1934. Il récuse publiquement les thèses de l’opposition qu’il défendait auparavant. Au procès de Zinoviev en 1936, il apparaît comme témoin à charge mais un an plus tard, il est à son tour cité comme « partisan trotskiste » par Radek et Piatakov lors de leur jugement3. Preobrajenski avait été arrêté peu avant, en décembre 1936, mais il ne comparait pas devant ses juges. Signe d’une fermeté d’âme assez logique quand on considère son parcours militant, il se serait, selon certaines sources, refusé de se soumettre à l’autocritique. Le risque d’une dénonciation des erreurs du régime dans un procès ouvert aux médias n’a pas été couru par le NKVD. Si on connaît aujourd’hui la date de son exécution, en juillet 1937, on ignore les conditions exactes de sa mort, disparition qui a été accompagnée de sévères représailles envers sa famille.

Notes et références

1 La dédicace de l’ouvrage est une proclamation absolue : « Au Parti qui, fort comme l’acier, porte en soi toute la grandeur et la puissance du prolétariat, son héroïsme, sa raison lucide, sa mortelle haine pour le capitalisme, son vigoureux élan pour la création d’une société nouvelle, au glorieux Parti Communiste, ce livre, par nous, est dédié. Au Parti qui commande à une armée de millions d’hommes et couche dans les tranchées, au Parti qui gouverne un pays immense et charge du bois en son volontariat du samedi, au Parti qui prépare la résurrection de l’humanité. A la vieille garde du Parti, endurcie dans les combats, faite aux victoires, et aux jeunes rejetons du Parti qui devront achever l’œuvre par nous entreprise. Aux militants et aux martyrs du Parti, tombés sur tous les fronts, torturés dans les prisons, suppliciés, pendus, fusillés par l’ennemi, morts pour la cause du Parti, — à tous ceux-là, ce livre est dédié ».

2 L’apport de Preobrajenski dans cet ouvrage a été supplanté par la réputation de Boukharine — qui est parfois cité comme seul auteur du livre — sachant de plus que la position trotskiste du premier a sans doute contribué à amoindrir sa postérité, surtout en URSS, jusqu’à aujourd’hui.

3 Ce procès, dit du Centre antisoviétique trotskyste de réserve s’ouvre le 23 janvier 1937. Il comprend, outre Radek, Serebriakov, 17 personnes, principalement des hauts responsables économiques.

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Evgueni_Preobrajenski

Préobrajensky, « La question des privilèges de l’appareil du parti communiste » :

https://www.marxists.org/francais/cmo/n24/E_Preobrajenski_8_.pdf

Préobrajensky, « La base sociale de la révolution d’octobre » :

https://www.marxists.org/francais/preobrajensky/works/1921/02/base.htm

Lénine critique Préobrajensky en 1922 :

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1922/04/d11c/vil19220400-04c11.htm

Préobrajensky, « Lénine » :

https://www.marxists.org/francais/preobrajensky/works/1925/10/Lenine%201925.pdf

Préobrajensky, « Lettres à propos de l’insurrection de Canton » :

https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1928/03/lt_19280302.htm

Boukharine critique Préobrajensky :

https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1924/12/revelation.htm
La suite :

https://www.marxists.org/francais/boukharine/works/1926/07/remarques.htm

Préobrajensky signe la déclaration d’opposition des 46 :

https://www.marxists.org/francais/4int/ogi/1923/ogi_19231015.htm
En anglais :

Préobrajensky, ABC du communisme
https://archive.org/details/abcofcommunis00bukh
Lire aussi ici :

https://www.marxists.org/archive/bukharin/works/1920/abc/index.htm

Read also :

https://www.marxists.org/archive/preobrazhensky/index.htm

And again :

https://books.google.fr/books?id=paQdAwAAQBAJ&pg=PA643&lpg=PA643&dq=Preobrazhensky+unified+opposition&source=bl&ots=7RtPOmV07z&sig=ACfU3U0Vy8L4JzF5FI-4t4lns1zo_h8YLQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi8rrD1mI3xAhWlBGMBHcxjDv4Q6AEwCHoECAYQAw#v=onepage&q=Preobrazhensky%20unified%20opposition&f=false

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