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Editorial - A bas les nouveaux rois des dictatures capitalistes ! Vive la république révolutionnaire des travailleurs du monde !

mardi 8 septembre 2020, par Alex, Robert Paris

A bas les nouveaux rois des dictatures capitalistes ! Vive la république révolutionnaire des travailleurs du monde !

Macron, s’adressant à des hommes et femmes immigrés fraîchement naturalisés français, a célébré dans son discours du Panthéon la République bourgeoise proclamée le 4 septembre 1870 par l’immigré italien Gambetta. Par ce discours, ce président qui s’indigne lorsque des statues de trafiquants d’esclaves sont déboulonnées, veut par contre lui-même effacer de la mémoire des travailleurs l’autre République, la république de travailleurs qui fut proclamée par la Commune de Paris le 28 mars 1871. Le premier acte de la République française que Macron nomme le « régime de liberté sous lequel nous vivons depuis 150 ans » (incluant l’État français du Maréchal Pétain…) fut l’écrasement de cette Commune lors de la semaine sanglante en juin 1871, l’exécution sans procès puis la déportation de milliers d’ouvriers, de femmes comme Louise Michel. Les Gambetta ne servent qu’à ouvrir la voix aux méthodes fascistes.
Pourtant, aux hommes et femmes qui souhaitent sincèrement construire un monde nouveau, par exemple face aux tares qui minent nos sociétés même les plus développées, révélées par la crise sanitaire, la Commune adressait un message plus que jamais valable aujourd’hui. Cette République des travailleurs déclara, contre la République bourgeoise de Gambetta : C’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, de l’exploitation, des monopoles auxquels le prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres ». La seule classe sociale vraiment républicaine en 1870 était la classe ouvrière. Le terme de République n’apparut dans un texte voté au parlement qu’en 1875, avec une seule voix de majorité ! Le journal bourgeois Le Figaro de l’époque, ne se trompait pas en appelant à l’écrasement de toute République : « Qu’est-ce qu’un républicain ? Une bête féroce… Allons honnêtes gens ! Un coup de main pour en finir avec la vermine démocratique et internationale ». Ce Gambetta que Macron donne en exemple aux immigrés ne dénonça pas la répression terroriste appliquée contre la république des travailleurs incarnée par la Commune ; il déclara en 1872 : « Il n’y a pas de question sociale »
Pas de question sociale, voilà bien le message que Macron adresse aux travailleurs : enrôlez-vous dans toutes les guerres aux service de la bourgeoisie française qui se cache derrière le drapeau bleu-blanc-rouge et les prétextes comme : guerre entre les nations « démocratiques » et les autres, guerre contre l’islam, guerre des « civilisées » contre les « sauvages », mais pas de guerre sociale ! pas de lutte des classes !
Il est vital pour les travailleurs de comprendre que lorsqu’une dictature tombe aujourd’hui comme à la fin du Second empire de Napoléon III en 1870, des bourgeois « radicaux » veulent prendre la tête du mouvement. De tels exemples nous sont fournis à l’heure actuelle par de nombreux pays où des révolutions couvent. Toutes ont des racines sociales : la faillite du capitalisme retardée, mais à l’ordre du jour depuis la crise financière de 2008. A toutes ces crises les classes dirigeantes proposent de fausses solutions, des Gambettas locaux pour éviter une révolution sociale, qui prendrait la forme d’une prise de pouvoir par les travailleurs, comme la Commune.
En Biélorussie, S. Tichanovskaïa, la concurrente du dictateur Loukashenko aux élections présidentielles, a mis en place un « Comité de coordination » qui s’est immédiatement autoproclamé dans l’article 1 de ses statuts comme « le seul représentant de la société Biélorusse », appelant à agir dans le « respect de la constitution » au moyen d’ « actions légales ». Ce comité se pose donc en substitut de Loukashenko pour préserver dans son intégralité, en en changeant seulement quelques têtes, l’Etat biélorusse avec sa police de tortionnaire, ses syndicats officiels au service de la bourgeoise, qu’elle soit biélorusse, russe ou européenne. Certains ouvriers, ou étudiants biélorusses qui ont encore manifesté dimanche voient sans doute plus loin. C’est en faisant confiance ou en laissant la tête de leur mouvement à ce type de comité mis en place après une élection présidentielle que la jeunesse iranienne, en 2009, applaudie par les « démocrates », les phraseurs à la Gambetta, fut laissée à elle-même lorsque le régime iranien lâcha ses milices fascistes et tua, tortura des milliers d’opposants.

En Algérie et au Mali, des militaires ont destitué les présidents IBK et Bouteflika pour donner satisfaction aux manifestants. Mais ce n’est que partie remise car cela ne suffit pas, les problèmes ne sont pas résolus. En Algérie comme en France, sous prétexte de la Covid le gouvernement a suspendu en mars les manifestations qui avaient conduit l’armée à contraindre Bouteflika à se retirer. Mais avec le retour à la « vie d’avant » le gouvernement a maintenant peur d’une reprise des marches du vendredi. Au Mali, une preuve que les « colonels » du Comité de Salut du Peuple sont plutôt un Comité pour le salut des exploiteurs franco-maliens contre le peuple, est qu’ils ont invité tout le monde aux négociations pour une « transition » … sauf le mouvement M5 qui organisait les manifestations.
Au Liban, face à la population en colère, aucun « Gambetta » n’est plus crédible pour proclamer un semblant de « vraie » république enfin débarrassée de la corruption. C’est l’impérialisme français qui se pose en garant de l’ordre établi contre une révolution montante. Macron semble prêt à restaurer la tutelle coloniale de la France sur le Liban, qui dura de 1920 à 1943, il la célèbre symboliquement en choisissant le 100ème anniversaire de la création du Liban par la France pour son deuxième voyage. Or au Liban, une des revendications politique principales c’est de ne plus être considéré comme membre d’une communauté religieuse, chrétienne ou musulmane, qui met les libanais depuis 100 ans à la merci des clans féodaux et religieux. Les libanais réclament donc l’abolition du régime confessionnel … mis en place par l’impérialisme français il y a tout juste 100 ans. Compter sur l’impérialisme français pour le faire est utopique !
En France lorsqu’avec son plan des « 100 milliards » le ministre de l’économie Lemaire propose de sauver l’économie, c’est le capitalisme qu’il essaie de sauver. Lemaire a comparé la crise actuelle avec celle de 1929. Et certes le même problème se pose : l’effondrement de l’investissement. Les capitalistes ne veulent plus faire tourner leur système avec leur propre capital, l’État doit venir à leur rescousse. Mais dans les années 30, ce ne sont s pas quelques dépenses publiques qui ont « relancé » l’économie : c’est une militarisation des économies et de la société, avec les colossales dépenses publiques, dont l’armement, et les pertes en millions de vies humaines dans une grande guerre mondiale, qui ont « sauvé » le capitalisme. C’est vers une telle guerre que les dirigeants des puissances capitalistes veulent nous emmener, si l’on suit la comparaison de Lemaire et la référence de Macron à l’Union sacrée de 1914. La « souveraineté économique nationale », est un premier pas vers une telle économie de guerre. Certes des naïfs peuvent y voir un aspect écologique grâce à la promotion des « circuits courts » pour la circulation des marchandises, ou une protection face aux futures pénuries de masques ou de médicaments dues aux délocalisations de la production suite à la mondialisation de l’économie. Mais l’économie d’une puissance impérialiste, c’est d’abord des matières premières, des métaux, du pétrole et du gaz. Ces gisements n’apparaîtront pas en France grâce à un quelconque « plan » de Lemaire renforcé par Bayrou. La seule manière pour les grands groupes capitalistes français ou autres de rester « souverains » est de décréter que le pétrole, l’or, l’uranium africain leur appartient, et de s’en assurer en déployant leur armée « nationale ». Ils nous embrigadent actuellement dans une telle guerre en mer méditerranée face à la Turquie, en Afrique dont le Mali face à la Russie et la Chine.
On peut remarquer aussi que le très impopulaire chef d’Etat japonais (après avoir arrosé les trusts plus qu’aucun chef d’Etat au monde, et tout à fait inutilement) démissionne devant une impopularité géante, que Trump lui-même a cumulé sur lui toute l’impopularité et que ces adversaires démocrates voudraient bien que la révolution américaine qui commence s’éteigne avec son départ. Le départ d’un chef d’état sur lequel ont convergé toutes les révoltes permet parfois aux classes possédantes de se donner du champ et du temps, et de détourner la colère populaire.

Certes les changements de gouvernements, les crises ministérielles, les rivalités impérialistes pour le contrôle des matières premières sont vieux comme la société capitaliste. Mais la vague mondiale des révoltes, dans le cadre du blocage des rouages du capitalisme depuis la crise de 2008, aura de moins en moins le caractère d’alternances gouvernementales, mais prendra celui de révolutions et de contre-révolutions. La Commune de Paris échoua, car les ouvriers parisiens furent confrontés à une contre-révolution meurtrière sans même avoir proclamé un pouvoir ouvrier révolutionnaire, mais une simple république. Mais ils montrèrent la voix en luttant sur un terrain pas seulement corporatif, sociétal ou économique, mais aussi un terrain politique et de classe, c’est-à-dire porteur d’un avenir historique, celui de la libération de l’humanité de l’esclavage du travail au seul profit des propriétaires privés des moyens de production.

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